Dominique de Villepin a égratigné jeudi sur BFM Radio le ministre de l’Industrie Christian Estrosi, en déplorant un « dysfonctionnement » dans le suivi du dossier lié aux délocalisations de Renault.
Il s’est d’abord félicité de ce que Nicolas Sarkozy ait convoqué le PDG du constructeur automobile Carlos Ghosn pour évoquer avec lui les projets de délocalisation de sa production de Clio en Turquie. Ce qui va « dans le sens d’un patriotisme économique est une bonne chose », a-t-il estimé.
Mais il a aussitôt nuancé ses propos : « Ce que je souhaiterais, c’est qu’on n’attende pas aussi tard pour admonester un chef d’entreprise (…) où l’Etat est partie prenante ».
« C’est quand même curieux que l’on découvre aussi tard un tel projet », a-t-il insisté, et que « l’on ne puisse pas très en amont accompagner Renault dans ses projets pour faire en sorte que nos intérêts nationaux soient préservés ».
« De ce point de vue là dans le calendrier, il y a un dysfonctionnement et quelque chose qui n’a pas été correctement fait », a déclaré l’ex chef du gouvernement.
« Un ministère de l’Industrie, ça doit servir (…) à assurer ce suivi là », a ajouté M. de Villepin en direction de M. Estrosi qui est un proche de Nicolas Sarkozy.
Le patron de Renault est convoqué samedi par le chef de l’Etat, qui a déjà prévenu : « Nous ne mettons pas tant d’argent pour soutenir nos constructeurs pour que la totalité des usines s’en aillent à l’extérieur ».
L’ancien Premier ministre a par ailleurs expliqué qu’il attendait le délibéré du procès Clearstream le 28 janvier, avec sérénité et la parfaite tranquillité de quelqu’un qui n’a rien à se reprocher.
Selon lui, les récentes polémiques, notamment sur le vote des étrangers, sont des « écrans de fumée », les préoccupations des Français étant l’emploi et le développement de leur région.
Sur Canal+, vendredi matin
Dominique de Villepin a appelé vendredi Nicolas Sarkozy, qui a annoncé une prochaine visite en Haïti, à ne pas s’y rendre trop tôt, afin de ne pas « divertir » l’organisation des secours sur place.
Le chef de l’Etat a annoncé jeudi qu’il se rendrait en Haïti, pays frappé mardi par un séisme meurtrier, « dans les semaines qui viennent », dans la foulée d’un voyage en Martinique et à Saint-Domingue.
« La visite d’un président de la République, c’est par définition beaucoup de ceux qui devraient s’atteler à cette urgence qui se détournent pour accueillir un président », a déclaré M. Villepin, interrogé sur Canal Plus. « Notre équipe sur place, notre ambassade, l’ensemble de nos coopérants, tous ceux qui sont sur le pied de guerre pour apporter une aide ne doivent pas se divertir de cette tâche-là », a-t-il insisté.
Toutefois, il a jugé que la visite du président, si elle se déroule « le moment venu », serait une « bonne chose ». « Le moment venu que Nicolas Sarkozy se rende là-bas, c’est un signal fort de l’engagement de la France, mais (…) que cet engagement se fasse dans la durée », a-t-il conclu.
Le verbatim de l’interview de Dominique de Villepin sur BFM Radio jeudi soir
Fabrice Lundy : Avant d’aborder votre actualité politique, parlons du terrible séisme en Haïti avec des dizaines ou des centaines de milliers de victimes, on ne sait pas exactement, les secours commencent à arriver en masse. Nicolas Sarkozy pourrait s’y rendre dans les semaines qui viennent. Que pensez-vous de cette mobilisation ?
Dominique de Villepin : Il s’agit d’un drame exceptionnel qui fait suite à beaucoup d’autres drames auxquels Haïti a été confronté. Il s’agit de faire en sorte que la mobilisation soit à la fois rapide, efficace et le plus coordonnée possible. L’une des difficultés, ce sera de faire en sorte que soit maximisée la capacité de l’ensemble des pays et des organisations qui aident à très rapidement être opérationnels et le faire en liaison avec les responsables haïtiens, avec l’ensemble du peuple haïtien. Haïti n’est pas tout à fait un pays comme les autres, c’est un pays qui a une culture, une tradition, une personnalité. Il est important de respecter Haïti et de savoir travailler à la façon de ce pays et avec eux pour ne pas imposer des schémas ou des façons de faire qui rendraient notre action inefficace. Nous l’avons souvent éprouvé dans le passé.
