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Mon procès Clearstream – seizième journée

Avant-dernière journée du procès Clearstream, avec les plaidoiries des avocats d’Imad Lahoud et de Denis Robert.

A noter que Dominique de Villepin sera l’invité de Michel Denisot au Grand Journal de Canal+, vendredi 23 octobre. A l’issue du procès Clearstream qui se termine vendredi après-midi, c’est la première émission de télévision à laquelle participera l’ancien Premier Ministre.

Jeudi 21 heures 30 – Le Figaro: L’avocat de Jean-Louis Gergorin demande l’annulation de la procédure

Le bâtonnier Paul-Albert Iweins a déposé une requête inattendue, ce jeudi, au procès Clearstream : le conseil de Jean-Louis Gergorin demande ni plus, ni moins, à la veille de la dernière des dix-sept journées d’audience, que l’annulation totale de la procédure. Pour ce faire, il se fonde sur l’entretien télévisé accordé, le 23 septembre dernier, par le chef de l’Etat. Répondant à des journalistes, Nicolas Sarkozy, par ailleurs partie civile, avait qualifié les prévenus de «coupables».

«Ce n’est pas un lapsus, estime Me Iweins. Nicolas Sarkozy est avocat, il s’exprimait en différé. Dans L’Express du 1er octobre, on peut lire comment il précise sa pensée à son entourage : «Il y a quand même deux personnes (MM. Lahoud et Gergorin, NDLR) qui ont avoué. Après, il faut savoir qui tire les ficelles». Le président de la République a le droit de dénoncer les «coupables» par la voix de son avocat, Me Thierry Herzog, mais pas à la télévision, de l’étranger, à l’heure de la plus grande écoute».

Me Iweins rappelle qu’en vertu de l’article 65 de la Constitution, le chef de l’Etat est le garant de l’indépendance de la justice et demande au tribunal : «Comment voulez-vous que mon client ne s’interroge pas ? Le garant de votre indépendance indique ce que doit être le jugement. Vous êtes les gardiens de l’impartialité objective et pouvez prononcer la nullité de la procédure quand les droits de la défense sont en cause. Tel est le cas». Le tribunal rendra sa réponse ultérieurement.

Jeudi 20 heures 50 – Reuters: Les avocats d’Imad Lahoud admettent qu’il a menti

Les avocats d’Imad Lahoud ont présenté jeudi les excuses de leur client au procès de l’affaire de la manipulation menée avec de faux listings de Clearstream, que ce franco-libanais est accusé d’avoir fabriqués. Me Oliver Pardo a admis qu’Imad Lahoud, qui a présenté plusieurs versions successives lors de l’enquête, dans une procédure parallèle en 2008, dans un livre publié avant le procès et à l’audience, avait menti. Mais « il n’est pas poursuivi pour avoir été un menteur. Et puis il faudra se poser la question ‘pourquoi a-t-il menti ?’ », a déclaré l’avocat à des journalistes après l’audience. « Moi, je vous dis qu’il a menti parce qu’il était tenu par des protecteurs puissants. Ces protecteurs, comme toujours, l’ont utilisé puis, quand il a commencé à gêner, ils l’ont lâché et aujourd’hui, ils s’essuient les pieds dessus, et ça c’est indigne », a-t-il ajouté.

Le parquet a requis mercredi une peine de deux ans de prison ferme dont six mois avec sursis et 45.000 euros d’amende contre ce prévenu, devenu depuis l’affaire professeur agrégé de mathématiques dans un lycée parisien. C’est lui qui, selon l’accusation, a récupéré les documents authentiques de Clearstream en 2003 avant de les falsifier par l’ajout de centaines de noms, dont celui de Nicolas Sarkozy. Alors qu’il était mis en cause dans plusieurs dossiers d’escroquerie, il a aussi, en parallèle, été recruté en 2003 par les services secrets français auxquels il est parvenu un temps à faire croire qu’il avait rencontré Oussama ben Laden au Liban.

A l’audience, Imad Lahoud a tenté de mettre en cause Dominique de Villepin, assurant l’avoir rencontré pendant l’affaire alors que, jusque là, il disait ne pas le connaître. Cette dernière version contestée par l’ancien Premier ministre n’est pas jugée crédible même par l’accusation.

Les avocats du journaliste Denis Robert, qui a remis les documents authentiques de Clearstream à Lahoud en 2003, ont par ailleurs plaidé sa relaxe, une option devenue probable puisque le parquet a demandé aussi au tribunal d’abandonner les charges.

Le procès se termine vendredi avec les plaidoiries des avocats de Jean-Louis Gergorin, vice-président d’EADS qui a recruté Imad Lahoud dans cette société en 2003 et a ensuite lancé les manoeuvres avec les faux listings qui font l’objet du procès. Le parquet a requis contre lui trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et 45.000 euros d’amende. Le jugement sera mis en délibéré vendredi soir, sans doute jusqu’en janvier.

Jeudi 20 heures 20 – Le Figaro: La stratégie de l’éclaboussure

A la veille de sa plaidoirie, Me Olivier Pardo a, de manière originale, fait parvenir à la presse son curriculum vitae. S’il en est l’auteur, et qu’il n’en a pas confié la rédaction à son client Imad Lahoud, on y découvre un parcours des plus honorables, puisque l’intéressé fut d’abord magistrat. Avocat d’Imad Lahoud dans le procès Clearstream : une mission délicate, même quand on a jadis plaidé pour la Guinée équatoriale. L’orateur entame donc son propos par une longue contrition : «Pardon pour ces torrents de mensonges, qui ont ajouté, pour les victimes, une brûlure inutile à une blessure déjà vive. Pardon aux parties civiles, pardon à l’institution judiciaire.»

