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François Goulard au JDD: "Dominique de Villepin comble un manque"

Quelques jours après le discours de Dominique de Villepin à la Maison de l’Amérique latine, signant ainsi sa rentrée politique après la parenthèse du procès Clearstream, le député UMP François Goulard, villepiniste, précise au JDD.fr les ambitions de l’ancien Premier ministre.

Sans ambages, le député du Morbihan explique que Dominique de Villepin n’a qu’une seule ambition politique: la présidentielle de 2012.

Le Journal du Dimanche: Quel est votre sentiment après le discours très offensif tenu par Dominique de Villepin mardi à la Maison de l’Amérique latine?

François Goulard: Ce qui ressort c’est une attente. Une attente dans une partie de l’électorat dans un spectre assez large, de la droite classique jusqu’à des déçus du PS. Et il est remarquable de constater que c’est un mouvement très spontané. Nous n’avons aucun moyen de mobiliser et mardi on a vu presque un millier de personnes se mobiliser. La simple annonce de la réunion a provoqué cet afflux. Il y a une véritable attente aujourd’hui dans l’offre politique. Il y a des gens qui sont en manque. Et les thèmes de Dominique de Villepin, ses principes, sa personnalité comblent un manque actuel.

Dominique de Villepin est-il aujourd’hui le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy?

Le meilleur opposant, non. Bon, je ne vais pas vous raconter d’histoires sur les sentiments qu’ils se portent réciproquement, mais on ne peut pas le considérer comme un opposant au même titre qu’un dirigeant du PS. Tout simplement parce que sur beaucoup de sujets les positions sont les mêmes, ou en tout cas compatibles. Dire que c’est un rival, peut-être, un opposant, non. On est dans une situation somme toute assez classique. C’est plutôt la période depuis 2007 qui ne l’était pas, c’est-à-dire avoir au centre et à droite un seul leader sans qu’il y ait une autre personnalité qui apparaisse ou se maintienne à côté. On est habitué à droite à avoir plusieurs champions. Je dirais que l’on revient dans une certaine normalité de la tradition politique française.

Dominique de Villepin a adopté une véritable posture de chef d’Etat. Difficile de ne pas y voir des ambitions pour 2012.

Lui ne vous le dira pas alors je vous le dis très simplement. Personne ne sait comment cela se passera mais il est clair que tout cela s’inscrit dans une perspective de présidentielle. Et pour dire les choses autrement, il ne lance pas cette démarche politique pour être candidat à une élection cantonale. Cela ne veut pas dire qu’il sera contre vents et marées candidat mais simplement c’est la perspective, voilà ce que l’on peut dire aujourd’hui.

Il n’a jamais connu le suffrage universel. Ce serait un saut dans l’inconnu.

Ce n’est pas unique que d’avoir une personne arrivée aux responsabilités par une autre voie que celle de l’élection et de se présenter ensuite à une élection. Il y a au moins trois précédents avec Pompidou, Barre et Balladur. Sans doute ont-il été d’abord candidats aux législatives avant de l’être à la présidentielle mais ce sont des gens qui ont d’abord été nommés et ont ensuite affronté le suffrage universel. Ce n’est pas un parcours inédit sous la Ve République.

Le verdict du procès Clearstream peut-il plomber son ambition?

Non, bien sûr, quel que soit le verdict. Les Français ont été témoins de cette affaire. Les faits sont là, et pour le moins pas très clairs en ce qui concerne l’accusation et les Français en savent autant que les juges. Ce que je crois c’est que le verdict a autant d’importance pour Nicolas Sarkozy que pour Dominique de Villepin. Car s’il y a relaxe, ça rend l’acharnement du président de la République un tout petit peu ridicule. Mais pour Dominique de Villepin ça ne change strictement rien. Et rien n’est moins établi que sa culpabilité. Pour lui, cela appartient désormais au passé.

C’est difficile d’être villepiniste aujourd’hui quand on est un homme politique français?

On est peu nombreux c’est vrai mais ce n’est pas quelque chose de rare de démarrer peu nombreux. En ce qui me concerne, avec mes convictions, ce serait plus difficile de ne pas l’être. Je suis plus à l’aise dans cette position là que si je répétais sans trop y croire les slogans de la direction actuelle de l’UMP. Est-ce que c’est facile politiquement? Quand on est minoritaire c’est toujours plus difficile mais on vit avec, ce n’est pas un drame.

Bientôt un parti politique?

C’est un mouvement. Après c’est une question de statut juridique, on verra. Pour l’instant c’est un mouvement.

Dominique de Villepin s’est déclaré sans haine à l’égard de Nicolas Sarkozy. Y croyez-vous réellement et pensez-vous que cela soit réciproque?

Vrai ou pas vrai, je ne suis pas dans le secret des âmes. Ce qui est vrai, c’est qu’il a désormais placé les choses sur un terrain qui est politique. Il y a une réelle volonté chez lui, je peux en témoigner, de dépasser tout sentiment personnel qui n’est évidemment pas très amène mais cela n’est pas nouveau. Cela remonte à un certain nombre d’années. Aujourd’hui, la bataille est sur le terrain politique avec de réelles divergences qui sont explicites. Ce n’est plus sur un terrain personnel. Du point de vue du président de la République je suis un des moins bien placés pour vous le dire, je ne le vois jamais.

Source: Journal du Dimanche

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