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Mon procès Clearstream – douzième journée

Aujourd’hui, la suite des plaidoiries des parties civiles.

Selon Le Figaro, le procès, qui aura occupé l’actualité judiciaire pendant tout le mois d’octobre, devrait déboucher sur une décision du tribunal correctionnel de Paris en janvier. On connaîtra alors le sort réservé à Dominique de Villepin dans cette affaire.

Mercredi 19 heures 23 – L’Express: « Si nous avions eu un parquet indépendant, nous n’en serions pas là »

Les plaidoiries se sont poursuivies, ce mercredi après-midi, au procès Clearstream. Si les avocats ont dédouané Denis Robert, ils n’ont pas épargné la justice.

Pour les plaidoiries de l’après-midi, avocats et journalistes s’étaient passé le mot. Ils étaient présents en nombre. Peut-être l’intervention de Me Mignard y était-elle pour quelque chose. Avant l’ouverture de l’audience, on murmurait « préparez-vous, Me Mignard va plaider! ». L’avocat a été fidèle à sa réputation: tout le monde en a pris pour son grade. (…)

« L’affaire Clearstream est, au sein d’une affaire où il y en a plusieurs, une instrumentalisation de la justice, gronde-t-il. Là où elle aurait dû jouer le rôle de la vérité, elle a joué le rôle de la rivalité. » L’inimitié entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy est très souvent pointée du doigt, ce mercredi. « Le fait qu’on ouvre une instruction si tard n’est pas anodin, dénonce Me Mignard. En mai 2006, nous sommes à un an de l’élection présidentielle. » Pour Me Bourdon, l’avocat de François Gonthier, « la dénonciation calomnieuse a été l’instrument de lâches représailles et règlements de comptes ».

L’avocat Alain Guilloux, dont le nom été cité dans les listings, s’est désisté de sa constitution de partie civile, regrettant que sa thèse d’un rôle des Renseignements généraux dans la falsification des listings n’ait pas été retenue.

Les avocats, qui se succèdent, usent et abusent de citations de sages. Descartes, Pascal et Condorcet sont pris à partie au sein du Palais. Un autre « sage » est cité à maintes reprises: c’est le journaliste Denis Robert. Tous réclament que les charges soient abandonnées contre celui « qui n’a fait que son métier avec vaillance et ténacité », détaille Me Bourdon.

Les avocats des parties civiles n’hésitent en revanche pas à s’en prendre directement à la Justice qui s’est laissée berner par les acteurs de l’affaire Clearstream. « Si nous avions eu un parquet indépendant, nous n’en serions pas là », scande Me Mignard. 95% des substituts auraient bien réagi dans cette affaire s’ils avaient été libres. Là comme il s’agit de ministres… plus on monte dans la hiérarchie et plus le cerveau judiciaire disparaît derrière le cerveau politique! » Quant à Me Bourdon, il propose d’inscrire le délit de dénonciation calomnieuse en bande organisée au code pénal.

C’est dans un climat plus détendu qu’est levée l’audience. Les trois dernières personnes à plaider ne sont pas des avocats mais des citoyens constitués parties civiles. L’un d’entre eux, qui refusait de se soumettre aux règles de parole du tribunal, est sorti « de force » de la salle après plusieurs rappels à l’ordre du président.

Mercredi 18 heures 33 – Journal du Dimanche: Pour Me Mignard, Dominique de Villepin est un « bouc émissaire »

La litanie des plaidoiries des parties civiles s’est poursuivie ce mercredi au procès Clearstream. L’occasion pour Me Jean-Pierre Mignard qui défend Edwy Plenel et Gilbert Flam de ramener le débat sur le terrain politique.