Assez d’autoflagellation. Me Pardo explique à présent pourquoi M. Lahoud s’est ainsi comporté : «Parce qu’il était tenu par des protecteurs puissants, des parrains de haut vol.» On le comprend immédiatement : il a choisi la stratégie de l’éclaboussure. Les «protecteurs» ce sont, bien sûr, Jean-Louis Gergorin et Dominique de Villepin. Ce dernier – fait rare -, s’est retourné et a dardé un regard d’acier sur Me Pardo. Lequel évoque la garde à vue de son client, le 25 mars 2004, maintes fois disséquée, minute par minute, à l’audience : «Une main encore plus puissante que celle de Jean-Louis Gergorin le prend pour le protéger : celle de Dominique de Villepin, l’homme fort de la République. On prend quelqu’un de faible, de fragile, on le tient, et on lui dit que s’il ne fait pas ce qu’on lui demande, on le lâche et on s’essuie les pieds sur lui.» Il ne fait aucun doute, dans son esprit, que l’ancien ministre est intervenu pour faire libérer M. Lahoud – et pourquoi le ferait-il si celui-ci n’est pas le faussaire de Clearstream ?

L’avocat ajoute qu’«il y a d’autres mensonges dans le dossier, bien plus lourds. Ceux de M. Gergorin, qui ne sont pas ceux de Pinocchio, mais de Machiavel. Ceux de Dominique de Villepin, qu’on prenait pour un homme d’État, aussi.» Me Pardo affirme qu’un «secret partagé» liait l’ancien ministre, qui s’en défend, et M. Lahoud : ils se connaissaient et «c’est l’une des clés du dossier». Une fois menée cette violente offensive, l’avocat éteint son lance-flammes, change radicalement de stratégie et fait du droit. Il cite Jacques Derrida, son curriculum vitae nous rappelle qu’il conseilla Castorama : deux bonnes raisons pour se lancer dans une «déconstruction» du dossier tel que bâti par le ministère public, qui a requis dix-huit mois de prison ferme et 45 000 € d’amende contre Imad Lahoud.

Me Pardo aligne, avec habileté, les arguments pour dégager son client de la prévention, soutenant notamment qu’il ne saurait être déclaré coupable de dénonciation calomnieuse. Et il en vient au cœur du dossier : M. Lahoud est-il le falsificateur des listings Clearstream ? «Non, nuance-t-il. Les expertises de ses ordinateurs ne prouvent qu’une chose, qu’il a détenu ces fichiers falsifiés.» Le problème, c’est que M. Lahoud a reconnu lui-même qu’il avait introduit les noms de «Nagy» et «Bocsa», constitutifs du patronyme complet de Nicolas Sarkozy… Il en faut davantage pour désarçonner son conseil : «Ce n’est qu’un aveu d’Imad Lahoud.» Pour finir, il veut convaincre que son client n’est pas seulement cette «face triste qui fait rire tout le monde», décrite par le procureur. C’est aussi le père de quatre enfants, professeur de mathématiques : «À quoi servirait-il de le remettre en prison ? Je vous demande l’application la plus compréhensive de
la loi pénale.»

Voici donc deux versions pour le tribunal, à qui la relaxe n’est pas explicitement demandée. La première : Imad Lahoud a agi contraint et forcé, en tant que marionnette de MM. Gergorin et de Villepin. La seconde : rien ne prouve qu’Imad Lahoud ait frauduleusement agi. Une approche très complète, qui méritera sans doute de compléter le curriculum vitae de Me Pardo.

Jeudi 19 heures 24 – AP: La défense d’Imad Lahoud accuse Dominique de Villepin et Jean-Louis Gergorin d’avoir menti

Le défenseur d’Imad Lahoud a traité Dominique de Villepin et Jean-Louis Gergorin de « menteurs » jeudi, à l’avant-dernier jour du procès Clearstream devant le tribunal correctionnel de Paris. Me Olivier Pardo a demandé « pardon pour tous les mensonges » de son client dès l’entame de sa plaidoirie. « Pardon pour ces torrents de mensonges, ces mensonges qui ont entravé la bonne marche de l’instruction des juges D’Huy et Pons », a-t-il lancé, plaidant « l’application la plus juste de la loi pénale » pour l’informaticien.

Le procureur de la République de Paris a requis mardi 24 mois d’emprisonnement dont six avec sursis et 45.000 euros d’amende contre Imad Lahoud, soupçonné d’avoir falsifié les listings Clearstream en y ajoutant les noms de nombreuses personnalités, notamment politiques.

Imad Lahoud n’est que « Pinocchio » face à Jean-Louis Gergorin « Machiavel », a comparé l’avocat. « Il y a des mensonges bien plus forts dans ce dossier. Des mensonges judiciarisés, construits » par l’ancien vice-président d’EADS, a-t-il dit, rappelant qu’il avait déposé une plainte pour « dénonciation calomnieuse » au moment où il avait lui-même été dénoncé comme pouvant être le corbeau. Me Pardo a également qualifié l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin de « menteur ». « Comment soutenir encore qu’il n’est pas intervenu pour faire sortir Imad Lahoud de garde à vue le 25 mars 2004″, s’est indigné l’avocat. « Cela prouve que Dominique de Villepin connaissait Imad Lahoud. Jusqu’à votre audience, il y avait un secret partagé entre M. de Villepin et mon client. Imad lahoud n’avait jamais dit qu’il connaissait la belle-soeur de Dominique de Villepin et on apprend ça la veille de l’audience », a dénoncé Me Olivier Pardo.

