Dernière semaine du procès Clearstream. Au programme de la journée de lundi: la plaidoirie de Me Herzog, avocat du Président de la République, qui a clôturé les plaidoiries des parties civiles.
Lundi 21 heures 18 – Blog d’Olivier Toscer du Nouvel Observateur: Justice ou politique?
Justice ou politique ? Le procès Clearstream n’est pas un procès. C’est une mascarade médiatique. Ce n’est pas de la justice, c’est de la politique.
C’est ainsi que lorsque que Me Thierry Herzog, l’avocat du président arrive à la barre pour sa très attendue plaidoirie (ou plutôt réquisitoire anti-Villepin), il doit consacrer vingt minutes à s’excuser d’être là. A essayer de déminer les soupçons de pression sur la justice exercée par son auguste client. Professer qu’il est dans l’enceinte judiciaire, qu’un « avocat » pas « un ami », ni – grand dieu – « un porte-parole ».
Mais sitôt le couplet terminé, de cadrer son intervention avec le prisme Sarko :
1. Lahoud, Gergorin et Villepin se sont associés
2. Villepin a été l’instigateur de cette machination
Sans rien démontrer, du tout, pendant quatre heures de temps.
Préparer pour le compte du président un croc de boucher pour un flamboyant ancien Premier Ministre est une tâche éminemment plus malaisée que défendre le prince Jean chevauchant son scooter, où Nicolas et Carla victime d’une pub d’une compagnie aérienne low cost…
Et les juges ? Ils sont trois avec le président Pauthe. Au début de l’audience, ils semblent avoir la même pression sur les épaules que le ténor du barreau. Appliqués ils prennent minutieusement des notes. Et puis, ça commence à traîner en longueur. Le président lâche son stylo et cherche une position suffisamment confortable pour se relaxer, sans donner l’impression de se relâcher. Tout un art. Une juge assesseur, elle, n’écrit plus mais gribouille son bloc-notes comme l’on fait dans les réunions de bureau qui n’en finissent pas. L’autre adopte la position du bouddha, les yeux mi-clos qui voudrait suggérer l’hyper-concentration mais ne cache rien de la somnolence.
Déjà, tout cela n’est pas bon signe pour le plaideur. Ca tourne carrément à la berezina quand, après deux bonnes heures et demi de ronronnement tellement précis qu’il en devient totalement confus, le président Pauthe sort de sa léthargie. « Bon là, Maître, il va falloir accélérer. Je vous donne jusqu’à 17h20 pour conclure ! » Stupéfaction de Thierry Herzog, proprement consterné. Couper le sifflet de l’avocat du président ? Le président Pauthe a-t-il bien mesuré le sacrilège ? Par les temps qui courent, c’est quand même un coup à se retrouver en exil au tribunal de grande instance de Saint-Pierre-et-Miquelon, quand même ! On verra bien.
En attendant, comme disait l’autre, le canard était toujours vivant. Dominique de Villepin, toujours impeccablement hâlé continuent de sourire dans la salle d’audience. Une façade certes. Mais elle tient encore, bien le choc. Le George Clooney de la politique française n’a blêmi qu’une seule fois, sous la dernière pique du toréador Herzog. L’avocat de Sarko a en effet terminé sa laborieuse plaidoirie par une cruelle citation littéraire d’un auteur majeur du vingtième siècle, à savoir Jérôme Monod, ancien patron de la peu fréquentable Lyonnaise des Eaux et vieux compagnon de route de la Chiraquie. Monod a écrit un jour : « Dominique de Villepin n’a pas de principe ». Na !
Tout cela ne fait néanmoins toujours pas une condamnation pénale en bonne et due forme.
Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, ancien chiraquien devenu sarkozyste, auquel la bête Villepin sera livrée demain, sera-t-il plus coriace ?
Lundi 19 heures 38 – AFP: La plaidoirie soporifique de Me Herzog
L’avocat de Nicolas Sarkozy a longuement pilonné lundi Dominique de Villepin, l’accusant d’avoir été « l’instigateur » de l’affaire Clearstream, au cours d’une plaidoirie soporifique.
« M. de Villepin a été l’instigateur (…) de cette machination courant 2004 qui a eu pour effet de tenter d’empêcher Nicolas Sarkozy d’accéder à la présidence de l’UMP », a fustigé Me Thierry Herzog, devant un tribunal empli de la foule des grands jours. Quatre heures plus tôt, il s’était montré moins catégorique, ne parlant que d’une entente avec les deux faussaires présumés, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud.
« A partir d’avril 2004, la conviction qui est la mienne est que tant Jean-Louis Gergorin, Imad Lahoud que Dominique de Villepin se sont entendus, se sont associés » pour mettre au point la machination Clearstream, avait-il dit pour débuter sa plaidoirie. « Je démontrerai (…) l’implication de ceux qui sont poursuivis », a conclu Me Herzog, considérant qu’ »aucun de ceux qui sont ici ne le sont par l’acharnement » de Nicolas Sarkozy, comme l’a affirmé M. de Villepin au premier jour du procès.
Quant à Michèle Alliot-Marie, dont Dominique de Villepin avait critiqué l’attitude alors qu’elle était au ministère de la Défense, il aurait pu la faire citer s’il avait véritablement souhaité s’expliquer, au lieu « de se bercer derrière je ne sais quelle impossibilité », a dénoncé Me Herzog. Contrairement à lui, « est-ce que Mme Alliot-Marie est mentionnée » dans les notes du général Rondot « comme ayant donné des instructions à M. Gergorin pour aller voir le juge van Ruymbeke? », s’est indigné l’avocat pour qui M. de Villepin se défausse bien facilement.
Dans la matinée, plusieurs avocats avaient déjà fortement mis en cause l’ancien diplomate. Me Patrick Maisonneuve, avocat de trois « grands flics » parties civiles au procès, avait ainsi estimé la « responsabilité de M. de Villepin (…) totalement engagée »: selon lui, son « silence total » dans cette affaire, alors qu’il avait en mains certains éléments, démontre sa « mauvaise foi ». Ce n’est pas seulement « parole contre parole », avait-il argumenté, en rappelant l’existence des notes du général Rondot, qui a enquêté sur les listings en 2003-2004. Et « je ne vois pas pourquoi M. Rondot viendrait raconter des choses inexactes ».
Dans son sillage, Me Herzog s’est engagé dans l’exégèse minutieuse des écrits du général Rondot, son arme contre M. de Villepin. Quatre heures durant, il a repris un à un les verbatims du militaire, afin de démontrer que M. de Villepin n’avait cessé de mentir et, qu’en dépit de ses dénégations, il avait bel et bien participé à la machination. Afin qu’on ne puisse lui reprocher une quelconque animosité politique envers M. de Villepin, l’avocat s’est escrimé à coller au dossier, date après date, au risque de perdre l’assistance, dont certains membres, parmi les plus éminents, n’ont pas manqué de s’assoupir.
Réquisitoire mardi après-midi.
Lundi 19 heures 06 – AP: L’avocat de Nicolas Sarkozy retrace le dossier dans une longue plaidoirie
L’avocat de Nicolas Sarkozy a plaidé pendant plus de quatre heures lundi lors de la dernière journée dédiée aux plaidoiries des parties civiles au procès Clearstream, devant le tribunal correctionnel de Paris. Me Thierry Herzog s’en est tenu à reprendre tout le dossier « pour démontrer les mensonges des uns et des autres ». « A aucun moment, Dominique de Villepin n’a dit qu’il était innocent », a dénoncé l’avocat du président de la République, en préambule d’une série de lectures de verbatims et de cotes du dossier, censées expliquer « l’implication des gens qui sont ici pour être jugés ».
