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Vidéo du discours de Dominique de Villepin à la Maison de l'Amérique Latine



Jusqu’à vendredi dernier, la lumière était posée sur le prévenu de l’affaire Clearstream. Cette semaine, elle se tourne vers le politique. Et le principal opposant à Nicolas Sarkozy au sein de la majorité. Accusé de « complicité de dénonciation calomnieuse » et dans l’attente du verdict qui doit être rendu le 28 janvier, Dominique de Villepin n’a pas l’intention de laisser les projecteurs se détourner de lui et entend bien goûter de toute sa liberté de parole.

Tous ont pu le constater mardi soir à l’occasion d’une réunion organisée à Paris par l’ancienne ministre et président de clubvillepin.fr Brigitte Girardin. «Nous avons lancé ce club en juillet et nos sites Internet le 15 septembre. En un mois et demi, nous avons été rejoints par près de 4 000 personnes», se réjouit-elle. Et encore ne compte-t-elle pas les quelque 800 adhésions enregistrées mardi soir à la Maison de l’Amérique latine. «Nous attendions 500 personnes et nous voilà plus d’un millier», se félicite le député de l’Hérault Jean-Pierre Grand. «Nous serons 100 000 dans un an», lance-t-il, «en gars du Sud», aux «militants de la République» qui suivent le discours depuis le jardin en contrebas faute de place dans le salon.

«Certains expliquent que tu es un homme seul, ils se trompent, assure Brigitte Girardin à Dominique de Villepin arrivé sous les acclamations. Voici le moment privilégié où nous allons pouvoir t’aider.» Autour de la tribune, une dizaine d’élus jouent des coudes. Les grognards du villepinisme (Georges Tron, Jacques Le Guen, Hervé Mariton, François Goulard…) ont été rejoints par des élus en rupture avancée avec l’UMP, comme Marie-Anne Montchamp, ou consommée, à l’instar de Daniel Garrigue ou de Nicolas Dupont-Aignan. Devant son épouse, Marie-Laure, et son père, Xavier de Villepin, l’ancien premier ministre a présenté pendant une demi-heure «l’alternative à la politique menée» qu’il souhaite incarner.

«La République est menacée», a-t-il scandé en s’alarmant du déficit de la Sécurité sociale, du chômage des jeunes ou du désengagement des services publics sur le territoire. «Les Français ont le sentiment que le temps passe et que rien ne change», a-t-il estimé à quelques jours du mi-mandat de Nicolas Sarkozy en déplorant «l’incapacité à corriger sa copie au jour le jour». Contre la «politique du laisser-faire et de la fuite en avant», Villepin propose de «renouer avec l’esprit de nation» : «il n’est pas besoin de grand débat sur la République ou sur l’identité nationale», a-t-il ajouté dans une critique visant le ministre de l’Immigration Éric Besson.

«Notre pays ne peut plus vivre avec une concentration du pouvoir et une personnalisation du pouvoir qui nuit à son efficacité», a-t-il poursuivi, fustigeant dans un même élan «l’esprit de cour» et les «polémiques qui font l’actualité». «On l’a vu avec un certain nombre d’affaires qui ont occupé le devant de la scène récemment, a-t-il expliqué. Une fois le rideau de fumée dissipé, qu’en est-il des préoccupations de nos compatriotes ?»

Pour conjurer ce «mal français», Villepin préconise un retour à «l’équilibre des pouvoirs au sein de l’exécutif entre le président, le premier ministre et le gouvernement», «l’équilibre entre l’exécutif et le législatif» et plaide, sous les applaudissements, pour «l’indépendance du système judiciaire sans laquelle il n’y a pas de véritable justice». Cela sera d’ailleurs la seule allusion, à peine voilée, à l’actualité judiciaire. «Nous avons tous le désir de fermer la parenthèse du procès», explique ainsi Georges Tron. Selon le député de l’Essonne, il n’y a d’ailleurs «jamais eu d’interférences entre le procès qui suit son cours et l’action politique que Dominique de Villepin n’a jamais cessé de mener.» Et qu’il entend poursuivre au-delà de cet «acte fondateur». Ses derniers mots invitaient à prendre date : «Merci pour aujourd’hui et merci pour demain», a lancé Villepin à son auditoire. 2012 n’a jamais semblé si proche.

Source: Le Figaro

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