Les familles Lahoud et Piloquet étaient voisines. Pour l’avocat, s’en sont suivies des déclarations « hallucinantes » de Michel Piloquet, beau-frère de l’ancien Premier ministre, qui avait affirmé le 12 octobre à la barre alors qu’il était cité en qualité de témoin, qu’Imad Lahoud avait essayé de lui pirater son ordinateur. Ce que le Franco-Libanais, fraîchement agrégé de mathématiques, avait nié. Fait rare lors du procès, Dominique de Villepin s’est retourné pour regarder fixement Me Olivier Pardo qui plaidait derrière lui.

Le ministère public, dans ses réquisitions, avait vu l’informaticien Imad Lahoud comme une « triste figure ». « Sa responsabilité est facile à mettre en exergue », avait dit le procureur Romain Victor.

Jeudi, en début d’après-midi, Me Hervé Témime, avocat de Denis Robert avait ironisé sur la société Clearstream, faisant rire la salle d’audience en questionnant: « Comment un journaliste d’investigation a pu se poser des questions sur Clearstream, une société transparente, où rien ne pouvait être opaque ». Au terme d’une plaidoirie enlevée, il a estimé, comme le procureur Romain Victor mardi, que Denis Robert avait fait son métier de journaliste et devait être relaxé.

Me Paul-Albert Iweins, l’un des avocats de Jean-Louis Gergorin, plaide vendredi mais a annoncé au tribunal, jeudi, qu’il demandait que « la procédure tout entière soit nulle pour violation des droits de la Défense » à la suite des propos du président de la République Nicolas Sarkozy, parlant des prévenus comme des « coupables » alors que le procès Clearstream avait déjà débuté.

Jeudi 17 heures 19 – Le Figaro: Denis Robert, «victime collatérale» selon la défense

Il y a la double peine, et la double chance. Denis Robert, tant mieux pour lui, bénéficie de la seconde : le parquet a requis sa relaxe, mardi, au procès Clearstream et, de surcroît, il est défendu par Mes Hervé Temime et sa collaboratrice Julia Minkovski.

La jeune femme se lève la première : silhouette blonde et énergique, regard franc, elle rend un habile hommage à Henri Leclerc, l’un des avocats de Dominique de Villepin, le maître de tous ces maîtres, qui a plaidé dans ces murs pour la première fois il y a cinquante ans. On apprend au passage que Me Minkovski fêtera vendredi son 29e anniversaire, ce qui lui vaut un grand sourire de M. de Villepin. Certes, l’ancien premier ministre n’en est pas avare, mais celui-ci semble particulièrement chaleureux. Fraîche et méthodique, la jeune femme entend démontrer que le journaliste Denis Robert «n’est pas un complice involontaire, mais une victime collatérale de la manipulation». En vingt minutes, qui passent vite, elle s’acquitte parfaitement de sa mission.

Me Temime lui succède, et ce n’est pas faire injure à Me Minkovski de constater qu’on change de braquet. Son patron, pénaliste bien connu est doté d’une des intelligences les plus vives du barreau. La preuve : il est drôle. «Je ne suis pas en état de faire le procès de Clearstream», prétend-il. Et il se lance, évidemment, dans le procès de Clearstream, sur un mode ironique qui fait mouche : «Comment a-t-on pu se poser des questions sur ce «ruisseau transparent » (traduction littérale de Clearstream, NDLR) ? Il y a vraiment des esprits chagrins… Me Malka, son avocat, mérite d’être bientôt au service du Grand Duché du Luxembourg, un pays si transparent qu’aucune affaire financière n’y est jamais sortie. Qu’importe si, après le premier livre de Denis Robert, les principaux cadres de Clearstream ont été mis à pied, et si un audit a été commandé, qui n’a coûté que 16 millions d’euros.» Me Temime centre son réquisitoire sur cet audit fantôme, auquel a participé un autre prévenu, Florian Bourges, et que la chambre de compensation n’a jamais voulu produire, bien qu’elle en eût encore fait la promesse au cours de ce procès, invoquant «le secret bancaire, ce qui est presque injurieux pour la justice», gronde Me Temime. «Me Malka avait prévenu le tribunal de ce que je prodiguerais un «massage démagogique» ; rassurez-vous, il n’y a pas en la matière d’autre institut que le mien !».

Un détour par les huit procès en diffamation intentés, avec des bonheurs divers, par Clearstream à Denis Robert, et qui ont vu le journaliste condamné, avec d’autres, à un total de «6001€, excusez du peu», rigole Me Temime qui, voyant le tribunal réceptif, promet de ne pas «lui demander d’aller plus loin que la relaxe » au bénéfice d’un journaliste qui n’a fait que son travail et se trouve donc sous la protection de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.

L’avocat a plaidé quarante minutes. Pour la première fois, le tribunal semble détendu, les juges ont le sourire aux lèvres, comme s’ils sortaient du spa. Un signe ne trompe pas. L’austère président Pauthe suspend l’audience par ces mots : «Pour nous remettre de ce massage dont vous nous avez gratifié, le tribunal propose quinze minutes de relaxation ».

