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Pour Marie-Anne Montchamp, "Les parlementaires ont intégré l'héritage de Philippe Séguin"

Alors que la classe politique rend hommage ce lundi aux Invalides à Philippe Séguin, la députée UMP du Val-de-Marne, Marie-Anne Montchamp, évoque, dans une interview à L’Express, le Pacte républicain si cher au défunt président de la Cour des Comptes.

L’Express: La classe politique salue aujourd’hui aux Invalides la mémoire de Philippe Séguin. Votre sentiment?

Marie-Anne Montchamp: Cet hommage solennel intervient sur fond de crise sociale qui ne sait pas dire son nom. Sur ce plan, 2010 sera une année cruciale au cours de laquelle le Pacte républicain auquel il était tant attaché sera grandement mis à l’épreuve. La situation des comptes sociaux va émousser notre capacité à tenir les engagements de la protection sociale. Pire, les diverses hausses décidées, comme celle du forfait hospitalier, vont créer un effet de pression sur les demandes salariales. Une pression que les entreprises ne sont pas en situation d’affronter, compte tenu de la crise économique. Enfin, il y a en 2010 le rendez-vous des retraites pour lequel nous ne disposons d’aucune marge de manoeuvre budgétaire…

Vous vous êtes battue contre votre majorité pour faire sortir la CRDS du bouclier fiscal. Sur ces sujets, l’absence de Philippe Séguin va se faire sentir?

Oui, car nous avions besoin de lui. De par sa position à la Cour des comptes, il contribuait, avec Jean-Louis Debré au Conseil constitutionnel, à une forme d’équilibre institutionnel. Séguin n’était un ayatollah de la vertu budgétaire mais il pointait les absences de cette vertu, en particulier dans le champ social.

Cet automne, lors de la remise du rapport sur les comptes sociaux, je l’avais interrogé sur le déficit de la Sécurité sociale. Il était alors sorti de la réserve que lui imposait sa fonction pour expliquer que le modèle français était dépassé, qu’il devait être refondé à partir des fondamentaux de 1945.

Pour ceux qui comme moi se sont battus pour donner des sources de financement à la sécurité sociale, il était naturellement un appui. D’une certaine façon, son héritage a été intégré par les parlementaires qui ressentent les fissures dans le pacte républicain. A chacun d’entre nous de veiller à ce qu’il soit défendu.

Qu’attendez-vous du débat sur la réforme des retraites?

Qu’on pose les éléments d’une vraie réforme! 2010 est la dernière année du courage politique, compte tenu des échéances qui arrivent après. J’ai peur qu’on se contente de faire bouger les curseurs: nombre d’années de cotisation, âge de départ… Or, on ne peut rester dans le cadre actuel, faire peser à 70% la charge sur le travail n’est pas tenable. Il faut à la France un vrai projet réformateur qui se penche sur le vieillissement de la population et sur le financement de ce vieillissement

Source: Thierry Dupont (L’Express)

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