Dominique de Villepin était mardi matin à Bergerac, reçu par le député du Bergeracois Daniel Garrigue (ex-UMP) au nom d’une « alternative » à construire en France et que l’ancien premier ministre serait « le plus à même d’incarner ».
Dominique de Villepin, à l’occasion d’une conférence de presse puis d’un déjeuner-débat autour de 260 personnes à Monbazillac, a évoqué la création d’un « pôle gaulliste, républicain et social », son souhait de ne pas « ignorer la réalité de ce que vivent les Français » et « se retrouver sur des priorités politiques plus que diviser avec des débats qui prennent une tournure polémique », allusion au débat sur l’identité nationale. Il appelle aussi à de « nouveaux choix stratégiques » pour sortir de la crise.
Questionné sur une candidature en 2012 face à Nicolas Sarkozy, l’ex-premier ministre s’est borné à indiquer qu’il souhaite « exprimer une sensibilité », « faire vivre un héritage gaulliste » et « marquer notre différence » « au sein de (sa) famille politique, l’UMP ».
Dans l’après-midi, devant les Etudiants de l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine, Dominique de Villepin n’a en revanche pas caché ses ambitions pour 2012 en déclarant que l’élection présidentielle le « tente ».
Le fil rouge de la journée en 7 vidéos…
Le fil rouge de la journée
Bergerac
10h45 : point presse à la permanence parlementaire
11h30 : Visite du quartier de Naillac – rencontre avec les habitants
12h15 : Déjeuner de travail
Dans son costume de candidat contre Sarkozy, dans le fief d’un député opposé à Sarkozy. Dominique de Villepin, « le mieux à même d’incarner l’alternative politique d’un pôle gaulliste, républicain et social », comme le présente le député (ex-UMP) Daniel Garrigue ? « C’est bien résumé », sourit le dernier Premier ministre de Jacques Chirac et rival (plus ou moins) déclaré du président de la République. Hâlé, col roulé, il était en Bergeracois hier, dans le cadre d’une tournée dans les régions pour « affûter » ses « propositions » à venir.
Il était déjà venu en 2006, en chef de gouvernement. Cette fois, c’est le chef de courant qui tente de marquer sa « différence », à la cité de Naillac, à Bergerac, puis lors d’un déjeuner-débat sur le monde rural à Monbazillac. Il y a là 260 personnes, zéro cadre de l’UMP, mais des sympathisants, des maires, encartés ou pas. Et Romain, 24 ans, membre du « parti » de Daniel Garrigue (un club, en fait) pour qui de Villepin est « clairement une alternative ».
Marie-Cécile, 29 ans, est juste « curieuse » de « l’écouter ». Michel, 62 ans : « Il y a Sarko, mais aussi Villepin. L’écouter, ça aide à prendre une décision. Il compte, il sera peut-être candidat… »
Mais il ne le dit pas vraiment. Juste, qu’il n’a pas de « leçon » à donner, qu’il souhaite « participer à une réflexion, ouvrir un certain nombre de voies ». 2012, donc ? « On verra bien », raconte Dominique de Villepin à la presse, dans la permanence du député.
« L’important est d’exprimer une sensibilité. » Ni courant, ni parti, mais – nuance – « l’expression d’une exigence ». Un résumé du « Villepinisme » : un engagement « contraignant » pour désendetter le pays, mais garantir la « justice sociale », sous-entendu : qui n’existe plus.
Dominique de Villepin entend capitaliser sur sa liberté de ton dans l’UMP, quoiqu’il estime qu’un seul parti « n’a pas vocation à occuper tout l’espace ». D’ailleurs, le voici qui s’affiche avec un député divorcé d’avec l’UMP et opposant revendiqué au gouvernement.
Daniel Garrigue « se pose un certain nombre de questions et estime que les réponses ne lui sont pas fournies », résume Villepin. Comme il suggère que « les Français » ne trouvent pas « suffisamment de sens » à l’action présidentielle.
