Il y a un an jour pour jour, les Américains élisaient Barack Obama à la Présidence des Etats-Unis. C’est aujourd’hui le même homme, avec des cheveux un peu plus blancs…
Après un an de mandat, la chevelure de Barack Obama constitue un bon indicateur des difficultés du 44ème président des Etats-Unis. Ses journées sont nettement moins festives que ce 4 novembre 2008, quand des foules en liesse scandaient son fameux slogan « Yes we can » sur tous les tons, aux quatre coins des Etats-Unis, sous le regard bienveillant du reste du monde.
Dès les premiers jours, le nouveau locataire de la Maison Blanche s’est appliqué à rompre avec l’ère Bush, en annonçant le retrait accéléré d’Irak ou la fermeture de Guantanamo. Mais l’ambitieux programme est soumis à l’épreuve des faits : Guantanamo devra rester ouvert plus longtemps que prévu, la réforme de la couverture santé provoque un violent débat, le capitalisme financier semble retors à la moralisation voulue par le président, le conflit israélo-palestinien est toujours latent, les discussions avec l’Iran restent difficiles et l’Afghanistan inquiète les Américains, qui ne veulent pas d’un second Vietnam.
Economie, Réforme de la santé, Politique internationale, Réchauffement climatique et Racisme: c’est l’heure d’un premier bilan d’étape.
ECONOMIE
Au fil de la campagne, alors que la crise se levait, elle est devenue le sujet numéro un. Barack Obama semble sur ce terrain avoir obtenu quelques succès, au moins provisoires. Cet été, l’économie américaine est sortie du rouge, avec une croissance de 3,5%. C’est fragile mais suffisant pour que l’administration en place vante les mérites du gigantesque plan de relance de 787 milliards de dollars du 17 février, qu’elle n’a en réalité qu’en partie concocté. Barack Obama voit la récession “en train de se dissiper”, et nombre d’experts lui font crédit d’avoir “stabilisé le système financier” et éloigné le spectre de la Grande Dépression.
Mais Barack Obama ne tire pas vraiment les bénéfices de cette navigation de gros temps. Paradoxalement, les Américains lui font moins confiance pour gérer la sortie de crise. Sa moralisation du capitalisme laisse sceptique, à l’heure où les établissements financiers reprennent leurs “bonnes vieilles habitudes”, une fois l’orage passé. Ses réformes sont peu audibles et si Obama a réussi à insuffler de la confiance dans une économie prise de panique, il n’a en revanche pas gagné son bras de fer contre le chômage. L’emploi continue à se dégrader. 9,8% en septembre, le taux le plus élevé depuis 25 ans et des prévisions peu souriantes, puisqu’il pourrait atteindre les 10% en 2010. Seul le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, voit des emplois éclore dès le début 2010. En attendant, les Américains ne voient toujours pas venir de mesures concrètes.
REFORME DE LA SANTE
Si Barack Obama devait retenir une croisade, ce serait peut-être celle-là. Le président s’est tout particulièrement impliqué dans la création d’une couverture santé universelle, dont le projet doit être présenté au Congrès, après des mois de discussions difficiles entre démocrates d’une part, et de ferme opposition républicaine d’autre part. Le but est de faire bénéficier 96% des Américains d’une couverture maladie. Actuellement, 50 millions n’en ont aucune. Des subventions fédérales seraient versées à des millions de personnes et familles disposant de faibles revenus pour les aider à en bénéficier, et à des petites entreprises pour les inciter à donner une couverture-santé à leurs salariés.
Cette réforme devrait bénéficier tout particulièrement à la population noire, au sein de laquelle une famille sur quatre vit sous le seuil de pauvreté (une sur six dans la population blanche). Elle est très diversement perçue. Venant heurter une certaine culture opposée à toute forme d’assistance, elle a hérissé l’Amérique blanche, provoquant une poussée de fièvre raciste dans certains Etats. Les républicains ont présenté un contre-projet au texte, qui ne chercherait pas à étendre la couverture santé.
POLITIQUE INTERNATIONALE
La rupture avec la politique de son prédécesseur a été immédiate : fermeture annoncée de la prison militaire de Guantanamo, désengagement accéléré d’Irak, priorité à l’Afghanistan, ouverture d’un dialogue avec l’Iran, relations plus apaisées avec la Russie, avec négociation d’un nouvel accord de désarmement nucléaire. C’est en dehors des frontières américaines que le président jouit de la plus grande popularité, et il aura réussi à redorer le blason d’une Amérique terni par l’administration Bush. Le couronnement personnel de Barack Obama aura sans doute été son prix Nobel de la Paix, bien qu’il reste contesté.
Car, comme pour l’économie, les perspectives sur le plan international ne sont pas roses. Tout d’abord, malgré son implication, Barack Obama n’aura pas réussi à trancher le nœud gordien du conflit israélo-palestinien. Les Etats-Unis ont dû avaler leur chapeau et renoncer à leur exigence de gel de toutes les colonies juives, à la grande colère des Palestiniens, qui ont laissé entendre qu’aucun accord n’était possible.
En Afghanistan, l’administration se trouve face à un choix difficile. Le président pro-occidental Hamid Karzaï conserve certes son poste, mais son élection entachée de fraude sape la légitimité de son gouvernement. Situation délicate alors que Barack Obama doit décider ou non s’il accorde au commandement militaire les renforts de 40.000 hommes qu’il demande (66.000 GI’s sont déjà sur place). Pour les Américains, toujours traumatisés par le souvenir du Vietnam, la peur de l’enlisement n’est jamais loin.
Le dossier du nucléaire iranien est loin d’être réglé, malgré les avancées. Téhéran souffle le chaud et le froid et les discussions s’annoncent acharnées.
Même la fermeture de Guantanamo ne tient pas totalement ses promesses, puisqu’elle ne sera pas effective en janvier 2010 comme promis.
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
C’était un des grands combats de Barack Obama et une des principales différences avec son prédécesseur. Convaincu de l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique, il s’est engagé à réduire cet effet. Et le président des Etats-Unis dispose de quelques leviers pour le faire, puisque son pays, avec la Chine, est le premier émetteur mondial de gaz à effets de serre. L’administration a donc pris des mesures pour favoriser les énergies renouvelables et réduire les émissions de CO2.
Mais pour un plan de réduction massif, il faudra attendre. Barack Obama rencontre quelques difficultés à le faire passer, à la veille du sommet de Copenhague, alors que les Etats-Unis n’ont pas ratifié les accords de Kyoto. La future loi sur la question fera de plus l’objet de violents débats, alors que de grands Etats producteurs d’énergie, comme le Texas ou la Virginie, en craignent les effets. L’embouteillage du calendrier parlementaire constitue un autre obstacle et cette priorité de campagne devra sans doute attendre la fin 2010 pour être traitée.
RACISME
Le premier président noir de l’Histoire des Etats-Unis n’a pas soldé en un an le lourd passif de son pays avec la question raciale. Malgré des signaux encourageants, avec l’arrivée de Noirs à des positions sociales élevées et visibles, les inégalités restent criantes. Les ghettos urbains sont toujours en place, et la population noire est plus touchée par la drogue, la violence et le chômage. Même à l’ère Obama, l’Amérique profonde voit toujours des scènes comme comme celle de ce pasteur de Louisiane qui refuse de marier un couple mixte , en dépit de la loi contre la discrimination raciale.
La réforme de la couverture maladie a attisé les vieux réflexes et les crimes racistes sont même en augmentation. Mais la population noire garde espoir et 59% de ses membres jugent les relations interraciales positives, contre 29% l’an dernier. Signe tout de même, d’une évolution.
Source: France Info