Est-ce que vous êtes étonné par la forte mobilisation mondiale, depuis hier, autour de ce petit pays extrêmement pauvre ?
Je ne suis pas surpris, chacun peut voir à quel point le drame qu’éprouve Haïti est d’une dimension tragique, la mobilisation est donc normale et répond à un impératif. Il y a, pour agir rapidement, des atouts, et nous Français sommes bien placés. Il y a une plate-forme, qui est la plate-forme Antilles-Guyane, avec la Guadeloupe et la Martinique, il y a la plate-forme de Floride et il y a la plate-forme de Saint-Domingue, donc la France doit être en pointe. Comme ministre des Affaires étrangères en 2003, j’ai mené le combat contre la dictature du Président Aristide, et avec Colin Powell, nous avons rendu possible le changement de régime dans ce pays et l’intervention de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, ndlr), qui est présente sur le terrain. Il faut faire en sorte que les secours arrivent le plus rapidement possible, soient opérationnels, que l’approvisionnement en eau et en aliments se fasse de façon efficace, le tout dans un contexte où la sécurité sera difficile à assurer. Il faut donc s’assurer de la coordination de nos moyens sur place. Il est évident que les moyens que nous serons à même de déployer en Haïti seront des moyens bien employés parce qu’un policier, un gendarme, un militaire, français de nationalité, dans ce pays-là, pourra faire œuvre utile. Ce n’est pas le cas partout, je crois que l’on peut se poser des questions, on le voit avec nos morts en Afghanistan. Je crois qu’en Haïti les contributions internationales, si nous le faisons avec générosité et intelligence, seront bien employées. Il y a beaucoup à faire.
Le procès Clearstream, on est à deux semaines du jugement. Le ministère public avait requis contre vous dix huit mois avec sursis. Comment vivez-vous cette attente ? Qu’est-ce qui serait inacceptable, intolérable pour vous ?
Je ne suis pas du tout dans cet état d’esprit, voilà cinq ans que cette affaire suit son cours et une instruction, donc on arrive à la décision du tribunal. Je suis dans le même état que tout au long des derniers mois et de ces dernières années, c’est-à-dire de la sérénité de quelqu’un qui n’a rien à se reprocher, et qui attend avec une parfaite tranquillité que la vérité et que la justice soient dites.
Il n’y a pas dans votre tête un compte à rebours en direction du 28 janvier ?
Je n’ai aucune forme d’hésitation ou d’inquiétude, parce que je sais ce que j’ai fait, je sais que ce que j’ai fait, je l’ai fait dans des fonctions de ministre qui justifiaient que ces décisions soient prises et personne, à ce jour, n’a pu me dire quelle autre attitude et quelle autre façon d’agir auraient été plus adaptées.
Ça ne vous empêche pas de vivre, de mener votre vie politique ?
Bien au contraire, parce que l’épreuve de l’injustice est une épreuve qui vous renforce dans vos convictions, dans votre détermination, dans vos choix. L’épreuve de l’injustice, c’est vrai pour moi et pour tous ceux qui y sont confrontés, qu’elle soit de santé, familiale ou professionnelle. Les hasards de la vie font que l’on sait mieux qui l’on est et ce pour quoi on est fait, et c’est quelque chose qui évidemment, aujourd’hui, est important dans un contexte difficile pour les Français, contexte où beaucoup de souffrances se font jour dans notre pays. Mon engagement a toujours été celui de servir mon pays, et cet engagement est encore plus fort aujourd’hui qu’hier.
En quelque sorte une rentrée politique pour vous, en ce début 2010. Vous teniez hier soir la première réunion du conseil d’administration du Club Villepin. Patrick Devedjian, membre du gouvernement, jugeait hier possible votre candidature, dissidente, à la présidentielle de 2012. Apparemment quand on écoute ou quand on interroge un certain nombre de vos amis, ça ne fait plus beaucoup de doute, vous y allez ?