Jeudi 16 heures 46 – Le Monde: Le procès politique, principal axe de la défense de Dominique de Villepin

Il avait, dit-il, « trop à dire et trop peur de ne pas y parvenir » pour s’encombrer de l’un de ces exordes qui vous posent une plaidoirie. Premier des quatre avocats à se lever en défense de Dominique de Villepin, mercredi 21 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris, Me Luc Brossolet a choisi l’offensive. A lui, l’attaque de la forteresse Rondot, cet encombrant général dont les notes écrites pèsent si lourd dans l’accusation contre l’ancien premier ministre. De ce « témoin canonique »,
chef du renseignement scrupuleux, vertueux militaire dont tant la principale partie civile que le procureur de la République ont fait l’éloge, Me Brossolet s’est attaché à écorner l’auréole. « Je suis sûr que le général Philippe Rondot est un homme bien. Mais je suis sûr que, dans cette affaire, il a des raisons de ne pas dire toute la vérité. »

Le général Rondot, a-t-il observé, est aussi un « général qui ment, pour couvrir et se couvrir ». « Il ment, lorsqu’il commente ses propres notes. Avec lui, il n’y a qu’un acteur. C’est une pièce de théâtre coupée en deux », a affirmé Me Brossolet en brandissant les deux piliers de l’accusation, la note qui rend compte de la réunion du 9 janvier 2004 au Quai d’Orsay, dans le bureau de Dominique de Villepin où, pour la première fois, les patronymes de Nagy et Bocsa en relation avec un compte couplé auraient été évoqués, et celle consécutive à la réunion du 19 juillet 2004, Place Beauvau, contenant la fameuse phrase : « Si nous apparaissons, le PR et moi, nous sautons. » De cette deuxième réunion, qui a duré une heure, « nous avons quinze lignes. Alors, c’est ça la justice ? C’est faire de cette note la preuve capitale de la vérité ? », s’est exclamé l’avocat.

Pour Me Brossolet, le général Rondot est un « témoin impliqué », qui cherche d’abord à « protéger la ministre de la défense, parce qu’elle a eu le valet de pique – les noms de Sarkozy et Bocsa – entre les mains et qu’elle n’a rien dit ». Qui cherche aussi, et surtout, selon l’avocat, à se couvrir, lui, « le général ambitieux qui rêvait d’être celui qui arrêterait Ben Laden, l’enquêteur qui cherche à dissimuler la vanité de son enquête et à faire croire qu’il a été lucide ».

La prétendue vérité détenue par le général Rondot n’est, pour l’avocat, qu’une « vérité reconstruite, orientée ». Elle ne peut s’appréhender qu’au regard des liens qui unissent l’ancien chef du renseignement à Imad Lahoud, celui qui doit le mener jusqu’aux circuits de financement d’Oussama Ben Laden et qu’il continue de protéger en dépit des alertes de la DGSE. Ces liens, affirme-t-il, ont contribué à aveugler le général Rondot sur la fiabilité des fichiers transmis par Imad Lahoud. Certes, reconnaît Me Brossolet, il a émis des « doutes », mais la dénonciation calomnieuse, rappelle-t-il, « demande des certitudes » et ces certitudes, Dominique de Villepin ne les a pas parce qu’on ne les lui a pas données.

Restait le cas Jean-Louis Gergorin, cet autre obstacle encombrant sur le chemin de l’innocence de Dominique de Villepin. A l’égard de l’ancien numéro 3 d’EADS, Me Brossolet est autrement plus ambigu car il a besoin à la fois de dire qu’il ment lorsqu’il affirme avoir rencontré à plusieurs reprises le ministre de l’intérieur, mais qu’il est de bonne foi lorsqu’il croit à la véracité des fichiers. Si la bonne foi de Jean-Louis Gergorin est établie, celle de M. de Villepin l’est aussi. Me Brossolet se déclare donc « gergorinophile » : « Cet homme, ce fou, ce zinzin, ce professeur Tournesol, je sais qu’il est un manipulateur, mais il me touche ! »

Le coupable de cette affaire de dénonciation calomnieuse est donc tout désigné : c’est Imad Lahoud. « Le courage judiciaire, aujourd’hui, cela consiste à dire que ces 42 tomes de dossier, que ces quatre années d’instruction, n’ont servi qu’à identifier un faussaire, un escroc. » Mais cette vérité, affirme l’avocat, le parquet a refusé de l’entendre « car il y a un palais, à Paris, où une personne ne voulait pas d’un non-lieu. Alors, il a fallu faire preuve d’imagination juridique et inventer cette complicité passive », reprochée à M. de Villepin. « Ce dossier porte l’empreinte de son désir, d’un désir quasi hystérique d’enfant capricieux ! », a conclu Me Brossolet.

De la partie civile emblématique ainsi désignée, Me Metzner fait son affaire. « Un procès comme les autres, nous dit-on ? Avec une partie civile qui nomme les magistrats qui jugent et les procureurs qui requièrent et alors que l’on scrute déjà le Journal officiel pour lire les nouvelles nominations dans la magistrature ? Un procès qui n’est pas politique, puisqu’il n’y a là qu’un président en exercice et un ancien premier ministre issus du même parti ? Un procès tellement ordinaire que l’un d’eux se cache derrière son immunité présidentielle ? Une partie civile tellement ordinaire qu’elle dispose des discours du secrétaire général de l’Elysée (Claude Guéant) et des lumières du conseiller justice de l’Elysée ? (Patrick Ouart) », raille Me Metzner.

Politique, cette affaire l’est tellement qu’elle n’est même que cela, martèle-t-il, en soulignant que jamais, dans une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, on ne s’était autant attaché au « mobile » de la dénonciation calomnieuse. « Ce dossier a été construit à rebours. On a une cible, on en déduit un tireur et on essaie ensuite de tracer une ligne entre les deux. Dans le nom de Nicolas Sarkozy, il y a forcément l’empreinte génétique de Dominique de Villepin. » Tant les juges d’instruction que le parquet, observe l’avocat, ont fait leur cette « jurisprudence constante : toute agression contre Nicolas Sarkozy est forcément signée Dominique de Villepin » !