Me Herzog, qui s’est dit « ici en tant qu’avocat et pas ami ou porte-parole », a commencé avec la date du 1er janvier 2004, quand une réunion « à l’improviste » entre Dominique de Villepin et Jean-Louis Gergorin démontre déjà « deux participants et deux versions différentes ».
Me Herzog prend son temps pour retracer le dossier: les notes du 4 janvier 2004, la réunion du 9 janvier où « le nom de Nicolas Sarkozy a été évoqué mais où il n’y a pas eu de fixation spécifique sur ce nom », selon l’avocat qui cite l’audition du général Rondot. Puis, il revient sur le fait « qu’on a essayé de faire croire qu’on était ici à cause de l’acharnement d’un homme », allusion aux déclarations de Dominique de Villepin accusant le chef de l’Etat, avant de s’atteler à démontrer que Michèle Alliot-Marie « ignorait les agissements du général Rondot ». Selon lui, il apparaît donc normal que l’ex-ministre de la Défense ne soit pas dans le box des accusés alors que Dominique de Villepin s’en était étonné lundi dernier.
Me Thierry Herzog est ensuite brutalement arrêté par le président Dominique Pauthe qui lui dit: « vous avez plaidé pendant deux heures et demi pour votre première partie. » « Il vous reste trois-quarts d’heure pour la suivante, je demande une suspension. »
Me Olivier Metzner, l’un des avocat de Dominique de Villepin ironise à la pause: « même Philippe Delmas (partie civile, ancien vice-président d’Airbus) qui est pourtant partie prenante
de ce procès s’est endormi pendant la plaidoirie ».
Me Herzog plaidera finalement encore une heure et demi avec toujours la même technique, s’attachant à reprendre le dossier par ordre chronologique. Il rappelle que le général Rondot a confirmé un verbatim de l’ancien Premier ministre où il déclarerait: « si nous apparaissons, le PR (président de la République, Jacques Chirac) et moi, nous sautons ». Pour l’avocat de l’actuel président, « il y a des convictions et des éléments indiscutables que Dominique de Villepin était au courant de la machination » avec, selon lui le but « d’éviter que Nicolas Sarkozy ne devienne président de l’UMP ».
Me Thierry Herzog a terminé sa longue plaidoirie par une phrase du livre « Les Vagues du Temps » de Jérôme Monod, ancien conseiller de Jacques Chirac à l’Elysée: « Dominique de Villepin a trahi Jacques Chirac. Dominique de Villepin n’a pas de principe ».
Lundi 18 heures 57 – Le Journal du Dimanche: Plaidoirie ou réquisitoire?
Drôle de plaidoirie que celle, très attendue, de Me Thierry Herzog au procès Clearstream. Pendant plusieurs heures, l’avocat de Nicolas Sarkozy s’est escrimé à convaincre le tribunal que Dominique de Villepin a ourdi un complot contre son client.
Plus que la défense de Nicolas Sarkozy, sa mission première, Thierry Herzog a profité de sa longue plaidoirie, lundi au palais de justice de Paris, pour tenter de prouver que trois des prévenus du procès Clearstream avaient œuvré de concert. « Tant Jean-Louis Gergorin qu’Imad Lahoud et Dominique de Villepin se sont associés, se sont entendus », a-t-il tonné. Pour l’avocat, l’ancien Premier ministre est au cœur de la machination qui visait à déstabiliser Nicolas Sarkozy dans l’optique de l’élection présidentielle de 2007.
Très vite, Thierry Herzog avait écarté la question du dédommagement expliquant qu’il ne demanderait pour son client qu’un euro de dommages et intérêts à payer solidairement par les trois prévenus qu’il accuse. Il ne demandera pas non plus, contrairement à l’usage, le remboursement des frais de procédure. L’avocat a également balayé d’un revers de main les accusations de pression exercée sur la justice par le chef de l’Etat. Il a expliqué que c’était lui qui avait convaincu son client de ne pas renoncer à sa constitution de partie civile. « Nicolas Sarkozy est une partie civile comme une autre, n’en déplaise à certains, qui voudraient remplacer la justice par la politique », a-t-il asséné.
Puis Thierry Herzog a très longuement développé sa théorie selon laquelle, Dominique de Villepin, dès janvier 2004, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, aurait été l’instigateur de cette manipulation d’Etat. En s’appuyant sur des dizaines de pièces d’un dossier qu’il connaît par cœur, l’avocat, quatre heures durant, s’est acharné à prouver que Dominique de Villepin avait menti et a tenté d’étayer ses accusations, au risque d’assommer son auditoire. Plusieurs fois rappelé à l’ordre par le président qui lui faisait remarquer que le temps passait, l’avocat est resté fidèle à sa ligne de conduite, désireux de se montrer exhaustif.
Plusieurs observateurs présents ont jugé sa prestation médiocre, l’estimant trop longue et surtout plus proche d’un réquisitoire que d’une plaidoirie. Au cours d’une suspension de séance, Me Olivier Metzner ne s’est ainsi pas privé de dire tout le mal qu’il pensait de son adversaire. « Je l’ai écouté pendant près de trois heures, je n’ai rien compris », a-t-il lâché. Me Metzner qui prendra la parole mercredi pour la défense de Dominique de Villepin avant celle des autres prévenus jeudi et vendredi. Mardi, c’est le procureur de Paris Jean-Claude Marin qui prendra ses réquisitions.
Lundi 18 heures 32 – Le Point: Me Herzog ne recule devant rien…
L’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, a estimé lundi à la toute fin de sa plaidoirie, que Dominique de Villepin, avait été « l’instigateur » de l’affaire Clearstream qui courant 2004 « a eu pour effet de tenter d’empêcher Nicolas Sarkozy d’accéder à la présidence de l’UMP ».
Lundi 17 heures 50 – Compte Twitter d’Amaury Guibert du Nouvel Observateur: Les commentaires sur la prestation de Me Herzog
Sur le style, Me Herzog n’a rien changé. Il semble juste parler un peu plus vite. Très clairement, Me Herzog a enclenché la touche avance rapide. C’était déjà dur à suivre, mais là…
« Catastrophique » à ma gauche, « effroyable » à ma droite, pas tendres les commentaires sur la prestation de Me Herzog…
Lundi 17 heures 29 – 20 Minutes: C’est incompréhensible
« Il rate son truc, là ». Sur les bancs de la presse, même les journalistes qui maîtrisent le mieux le dossier commence à être perdus, alors que le débit d’Herzog augmente à chaque phrase.
Lundi 16 heures 50 – AFP: L’avocat de Nicolas Sarkozy accuse Dominique de Villepin de complot
L’avocat de Nicolas Sarkozy a accusé lundi Dominique de Villepin d’avoir participé à un complot visant à déstabiliser son rival politique à droite. Me Thierry Herzog a soutenu dans sa plaidoirie de partie civile à la fin du procès de l’affaire Clearstream que l’ex-Premier ministre s’était allié au vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin et au cadre de cette société, Imad Lahoud, dès janvier 2004, pour mener une manipulation d’Etat.