L’ancien Premier ministre parle de La Poste (« la préserver telle qu’elle est »), de l’Europe (« il faut une PAC après 2011 »), de la crise (« trouver une vraie stratégie de sortie »), de la compétitivité de la France ou son indépendance. Il oppose sa « sensibilité » au « tempérament » de Nicolas Sarkozy. Et tacle : le président préfère le « spectacle » au « rassemblement », les réformes sont « trop éparpillées ». Ou : « Qu’est-ce qu’un débat sur l’identité nationale va apporter à la sérénité du pays ? »
Dans la salle, beaucoup lui trouvent du « panache », une « aura ». Il signe des autographes. Plus tôt, devant la cité de Naillac, des habitants expliquent leur colère de ne pas bénéficier d’une opération de réhabilitation par l’Anru, dispositif lancé sous le gouvernement Villepin.
L’occasion d’engager le gouvernement à ne pas brader « cette politique » de reconstruction. Et de faire un peu de politique : à ces habitants, dit-il, « j’apporte le fait d’être là et je constate que la République n’y est pas. »
Daniel Garrigue, en aparté : « Il y a un parfum de 2012, ça va de soi. » Radieux.
Bordeaux
16h00 : Rencontre avec les étudiants en journalisme à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA)
Dominique de Villepin – qui était hier matin à Bergerac l’invité de Daniel Garrigue, député non inscrit de Dordogne qui lui est resté fidèle – est venu parler en toute décontraction l’après-midi devant les étudiants de l’Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine (Ijba).
L’ancien Premier ministre, qui attend désormais sereinement le jugement du tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire Clearstream, n’a pas caché que son ambition était désormais d’être candidat à la présidence de la République.
Pour lui, la politique, ce n’est pas, en effet, « une carrière » mais c’est une façon de « servir l’État ».
Il ne sera pas forcément candidat en 2012, parce « c’est une question de circonstances », et, ajoutait-il en regardant en direction de Daniel Garrigue, « il y a des gens qui s’emploient à ce que ce soit une chose naturelle ». Pour Dominique de Villepin, « par beau temps, il y a pléthore de gens qui sont candidats, mais par gros temps, l’enjeu est bien plus grand ».
L’affaire ne doit pas être une aventure solitaire, estime l’ancien Premier ministre, qui estime que « le chemin est toujours collectif ». « Cela me tente, c’est mon aspiration », ajoutait celui qui assurait que, de toute façon, son engagement public « continuera » et que les circonstances idéales n’existent pas mais qu’elles sont parfois des « accidents » ou des « effractions de l’histoire ».
Selon Dominique de Villepin, « dans la famille gaulliste à laquelle j’appartiens, il y a une tradition de fond » qui se maintient. Ce dernier, qui dit espérer que le gouvernement actuel saura « rectifier le cap » actuellement dirigé vers trop de libéralisme, attend de voir « comment va s’organiser le rapport de forces dans la majorité et autour de la majorité ».
Ceux qui doutaient de la force de l’engagement de celui qui prononça le fameux discours devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le 14 février 2003, ont pu l’entendre hier à l’Ijba décrire la scène comme si elle s’était passée hier, avec les réactions décontenancées de Colin Powell, secrétaire d’État américain, et de Jack Straw, ministre britannique des Affaires étrangères, « qui se demandaient si nous irions jusqu’au bout et qui prenaient conscience que cela ne se passerait pas comme ils l’avaient prévu ».
Un moment fort où la France n’a pas emporté la décision mais s’est tout de même assurée du soutien de l’Afrique et de l’Amérique latine. « Un moment où l’on n’est pas à son compte, où l’on est dans la défense de l’intérêt général. »
Un moment sur lequel il espère capitaliser.
18h00 : Conférence + dédicaces à la librairie Mollat
Source: Photos Emilie Drouinaud (Sud Ouest) – Textes de la rédaction de Sud Ouest