Vous avez dit procès politique? Pour Jean-Pierre Mignard, l’avocat de deux parties civiles dont les noms sont apparus sur les listings Clearstream, cela ne fait aucun doute. (…)

L’avocat a ainsi rappelé que, lorsqu’il était Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, ainsi que ses ministres Michèle Alliot-Marie –déjà égratignée lundi par Dominique de Villepin-, Dominique Perben et même Nicolas Sarkozy avaient négligé de dénoncer les faits alors qu’ils savaient dès juillet 2004 que les listings étaient des faux. Jean-Pierre Mignard a souligné que Nicolas Sarkozy avait attendu janvier 2006 pour porter plainte. « Il savait pourtant mieux que quiconque qu’il s’agissait de faux et de dénonciation calomnieuse puisqu’il en était victime », a-t-il expliqué. Conclusion dès lors de l’avocat, Nicolas Sarkozy a exploité l’affaire pour éliminer son rival Dominique de Villepin.

Garde des Sceaux à l’époque, Dominique Perben est décrit par l’avocat comme « une ombre dans ce dossier, dans la fresque de cette obscure affaire ». Quant à Michèle Alliot-Marie, qui était ministre de la Défense et donc la supérieure hiérarchique du général Rondot, elle était parfaitement au courant de l’affaire dès juillet 2004. Et dans ce qui pourrait s’apparenter à un réquisitoire, l’avocat englobe le procureur, Jean-Claude Marin, qui était à l’époque directeur des affaires criminelles, le plus haut fonctionnaire du ministère de la Justice, et qui n’a rien fait non plus.

« Cette affaire est une faute collective d’un éxécutif divisé, paralysé par les querelles de pouvoir », conclut l’avocat qui épargne en revanche Dominique de Villepin, qualifié de « bouc émissaire ». « C’est un arbre -fusse-t-il grand- qui cache la forêt », dit Jean-Pierre Mignard.

Mercredi 17 heures 27 – Exprimeo: Dominique de Villepin et la valeur de l’exemple

En assumant avec dignité ses épreuves judiciaires, Dominique de Villepin s’est extrait de « l’immunité des puissants » se réconciliant ainsi avec le « sort de chacun » ; ce qui le démarque dans les circonstances actuelles.

Pendant des années, les espaces publicitaires des périodes des fêtes de fin d ‘année étaient animés par trois petits lutins censés être des  » voleurs de couleurs « . Un des plus grands publicitaires Français avait eu ce slogan créatif pour promouvoir un grand équipementier de la photographie.

Aujourd’hui, à entendre les commentaires sur les relations entre les citoyens et leurs représentants nationaux pourtant élus, on pourrait désormais parler de  » voleurs de pouvoir  » tant le fossé paraît profond entre les élus et le peuple. Dans ce contexte, d’ailleurs très inquiétant, les moyens faciles sont nombreux pour tenter de rendre le  » pouvoir  » au peuple à l’exemple de la multiplication des votations ou des pétitions.

L’un des moyens les plus utilisés consiste aussi à parler avec les mots de tous les jours, voire même les mots des énervements de tous les jours. Mais est-ce seulement un enjeu de mots ?

Au-delà des mots, des concepts sont alors élaborés. Il est question de  » fractures « ,  » d’ascenseur social en panne », de  » France d’en haut qui devrait penser comme la France d’en bas  » et tant d’autres concepts qui ont beaucoup fleuri ces dernières années. Mais là aussi l’enjeu réside t-il dans un concept ?

En réalité, au moment où il est désormais publiquement question de la coupure entre le  » pays légal et le pays réel « , que traduit ce climat ?

Il traduit un sentiment profond que chacun a sa vie et que cette vie n’est plus commune mais constituée d’une multitude d’îles où règnent de terribles solitudes sans fin prévisible.

Dans cette ambiance, les décideurs publics deviennent étrangers puisqu’ils ne partagent pas la vie du « commun des mortels ».

Là est la zone de fracture commune entre les trois dernières « affaires » : Polanski protégé par l’immunité artistique, Mitterrand protégé par l’immunité médiatique, Jean Sarkozy protégé par l’immunité présidentielle.

Comment modifier cette situation qui est d’abord celle d’un éclatement sans précédent ?

Ces immunités jouent alors que chacun a un besoin non rempli de protection quand les nouvelles pages prévisibles sont autant anxiogènes.

La crise n’a pas fait disparaître les peurs. Elle les met en évidence chaque jour.

Or, l’individu n’a jamais existé seulement en tant que tel. Il a toujours connu et eu besoin de repères collectifs. Le premier message de la période présente réside d’abord dans cet appel à la reconstruction de repères collectifs.