« Tant Jean-Louis Gergorin qu’Imad Lahoud et Dominique de Villepin se sont associés, se sont entendus », a dit l’avocat. « Aucun de ceux qui sont ici ne le sont par l’acharnement d’un homme », a-t-il dit, répondant aux déclarations publiques de Dominique de Villepin le premier jour du procès.
Me Herzog s’est montré plus prudent que son client, qui parlait fin septembre de « coupables » à propos des prévenus. « Les prévenus sont ici présumés innocents, dans l’attente de votre jugement », a dit Me Herzog. Citant des dizaines de pièces du dossier, il s’est pourtant livré, pendant plusieurs heures, à ce qui s’apparentait plus à un réquisitoire qu’à une plaidoirie de partie civile. L’objet de cet exercice est normalement de parler du préjudice subi par une personne et de demander réparation, non de désigner des coupables, ce qui est la tâche de l’accusation.
Me Herzog a précisé sur ce point qu’il ne demanderait qu’un euro de dommages et intérêts à payer solidairement par les trois prévenus qu’il accuse. Il ne demandera pas non plus, contrairement à l’usage le remboursement des frais de procédure. Pour lui, c’est dès la réunion du 9 janvier 2004 organisée au Quai d’Orsay sur les listings par Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, que la conspiration a commencé. « L’affaire aurait dû s’arrêter ce jour-là », a-t-il dit.
Cette thèse va plus loin que celle du procureur, qui estime que Dominique de Villepin n’a pas commis de délit pénal jusqu’en juillet 2004, mais qu’il est ensuite coupable de « complicité de dénonciation calomnieuse » pour n’avoir pas dénoncé les faits. Les juges d’instruction ne retenaient pas non plus à charge la réunion du 9 janvier 2004. Ils avaient estimé que Dominique de Villepin s’était associé à la manipulation à partir d’avril 2004 en demandant à Jean-Louis Gergorin de remettre les faux listings à la justice.
Le procureur de Paris Jean-Claude Marin doit prendre ses réquisitions mardi, et la défense de Dominique de Villepin plaidera mercredi, avant celle des autres prévenus jeudi et vendredi. Le jugement sera mis en délibéré.
L’avocat du chef de l’Etat a balayé les critiques sur son maintien comme partie civile dans la procédure. La défense en demande le rejet car le chef de l’Etat a autorité sur une partie de la magistrature. « Nicolas Sarkozy est une partie civile comme une autre, n’en déplaise à certains, qui voudraient remplacer la justice par la politique », a dit l’avocat. Thie
rry Herzog, ami de jeunesse de Nicolas Sarkozy, a assuré que c’était lui qui avait convaincu le chef de ne pas renoncer à sa constitution de partie civile. L’avocat estime que Nicolas Sarkozy n’a exercé aucune pression sur la justice, puisque, a-t-il dit, il n’a été auditionné qu’une seule fois à l’instruction et n’a fait aucune démarche.
Ses contradicteurs notent toutefois que la trentaine de perquisitions de police de 2006, jusqu’au siège des services secrets et dans plusieurs ministères, sont intervenues après sa plainte, et alors qu’il était ministre de l’Intérieur.
Lundi 16 heures 28 – AFP: L’avocat de Sarkozy plaide longuement, l’assistance s’assoupit
L’avocat de Nicolas Sarkozy au procès Clearstream, Me Thierry Herzog, plaidait longuement lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris, provoquant les soupirs amusés, voire les bâillements de l’assistance. « J’en arrive presque à la fin de cette première partie », déclarait-il à 16H15, après deux heures d’audience, petite remarque qui a provoqué un lourd soupir collectif.
« J’entends que je suis peut-être un peu long, mais je suis seul contre quatre », s’est alors excusé l’avocat en plaisantant gentiment, et avant de reprendre sa plaidoirie.
Alors que Nicolas Sarkozy, partie civile au procès, a un seul avocat, Me Herzog, Dominique de Villepin, poursuivi pour « complicité de dénonciation calomnieuse » est lui défendu par quatre avocats. Ces derniers plaideront mercredi du matin au soir.
Lundi 16 heures 38 – 20 Minutes: Première réaction de Me Metzner, avocat de Dominique de Villepin, pendant la suspension de séance
Me Metzner, avocat de Dominique de Villepin: « Je l’ai écouté (Herzog, ndlr), pendant près de trois heures, je n’ai rien compris ».
Lundi 16 heures 12 – Le Point: Pour Me Herzog, « si Dominique de Villepin avait souhaité s’expliquer, il aurait pu faire citer Michèle Alliot-Marie »
Dominique de Villepin, qui a critiqué l’attitude de Michèle Alliot-Marie face à l’affaire Clearstream, aurait pu faire citer l’ancienne ministre de la Défense s’il avait véritablement souhaité s’expliquer, a plaidé lundi l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog. « Nous ne sommes pas dans le cadre d’une citation directe », a rappelé l’avocat devant le tribunal correctionnel de Paris. « Si des déclarations vous déplaisent (…), on fait citer monsieur M. Marland (l’ancien directeur de cabinet de MAM à la Défense), on fait citer Mme Alliot-Marie, mais on ne se berce pas derrière je ne sais quelle impossibilité », a accusé l’avocat.
Lors de sa dernière audition par le tribunal, Dominique de Villepin a regretté d’avoir été renvoyé en correctionnelle en raison de sa rivalité avec Nicolas Sarkozy, là où Michèle Alliot-Marie, selon lui toute aussi concernée, avait au contraire bénéficié d’une promotion. Poursuivi pour « complicité de dénonciation calomnieuse », l’ancien Premier ministre est soupçonné d’avoir participé à une manipulation au cours de laquelle des noms de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés à des listings bancaires afin de faire croire qu’ils détenaient des comptes occultes à l’étranger.
Lundi 15 heures 10 – Le Monde: La Cour de Justice de la République, une porte de sortie toujours possible pour le président Pauthe
Une tradition non écrite du barreau veut que l’ordre des plaidoiries en défense respecte la hiérarchie de la gravité des peines encourues. L’avocat dont le client risque le plus plaide toujours en dernier. Moins on risque, plus tôt on plaide. Les quatre avocats de Dominique de Villepin, Mes Olivier d’Antin, Luc Brossolet, Henri Leclerc et Olivier Metzner, ont donc symboliquement tenu à ouvrir, mercredi 21 octobre, les trois journées d’audience du procès Clearstream consacrées aux plaidoiries de la défense.
Mais avant cela, ils auront écouté lundi 19 octobre, les dernières plaidoiries des parties civiles, dont celle, attendue, de Me Thierry Herzog pour Nicolas Sarkozy et le réquisitoire à deux voix, prononcé mardi 20, par le procureur de la République Jean-Claude Marin et le substitut Romain Victor.
Une question de droit pourrait toutefois s’inviter dans cette dernière semaine de débats. Elle a été soulevée, mercredi 14 octobre, par Me Antoine Comte, avocat de l’éditrice Odile Jacob, qui a interpellé le tribunal sur sa compétence à juger Dominique de Villepin. Selon l’avocat, celui-ci relève de la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger les ministres auxquels sont reprochés des crimes ou des délits commis dans l’exercice de leurs fonctions. « Ce procès a été construit sur des bases légalement fausses. Qui va soutenir que Dominique de Villepin n’est pas dans ses fonctions de ministre lorsqu’il convoque le général Rondot en janvier et en juillet et évoque des instructions présidentielles ? Cette question existe et vous devrez la trancher ! « , avait lancé Me Comte au tribunal.