Ce qui vaut pour la principale partie civile vaut aussi pour celles qui, selon Me Metzner, sont venues « régler des comptes » avec Dominique de Villepin : Charles Pasqua, l’ancien ministre de l’intérieur, Dominique Ambiel, l’ex-conseiller du premier ministre Jean-Pierre Raffarin. « Il faut bien exister, et pour exister il faut charger Dominique de Villepin. C’est tellement plus chic de plaider contre lui ! »

Du dossier, dont l’accusation et l’avocat de Nicolas Sarkozy avaient exploré chaque cote, Me Metzner prend soin de ne pas trop s’approcher. Tout juste affirme-t-il que pas un des éléments qui s’y trouvent n’apporte la preuve que Dominique de Villepin a eu les listings en main et a vu les lettres du « corbeau » Gergorin adressées au juge Van Ruymbeke : « Il est donc receleur par procuration, dénonciateur par esprit ! » Ironisant encore sur la quête acharnée du parquet à trouver dans la doctrine ce que la jurisprudence lui refuse pour justifier son incrimination de « dénonciation calomnieuse par abstention », Me Metzner lance : « Jamais en France, on a condamné quelqu’un pour n’avoir rien fait ! Je vous demande la relaxe de Dominique de Villepin. »

Jeudi 16 heures 34 – AFP: L’avocat d’Imad Lahoud demande « pardon pour ses torrents de mensonges »

L’avocat d’Imad Lahoud, faussaire présumé de l’affaire Clearstream, a demandé « pardon » au tribunal, jeudi lors de sa plaidoirie, pour les « torrents de mensonges » de son client. « Le premier mot que je voudrais prononcer en son nom est pardon, pardon pour ses torrents de mensonges », a déclaré Me Olivier Pardo, avant d’indiquer que son rôle n’était « pas d’excuser ces mensonges mais de les expliquer ». « Il a menti parce qu’il était tenu par des protecteurs puissants, par des parrains de haut vol qui pendant les faits, pendant l’instruction, le tenaient », a plaidé l’avocat, avant de citer l’ancien vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin, l’ex-ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin et le général Rondot.

Etape après étape, le conseil a rappelé « la folle carrière » d’Imad Lahoud, un simple diplômé de mathématiques qui « devient consultant de la première entreprise d’armement française, EADS, par la grâce de Jean-Louis Gergorin ». Mais sa carrière « ne s’arrête pas là: le trader spécialiste de la finance va se retrouver informaticien de génie », puisqu’il va être propulsé par son mentor à la tête du centre de recherche d’EADS.

Ensuite, le 25 mars 2004, alors qu’il est en garde à vue pour une affaire d’escroquerie annexe, « une main encore plus puissante va le prendre pour le protéger », Dominique de Villepin, une intervention que l’ancien Premier ministre a toujours niée. Selon Me Pardo,
toutes ces personnes lui auraient dit: « Si tu ne fais pas ce que je veux, on te lâche et on s’essuie les pieds sur toi ». « C’est pour cela sans doute qu’il a menti, et encore menti ».

Mardi, le parquet a requis deux ans de prison, dont 18 mois ferme, et 45.000 euros d’amende à l’encontre d’Imad Lahoud.

Jeudi 15 heures 59 – Libération: Après Clearstream, Dominique de Villepin peaufine son retour politiquer

L’épreuve des réquisitoires… et ça repart. Alors que les débats autour de l’affaire Clearstream doivent se clore ce jeudi au tribunal de Paris, Dominique de Villepin se sentirait plus que jamais d’attaque pour remonter sur la scène politique et proposer «une alternative à droite» afin de tenir tête à Nicolas Sarkozy.

Fragilisé par un mois de procès? Certainement pas, martèlent les villepinistes. «C’était une parenthèse, il est exactement dans le même état d’esprit qu’avant», assure le député (UMP), Georges Tron. «Rien n’a changé. Il a toujours été très serein», confirme Brigitte Girardin, présidente du club Villepin.

L’ex-Premier ministre sortirait même de ces quatre semaines de débats, revigoré. «Plus il se sent attaqué, moins sa volonté faiblit, ça démultiplie son énergie», ajoute-t-elle. «Il aura évidemment une volonté de montrer qu’on a cherché à l’abattre et que ça n’a pas marché. Du coup, il sera renforcé dans sa volonté de proposer quelque chose sur la scène politique française», a aussi expliqué François Goulard sur France Info.

Un retour aussi marqué dans l’opinion, un sondage Opinion way publié vendredi dernier par le Figaro, donnant carrément Villepin «meilleur opposant» à Nicolas Sarkozy (pour 16% des sondés). Dans ce rôle, il devance même de très loin Ségolène Royal et Olivier Besancenot (ex aequo à 8%) et François Bayrou ou Martine Aubry (4%). Et pour cause, «c’est Sarkozy lui-même qui l’a désigné comme son premier opposant», relève Georges Tron. Selon lui, le côté «procès ad hominem» a tourné en la faveur du prévenu Villepin: «le message est bien passé, même auprès de sarkozystes». D’où ce bilan: «Pour les nerfs, c’est éprouvant, sur le plan des principes c’est choquant. Mais le résultat politique corrige le reste.»

Mais Villepin n’a pas attendu la fin du procès – dont le verdict sera rendu début 2010 – pour jouer sa partition politique et tenter de retrouver une place dans le paysage. Son outil: le site de son association, www.clubvillepin.fr, lancé mi-septembre (2.200 membres revendiqués), sur lequel il s’exprime surtout via des vidéos – tchat avec des internautes, débat avec des jeunes dans un café parisien, conférence devant les étudiants de l’Edhec à Lille – assorti d’un réseau social.