Si des repères positifs collectifs respectueux des valeurs fondamentales de notre so
ciété ne sont rapidement proposés, d’autres s’y substitueront : ethniques, religieux, sectaires, de pure proximité géographique (banlieues) …

Cette implosion produira des effets désastreux. Cet appel des citoyens doit être entendu.

Les élus ne doivent pas être des architectes du rêve avec les discours puis devenir des architectes des décombres avec les actes.

Le second message est celui de la valeur d’exemple.

Les élus doivent redevenir des citoyens comme les autres, parmi les autres, avides d’aider les autres et pour cela ayant à coeur de toujours mieux comprendre les autres a fortiori quand ils sont différents, humbles et confronté à de grandes difficultés.

C’est cette bataille du quotidien qui fera reculer le populisme en rétablissant la dimension exemplaire des décideurs publics dans leur parcours personnel.

C’est cette bataille du quotidien que Dominique de Villepin a ouverte avec son parcours des dernières semaines comme si l’ennemi d’un « ennemi » bénéficiait pour l’opinion d’une première qualité pour devenir … un « ami ».

Il lui appartiendra ensuite de l’appliquer à d’autres domaines en gardant le même ancrage de « partage de la vraie vie ». Là est son nouveau défi.

Mercredi 16 heures 28 – AFP: L’affaire Clearstream, une « faute collective » des ministres (Me Mignard)

L’affaire Clearstream a résulté d’une « faute collective » des ministres, dont Nicolas Sarkozy, qui n’ont pas saisi la justice lorsqu’ils ont appris que les listings bancaires étaient falsifiés, a estimé mercredi Me Jean-Pierre Mignard, avocat de deux des parties civiles.

Au cours de sa plaidoirie pour le magistrat Gilbert Flam et le journaliste Edwy Plénel, Me Mignard a expliqué que les responsables politiques « n’ont pas respecté l’obligation qui leur était faite de saisir le procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale ». Cette disposition prévoit que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».

« C’est une faute collective de l’exécutif, divisé, harcelé, paralysé par des querelles internes, des querelles de pouvoir » à l’approche de l’élection présidentielle. Plutôt que le jeu de la vérité, ils ont joué le jeu des rivalités », a-t-il plaidé. Pour lui, on ne peut reprocher à Dominique de Villepin, le principal prévenu, d’être complice de dénonciation calomnieuse, mais de n’avoir, tout comme ses collègues, pas alerté la justice. Ainsi Michèle Alliot-Marie et son directeur de cabinet à la Défense, Philippe Marland, étaient tenus informés par le général Rondot de ses doutes puis de ses convictions sur la fausseté des listings. « Ni le ministre de la Défense, ni son directeur de cabinet n’ont saisi le procureur. Ils étaient pourtant informés, très informés, sur-informés », a estimé Me Mignard.

De même, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Economie en juillet 2004 lorsqu’il a appris sa présence sur les listings, selon Me Mignard, a-t-il manqué à sa charge. « Le ministre de l’Economie savait mieux que quiconque qu’il s’agissait de faux et de dénonciation calomnieuse puisqu’il en était lui-même victime. Il ne réagit que comme victime, le ministre lui n’a pas la possibilité de tergiverser, M. Sarkozy a manqué aux obligations de l’article 40″, a expliqué Me Mignard. Dominique Perben, à l’époque ministre de la Justice, « partisan d’une conception dirigiste de la justice » et le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin resteront eux aussi comme des « ombres » dans ce dossier.

Tout comme le général Rondot, « ce mélange débridé du Dr Watson et de l’inspecteur Clouzeau », le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, et le procureur Jean-Claude Marin, qui va requérir la semaine prochaine contre les prévenus du procès Clearstream, selon Mignard. A l’époque M. Le Mesle était directeur de cabinet du Garde des Sceaux, M. Marin, directeur des affaires criminelles et des grâces à la Chancellerie. Le procureur de l’époque, Yves Bot, a lui aussi laissé l’affaire Clearstream prospérer, a soutenu l’avocat.