L’hypothèse de la Cour de justice de la République (CJR) est ainsi brusquement réapparue. Elle avait été évoquée dès les premiers temps de la mise en cause de Dominique de Villepin, celui-ci ayant toujours affirmé avoir agi « dans le cadre de ses fonctions » ministérielles successives. A la CJR, on s’était d’ailleurs préparé à accueillir l’instruction du volet ministériel de l’affaire Clearstream. L’ancien premier ministre, qui avait lui-même d’abord envisagé de demander sa saisine, s’est publiquement expliqué sur les raisons qui l’ont conduit à y renoncer : « Je ne saisirai pas la CJR, bien que j’aie agi dans le cadre de mes fonctions parce que j’estime que je suis comme n’importe quel citoyen. Je n’ai rien à cacher, je veux surtout que la justice agisse vite », avait-il déclaré en juillet 2007 sur TF1. Depuis, on n’en avait plus reparlé, le parquet n’ayant pas évoqué le sujet dans son réquisitoire.
Mais la question de la compétence d’un tribunal est un moyen d’ »ordre public », ce qui signifie qu’il peut être soulevé à chaque étape de la procédure et ce, jusque devant la Cour de cassation. Le tribunal peut se poser cette question d’office et constater dans son jugement, qu’il est ou qu’il n’est pas compétent pour juger M. de Villepin. Selon la jurisprudence européenne, il est cependant tenu de soumettre préalablement ce point au débat contradictoire entre les parties.
On sera donc fixé à la fin de la semaine sur les intentions du tribunal. Si le président Dominique Pauthe ne demande pas la réouverture des débats sur la compétence de la CJR par rapport aux juridictions de droit commun, cela signifie que les juges n’entendent pas se saisir de ce moyen. S’il la demande, il offre au tribunal une porte de sortie juridiquement imparable. Se déclarer incompétent pour juger du cas Dominique de Villepin lui éviterait de prononcer un jugement de condamnation ou de relaxe dans une affaire hautement sensible. Elle le dispenserait aussi de répondre à la question soulevée par les avocats de M. de Villepin de l’égalité des armes et de la recevabilité de la constitution de partie civile du président de la République, puisqu’aucune partie ne peut se constituer devant la Cour de justice de la République. Et elle renverrait à une cour de juges politiques – la CJR en formation de jugement est composée de douze parlementaires et de trois magistrats à la Cour de cassation – le soin de juger une affaire qui est avant tout politique.
Le président de la Cour de justice de la République, Henri Le Gall, suit tout cela avec sérénité : « Nous, nous sommes là, nous attendons que quelqu’un nous saisisse », observe-t-il.
Lundi 14 heures 21 – AFP: Me Herzog à l’attaque
L’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, a estimé lundi, au procès Clearstream, que, dès avril 2004, Dominique de Villepin s’était
« associé » aux deux faussaires présumés de l’affaire Clearstream, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud.
« Je n’interviens pas ici en tant qu’ami, en tant que porte-parole mais en tant qu’avocat, avocat d’une partie civile à laquelle j’ai conseillé de maintenir cette constitution de partie civile », a déclamé Me Herzog, pour débuter sa plaidoirie devant un tribunal empli de la foule des grands jours. Selon lui, la partie civile du président se justifie en effet par le contenu du dossier, accablant pour Dominique de Villepin. « Courant 2004, et à partir d’avril 2004, la conviction qui est la mienne est que tant Jean-Louis Gergorin, Imad Lahoud que Dominique de Villepin se sont entendus, se sont associés » pour mettre au point la machination Clearstream qui a valu à Nicolas Sarkozy de voir son nom cité sur de faux listings.
« Je démontrerai (…) l’implication de ceux qui sont poursuivis », a conclu l’avocat, considérant qu’ »aucun de ceux qui sont ici ne sont ici par l’acharnement d’un homme », comme l’a affirmé M. de Villepin au premier jour du procès. Dans la matinée, plusieurs avocats avaient déjà lourdement mis en cause l’attitude de Dominique de Villepin. Poursuivi pour « complicité de dénonciation calomnieuse », l’ancien Premier ministre est soupçonné d’avoir participé à une manipulation au cours de laquelle des noms de personnalités ont été ajoutés à des listings bancaires afin de faire croire qu’ils détenaient des comptes occultes à l’étranger. L’accusation lui reproche notamment d’avoir, en avril 2004, encouragé l’ex-vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin, à dénoncer les faux listings à un juge, alors qu’il les savait faux.
Me Herzog devait plaider quelque trois heures. Le réquisitoire du ministère public est attendu mardi.
Lundi 11 heures 28 – Blog de Pascale Rober-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde: L’affaire Clearstream vue par Charles Pasqua
Charles Pasqua n’a jamais fait le déplacement jusqu’au tribunal, contrairement à son fils, Pierre, qui est lui aussi partie civile dans l’affaire Clearstream. Mais l’ancien ministre de l’intérieur, dont le nom apparaissait sur les fichiers falsifiés, a un certain nombre de comptes à régler et il a chargé son avocat, Me Edgar Vincensini, de le faire à sa place, lundi 19 octobre dans sa plaidoirie.
Des cinq prévenus de cette affaire, un seul l’intéresse vraiment: Dominique de Villepin. Entre les deux hommes, l’inimitié est ancienne et absolue. Elle remonte aux années 93-95 quand Charles Pasqua, devenu ministre de l’intérieur, a ”trahi” le camp de Jacques Chirac pour soutenir Edouard Balladur à l’élection présidentielle. Affaires contre affaires, la guerre fratricide à droite a laissé quelques cadavres dans les placards derrière elle.
- Cette affaire est une machination politique. Il y a dans cette liste des rivaux, des adversaires, des obstacles, en un mot des cibles. Or, à qui profite le crime? a observé Me Vincensini. Pour Charles Pasqua, la conclusion est que Dominique de Villepin en est capable. Son implication dans cette affaire est totale. M. de Villepin, bienvenue au club des flingueurs flingués!” a conclu l’avocat de Charles Pasqua.
Lundi 11 heures 19 – AFP: Dominique de Villepin attaqué dès l’audience du matin
Me Patrick Maisonneuve, qui défend trois anciens hauts-responsables de la police parties civiles au procès Clearstream, a estimé ce matin que la la responsabilité de Dominique de Villepin était « totalement engagée », dans une plaidoirie aux accents de réquisitoire.
« La responsabilité de M. de Villepin me paraît totalement engagée », a plaidé l’avocat qui défend l’ex-numéro 2 des RG et actuel directeur central du renseignement intérieur Bernard Squarcini, l’ancien patron de la PJ Jacques Franquet et l’ancien sous-directeur de la DST Jean-Jacques Martini.
« M. de Villepin, bienvenue au club des flingueurs flingués », a pour sa part lancé Me Edgar Vincensini, l’avocat de Charles Pasqua, pour qui Dominique de Villepin a bel et bien participé à cette affaire de dénonciation calomnieuse. Dominique de Villepin a « pris ce train fou en marche » et « force est de constater qu’à aucun moment il n’en est descendu », espérant que cette affaire allait desservir son rival Nicolas Sarkozy.
Cet après-midi aura lieu la plaidoirie la plus attendue: celle de Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, et le réquisitoire demain du ministère public.