Les choses doivent suivre un cours naturel, mais Patrick Devedjian est un bon analyste de la vie politique, il a subi beaucoup de coups au cours des dernières années et a appris ce qui fait le r
essort de la vie politique. Dans une famille politique aussi large que la majorité, que l’UMP, il y a des traditions différentes. On a voulu les occulter et faire comme si tout le monde, en rang serré, avançait dans le même sens. La vérité, c’est que nous avançons tous les yeux ouverts. J’appartiens à une famille politique, gaulliste, républicaine, sociale, indépendante et je ne suis pas tout à fait satisfait de la façon dont les choses évoluent. Pas tout à fait satisfait non plus de la politique qui est menée. Dans le cadre de cette famille politique, je l’ai dit clairement, parce que je souhaite que les choses changent, qu’un nouveau cours soit donné, que de nouvelles décisions soient prises et je le fais sans aucune arrière-pensée, d’autant plus que je souhaiterais que la France puisse marquer des points maintenant, pas en 2012, pas après 2012, mais maintenant. Car je vois la souffrance des Français. Evidemment, un engagement politique se nourrit des résultats, qui sont ceux des politiques menées. Je suis inquiet pour la France de la politique menée et de l’absence de résultats qui risque de s’en suivre. Je défends donc une autre politique, une autre façon d’avancer, d’autres réponses qui me paraissent être plus conformes à notre génie national, à notre tradition nationale, à partir d’un rassemblement, à partir de choix et de priorités clairement exprimés en rapport avec les préoccupations des Français. Cela m’amène à dénoncer de faux débats comme l’identité nationale, qui nous égarent, qui nous perdent. Des polémiques comme celle sur la burqa, alors qu’on le voit bien, la clé aujourd’hui, c’est l’emploi, c’est la compétitivité et c’est la lutte contre les déficits.
Vous êtes inquiet, vous souhaitez une autre politique. Pour l’instant, 2012, vous n’avez pas répondu, mais qu’est-ce qui ferait, à quel moment vous pourrez vous dire que vous y allez, que vous vous lancez en 2012 ?
Mon exigence par rapport à moi-même et par rapport à la politique, c’est que l’on réponde aux besoins des Français et que la France soit capable de sortir plus forte de la crise, que la France, en Europe, soit capable de jouer tout son rôle, ainsi que dans le monde. Ce n’est pas ce qui se dessine, et je suis inquiet de voir une France marquée par les déficits, marquée par un endettement, en perte de compétitivité. Ce n’est pas un hasard si nous perdons un certain nombre de contrats et si, sur des nouveaux marchés importants, les pays émergents marquent des points au détriment des pays européens et des Etats-Unis. Donc pour que cela change, il faut que des décisions soient prises, mon engagement est de faire en sorte que nous revenions à une politique plus audacieuse, plus efficace. Je veux apporter ma contribution. Comment et quelles décisions seront prises, nous aurons l’occasion d’en reparler.
Apporter votre pierre au débat grâce à ce Club Villepin. Combien de divisions pour le Club Villepin, de ralliements, de membres ?
Aujourd’hui, il y a une vingtaine de parlementaires, que je vois régulièrement et autour desquels on pourrait estimer encore à une autre vingtaine, ceux qui, d’une façon ou d’une autre sont tentés de marquer leur différence et leur insatisfaction vis-à-vis d’un certain nombre de décisions qui sont prises. Il y a une attente manifestement, il y a une inquiétude manifestement, et vous le savez, quand s’exprime ainsi cette inquiétude, on a besoin de repères. Je veux offrir, au sein de la majorité, un repère et une alternative.
Le besoin d’entendre autre chose, c’est ce qui fait que certains vous rejoignent ? Je pense notamment à l’ancienne ministre députée du Val-de-Marne, Marie-Anne Montchamp…
Le refus tout simplement d’aller vers un échec qui paraît comme écrit si nous ne modifions pas notre cap et si nous ne nous rassemblons pas autour de priorités simples et claires. L’échec du « tout-réforme » dans la première partie du quinquennat est aujourd’hui une évidence, l’échec de la rupture est aujourd’hui une évidence. Je crois qu’il faut ouvrir les yeux avec lucidité et avec une exigence pour définir un autre chemin.