Villepin a pris l’habitude d’y jouer les poil-à-gratter-l’UMP, déplorant «un certain nombre de mesures prises à contretemps au cours des dernières années» – le paquet fiscal -, ou «des effets d’annonce»: «la suppression de la publicité sur les chaînes publiques» ou la baisse de la TVA dans la restauration. «Il est temps que le gouvernement fasse des choix, tacle-t-il encore. Arrêtons de nous éparpiller dans des réformes tous azimuts . Arrêtons de vouloir courir plusieurs lièvres à la fois.»

Ne pas y voir de l’antisarkozysme primaire, freine Girardin: «On est dans une logique d’opposition constructive.» Pour épauler l’ex-Premier ministre – que Goulard, comme d’autres proches, est «certain» de voir en candidat de la prochaine présidentielle -, son club a mis en place huit groupes de travail qui plancheront à partir de demain et jusqu’à fin 2010 sur des propositions, et travaille à tisser un réseau local via des comités départementaux, coordonnés par le député (UMP) Jean Pierre Grand.

Pour renouer avec le terrain, Villepin prévoit d’ailleurs d’organiser deux déplacements par mois. Il doit enfin réunir les membres de son club mardi prochain, à la maison de l’Amérique latine (Paris), ils seraient près de 600 à avoir répondu présent.

Jeudi 14 heures 01 – Le Monde: Dans le quatuor de la défense de M. de Villepin, chaque avocat a su jouer sa partition

Des quatre avocats de Dominique de Villepin, Me Luc Brossolet est incontestablement celui qui a avec lui la plus grande proximité. N’étaient la chevelure ébouriffée de l’un, celle toujours impeccablement ordonnée de l’autre, les deux hommes ont la même stature, la même allure chic et cette sorte d’aisance commune aux gens mieux nés que les autres. Avec son associé, Me Olivier d’Antin, Luc Brossolet est aux côtés de l’ancien premier ministre depuis le début de l’affaire. Ont-ils subi ou suggéré le choix de Dominique de Villepin de s’adjoindre cet été, avant le procès, deux nouveaux conseils, Mes Olivier Metzner et Henri Leclerc ? S’ils ont eu des états d’âme, ils ne sont pas hommes à les confier au détour d’un couloir du Palais.

A l’ouverture de l’audience Clearstream, on les avait vus arriver discrètement tous les deux, en civil, et se frayer sans encombre un chemin jusqu’à la porte de la salle, tandis que quelques minutes plus tard, Me Metzner s’était avancé, en robe, au milieu des micros et des caméras. Ni Me Brossolet ni Me d’Antin n’appartiennent en effet au cercle restreint des pénalistes qui se partagent le marché des affaires les plus emblématiques. Ils sont plus familiers de l’atmosphère feutrée de la 17e chambre correctionnelle, spécialisée dans les affaires de presse, devant laquelle les journaux de leur client, Prisma presse, sont souvent traînés.

Au cours des quatre semaines du procès, on les a vus abandonner à leur confrère Metzner la responsabilité et le plaisir d’affronter les journalistes à chaque sortie d’audience, tandis qu’eux s’engouffraient derrière leur client par une porte dérobée. Mais à l’intérieur de la salle, face au tribunal, ils n’ont rien cédé de leur place.

Me Brossolet est assis au premier rang, immédiatement à la gauche de l’ancien premier ministre. C’est lui qui recueille les observations et les confidences de M. de Villepin pendant les débats. Lui qui le voit au plus près, quand le sourire crânement affiché dehors s’évanouit, que la colère ou le mépris monte, que la tension ou la fatigue creuse ses traits. Juste derrière eux a pris place Me d’Antin. Et plus loin derrière, Me Metzner. Me Henri Leclerc a quant à lui posé ses dossiers de l’autre côté de la travée. Comme si l’ancien président de la Ligue des droits de l’homme, qui a usé sa robe de pénaliste à défendre des causes autrement plus tragiques, n’était pas tout à fait à son aise dans cet univers de guerre fratricide où on lui demande d’apporter sa caution morale à l’un des combattants.

Leurs quatre plaidoiries, mercredi 21 octobre, ont confirmé ce partage des tâches. A celle, enflammée, presque fraternelle du « mousquetaire » Brossolet, qui offrait un écho singulier avec le verbe de M. de Villepin, a répondu la partition plus en retrait et technique de Me d’Antin. Me Metzner est alors entré en scène, usant de sa connaissance aiguë du petit monde du Palais, de ses codes et de ses sous-entendus. Puis Me Henri Leclerc a parlé… de lui, puisque c’était pour cela qu’il avait été choisi.

Jeudi 14 heures 01 – Le Monde: Quand Me Thierry Herzog feint l’assoupissement…

Cela fait déjà quelques longues minutes que Me Olivier Metzner joue avec ses nerfs, qu’il le cherche et l’agace. Assis dans un coin de la salle d’audience, Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, encaisse l’ironie de l’avocat de Dominique de Villepin sur sa – trop – longue plaidoirie, sur les chaperons élyséens, Claude Guéant et Patrick Ouart qui assurent la « codéfense » du chef de l’Etat à l’audience. Me Herzog se sait et se sent observé, par ses confrères et surtout par la presse, venue nombreuse assiste
r à cette audience.