Lundi 7 heures 45 – AFP: L’avocat du président Sarkozy s’adresse lundi au tribunal
Après un mois de procès Clearstream, Me Thierry Herzog portera lundi devant le tribunal correctionnel de Paris la parole du président de la République et expliquera les raisons qui ont poussé son client à se constituer partie civile dans cette affaire.
En dépit de multiples assauts contre M. de Villepin, Me Herzog n’est guère parvenu à le déstabiliser. Lundi après-midi, il devrait, en s’adressant cette fois directement au tribunal, attaquer frontalement l’ancien Premier ministre, poursuivi pour « complicité de dénonciation calomnieuse ». L’avocat a déjà affirmé à plusieurs reprises que les dénégations de M. de Villepin ne pesaient pas bien lourd à ses yeux face aux déclarations accablantes du général Rondot et de Jean-Louis Gergorin.
Durant quatre semaines, la rivalité entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin a plané sur les débats, les deux hommes politiques prenant bien soin d’entretenir le combat par médias interposés. Petite accalmie ou stratégie bien huilée: vendredi, dans une interview au Figaro, le président Nicolas Sarkozy qui avait parlé fin septembre de « coupables » à propos des prévenus de l’affaire Clearstream, a regretté ces commentaires. « Ce que je voulais, c’est que la vérité éclate. Elle est en train d’éclater. Le mieux à faire est de laisser se dérouler ce procès, de faire confiance à la justice et de s’abstenir de tout commentaire », a expliqué le chef de l’Etat, en concédant: « j’aurais été mieux inspiré de le faire dès le début ». M. de Villepin s’est depuis dit « touché » de tels propos.
La plaidoirie de Me Herzog, sera suivie mardi après-midi des réquisitions du ministère public. Le procureur de Paris Jean-Claude Marin et son substitut Romain Victor devraient requérir durant six heures environ.
A partir de mercredi s’ouvrira le bal de la défense. Il débutera mercredi matin par les plaidoiries des avocats de l’auditeur Florian Bourges, et se poursuivra toute la journée par les interventions des quatre avocats de M. de Villepin.
Les conseils de l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin, du mathématicien Imad Lahoud et du journaliste Denis Robert plaideront pour leur part jeudi et vendredi après-midi.
Le procès devrait s’achever vendredi soir et le jugement être mis en délibéré à début 2010.
Lundi 1 heure 26 – L’Expression: Le programme de la semaine
Le procès Clearstream entre dans sa dernière semaine, qui sera marquée par le réquisitoire du parquet contre l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin. Avant l’intervention demain du procureur de Paris, M. de Villepin devra faire face aux attaques de l’avocat du chef de l’Etat, partie civile dans ce procès, Me Thierry Herzog, qui plaidera aujourd’hui.
Pour le parquet de Paris, M. de Villepin, alors ministre de l’Intérieur, s’est rendu complice de la dénonciation «au moins par son inaction» en n’avisant pas la justice que les listings étaient faux, à l’été 2004, alors qu’il était au courant. «Les juges disent que (M. de Villepin) est l’instigateur premier de l’ensemble du système. Moi, je dis qu’il est un des bénéficiaires collatéraux, mais parfaitement conscient», avait déclaré fin août le procureur de Paris, Jean-Claude Marin. Le procureur de Paris, qui soutient l’accusation au procès Clearstream depui
s un mois, n’a pas hésité à se montrer offensif, voire agressif à l’encontre de M. de Villepin dans ses interventions. Demain c’est lui qui sera chargé de requérir contre l’ancien Premier ministre.
La défense de M. de Villepin répondra dès mercredi, au cours d’une longue journée de plaidoiries. Maîtres Olivier Metzner, Henri Leclerc, Olivier D’Antin et Luc Brossolet, se succéderont jusqu’au soir pour convaincre le tribunal que leur client, poursuivi notamment pour «complicité de dénonciation calomnieuse», n’a rien à se reprocher.
Les journées de jeudi et vendredi seront consacrées aux plaidoiries des avocats des quatre autres personnes poursuivies, l’ancien vice-président du groupe Eads, Jean-Louis Gergorin, le mathématicien Imad Lahoud, faussaire présumé des listings, enfin le journaliste Denis Robert et l’auditeur Florian Bourges. La décision du tribunal correctionnel de Paris devrait être mise en délibéré début 2010.
Dimanche 19 heures 21 – Exprimeo: Dominique de Villepin et le nouvel équilibre des pouvoirs
Dominique de Villepin va ouvrir une nouvelle séquence de communication. Le choix de ses priorités sera lourd de sens. Elle devrait être dominée par la définition des exigences nouvelles d’équilibre des pouvoirs pour construire le portrait en réaction face aux abus de la présidence sortante.
La prochaine présidentielle sera axée sur un enjeu qui est celui de la limitation du pouvoir dans une démocratie moderne par l’émergence de pouvoirs pluralistes.
Le pouvoir parait désormais concentré dans les mains d’un seul homme disposant d’une force politique entièrement dévouée pouvant par ailleurs s’appuyer sur des réseaux économiques très puissants.
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Samedi 16 heures 25 – Les Indiscrets: Hervé Mariton fustige Nicolas Sarkozy
Le député UMP Hervé Mariton, membre du bureau politique du parti majoritaire, a violemment attaqué Nicolas Sarkozy et son Gouvernement ce matin au Congrès des Maires de l’Ardèche.
Sur la réforme des collectivités locales, il a considéré que « le Gouvernement a mis la charrue avant les boeufs ». Sur la TVA à 5,5% dans la restauration il estime que « le Président est fier d’avoir tenu un engagement imbécile, c’est son problème » mais on voit bien que les restaurateurs n’ont pas tous joué le jeu. Ce sont encore les Français qui paient…
Enfin, sur la réforme de la Taxe Porfessionnelle, il confirme que « le but (du Gouvernement) est d’inciter les élus à dépenser moins ». Mais le désengagement de l’Etat pèse forcément sur les collectivités locales, et donc par ricochet sur les ménages.
Samedi 15 heures 16 – Gala: Le clan Villepin soudé dans la tourmente
En plein procès Clearstream, l’ancien Premier ministre sait pouvoir compter sur le soutien de sa famille et d’une poignée de fidèles.
Le procès Clearstream tempête dès son lever de rideau, ce 21 septembre. Un détail toutefois, détonne. Une colombe dessinée sur la veste d’une Marie-Laure de Villepin, qui fait front au côté de son époux et de leurs trois enfants.
Une touche de subtilité dans un monde de brutes! L’épouse de l’ancien Premier ministre ne s’exprime jamais en public. Elle n’en pense pas moins et fait passer ses messages en douceur. Par vêtements interposés. En 2007 déjà, lorsque son époux quitta Matignon, sa veste était imprimée d’un «au revoir» en plusieurs langues.
Elle fit sensation. Ce sens de l’humour, cette distance face au tumulte de la vie politique, est une force… Pour Dominique de Villepin. «La famille, cela compte dans une épreuve, or il est très proches des siens, confie le député villepiniste Jean-Pierre Grand. Son épouse lui assure un soutien discret mais efficace.»
Marie-Laure ne se piqua jamais de politique. Plutôt que de courir les meetings UMP, elle préféra toujours sculpter, prendre des cours de dorure au château de Versailles, ou organiser des dîners avec des écrivains et des hommes de médias comme Guillaume Durand, ami du couple.