Comment avancez-vous à la tête du Club Villepin, avec 7000 ou 8000 adhérents, sympathisants, quelques parlementaires qui vous ont rejoint et avec quel message ? Est-ce que vous avancerez plus facilement quand vous arriverez à faire oublier les rancoeurs, les vengeances vis-à-vis de l’homme à la tête de l’Etat, Nicolas Sarkozy ?
J’ai clairement marqué, et je l’ai fait tout au long des derniers mois et des années, mon refus de me laisser guider, à aucun moment, par la rancune ou la rancœur. La politique ne se fait pas à partir de rancoeurs, ou en tout cas pas à l’échelon d’une nation. Que la vie locale soit embarrassée par ce genre de querelles, c’est une chose, mais on ne s’engage pas au service des Français pour régler des comptes. Ce n’est certainement pas ma démarche et j’ai suffisamment traversé de difficultés et d’épreuves pour m’être dépouillé de tout ce qui est personnel.
Votre successeur à Matignon, François Fillon, louait ce matin, lors de ses vœux, la droiture et la franchise de Nicolas Sarkozy. Est-ce que ce sont des propos qui trouvent gré à vos yeux ?
Je me réjouis que le Premier ministre ait de tels sentiments vis-à-vis du président de la République.
La question, c’est est-ce que vous avez autant de sentiments vis-à-vis du chef de l’Etat ?
Ce qui m’importe, ce n’est pas l’appréciation, les sentiments que l’on peut porter vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, c’est de savoir si sa politique est efficace ou pas. C’est la seule chose qui compte pour les Français. Personne ne demande, et je ne demande pas, à ce que l’on m’aime, ni à ce que l’on aime les dirigeants. On leur demande en revanche de tenir leur parole et d’être efficaces. Or, nous voyons que les résultats ne sont pas au rendez-vous ou en tout cas pas suffisamment, je ne vois pas pourquoi les choses s’amélioreraient alors que nous allons vivre une année 2010 difficile. Si nous voulons nous donner toutes les chances, la politique, c’est d’être capable de prendre des décisions, parfois douloureuses, et ce sont ces décisions que j’attends, qui me paraissent essentielles pour que les choses changent.
Un certain nombre de rendez-vous avec les Français vous attendent, déplacement à Bondy, en Seine-Saint-Denis, sur le thème des banlieues, de l’Ile-de-France, de l’aménagement du territoire. En quoi est-ce important ? Est-ce que c’est une façon de venir un peu plus au contact de la réalité ? Dans vos réunions au Club Villepin, on dit que vous êtes direct, que vous vous montrez très à l’écoute des remarques, des conseils. En revanche, quand il s’agit de la France, d’avoir une vision globale, vous vous montrez parfois un peu lyrique, un peu décalé. C’est un peu le reproche que l’on vous a toujours fait. Comment être plus proche, plus concret ? Un déplacement comme Bondy est une étape importante ?
Au cours des dernières semaines, j’étais à Draveil, dans un quartier difficile. Il y a quelques jours, j’étais en Seine-Saint-Denis, à la rencontre des entreprises qui se battent pour plus d’égalité des chances et qui luttent contre la discrimination. J’étais à Monbazillac et à Bergerac, à l’écoute des agriculteurs. Entre un dossier étudié à Matignon ou dans un bureau ministériel et l’écoute que l’on peut avoir sur place, les messages que l’on nous adresse sur place, qui plus est dans une période extrêmement difficile comme aujourd’hui, le décalage est massif. Ce n’est pas dans les antichambres ou dans les cabinets ministériels que l’on peut prétendre régler les questions. Il y a une dimension vivante, malheureusement quand vous êtes ministre, Premier ministre ou président de la République, ce que vous visitez, ce sont les villages « Potemkine » de
s décors de cinéma, vous voyez ce que l’on veut bien vous montrer, c’est-à-dire quelque chose de très loin de la réalité. J’ai cette chance aujourd’hui, parce que je n’ai pas un appareil lourd, parce que je n’occupe pas de fonction officielle, de pouvoir très librement écouter ce que l’on a à me dire, et je considère que c’est le cœur de la politique. C’est à partir de ça que l’on peut vraiment faire des propositions et changer les choses.