« Si nous avions eu un parquet indépendant nous n’en serions pas là », a jugé Jean-Pierre Mignard. « Dans la hiérarchie judiciaire, plus on monte et plus le cerveau judiciaire disparaît au profit du cerveau politique ».

Plus tôt dans la journée, Me Pierre Haïk, avocat de l’homme d’affaires Fabien Baussart, avait appelé à ce que l’affaire Clearstream serve au moins à ce qu’on bannisse le recours aux « dénonciations anonymes » dans les procédures judiciaires, en raison de leur caractère compromettant et hasardeux.

Me Francis Szpiner avait lui défendu Dominique Baudis, victime de la calomnie en récidive. « Quand on est accusé de viol, d’assassinat, de pédophilie, être accusé de posséder un compte au Luxembourg peut paraître moins important. Mais pour un homme public, ancien journaliste sur le service public, et qui a exercé des mandats électifs, c’est insupportable. Ce type d’accusation est un venin inoculé à la République », avait fustigé le défenseur.

Me Antoine Comte, qui conseille l’éditrice Odile Jacob, a regretté que le procès Clearstream ait été « confisqué » par deux leaders de la droite, le président Sarkozy et l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, au détriment des parties civiles « ordinaires ».

Mercredi 16 heures 01 – AFP: Un avocat se désiste

L’avocat Allain Guilloux s’est désisté de sa constitution de partie civile dans l’affaire Clearstream, regrettant que sa thèse d’un rôle des Renseignements généraux (RG) dans la falsification des listings n’ait pas été retenue, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. L’avocat, dont le nom figurait sur les faux listings, a déposé mardi ses conclusions au greffe de la 11e chambre correctionnelle de Paris pour justifier son désistement, selon cette source, confirmant une information du site internet du JDD.

Dans ces conclusions, que l’AFP a consultées, Me Guilloux se dit persuadé d’une implication des RG dans cette affaire de dénonciation calomnieuse. Les listings comprenaient selon lui outre son nom, ceux de nombreuses personnalités auxquelles les RG « s’étaient intéressés » mais inconnues d’Imad Lahoud, le falsificateur présumé, et de Jean-Louis Gergorin, « corbeau » de l’affaire.

Or, Allain Guilloux se dit persuadé que l’affaire Angolagate, dans laquelle il est poursuivi, a été « montée de manière artificielle avec l’aide des Renseignements généraux ».

Mercredi 14 heures 09 – L’Express: Les avocats fantômes des parties civiles

Les plaidoiries des parties civiles de ce mercredi matin ont été brèves. La Première chambre du Palais de justice de Paris était quasiment vide. Abandonnée par les journalistes et les avocats, y compris ceux qui devaient plaider cette matinée…

A l’ouverture de l’audience, les quatre avocats programmés par le tribunal (le calendrier ne cesse de changer) ne sont pas tous présents. Un relâchement que le président, Dominique Pauthe, n’apprécie guère. Apercevant MeHerzog au fond de la salle, il lui demande où sont passés ses confrères. « Je n’en ai pas la moindre idée », lui répond l’avocat de Nicolas Sarkozy. Avant de confier, à l’écart, « ça fait un peu désordre quand même… ». Après une première plaidoirie de huit minutes, l’audience est suspendue, le temps que les avocats daignent honorer le tribunal de leur présence.

Un quart d’heure plus tard, le président revient, et Me Binet prend la parole. « Je vais être bref », prévient l’avocat de Dominique Ambiel, l’ancien conseiller en communication de Jean-Pierre Raffarin. Promesse qu’il ne tient pas. « Que reste-t-il après ces semaines de débats? –débats auxquels je me suis efforcé d’assister le plus possible », la
nce-t-il comme pour narguer ses pairs absents. Que des impressions étranges, explique-t-il, et essentiellement celle d’un « tri sélectif » entre les victimes des dénonciations calomnieuses. Comme la veille, tous les avocats s’accordent à dénoncer le manque d’attention à l’égard des parties civiles. Bizarrement, alors que Me Binet ne s’est constitué partie civile que contre Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, les faussaires présumés, sa plaidoirie a concerné exclusivement Dominique de Villepin. « La seule différence entre vous et M. Ambiel, c’est que vous, vous saviez, que lui ne savait pas et que vous vous êtes bien gardé de lui dire et que ça, ça n’était pas nécessairement conforme à l’idée que Dominique Ambiel se fait d’un Premier ministre », déclare l’avocat. Dominique de Villepin ne bronche pas. Son avocat, lui, lève les yeux au ciel.

