La suite des événements marquants de la vie politique en France depuis le début de la décennie, avec la période qui s’est ouverte depuis l’élection présidentielle de 2007.
Le rapprochement avec le centre, imposé précipitamment dans l’entre-deux-tours sans réelle réflexion idéologique, va empoisonner pour longtemps la vie du Parti socialiste. Faut-il, oui ou non, s’allier avec le nouveau parti de François Bayrou, le Mouvement démocrate (MoDem) ? Ou bien privilégier le rassemblement de toute la gauche? Les réponses des différents leaders du PS ne sont pas sans arrières pensées. Car le congrès de Reims approche, et il s’agit de savoir qui succèdera à François Hollande.
En novembre 2008, Martine Aubry est élue première secrétaire sur le principe du refus de l’alliance au centre. Mais sa victoire étriquée – une centaine de voix d’avance sur Ségolène Royal, à en croire les résultats officiels – est entachée d’accusations de fraudes, aussi la question du leadership reste-t-elle entière.
Le Parti socialiste est aussi affaibli par l’ »ouverture ». Plusieurs personnalités -Bernard Kouchner, Eric Besson, Jean-Marie Bockel, Jean-Pierre Jouyet et Martin Hirsch- rejoignent le gouvernement de François Fillon.
Enfin, le PS est affaibli par la concurrence à gauche. Si les municipales de 2008 ont été bonnes (Rouen, Caen, Amiens, Reims, Metz, Strasbourg, Saint-Etienne ou encore Toulouse passent à gauche), c’est loin d’être le cas des européennes de juin 2009. Le Parti socialiste rassemble seulement 16,5% des voix, juste devant la liste Les Verts-Europe Ecologie (16,3%). Quant au Parti communiste, il progresse grâce à l’alliance avec et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon (6%). Au total, la gauche (sans le MoDem) rassemble 45% des voix, mais la position centrale du PS se trouve contestée.
Et alors que se préparent les régionales de 2010, rien n’est tranché : ni les relations avec le MoDem, ni la place à accorder aux partenaires de la gauche, ni le leadership du PS… même si la décision d’organiser des « primaires ouvertes » arrête le cadre de la compétition à venir.
La « rupture » à l’oeuvre
Du côté du gouvernement, le rythme des réformes est impressionnant et les manifestations des opposants n’y font rien: « bouclier fiscal », allégements des droits de succession, exonération des heures supplémentaires, baisse de la TVA dans la restauration, réforme des régimes spéciaux de retraites, « service minimum » dans les transports et à l’école, Revenu de solidarité active (RSA), peines-planchers contre la récidive, ratification du Traité de Lisbonne…
Les premières critiques se concentrent sur sa pratique du pouvoir. Le président est comme le candidat : amateur de presse people. Il divorce de Cécilia puis, à peine une dizaine de semaines plus tard, il médiatise sa nouvelle idylle avec Carla Bruni, chanteuse et ex-mannequin. Il l’épouse en février 2008. Le style « bling-bling » affecte la popularité de Nicolas Sarkozy. Il s’efforce donc de présenter aux Français un profil plus présidentiel à partir du printemps 2008. Mais à l’automne 2009, une nouvelle polémique éclate lorsque son fils, Jean Sarkozy, annonce sa candidature à la tête de l’Etablissement public d’aménagement de La Défense (Epad), avant de devoir renoncer.
Nicolas Sarkozy se voit également reproché sa proximité avec les patrons des grands médias, notamment Martin Bouygues (TF1) et Arnaud Lagardère (Paris-Match, Europe 1, Journal du dimanche…). Alain Genestar aurait ainsi été limogé de la rédaction en chef de Paris Match afin de complaire au président, à la suite d’une « une » montrant Cécilia ex-Sarkozy avec son nouveau compagnon Richard Attias.
Il est vrai que dès le soir de l’élection, le ton est donné. Nicolas Sarkozy célèbre sa victoire au Fouquet’s avec les milliardaires Serge Dassault (Le Figaro), Albert Frère (M6), François Pinault et Bernard Arnault (Les Echos). Il passe ensuite ses vacances sur le yacht de Vincent Bolloré (Direct 8). Le président réforme également le mode de désignation pour les présidences de France Télévisions et de Radio France : c’est désormais l’Elysée qui décide.
Nicolas Sarkozy n’a pas de complexe non plus dans son rapport à la justice. Président du Conseil supérieur de la magistrature, intouchable grâce à son immunité présidentielle, il n’en est pas moins partie civile dans le procès Clearstream, où comparaît Dominique de Villepin. Interviewé depuis New York, il commet même une faute en déclarant trouver normal que les « coupables » soient jugés.
Quant aux institutions, le président les adapte. Le Premier ministre disparait derrière l’activisme présidentiel. Si Nicolas Sarkozy renforce les pouvoirs du Parlement, c’est pour aussitôt planifier un renforcement de la droite au moyen d’un redécoupage électoral qui aboutira, selon le propre calcul du gouvernement, à supprimer 33 circonscriptions majoritairement à gauche. Dans les régions et les départements, le gouvernement prépare la création d’un conseiller territorial unique, élu à un seul tour, ce qui favorise l’UMP et interdit l’application de la loi sur la parité.
Le rapport de Nicolas Sarkozy à la laïcité fait lui aussi débat. Ainsi, en décembre 2007, dans un discours prononcé à Rome, Nicolas Sarkozy prône une « laïcité positive » et déclare que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ».
Enfin, le président est attaqué pour ses positions parfois proches de la droite extrême. Par exemple lors de la création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, qui fait un lien entre ces deux questions. Et aussi avec la multiplication des discours sur l’insécurité, les poursuites contre les militants aidant les sans-papiers, la fermeture de la « jungle » de Calais ou encore les expulsions d’Afghans vers un pays en guerre…
Avec le débat sur l’identité nationale, lancé à la fin 2009, les propos à la limite du racisme et de l’islamophobie s’invitent dans les préfectures. La confusion s’installe entre Nation et République, immigration et insécurité, islam et intégrisme. L’UMP préfère polémiquer sur l’interdiction de la burqa plutôt que discuter de la remonté du chômage… et le malaise s’étend jusque dans les rangs de la droite. « On joue aux apprentis sorciers », estime ainsi le député UMP François Baroin, pour qui le débat sur l’identité nationale « flatte les bas instincts ».
Est-ce ce climat qui fait regretter aux Français l’an 2000 et la présidence de Jacques Chirac ? En décembre 2009, un sondage Ifop place Jacques Chirac à un sommet de popularité : 78% d’opinions favorables!
Dominique de Villepin, l’Alternative pour la France
Quant à Dominique de Villepin, il lance mi-2009 son Club politique, le Club Villepin, ainsi que le premier réseau social sur Internet, villepincom.net.
Sitôt passé le procès Clearstream, il réunit à la Maison de l’Amérique Latine à Paris plus d’un millier de ses militants, avant de démarrer un tour de France qui le conduit à la rencontre des Français, de la banlieue parisienne à Bordeaux en passant par l’Yonne et Toulouse.
Il continue également de se forger une stature internationale, à travers ses déplacements en Europe, en Chine et au Moyen-Orient.
Une Alternative politique s’est désormais mise en marche… Cap sur 2012 !
Source: Baptiste Legrand (nouvelobs.com) et Wikipedia