Est-ce que vous allez faire campagne aux élections régionales pour l’UMP ? Est-ce que vous avez envie que l’UMP vienne vous chercher ? Est-ce que vous proposez vos services ?
Paradoxe de la situation d’aujourd’hui, c’est que, vous l’imaginez, personne ne m’a rien demandé, mais je ne m’en plains pas, d’autant que je ne suis pas sûr que la stratégie qui a été choisie, qui est une stratégie nationale, soit adaptée à ces enjeux régionaux. Les régions jouent un rôle central aujourd’hui en matière de développement économique, comme fer de lance de la bataille européenne dans la mondialisation et dans tout ce qui est initiative et création culturelle. Le fait de déplacer le débat vers des enjeux nationaux nous éloigne peut-être des préoccupations des Français dans leur région et des attentes des Français dans leur région. Il faut revenir à ces réalités essentielles dans chaque région, apprécier la réussite ou l’échec des exécutifs régionaux et à partir de là se déterminer. Nous ne pouvons pas tout mélanger, je me méfis des amalgames, je me méfis des procès d’intention en politique. Restons proches des réalités. Ce débat des régionales, c’est comment mieux gérer et que proposer pour les régions. La fuite en avant vers de grands débats électoraux idéologiques, au fait d’aller caresser le Front national sur les franges, cela me paraît une façon de noyer le poisson, qui n’est sans doute pas adaptée aux préoccupations des Français.
Autour de l’identité nationale, Nicolas Sarkozy et Eric Besson jouent trop avec le feu ? Le droit de vote des étrangers, c’est une proposition de loi qui émanerait du Parti socialiste…
Je pense que cela montre malheureusement à quel point la tentation idéologique existe à droite comme à gauche. L’idée tout à coup d’aller créer des écrans de fumée, de semer le doute dans l’esprit des électeurs, de les pousser vers autre chose. Rien de tout ça ne sera capable de divertir les Français de leurs préoccupations, parce que c’est leur emploi, leur avenir, leurs enfants, le développement de leurs régions. Si on ne mesure pas la puissance, et parfois la violence de ces sujets, nous aurons de très mauvaises surprises dans notre pays.
Le droit de vote des étrangers, vous y êtes défavorable ?
J’y suis défavorable.
Encore la réflexion sur le voile intégral ?
Sur le voile intégral, après beaucoup d’hésitations et de péripéties, on revient au bon sens, l’idée d’avoir une résolution rassemblant toute la représentation nationale pour dire que la République n’est pas cela, sans se perdre en divisions sur le thème d’une loi. Je ne crois pas qu’une loi générale sur le voile intégral soit la réponse, que l’on adopte une réglementation pour faire en sorte que dans les services publics, parce que là nous avons une vraie raison d’adopter tel ou tel texte, oui, mais évitons des querelles idéologiques ou des problèmes d’application qui sont sans fin. 750 euros (d’amende) pour une femme qui porterait le voile intégral est inapplicable et nous conduirait à l’inverse de ce que nous souhaitons, c’est-à-dire à laisser recluses ces femmes chez elles.
Carlos Ghosn convoqué par Nicolas Sarkozy samedi sur les menaces de délocalisation de la Renault Clio en Turquie. Bonne initiative ou non du chef de l’Etat ?
Je crois que défendre nos intérêts et aller dans le sens d’un patriotisme économique est une bonne chose. Ce que je souhaiterais, c’est que l’on n’attende pas si tard pour admonester un chef d’entreprise. Il s’agit d’une entreprise où l’Etat est partie prenante, c’est quand même curieux que l’on découvre aussi tard un tel projet et que l’on ne puisse pas, très en amont accompagner Renault dans ses projets, pour faire en sorte que nos intérêts nationaux soient préservés. De ce point de vue-là, dans le calendrier, il y a un dysfonctionnement et quelque chose qui n’a pas été correctement fait. Un ministère de l’industrie, ça doit servir à assurer ce suivi.
Sources: BFM Radio et Agence France Presse