Me Haïk, l’avocat de Fabien Baussart, est tout autant concis. « Que viennent faire ces noms dans les listings falsifiés de Clearstream? », questionne-t-il. Notamment celui de son client, maintes fois écorché et mal orthographié. Un homme ordinaire, qui comme les autres parties civiles, a subi de plein fouet la « nuisance de ce procès » tant sur le plan professionnel que personnel. Avant de quitter la barre, il s’adresse directement au président. « Si après ce procès, nous prenons des dispositions légales pour bannir définitivement de notre procédure l’exploitation de la dénonciation anonyme, nous aurons fait un grand pas! »

Les conclusions des trois plaidoiries de la matinée étaient au diapason. Chaque avocat a réclamé un euro symbolique d’indemnisation pour son client. Et tous n’ont eu qu’une seule requête: que soit faite la lumière sur le « qui », le « pourquoi » et le « comment » de cette affaire.

Mercredi 13 heures 38 – AFP: Dominique de Villepin n’est pas intervenu en faveur de Lahoud au Liban, assure la soeur du mathématicien

La soeur d’Imad Lahoud, le falsificateur présumé des listings Clearstream, a démenti mercredi que Dominique de Villepin soit intervenu en 2004 auprès du lycée franco-libanais à Beyrouth à la demande de son frère, comme l’a affirmé lundi un témoin dans l’affaire.

L’entrepreneur François Gonthier, parent par alliance d’Imad Lahoud et dont le nom figurait sur les faux listings, a affirmé avoir entendu lors d’un déjeuner de famille au Liban en 2005, « que c’était grâce à Imad et à l’intervention de Dominique de Villepin que la petite Zoé était entrée au lycée français » à la rentrée 2004.

La petite Zoé étant la nièce d’Imad Lahoud, une telle intervention corroborerait une proximité entre l’ancien Premier ministre et l’agrégé de mathématiques, proximité que M. de Villepin a toujours niée.

« C’est de la calomnie », a affirmé Malaké Chaoui, la mère de la petite fille, dans un entretien téléphonique avec l’AFP à Beyrouth. « Je n’avais certainement pas besoin de l’intervention d’un ministre français pour faire entrer ma petite fille au lycée », a-t-elle assuré.

Rentrée au Liban de Dubaï avec sa famille en 2004 « pour des raisons personnelles », Mme Chaoui explique avoir envoyé une demande au lycée franco-libanais à Beyrouth, mais qu’elle a essuyé un refus au départ, l’école indiquant « qu’elle privilégiait les Français aux franco-libanais ». « J’ai écrit une lettre furieuse au proviseur, qui une semaine plus tard, a donné une réponse favorable, ajoute-t-elle.

Mme Chaoui, 36 ans, a indiqué « ne pas être en contact » avec son frère depuis 2006. « Nous ne sommes pas fâchés, mais je crois qu’avec toute cette affaire, il s’est un peu isolé et on s’est perdu de vue », dit-elle.

A la question de savoir si l’ancien Premier ministre et son frère se connaissaient, elle a répondu « je n’en sais rien. Aussi incroyable que ça puisse paraître, je n’ai jamais parlé de l’affaire Clearstream avec lui. J’apprends tout à travers la presse ». « Si la justice le trouve coupable, il va en payer le prix, c’est tout », dit-elle.

L’avocat de l’ancien Premier ministre, Me Olivier Metzner, a indiqué lundi qu’à l’époque, Dominique de Villepin n’était pas au quai d’Orsay et n’aurait donc pu intervenir auprès du lycée.