Dans la famille Villepin, seul Arthur, 21 ans, étudiant en Relations internationales, à Bath, en Angleterre, semble attiré par le jeu médiatico-politique. Ainsi, commentait-il en petit comité, il y a peu, la prestation de son père, à la sortie d’une émission de radio. Estimant que ce dernier gagnerait à faire des phrases plus courtes. Aux jeunes villepinistes qu’il croise, Arthur fait aussi passer le message: «n’hésitez pas à me solliciter si vous souhaitez faire remonter des informations à mon père».
Plus proche de sa mère, Marie, l’aînée, ex-égérie de Givenchy et apprentie comédienne, a choisi de s’exiler à New-York. Elle a pris un pseudo pour voler de ses propres ailes. Elle, qui suivit – sans conviction- des études de gestion, d’économie et d’administration à Paris-Dauphine n’aurait toutefois manqué pour rien au monde le début du procès de son père.
Tout comme Victoire, 19 ans, étudiante en économie. Pour franchir l’obstacle judiciaire, Dominique de Villepin n’a rien changé à ses habitudes. Il court chaque jour au bois de Boulogne ou au Racing-club, et quitte volontiers le dimanche le 17ème arrondissement où il vit, pour des balades à Saint-Germain-des-près avec Marie-Laure.
Il sait pouvoir compter sur un noyau dur de fidèles. Sa secrétaire l’a suivi dans l’après Matignon pour sa reconversion en tant qu’avocat d’affaires. A l’assemblée nationale, une poignée d’irréductibles députés villepinistes résiste aussi à l’écrasante sarkozie. «Et sur le terrain, les Français aiment venir à sa rencontre pour échanger avec lui et pas seulement pour se faire prendre en photo avec quelqu’un vu à la télé», assure Jean-Pierre Grand.
Lors de la dernière féria de Nîmes, un groupe de jeunes est ainsi venu le remercier de ne pas les avoir envoyés faire la guerre en Irak en 2003. Lui s’en va jouter contre le chef de l’Etat, plus serein avec une certitude. Famille je vous ai… auprès de moi.
Vendredi 21 heures 27 – AFP: Georges Tron pousse Dominique de Villepin pour 2012
Le député UMP villepiniste Georges Tron a suggéré aujourd’hui que l’ancien premier ministre de Jacques Chirac soit candidat à la présidentielle de 2012 si « le message » qu’il incarne n’était pas porté par le candidat investi par la droite. « A l’approche de l’échéance, nous verrons si nous sommes entendus ou pas, si notre message sera porté par le candidat de la droite, qui pourrait être le chef de l’Etat », a déclaré l’élu sur Public Sénat, selon le script de l’entretien communiqué par la chaîne.
« Si le message que porte Dominique de Villepin ne l’est pas par le candidat de la droite et si les Français apportent de l’appétence à son discours, Dominique de Villepin devra être candidat. Il appréciera la situation lui-même en gaulliste qu’il est », conclut-il.
Vendredi 20 heures 58 – Le Figaro: Dominique de Villepin, premier opposant à Nicolas Sarkozy
Dominique de Villepin a beau déclarer n’avoir «aucune haine» contre le chef de l’État, aux yeux des Français l’ancien premier ministre de Jacques Chirac n’en demeure pas moins perçu comme le «meilleur opposant» au chef de l’État. Faut-il y voir une relation avec le procès Clearstream ? Toujours est-il que, selon le dernier baromètre, le nom Dominique de Villepin est cité par 16% des sondés, en progression de quinze points par rapport à la précédente enquête, loin, très loin devant l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, ex aequo avec le leader du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, qui recueillent c
hacun 8% des avis des personnes interrogées.
Pour Dominique de Villepin, sa position de «présumé coupable» dans l’affaire Clearstream ne semble donc pas lui avoir nui. En déclarant à l’ouverture de son procès : «Je suis ici par la volonté d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président de la République», l’ancien chef du gouvernement s’est posé lui-même en adversaire politique du président de la République. Il faut remonter à septembre 2007, il y a donc plus de deux ans, pour le voir en tête de ce baromètre.
Vendredi 18 heures 55 – La Tribune: Les enjeux de la dernière semaine
La semaine prochaine sera la dernière semaine du très long procès Clearsteram, la semaine de vérité, la semaine où trois hommes vont apparaître en pleine lumière. Lundi, l’avocat Thierry Herzog plaidera la partie civile du président Nicolas Sarkozy ; mardi, le procureur de la République Jean-Claude Marin délivrera les réquisitions du Parquet et les peines qu’il propose pour les cinq accusés ; mercredi, enfin, l’avocat Olivier Metzner portera, avec ses trois autres collègues, la défense de Dominique de Villepin. (…)
Ne resteront donc que Herzog, Marin et Metzner à l’heure de vérité. Ils vont s’appuyer sur ce qui a été dit lors de quatre semaines de débats riches, parfois tendus, toujours complexes. Quatre semaines qui n’ont jamais permis de faire basculer le procès dans un sens ou dans l’autre. Les témoignages de Gergorin, venant du monde de l’industrie de défense, mondialisé, cryptographisé, avec ses fonds d’investissement, ses espions et ses mafieux, ont introduit plus de complexités que n’en pouvait traiter le tribunal.
Les mensonges successifs de Lahoud, d’un dîner avec Villepin aussitôt démenti à une falsification dans le bureau du patron des RG, immédiatement moquée, ont, d’abord donné le tournis, puis rendu le financier inaudible.
Les confrontations entre les accusés ont vu les uns et les autres camper sans frémir sur leurs positions. Et le témoignage tant attendu du général Rondot n’a pas été le moment central du procès. La défense de Villepin n’a pas été enfoncée. Au point que Maitre Herzog a regretté que le président n’ait pas suscité plus de confrontation entre l’officier et l’ancien Premier ministre.
Tout est donc à reprendre à compter de lundi. Et là, le procès va rentrer dans une autre séquence. Loin des envolées de prétoire et des menaces latentes, on va parler droit et faits. Thierry Herzog, trogne soucieuse du boxeur montant sur le ring, les épaules faisant craquer la robe, va, lundi, continuer sur la voie qu’il a suivie jusqu’à présent. Il va enclencher successivement les cotes du dossier, qu’il a soigneusement fait confirmer aux audiences par les accusés et les témoins, pour démontrer que Sarkozy était visé explicitement par la manipulation et que Villepin est le coupable absolu. Contrairement aux autres parties, Maître Herzog ne déposera pas de conclusions écrites auprès du tribunal pour soutenir sa partie civile. Ce sera aussi l’heure de vérité pour Thierry Herzog. Aidé – surveillé ?- par le conseiller à la justice de l’Elysée, le très fin magistrat Patrick Ouart, l’avocat joue une partie personnelle cruciale.
Jean-Claude Marin, visage rougeaud de bon vivant et parole incisive, celui dont les interventions ont été les plus percutantes lors de ces quatre semaines de procès, va devoir démontrer la culpabilité des cinq accusés. Ce ne sera pas chose facile pour au moins deux d’entre eux. Le procureur de Paris, esprit rompu aux syllogismes judiciaires, parviendra-t-il à analyser juridiquement les faits pour convaincre le tribunal ? quelles peines réclamera-t-il ? le silence seul répond aujourd’hui. Mardi soir, après quatre heures de réquisitoire, nous saurons. Et Jean-Claude Marin également qui vise le poste de procureur général de Paris. Le jugement dun procès Clearstream vaudra aussi jugement pour la suite de sa carrière.