A celle-ci, il offre d’abord son profil d’empereur romain sévère, hiératique et indifférent. Puis il fronce les sourcils. Secoue sa tête pour marquer sa désapprobation. Soupire. Plonge dans la lecture du journal. Se concentre sur le clavier de son téléphone portable. Redresse la tête. Glisse un mot méchant ou drôle à l’oreille de son voisin. Mais voilà que Me Metzner raille encore. Qu’il évoque la fausse trouvaille de son confrère partie civile, croyant avoir découvert la preuve de l’implication de Dominique de Villepin dans les agendas du général Philippe Rondot, à propos de notes « IP », pour IPAQ qui se sont avérées à l’audience être en fait les initiales « I. B », pour Ingrid Betancourt. L’oeil de la presse est toujours là. Alors Me Herzog feint la fatigue, l’assoupissement soudain. Un peu trop vite, un peu trop fort. Me Metzner poursuit, Me Herzog veut que l’oeil de la presse le voit dormir et qu’elle le raconte. Ce serait bien, ça, dans les journaux du lendemain : « La plaidoirie de l’avocat de M. de Villepin ne convainc pas le conseil de Nicolas Sarkozy, elle l’endort. »

Soudain, un bruit sourd se fait entendre dans la salle d’audience. Celui d’un livre épais, jeté, lancé plutôt, sur le pupitre de bois de la travée des avocats. Ce sont les Mémoires de l’ancien conseiller à l’Elysée de Jacques Chirac, Jérôme Monod, dans lesquelles Me Herzog disait avoir trouvé la conclusion de sa plaidoirie, quelques lignes d’un portrait accablant de Dominique de Villepin. La voix de Me Metzner tonne et s’adresse directement à l’avocat de Nicolas Sarkozy. « Quand vous citez un auteur, lisez le livre avant ! Car la citation n’est pas dans le livre. Le voilà, je vous l’offre ! ». La citation, Me Metzner l’a retrouvée. Mais ailleurs, dans un journal. L’occasion est facile, il ne la boude pas : « Voilà comment a été bâtie toute cette affaire : on assimile, on amalgame et à partir de là, on voudrait construire une vérité ! »

A son banc, Me Herzog ne feint même plus d’avoir sommeil.

Jeudi 12 heures 54 – L’Express: Dominique de Villepin, invité du Grand Journal de Canal+ vendredi soir

Pour sa première apparition à la télévision après le procès Clearstream, l’ex-Premier ministre sera vendredi 23 octobre sur le plateau de Michel Denisot.

Dominique de Villepin sera l’invité de Michel Denisot au Grand Journal de Canal+, vendredi 23 octobre. A l’issue du procès Clearstream qui se termine vendredi vendredi après-midi, c’est la première émission de télévision à laquelle participera l’ex-premier ministre.

Jeudi 11 heures 56 – 20 Minutes: Les temps forts du procès Clearstream

«Je suis ici par l’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy. J’en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français.» Le 21 septembre, le procès Clearstream s’ouvre devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Devant un attroupement de caméras, l’ex-Premier ministre s’exprime solennellement, à la sortie de l’audience: «Je suis ici par la volonté d’un homme, je suis ici par l’acharnement d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République française. J’en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français».

«Deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel» Le 23 septembre, à New York, c’est au tour de Nicolas Sarkozy de réagir sur la tenue du procès. Le président de la République, interviewé par TF1 et France 2 qualifie alors de «coupables» les prévenus du procès. Les avocats de Dominique de Villepin décident alors de l’assigner pour «atteinte à la présomption d’innocence».

«Je ne connais pas Imad Lahoud en mars. Je ne connaissais pas Imad Lahoud en avril. Je ne connaissais pas Imad Lahoud en mai. Je ne connaissais pas Imad Lahoud en juin et je ne connaisais pas Imad Lahoud en juillet.» Le 30 septembre, au cours d’une longue audition, puis d’une confrontation avec les autres prévenus Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, Dominique de Villepin réitère ses dénégations et nie avoir jamais trempé, de près ou de loin, dans la machination.

«Je n’ai pas un QI de pétoncle» Le 5 octobre, le jour de ses 73 ans, le général Philippe Rondot est entendu comme témoin durant huit heures d’affilée. Il confirme ses carnets de notes et contredit Dominique de Villepin. «Je n’ai pas un QI de pétoncle», s’énerve le militaire qui assure le tribunal de la fiabilité des notes qu’il a prises à l’époque des faits.

«Je n’ai pas voulu régler de comptes» Le 7 octobre, confrontation entre les prévenus. Dominique de Villepin finit par une envolée: «Je veux bien que l’on m’accuse de beaucoup de choses, mais de rivalités, de coups tordus non. Une dénonciation calomnieuse en matière politique a ceci de particulier qu’elle signe la mort de l’homme politique», qui la commet. «Je n’ai pas voulu régler de comptes» avec Nicolas Sarkozy.

«Où sont passés les milliards?» Le 14 octobre, des parties civiles non citées dans les listings comparaissent à la barre, transformant la salle d’audience en véritable cirque. Petit, trapu, en short, des chaussettes dans ses sandales, un homme s’approche de la barre, en jetant négligemment son pull bleu sur l’une de ses épaules. Il réclame la «réouverture de l’instruction» pour savoir «où sont passés les milliards». Il sortira de la salle du tribunal portés par trois gendarmes…

«Des éléments indiscutables prouvant qu’il (Dominique de Villepin) a été l’initiateur de cette machination» Le 19 octobre, c’est au tour de Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy de plaider. Au cours d’une plaidoirie-fleuve, il affirme que l’ex-Premier ministre est l’«instigateur de la manipulation». Un argumentaire qui convainc peu. «C’est bien simple, je l’écoute depuis près de trois heures. Et je n’ai rien compris… », souriait, lors de la suspension de séance, Olivier Metzner, l’avocat de Dominique de Villepin.