Mercredi 13 heures 23 – Challenges: Le message de Dominique Ambiel à Dominique de Villepin

Certains avocats qui devaient plaider sont absents. Des confrères les appellent à leur cabinet. D’autres arrivent à l’audience pour entendre le président Pauthe leur lancer: « Etes-vous prêts à plaider, maître ? – Ah non, je devais plaider cet après-midi, je n’ai pas mon dossier sur moi ». Désoeuvrés, des prévenus papotent avec leurs avocats ou avec la presse -l’occasion d’entendre, de la bouche de Florian Bourges, qu’Imad Lahoud, actuellement professeur de mathématiques dans le civil, profiterait à l’occasion des audiences pour préparer ses cours…

Bref, en ce mercredi 14 octobre, alors que se termine la quatrième semaine du procès Clearstream, c’est presque relâche à la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Bilan de la matinée: deux suspensions et une petite heure d’audience. « Ca fait un peu désordre », admet l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, qui lui est bien présent. « Vous pourriez peut-être plaider, maître ? », lance un des conseils de Dominique de Villepin. Rires dans la salle: la plaidoirie de cette « hyper partie civile », pour reprendre le mot d’Edwy Plenel, est prévue lundi après-midi et devrait attirer la foule des grands jours. Trois avocats ont quand même eu le temps de plaider leur dossier. Me Meyer, pour Alain de Wulf, ancien DG de Paribas et ancien cadre d’EADS, a jugé que la présence du nom de son client sur les listings constituait une « manière de les crédibiliser », en raison de sa bonne connaissance des banques luxembourgeoises. « Mis à la porte d’un monde qu’il connaissait bien parce que son nom était présent sur les listings », Alain de Wulf réclame un euro symbolique et les condamnations que le tribunal jugera utile. Au cours d’une très courte plaidoirie, Me Haïk, l’avocat de Fabien Baussart, un dirigeant de holdings cité dans le listing, juge lui que « le travail judiciaire n’a pas abouti. Le minimum, c’est qu’on puisse comprendre le mécanisme qui amène au statut de victime ». Il réclame également que la justice arrête de prendre en compte les dénonciations anonymes.

La plaidoirie la plus longue, au final, a été l’œuvre de Me Binet, l’avocat de Dominique Ambiel, l’ex-conseiller de Jean-Louis Raffarin. Il a réclamé la condamnation de Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, mais a surtout abordé en longueur le cas Dominique de Villepin, sur la culpabilité éventuelle duquel il ne souhaite pas se prononcer, mais à qui son client veut adresser un « message ». Ce dernier est transmis par petites touches impressionnistes. Me Binet note que le nom de Dominique Ambiel a disparu des listings quand ceux-ci ont été envoyés au juge Van Ruymbeke, époque où il n’occupait plus de responsabilités politiques. Il reproche au cabinet de Dominique de Villepin, à l’époque ministre de l’Intérieur, d’avoir fait fuiter l’histoire de l’interpellation du conseiller en compagnie d’une prostituée mineure, en avril 2004: une affaire qui l’a poussé à la démission, et où il a été condamné à 2.500 euros d’amende en 2006. Il cite des passages du livre de son client, Fort Matignon, où « Néron »-Villepin tempêtait contre Nicolas Sarkozy: « Il veut être le seul candidat à la présidentielle 2007. Nous l’en empêcherons ! ». Il lui reproche, enfin, d’avoir fait suspendre Dominique Ambiel de l’ordre national du mérite par décret, à quelques heures de son départ de Matignon, en mai 2007. Conclusion: « Je ne sais pas si vous êtes innocent ou coupable, mais j’estime que la tâche ne sera pas facile pour vos avocats ».

Reprise de l’audience à 14 heures, avec notamment les plaidoiries de Me William Bourdon, pour l’entrepreneur François Gonthier, et de Me Jean-Pierre Mignard, pour Edwy Plenel et Gi
lbert Flam.

