Les inscriptions au chômage, notamment des jeunes, ont connu une accélération sensible en France en octobre, laissant augurer que les effets de la crise sur l’emploi vont perdurer bien au-delà de la fin de l’année.
Après cinq mois de hausse plus modérée, le nombre de demandeurs d’emploi à la recherche de tout type de contrat et n’ayant pas du tout travaillé dans le mois a dépassé les 2,6 millions, avec une hausse de 52.400 inscrits en octobre, plus de deux fois supérieure à septembre et proche du niveau d’avril.
En incluant les personnes ayant exercé une activité réduite, il a approché les 3,8 millions en métropole (+43.000) et a franchi la barre des quatre millions avec les départements d’outre-mer, ce qui n’avait plus été le cas depuis fin 2005.
Cet afflux va encore compliquer la tâche des 48.000 agents de Pôle emploi, alors que le nombre de demandeurs d’emploi suivi par conseiller atteint un record de 94 en moyenne, et bien plus dans des régions comme la Franche-Comté. Nicolas Sarkozy ayant donné son feu vert, Pôle emploi devrait obtenir de nouveaux renforts temporaires en CDD dans les régions les plus encombrées.
Si la nette augmentation d’octobre, liée en particulier à de premières inscriptions à Pôle emploi, a concerné toutes les catégories, elle a notamment affecté les jeunes (+1,2% sur un mois, y ceux compris en activité réduite, +26,4% sur un an), rompant avec l’amélioration perçue depuis l’été.
Les seniors, dont le gouvernement souhaite augmenter le taux d’emploi, n’ont cependant pas été épargnés.
Et le nombre de demandeurs d?emploi de longue durée, inscrits depuis plus d’un an à Pôle emploi, a aussi augmenté. Un certain nombre d’entre eux risque de se retrouver en fin de droits à l’assurance chômage dans les prochains mois et de basculer dans les minima sociaux.
« On est encore dans la crise », a commenté jeudi le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez, qui jugeait la semaine dernière « l’hémorragie de destructions d’emplois » finie et la France bientôt « en convalescence ».
La France devrait compter cette année 509.000 demandeurs d’emploi de plus (y compris ceux exerçant une activité réduite ou dispensés de recherche d’emploi en raison de leur âge), a estimé mi-octobre l’assurance chômage.
Le taux de chômage devrait atteindre 9,7% en métropole et 10,1% avec les Dom, soit une hausse d’environ deux points en un an, selon les dernières prévisions de l’Insee.
« La tendance à la dégradation de l’emploi devrait se poursuivre quelques trimestres », a réaffirmé jeudi la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde, tout en jugeant que l’impact des mesures gouvernementales, comme le chômage partiel, « va continuer à monter en puissance ».
Fin octobre, le Premier ministre François Fillon a estimé que « tant que nous n’avons pas retrouvé une croissance supérieure à 2%, entre 2 et 2,5%, il est très difficile de reconstruire de l’emploi ». Le gouvernement prévoit jusqu’alors une croissance de 0,75% en 2010.
L’OCDE a récemment estimé que la croissance française ne sera « pas suffisamment élevée pour stabiliser l’emploi et la hausse du taux de chômage pourrait bien ne pas s’achever avant le début de 2011″, pour dépasser 10% en métropole.
Source: Agence France Presse