18 mois avec sursis et 45.000 euros d’amende pour «complicité par abstention» contre Dominique de Villepin Le 20 octobre, les réquisitions du parquet tombent. Le procureur Marin requiert 18 mois avec sursis et 45.000 euros d’amende contre Dominique de Villepin, coupable selon lui de «complicité par abstention». Pour le parquet, l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin est l’artisan de la machination et l’ancien Premier ministre s’en est rendu complice «en cautionnant par son silence ses agissements». A la sortie du tribunal, Dominique de Villepin déclare: «Sarkozy avait promis de me pendre à des crocs de boucher, je vois que la promesse a été tenue».

«Jamais personne en France n’a été condamné pour n’avoir rien fait» Le 21 octobre, c’est au tour des avocats de la défense de prendre la parole, notamment pour défendre Dominique de Villepin. Pour les faits, Olivier Metzner s’en est simplement remis au dossier. «Y’a-t-il dedans une seule déclaration qui prouve que mon client a vu les listings, qu’il les a eus entre les mains?» Les quatre avocats de l’ancien Premier ministre sont catégoriques, leur client est «innocent», ils demandent sa relaxe.

Jeudi 8 heures 04 – Challenges: Place à la défense d’Imad Lahoud et de Denis Robert

C’est au tour de l’avocat d’Imad Lahoud de plaider jeudi 22 octobre à partir de 13h30 dans le cadre du procès Clearstream. Une tâche qui s’annonce difficile alors que le mathématicien a reconnu avoir falsifié une partie des listings, après avoir multiplié les versions contradictoires. « Oui, il a menti, il a menti dix fois, mais il n’est pas le seul. Il est peut-être le Pinocchio le plus fort, mais pas le Machiavel de ce dossier », a réagi Me Olivier Pardo à l’issue du réquisitoire.

Mardi soir, le parquet a requis deux ans de prison dont 18 mois ferme et 45.000 euros d’amende à l’encontre de son client. L’agrégé de mathématiques f
ranco-libanais, soupçonné par le ministère public d’avoir ajouté le nom de personnalités dans les listings Clearstream, dont celui de Nicolas Sarkozy, afin de faire croire qu’elles détenaient des comptes occultes à l’étranger, a été qualifié d’ »escroc », dont « la propension au mensonge est incomparable » par le substitut au procureur de la République de Paris Romain Victor.

Bien que « subalterne » par rapport à l’ancien vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin, auteur de la manipulation, Imad Lahoud a eu une « responsabilité immense » dans l’affaire, selon le parquet. Il aurait « prêté volontairement son concours à une opération d’intoxication à grande échelle », à la demande de Jean-Louis Gergorin. La défense de Dominique de Villepin soutient, elle, que c’est Imad Lahoud qui est à l’origine de la machination et qui a manipulé Jean-Louis Gergorin.

Avant Me Pardo, il reviendra à Me Hervé Temime de plaider pour Denis Robert, le ministère public ayant requis sa relaxe. Le journaliste-enquêteur est poursuivi pour avoir recelé les listings bancaires authentiques de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream que lui avait fourni l’auditeur Florian Bourges. Il les avait ensuite remis à Imad Lahoud.

Les plaidoiries des avocats de Jean-Louis Gergorin sont attendues vendredi après-midi.

Jeudi 6 heures 02 – Sud Ouest: 2012 se joue cette semaine

Certes, l’élection présidentielle n’a lieu que dans deux ans et demi. Mais nous voici déjà à mi-chemin du quinquennat. Sans doute les Français se prononceront-ils en fonction du bilan de Nicolas Sarkozy, qu’il est encore un peu tôt pour dresser. Mais le décor commence à se planter et le climat à se créer. Même inconsciemment, l’opinion publique se cristallise peu à peu. Or, plusieurs éléments qui pourraient s’avérer essentiels, sinon décisifs, sont intervenus cette semaine. Le premier, puisqu’il faut bien en reparler, c’est la polémique autour de Jean Sarkozy. Le président refuse d’admettre qu’il a commis une erreur politique et psychologique en laissant son fils s’installer à la tête d’un puissant établissement public des Hauts-de-Seine. Il préfère s’en prendre à la presse et ressortir la théorie du complot. Mais les dégâts sont là, dont témoignent les sondages… et les parlementaires de droite, sous couvert d’anonymat. Que ne lit-il aussi la presse internationale, autrement plus sévère que celle de France ! Cette affaire marquera le quinquennat et les électeurs, aussi sûrement et plus gravement que la nuit du Fouquet’s ou la période « bling bling ».

Autre élément : le procès Clearstream. Difficile de dire à l’heure qu’il est qui sortira vainqueur du duel Sarkozy-Villepin par justice interposée, ni d’ailleurs s’il y aura un vainqueur. Mais ce qui apparaît d’ores et déjà, c’est la réaction de bête blessée de l’ancien Premier ministre et sa détermination renforcée à se présenter à l’élection présidentielle. Même si une éventuelle condamnation à de la prison avec sursis devait s’accompagner d’une peine d’inéligibilité (ce que n’a pas requis le procureur), il peut gagner du temps, à coups de recours et de pourvois, jusqu’à l’élection présidentielle. Avec, bien sûr, une chance infime d’être élu, mais une réelle capacité de nuisance pour le président sortant, et la possibilité de lui prendre ces quelques points si précieux qui empêcheraient Nicolas Sarkozy d’arriver largement en tête du premier tour.

Si l’on ajoute à cela la fronde croissante de la majorité, contre le bouclier fiscal, la suppression de la taxe professionnelle ou l’ampleur des déficits, on mesure que si Nicolas Sarkozy reste en position de force, faute d’adversaire sérieux pour l’heure, il est loin d’être invulnérable.

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