Mercredi 12 heures 07 – Challenges: Chez les parties civiles, chacun a sa cible

« L’INNOCENCE de ceux qui sont partie civile, tout le monde s’en fiche », lâche à la barre l’avocat de Patrick Gaubert, le président de la Licra. La 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris s’est transformée en bureau des pleurs, mardi 13 octobre, avec le début des plaidoiries des parties civiles dans l’affaire Clearstream: les conseils des personnalités citées dans les listings et de sociétés touchées par l’affaire sont montés au front pour réclamer des dommages et intérêts et des condamnations. Sans lésiner sur les effets de manche, et en choisissant bien leur(s) cible(s)…

Me Belloc, l’avocat de Clearstream, s’est ainsi concentré sur Denis Robert, jugeant que Révélation($), son livre « dit d’enquête » est devenu « une passerelle vers la fabulation » qui a fait que « les révélations du corbeau ont été jugées crédibles par les plus hautes autorités de l’Etat ». Son confrère, Me Malka, est lui sorti du quintette des prévenus pour cibler Ernest Backes. Co-auteur de Révélation($), cet ancien cadre de Clearstream, licencié en 1983 pour faute grave, serait selon lui « LA » source essentielle du journaliste français.

Florian Bourges a lui aussi eu droit à son quart d’heure inconfortable, lors de la plaidoirie de l’avocat de la société Barbier Frinault, le cabinet d’audit qui a repris les activités française d’Arthur Andersen: ce dernier a jugé « infamantes » les accusations de l’ex-auditeur, qui a expliqué avoir alerté à plusieurs reprises sa hiérarchie sur des anomalies lors de son travail sur Clearstream, en vain. De son côté, l’avocat d’Arcady Gaydamak a plutôt choisi de ne pas choisir (Me Goldnadel a accusé les services de renseignement français avant de juger que, concernant les prévenus, « le tribunal choisira les siens »), au contraire de l’avocat d’Alain Madelin.

Me Fedida a en effet successivement « balancé » sur Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud (« Jean-Louis Gergorin n’amuse personne. Avec ses délires mythomanes, Imad Lahoud n’amuse personne ») avant de s’attaquer aux services de l’Etat et d’effleurer implicitement le cas Villepin: d’après lui, si la machination n’avait pas été éventée, « certaines ambitions politiques auraient pu être abattues, d’autres renforcées ». Il avait auparavant commencé sa plaidoirie par quelques traits contre la presse, qualifiant Le Point (premier journal à parler des listings) de « moto-crottes de la diffamation parisienne », avant d’asséner, reprenant les propos de François Mitterrand lors du suicide de Pierre Bérégovoy : « Les chiens sont lâchés ».

S’il fallait retenir une « cible » principale de la journée, au final, cela serait Jean-Louis Gergorin: il faut dire que la liste des intervenants ne lui était pas favorable puisqu’intervenaient successivement les avocats de ses ennemis Philippe Delmas (ex-vice-président d’Airbus), Pierre Martinez et Alain Gomez (ex-cadres de Thomson-CSF, aujourd’hui Thales). En toile de fond, les rivalités internes à l’aéronautique française des années 90-2000, de la lutte Matra/Thomson à la guerre de succession chez EADS. Au long d’une plaidoirie souvent violente, Me Poynard, l’avocat d’Alain Gomez, a ainsi reproché à cette « vieille connaissance » qu’est Jean-Louis Gergorin d’avoir d’abord envoyé au juge Van Ruymbeke les listings accusant des personnalités d’avoir touché de l’argent dans le cadre de la vente de frégates à Taïwan, puis d’avoir cherché des preuves « introuvables a posteriori ».

« C’est extraordinaire: M. Lahoud, par une sorte de miracle, aurait trouvé l’ensemble des noms de ceux que M. Gergorin n’aimait pas, sans que celui-ci ne guide sa main. Cette scène n’existe pas ! », lance-t-il. Et ses accusations ne s’arrêtent pas au dossier Clearstream: revenant sur le dossier « Couper les ailes de l’oiseau » (une affaire de déstabilisation entre Thomson et Matra), qui en arrivait à son volet judiciaire au moment de l’affaire Clearstream, il reproche àJean-Louis Gergorin d’y avoir entretenu une « taupe » en la personne de son avocat de l’époque, maître Thibault de Montbrial. Celui-ci défendait en effet une des prévenues, Margaret Bertay, une salariée de Thomson qui avait accusé son employeur. Sur ce trait, le prévenu se retourne vers l’avocat d’un air furieux: sa seule réaction visible de colère au cours d’une plaidoirie qui aura successivement vu Me Poynard faire allusion aux « corbeaux » de l’Occupation et de l’épuration, puis effectuer un grand saut temporel vers le 21e siècle (« Vous tapez Gomez+frégates dans un moteur de recherche, vous avez des milliers de réponses. M. Gomez est googlisé, marqué d’un fer rouge au milieu du front »), tout en enchaînant les plus ou moins bons mots ( « Vous ne ferez croire à personne que vous êtes le Virenque de l’industrie aéronautique »).

