Philippe Seguin est mort, dans la nuit de mercredi à jeudi, à son domicile, d’une crise cardiaque. Premier président de la Cour des comptes depuis juillet 2004, Philippe Seguin était âgé de 66 ans.
Ancien ministre des affaires sociales et de l’emploi, il a été président de l’Assemblée nationale de 1993 à 1997 et président du Rassemblement pour la République (RPR) de 1997 à 1999.
Depuis Doha où il participe au 20ème Salon International du Livre dont la France est l’invité d’honneur, Dominique de Villepin a fait parvenir le communiqué suivant à l’AFP :
« Avec tristesse, je tiens à saluer aujourd’hui la mémoire de Philippe Séguin.
La France perd avec lui un homme au sens aigu du service de l’Etat, de l’intérêt général et de la solidarité, le symbole d’une fidélité exigeante au message gaulliste, une voix qui traduisait la valeur de l’indépendance d’esprit et des valeurs républicaines.
Je garde le souvenir des combats que nous avons partagés, autour de Jacques Chirac, et de toute l’actualité de leur sens pour la France aujourd’hui ».
Le Premier Ministre François Fillon lui a également rendu ce matin un éloquent et émouvant hommage.
Le président Nicolas Sarkozy s’est recueilli jeudi soir au funérarium du cimetière des Batignolles (Paris XVIIe) où a été transporté le corps de Philippe Séguin, mort tôt le matin. Le chef de l’Etat est resté une quinzaine de minutes dans ce bâtiment où repose la dépouille mortelle du premier président de la Cour des Comptes.
Il avait été précédé par son prédécesseur Jacques Chirac et par son premier ministre François Fillon, resté sur place une vingtaine de minutes. Voici l’hommage rendu par Jacques Chirac à la sortie du funérarium:
L’annonce de la disparition de Philippe Séguin , jeudi matin, a suscité une vague d’émotion dans la classe politique française. Voici les principales réactions :
Nicolas Sarkozy, président de la République
« Philippe Seguin a occupé pendant trente ans une place centrale dans notre République. Il était le pur produit de cette République du mérite qu’il chérissait. Son amour de la République était inséparable de son amour de la France. Le gaullisme avait gardé quelque chose de vivant avec lui. Le mot lui allait comme une évidence. Rien de ce qu’il entreprenait n’était médiocre. Il avait des convictions, de la hauteur de vue, du talent. Il était mon ami, un ami très proche. Il va nous manquer, beaucoup. »
Jacques Chirac, ancien président de la République
« Mon épouse Bernadette et moi avons appris avec une infinie tristesse la brutale disparition de Philippe Séguin. La France perd aujourd’hui un homme d’honneur, un homme d’État d’une exceptionnelle intelligence. Philippe Séguin aura consacré sa vie au service de la France et à l’intérêt général. À Épinal comme à l’Assemblée nationale, au gouvernement comme à la tête de la Cour des comptes, Philippe Séguin aura toujours su batailler pour faire triompher ses fortes convictions, en ayant toujours à coeur d’améliorer la situation des plus fragiles et de renforcer le poids et la grandeur de notre pays. Avec lui, les mots de République, de Nation et d’État prenaient tout leur sens. Je perds, pour ma part, un ami pour lequel j’avais un grand respect et une profonde affection. » (communiqué)
Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République
« C’était une personnalité hors du commun avec un grand talent et qui enrichissait le débat politique national. Il était dans le sillon de ce que l’on appelle le gaullisme social. » (RTL)
À DROITE
Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale
« C’est une immense tristesse, une très grande perte. Philippe Séguin était une personnalité exceptionnelle, très riche par sa culture, par ses convictions de républicain, de gaulliste, de démocrate. Son parcours est exemplaire de rigueur et d’honnêteté. Nous sommes consternés. » (France Info)
Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel
« Philippe Séguin a marqué la vie politique française depuis de nombreuses années. C’était une personnalité forte, complexe, capable de résister, capable de dire non, mais, surtout, il y avait chez lui une certaine idée de la France, un grand respect de la République et, surtout, le désir ancré profondément de faire en sorte que la France, la nation française, soit respectée, forte et fière. » (i-Télé)
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre
« C’était un homme à caractère exceptionnel. Il n’avait peur de personne, il résistait à tout, il avait de fortes convictions et beaucoup de courage, beaucoup d’audace. Non seulement c’était un orateur, mais il avait ce trait de caractère qui faisait de lui une personnalité à fort rayonnement, dont le vide marquera la vie politique pendant des années. » (Radio Classique)
Alain Juppé, ancien Premier ministre
« C’est avec stupeur que j’ai entendu cette nouvelle ce matin. Nous nous connaissions très bien, nous avons beaucoup travaillé ensemble, nous partagions ce même attachement à la République. Ce n’était pas quelqu’un de facile, nous avons eu des divergences fortes, notamment sur l’Europe. C’était une intelligence, c’est une grande perte pour la République. Il avait une parole qui restait très puissante sur la vie publique. » (France Info)
Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux
« Notre tristesse est à la hauteur de la personnalité hors normes de Philippe Séguin. Il a mis son intelligence aiguë, son exigence sourcilleuse, son talent oratoire, son engagement sans faille, au service de ses idées. Dans chacune des hautes fonctions qu’il a occupées, il a fait preuve de son grand sens de l’État, de son indépendance d’esprit, de sa passion pour la France et le service de ses concitoyens. Gaulliste social, homme d’engagement et de convictions, Philippe Séguin aura marqué de son empreinte la vie politique et publique de la Ve république. » (communiqué)
Charles Pasqua, ancien ministre de l’Intérieur
« Je suis bouleversé par la perte d’un ami très cher. C’était un homme passionné et foncièrement bon qui a fait beaucoup pour son pays. Il n’avait pas d’ambition personnelle, mais une ambition pour la France. Il avait l’étoffe d’un chef d’État. » (RTL)
Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP
« La République française vient de perdre un grand homme, un homme d’État. Homme de courage, Philippe Séguin a parfois pris des positions qui n’allaient pas dans le sens des modes et des conformismes. Il fut l’un des premiers et des plus talentueux pour nous rappeler où les dérives technocratiques de l’Europe pouvaient nous conduire. Et le discours qu’il prononça à la tribune de l’Assemblée nationale lors des débats sur le traité de Maastricht restera comme l’un des plus importants de l’histoire parlementaire et politique de la France. Homme d’exigence au caractère affirmé, il sut tout au long de sa carrière politique faire vivre le gaullisme et l’idéal républicain. Homme de convictions, ce gaulliste social a mis en oeuvre ses idées en tant que ministre du Travail et des Affaires sociales en s’attelant particulièrement à la préservation de l’équilibre des comptes sociaux (…). Militants, sympathisants, élus et responsables du Mouvement populaire, nous sommes tous endeuillés par la mort de Philippe Séguin. » (communiqué)
Roger Karoutchi, ancien secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement
« C’est une catastrophe humaine, familiale, personnelle. C’était un homme d’exception, un très grand républicain. » (France Info)
Hervé Mariton, député de la Drôme
Philippe Séguin était « la force d’une conviction. » (LCI)
Jean-Pierre Grand, député de l’Hérault
« Le décès de Philippe Séguin me touche profondément. C’était un ami de longue date.
Dans toutes ses fonctions exercées : Ministre, Président de l’Assemblée Nationale et aujourd’hui Président de la Cour des Comptes, il a toujours fait preuve d’un sens inné et hors du commun de l’Etat et de l’intérêt général. Comme Président de la Cour des Comptes, il a marqué sa volonté de faire respecter une bonne et rigoureuse utilisation des fonds publics de la Nation.
La disparition de ce grand gaulliste social nous engage aujourd’hui dans le respect et la défense des valeurs qu’il a si bien su incarner. » (Blog personnel)
Marie-Anne Montchamp, députée du Val de Marne
« C’est une perte immense. La République pleure Philippe Séguin. Jamais nous n’avions eu autant besoin de lui. In memoriam » (Blog personnel)
Henri Guaino, conseiller spécial de l’Élysée
« (Philippe Séguin est) quelqu’un qui a tant compté dans ma vie » (…) Il avait une passion charnelle pour cette République du mérite si
française, qui donnait à chacun de ceux qui n’avaient rien au départ de la vie la possibilité de devenir quelqu’un. C’est quelque chose qui, moi, m’a profondément touché, bouleversé (…) Il était difficile, il était malcommode, mais il l’était parce qu’il était profondément intransigeant sur ses convictions, sur les principes (…) Quand on voit cette unanimité, on se dit que peut-être tout cela a servi à quelque chose, peut-être qu’il va en rester une grande leçon de politique et de morale (…) De temps en temps, il était déprimé par la politique quotidienne. Il me disait : Ah, vous et moi nous sommes nés trop tard . Il finissait par se reprendre et par repartir au combat ». (France 2)
Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France
« C’était un patriote exigeant, un grand serviteur de la France, d’une grande rigueur intellectuelle, d’une grande culture et d’une grande curiosité d’esprit. (…) J’ai perdu un ami dont la pensée et l’action sont intimement ancrées dans la défense de la souveraineté nationale. (…) Nous nous sommes retrouvés dans le grand combat de Maastricht, avec Charles Pasqua. On nous appelait alors les trois conscrits de Maastricht. (…) J’avais conservé des liens avec Philippe Séguin et on se retrouvait souvent dans les stades parce qu’il était comme moi un passionné de foot ». (AFP)
Jean-Marie Le Pen, président du Front national