Olivier Metzner, visage livide, démarche hésitante, peut être le meilleur spécialiste de la procédure pénale aujourd’hui, n’a prononcé que de très rares paroles au cours de ces journées. De très rares mots mais très pointus, soulevant un point, faisant confirmer un témoignage. Concluant systématiquement par un « nous sommes bien d’accord ? », lourd de conséquence. Il a laissé monter au front de la défense Villepin, maitre Brossolet, plus rarement maitre d’Antin et à une seule occasion maitre Leclerc. Mercredi, les quatre avocats disposeront d’au moins six heures pour défendre l’ancien Premier ministre qui joue avec ce procès son avenir politique. Les conclusions écrites de l’équipe sont simples, efficaces et très juridiques. On reste dans le droit.
Vendredi soir, la première chambre civile sera rendue au fantôme de la reine Marie-Antoinette qui y a entendu sa condamnation à mort. Cette peine ne sera évidemment pas à la disposition du président Pauthe et de ses deux assesseurs. Vendredi soir, ils se retireront dans leur cabinet pour réfléchir aux mots échangés et aux pièces déposées devant eux. A partir de Vendredi soir, ils devront trancher.
Vendredi 17 heures 39 – Reuters: Un avocat et un procureur pour accuser Dominique de Villepin
L’avocat de Nicolas Sarkozy et le procureur de Paris tenteront la semaine prochaine de convaincre le tribunal de condamner l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, à la fin du procès Clearstream. Ouvert fin septembre, ce procès qui se terminera vendredi donne à la majorité un sujet de contentieux supplémentaire, à un moment où les controverses se multiplient. Le jugement sera mis en délibéré par le tribunal de Paris.
S’ils croient tous deux Dominique de Villepin coupable de « complicité de dénonciation calomnieuse », l’avocat Thierry Herzog et le procureur Jean-Claude Marin divergent en revanche sur son rôle dans la manipulation menée en 2004 avec de fausses listes de comptes bancaires de la société luxembourgeoise. Dans les interrogatoires des protagonistes de l’affaire menés à l’audience, le premier a semblé vouloir démontrer que le rival de Nicolas Sarkozy était parmi les instigateurs de la manipulation et y avait participé de manière active. Le second a pour sa part limité son accusation à un rôle supposé de « complice par abstention », décrit déjà dans un réquisitoire de fin d’instruction rédigé en 2008. Aux yeux du procureur, Dominique de Villepin n’a pas fomenté la manipulation et n’y pas participé, mais a sciemment négligé d’y mettre fin à l’été 2004.
Les fausses listes, qui comportaient des centaines de noms, dont celui de Nicolas Sarkozy, ont selon les conclusions de l’instruction, été falsifiées par Imad Lahoud, un informaticien franco-libanais dont les témoins ont dénoncé à l’audience ce qu’ils présentent comme une propension à l’affabulation. Le vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin a remis les listes au juge Renaud Van Ruymbeke en quatre envois échelonnés entre avril et octobre 2004.
A l’audience, Me Herzog a notamment insisté sur les liens supposés entre Imad Lahoud et Dominique de Villepin, tentant d’apporter des éléments nouveaux sur ce point. La belle-soeur de ce dernier était la voisine de palier d’Imad Lahoud. Brandissant diverses pièces saisies lors de l’enquête, comme l’agenda du principal témoin, le général Philippe Rondot, il a tenté de faire valoir qu’ils recelaient les preuves matérielles du rôle qu’il impute à Dominique de Villepin. Thierry Herzog, qui plaidera lundi, est un ami de jeunesse du chef de l’Etat et ses contradicteurs lui reprochent d’avoir fait de ce procès, comme son client, une affaire personnelle. Le fils de l’avocat a raconté au Journal du Dimanche qu’il se relevait parfois la nuit pour consulter une pièce du dossier. Nicolas Sarkozy a mis Me Herzog en difficulté en qualifiant les prévenus du procès de « coupables » fin septembre, de
s propos que, dans un entretien au Figaro vendredi, il dit regretter.
Les avocats de Dominique de Villepin protestent contre ce qu’ils voient comme des pressions politiques, dont le procureur Jean-Claude Marin, hiérarchiquement sous l’autorité du ministère de la Justice, est selon eux l’instrument. Pendant l’enquête, quand Dominique de Villepin était Premier ministre, Jean-Claude Marin refusait de le poursuivre et voyait son rôle comme celui d’un simple témoin, rappelle la défense. Le magistrat a fait volte-face en 2008, après l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Il est, de plus, venu en personne à l’audience, fait rare dans cette fonction de chef du parquet, interrogeant Dominique de Villepin d’un ton cassant.
Pour la défense du prévenu, le rôle du procureur est d’autant plus ambigu qu’il a été un acteur de l’affaire. Fin 2004, alors qu’il était directeur des affaires criminelles au ministère de la Justice, il a eu connaissance de la manipulation, sans la dénoncer au juge Van Ruymbeke, une omission qu’il retient aujourd’hui à charge contre Dominique de Villepin. Son réquisitoire est prévu mardi.
Vendredi 15 heures 41 – Challenges: Les mots du procès
Déclarations grandiloquentes, traits d’humour, portraits acides… Voici un florilège des déclarations les plus frappantes faites en un mois d’audiences au procès Clearstream :
« Je suis poursuivi pour journalisme, il y a pire comme accusation ». Une affirmation ironique signée Denis Robert, dont les défenseurs considèrent qu’il n’a fait que son travail dans ses relations avec Florian Bourges et Imad Lahoud.
« Il y a une hyper-partie civile dans ce procès comme il y a une hyper-présidence dans ce pays ». Comme beaucoup de parties civiles, Edwy Plenel, le directeur de Mediapart, se plaint que son cas ait été ignoré pendant l’enquête, au profit de celui de Nicolas Sarkozy.
« C’est M. Gergorin qui me demande d’aller les chercher (les listings, ndlr) et je m’exécute. J’étais sa chose. (…) Jean-Louis Gergorin exerçait une pression énorme sur moi. (C’était) un patron envahissant qui venait le soir chez moi, restait jusqu’à 23 heures. Il virait quasiment ma femme de la pièce, allumait un robinet et discutait pendant une heure des attaques qui pouvaient avoir lieu contre le groupe Lagardère ». Imad Lahoud tente de justifier son rôle de simple exécutant dans l’affaire.
« Au bout de deux ans d’enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel ». Un lapsus (?) prononcé en direct depuis New York, au mépris de la présomption d’innocence, par Nicolas Sarkozy, et qui provoquera une plainte des défenseurs de Dominique de Villepin.
« Méfiez-vous des gens brillants, des gens diplômés. Il y a beaucoup d’erreurs qu’ils commettent ». Jean-Louis Gergorin essaie de démontrer comment un polytechnicien diplômé de Harvard, comme lui, aurait pu se faire berner par Imad Lahoud.
« Je n’ai pas un QI de pétoncle, j’ai agi comme officier de renseignement ». Reconnaissant avoir été manipulé par certains des prévenus, le général Rondot essaie néanmoins de sauvegarder sa réputation.