En guise de coup de pied de l’âne, Me Poynard cite une phrase de Philippe Camus sur Jean-Louis Gergorin: « Quoiqu’il me dise, je ne le croirais pas ». L’ex-co-président d’EADS avait pourtant le prévenu comme lieutenant à l’époque où il bataillait contre le duo Forgeard/Delmas pour la tête du groupe aéronautique… Une guerre qu’il avait fini par perdre en juin 2005, au moment où Dominique de Villepin arrivait à Matignon. Relativement épargné mardi, au contraire de Gergorin, l’ancien Premier ministre le sera sans doute moins lundi prochain: Me Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, plaidera alors en début d’après-midi.

Mercredi 10 heures 49 – EDHEC: Dominique de Villepin invité de L’Agora, sur le Campus de l’EDHEC ce jeudi 15 octobre

L’Agora, l’association de débats et conférences de l’EDHEC Business School, accueille le jeudi 15 Octobre à 18H30 à l’EDHEC Dominique de Villepin. Voilà ce qu’annonce le site de l’association d’étudiants:

« Secrétaire Général de l’Elysée et Diplomate reconnu, Dominique de Villepin a endossé la fonction ministérielle pour la première fois au Quai d’Orsay en 2002. Porte-parole de la France contre la guerre en Irak, il occupe ainsi le devant de la scène politique française. Ministre de l’Intérieur en 2004, il devient Premier Ministre un an plus tard. Il est alors confronté à deux crises sociales majeures : le Contrat Première Embauche et les émeutes dans les banlieues. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en avril 2007, Dominique de Villepin s’est retiré de la vie politique française. Ses apparitions publiques furent donc rares ces deux dernières années. Le procès Clearstream en cours a cependant remis Dominique de Villepin au centre de l’actualité en cet automne 2009.

Durant cette conférence, Dominique de Villepin nous parlera de ses écrits, de son avenir et de ses ambitions. Il évoquera également l’actuelle crise économique que traverse la France ainsi que les récentes réformes et mesures prises par le gouvernement. Il reviendra aussi sur ses ressentis concernant le procès Clearstream. »

Mercredi 10 heures 22 – AFP: L’audience suspendue faute d’avocats

Le président Dominique Pauthe s’est vu contraint mercredi matin de suspendre le procès Clearstream après un quart d’heure d’audience, les avocats de parties civiles devant plaider ne s’étant pas présentés à l’audience.

« Eh bien, nous allons suspendre l’audience », s’est résigné M. Pauthe après la plaidoirie de Me François Meyer, qui est intervenu une dizaine de minutes pour son client Alain de Wulf, un ancien conseiller spécial du président d’EADS cité sur les listings Clearstream.

« Ca fait un peu désordre », admettait l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog. Mercredi à 09H30, sur une trentaine d’avocats, il était seul présent à l’audience avec deux autres avocats de parties civiles, Me Kami Haeri, l’un des avocats d’EADS, et Me Meyer. Outre Me Meyer, devaient plaider mercredi matin Mes William Bourdon, François Binet et Pierre Haïk.

Mercredi 8 heures
23 – Le Figaro: Verdict en janvier ?

Selon Le Figaro, le procès, qui aura occupé l’actualité judiciaire pendant tout le mois d’octobre, devrait déboucher sur une décision du tribunal correctionnel de Paris en janvier. On connaîtra alors le sort réservé à Dominique de Villepin dans cette affaire où Nicolas Sarkozy s’est porté partie civile.

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