« Homme de caractère, pupille de la nation, c’était un patriote qui condamnait le traité de Maastricht. Adversaire politique loyal, Philippe Séguin s’était mis en marge du monde politique continuant de servir le pays à la tête de la Cour des comptes. » (communiqué)
AU CENTRE
François Bayrou, président du MoDem
« Le premier mot qui vient à l’esprit, c’est républicain. Il était républicain par son parcours et par ses valeurs. Deuxième trait de caractère, il ne renonçait pas à combattre même s’il apparaissait seul contre tous. Il avait sûrement un certain orgueil, bienvenu dans cette affirmation du combat pour les idées. Il avait un caractère, que certains diront mauvais, mais souvent le mauvais caractère est la traduction dans le langage de tous les jours du caractère tout court. Tout le monde entendait bien derrière son grand rire une trace de mélancolie. Cette fêlure sur fond de tristesse le rendait plus attachant aux yeux de ceux qui l’aimaient. Il va manquer profondément à la vie publique en France. » (AFP)
À GAUCHE
Martine Aubry, première secrétaire du PS
« C’est avec une grande tristesse que j’apprends la disparition de Philippe Séguin. C’était un homme que j’appréciais, pour lequel j’ai estime et amitié. J’ai pu apprécier ses engagements gaullistes et son ouverture d’esprit, au-delà de nos différences politiques. Avec Philippe Séguin disparaît un très grand serviteur de l’État qui a eu toute sa vie une passion pour l’intérêt général. C’était un républicain respecté bien au-delà de son camp qui a profondément marqué la vie politique. Ces dernières années, grâce à son travail admirable à la Cour des comptes, il était devenu pour la République un sage dont la voix était une référence et une boussole. » (communiqué)
Lionel Jospin, ancien Premier ministre
« C’était un fort caractère et un homme qui s’inscrivait dans une tradition gaulliste. C’était un serviteur de l’État qui présidait aux destinées de la Cour des comptes. Nous devons le regretter. » (France Inter)
Laurent Fabius, ancien Premier ministre
« C’est un homme que j’estimais beaucoup. C’était un homme des grandes causes, il n’aimait pas les querelles médiocres et allait à l’essentiel. Il avait une conception noble de la politique et un amour charnel de la République. » (RTL)
Michel Rocard, ancien Premier ministre
« Je le connaissais un peu et je l’appréciais beaucoup (…). C’était un grand honnête homme, très compétent, très consciencieux au travail, colérique, chaleureux, enthousiaste, un peu cogneur, un peu brutal, mais toujours pointu et toujours près des faits. » (AFP)
Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes
« Dans son rôle de président de la Cour des comptes, il avait su valoriser et renouveler cette institution avec l’exigence de la bonne gestion des deniers publics. Philippe Séguin était un homme de convictions qui savait garder une véritable liberté d’esprit. Il avait ainsi gagné l’estime et le respect au-delà de sa famille politique. » (communiqué)
Bertrand Delanoë, maire de Paris
« (Je suis) très triste d’apprendre ce décès brutal d’un homme jeune, qui est une personnalité très attachante. Certes, nous avons été face à face pour la bataille à la mairie de Paris en 2001, mais il n’y a eu entre nous aucun propos blessant ni attaque personnelle. J’ai aimé faire de la politique avec lui sans avoir les mêmes convictions que lui. » (RTL)
Robert Badinter, sénateur des Hauts-de-Seine, ancien garde des Sceaux
« (Je ressens un) mélange de chagrin, de regret, de reconnaissance pour lui. Républicain, ça allait de soi, ce qu’il y avait de plus remarquable chez lui, c’était l’intensité de sa conviction patriotique, engagement vis-à-vis de la France très profond. Il était l’un des rares qui maintenaient au Parlement la tradition de l’éloquence. » (France Info)
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre et président du MRC
« C’est un grand manque. Je me souviens de son opposition au traité de Maastricht. Il avait montré que la France pouvait se donner un projet et un destin républicain. Il a le mérite d’avoir tenté d’éviter le piège dans lequel la France se trouve aujourd’hui. Je salue l’homme qui a tenté, même s’il n’a pas réussi, et je regrette que nous n’ayons pas pu nous retrouver entre républicains des deux rives. Depuis qu’il a quitté la vie politique, il a manqué à la République. » (France Info)
À LA COUR DES COMPTES
Pierre-Yves Richard, magistrat à la Cour des comptes aux côtés de Philippe Séguin
« Philippe Séguin était un président très humain et fidèle en amitié. Il n’avait pas hésité à défendre publiquement un ami commun en difficulté dans une affaire judiciaire montée en épingle, en dépit de toutes les allégations qui circulaient sur lui. Il voulait que la Cour des comptes devienne une juridiction financière indépendante et un véritable troisième ordre de juridiction, à côté du judiciaire et de l’administratif. Et puis, Philippe Séguin avait un côté très napoléonien. Il était très tourné vers l’Empire. Les couloirs de la rue Cambon s’en souviendront : il a fait inscrire plusieurs références à Napoléon et Bonaparte dans les couloirs de la Cour. » (lepoint.fr)
Source: Le Point