« Un moment donné, M. Gergorin me dit: ‘Comment est-ce qu’on fait ?’. Je lui réponds: ‘Ca ne me concerne pas, vous voyez avec votre avocat’. Je prends à part Me Montbrial : ‘vous faites ce que vous voulez, ce n’est pas mon problème’ ». Le juge Renaud Van Ruymbeke raconte comment s’est amorcé, au printemps 2004, l’envoi anonyme des listings par un Jean-Louis Gergorin qui refusait de témoigner sous X.
« Notre jeune confrère a remarquablement plaidé, la barre est haute, je crains qu’il ne plaide mieux que ne le fera Olivier Metzner, le moment venu ». Un commentaire signé Thierry Herzog , l’avocat de Nicolas Sarkozy, après que Dominique de Villepin, inscrit au barreau de Paris, ait affirmé n’avoir jamais comploté contre le chef de l’Etat.
« Les affabulateurs et les mythomanes sont une catégorie redoutable, qui est capable de vous envoyer dans un prétoire ». Des catégories dans lesquelles Yves Bertrand, l’ancien patron des RG, range Imad Lahoud.
« Imad Lahoud nous avait expliqué qu’en prison il avait rencontré Carlos, qu’il connaissait Oussama Ben Laden. On le prenait pour un bonimenteur, pour un escroc sympathique, mais ce n’était en aucun cas quelqu’un que nous aurions présenté à Dominique ou Marie-Laure de Villepin ». Michel Piloquet, l’ex-beau frère de Dominique de Villepin, dément que l’ex-trader ait pu être présenté au Premier ministre chez lui.
« La dénonciation calomnieuse, c’est un marqueur radioactif ». L’ex-dirigeant d’Aibus Philippe Delmas, seule personne citée sur les listings à avoir été placé en garde à vue, évoque la tache laissée sur sa réputation.
« Je sais que le procureur au fond de lui (…) ne pense pas que j’ai une quelconque culpabilité dans cette affaire. Mais je sais aussi qu’il peut penser que la fonction qui est la sienne justifie qu’il requière contre moi. Je lui souhaiterais de requérir le coeur aussi léger qu’est le mien, ce soir car mon honneur n’est pas ici en cause. La haine envers Nicolas Sarkozy ne m’a jamais habité. Ma vie est devant moi ». Au dernier jour des débats, avant les premières plaidoiries, Dominique de Villepin retrouve son lyrisme des premières heures du procès.
« Vous ne nous ferez pas croire que vous êtes le Richard Virenque de l’aéronautique ». Me Poynard, l’avocat de l’ex-PDG de Thomson Alain Gomez, épingle Jean-Louis Gergorin en faisant référence au fameux « dopé à l’insu de mon plein gré » du champion cycliste.
« Quand on est accusé de viol, d’assassinat, de pédophilie, être accusé de posséder un compte au Luxembourg peut paraître moins important ». Me Szpiner, l’avocat De Dominique Baudis, rappelle que son client a déjà eu l’occasion de souffrir de dénonciation calomnieuse à l’occasion de l’affaire Alègre.
« Le général Rondot, ce mélange débridé du Dr Watson et de l’inspecteur Clouseau… ». Au cours de sa plaidoirie, Me Mignard, l’avocat de Gilbert Flam et d’Edwy Plenel, épingle le « certificateur » Rondot, à qui beaucoup reprochent par son action d’avoir accrédité au début de l’affaire l’idée d’une véracité des listings.
Vendredi 15 heures 41 – Challenges: Clearstream, un mois après… où en est-on?
Qu’ont affirmé les cinq prévenus du procès Clearstream au cours des audiences? Que risquent-ils? Quels points restent obscurs? Le point à l’orée de la dernière semaine. Un article de Challenges à lire en cliquant ici.
Vendredi 12 heures 36 – L’Express: Clearstream, le film
Le réalisateur Jean-Luc Miesch vient de mettre la dernière main à un film tourné pour à peine 500 000 euros : Streamfield, les carnets noirs, qui serait comme un film de Mocky réussi. L’analogie avec l’affaire Clearstream n’est évidemment pas fortuite. Et, s’il s’agit d’une fiction, on devinera malgré tout l’ex-dirigeant d’Airbus Philippe Delmas derrière Jean-Pierre Castaldi, l’ancien commissaire des Renseignements généraux Patrick Rougelet (qui a collaboré au scénario) derrière Bernard Le Coq, Jean-Louis Gergorin derrière Jean-Claude Dauphin (surnommé Corbin, comme corbeau, dans le film…), Imad Lahoud derrière Pierre Malet, la n° 2 des RG Brigitte Henri derrière Marie-Sophie L., et, enfin, Dominique de Villepin derrière Pierre Arditi.
A noter qu’un certain Nikozy, cité dans un listing, n’apparaît jamais à l’écran. Traitée sur un mode tragi-comique, l’affaire est perçue par Miesch comme un « piège à cons » dans lequel le patron des RG aurait une lourde responsabilité et l’ex-Premier ministre serait le « dindon de la farce ». Après avoir sollicité quelques distributeurs enthousiastes, mais « frileux », selon le ciné
aste, Miesch pourrait sortir le film lui-même d’ici à la fin de l’année.
Vendredi 04 heures 17 – Les Echos: Et le droit dans tout ça?
Du droit donc et rien que du droit. Pour condamner un prévenu, les juges ont besoin de trois éléments : l’élément légal – les faits doivent être punis par la loi ; l’élément matériel – les faits doivent être constitués ; l’élément intentionnel – le prévenu avait l’intention de commettre un délit.
Reprenons dans l’ordre : Dominique de Villepin est poursuivi pour complicité de dénonciation calomnieuse, complicité d’usage de faux, recel d’abus de confiance et de vol. Dans l’ordonnance de renvoi, les juges d’instruction soutiennent que l’ancien Premier ministre a « donné instruction » à Jean-Louis Gergorin, dès avril 2004, de « saisir ou d’informer un juge (Renaud Van Ruymbeck, NDLR) sur les fichiers Clearstream » alors qu’il avait connaissance de leur « fausseté ». Mais la complicité suppose un acte actif.
Or, Dominique de Villepin n’a pas tenu la main de Jean-Louis Gergorin au moment de mettre les listings dans l’enveloppe. Conscient de cette difficulté juridique, pourtant au centre du dossier, le parquet, lui, s’est contenté d’une « complicité de dénonciation calomnieuse par abstention » : en ne disant rien, Dominique de Villepin aurait rendu possible la poursuite des envois de fichiers en août et en octobre 2004. Contrairement à ce qui a été dit, le procureur de la République, Jean-Claude Marin, n’a pas sorti cette notion juridique de son chapeau. La complicité par abstention existe bel et bien dans la jurisprudence, notamment en matière… d’abus de biens sociaux : tel associé, au courant de la manoeuvre, se serait tu alors que tel autre commettait le délit. Mais, ici, le parquet en fait une extension audacieuse vers la dénonciation calomnieuse de faux. Or un faux en droit pénal au sens de l’article 441-1 « doit valoir titre » et son utilisation doit porter préjudice. Les listings Clearstream vrais ou faux sont tout sauf des titres de propriété. Avant donc de prouver la dénonciation calomnieuse, les juges vont devoir démontrer juridiquement l’existence de faux. Voilà pour l’élément légal.
Quant à l’élément matériel, la preuve en droit pénal est libre. Elle peut donc résulter de simples déclarations. Mais, jusqu’à présent, aucun témoignage, aucune confrontation n’est venu donner la preuve d’une connaissance formelle par Dominique de Villepin de la falsification des listings.