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Mon procès Clearstream – dixième journée

Lundi 21 heures 25 – Le Figaro: Déclaration de Dominique de Villepin en fin d’audience

Il est 20h30. Au prétexte de poser une question à son client, Me Olivier Metzner donne la parole à Dominique de Villepin. Grave et concentré, l’ancien premier ministre se lance dans un développement solennel d’une vingtaine de minutes, dont voici la quasi-intégralité.

« Je n’ai pas commis de faute. Même si ce soir les rivalités politiques paraissent s’estomper, j’aimerais m’interroger.

De quoi m’accuse-t-on exactement ? Je ne le sais pas tout à fait. D’être à l’origine d’une dénonciation calomnieuse ou d’en être complice par abstention ? Ces accusations sont sans fondement car je n’ai participé à aucun processus frauduleux.

Le 9 janvier 2004, ce n’était pas une réunion de comploteurs, tous les participants l’ont confirmé. Le nom de Nicolas Sarkozy n’y a pas été évoqué en lien avec la détention d’un compte Clearstream. Le 25 mars 2004, je ne suis pas intervenu pour demander la libération d’un homme que je ne connais pas (Imad Lahoud) à un autre qui n’avait pas les moyens de le faire libérer (le général Rondot). En avril, je n’ai pas donné d’instructions à Jean-Louis Gergorin (pour porter les listings truqués au juge Van Ruymbeke) : je n’ai pas la désinvolture de donner des instructions sans me soucier des modalités d’exécution… Je n’ai pas rencontré Jean-Louis Gergorin après le 9 janvier 2004, en relation avec Clearstream (…). Comment croire que j’ai pu avoir connaissance de la fausseté des listings ? Jean-Louis Gergorin et le général Rondot soulignent ma bonne foi. Il y a dans ce dossier un petit miracle : on croit toujours le général Rondot, sauf quand il m’innocente, et on ne croit jamais Jean-Louis Gergorin, sauf quand il m’accuse.

J’ai saisi la DST en juillet 2004 et demandé au général Rondot de lui communiquer toutes les informations dont il disposait. On le voit bien : j’ai fait tout ce que j’estimais être de mon devoir de ministre. J’ai informé le premier ministre et le président de la République par les canaux appropriés. Toutes les accusations portées contre moi supposent que j’ai voulu nuire à Nicolas Sarkozy. Or, c’est moi qui l’ai ramené dans le jeu politique en 1997. Je n’ai jamais répondu aux attaques politiques tout au long de ma carrière.

Je n’avais aucune raison de nuire à Noël Forgeard, qui était le candidat du président Chirac à la tête d’EADS. Tout repose sur un parti-pris : le ministre que j’ai été aurait été impliqué plus que d’autres, celui de la Défense, par exemple. Je n’ai reçu aucune note, aucun dossier. Le fait d’être désigné comme un rival politique de Nicolas Sarkozy me vaut d’être devant vous ; le fait de ne l’être pas vaut à Michèle Alliot-Marie d’être garde des Sceaux.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Il y a eu un dysfonctionnement industriel qui a été occulté, un management qui a fait défaut : tout le monde savait, à EADS, et personne n’a rien fait. J’ai dit à Arnaud Lagardère (actionnaire d’EADS et proche de M. Sarkozy) plus qu’il n’a bien voulu le rapporter, mais peut-être a-t-il ses raisons. Il y a eu un dysfonctionnement du Renseignement : le 25 mars 2004 (jour de la garde à vue d’Imad Lahoud), une source importante du ministère de la Défense a explosé. Il faut croire qu’elle est insubmersible, car elle a reçu beaucoup de soutiens de très haut niveau. Dès 2003, un agent de talent de la DGSE mettait en garde contre cette source si elle parvenait à s’infiltrer au sommet de l’Etat où elle n’avait rien à faire. L’Etat a été confronté à une difficulté, Jean-Pierre Raffarin l’a dit, l’échange et le partage d’informations sont parfois difficiles, mais j’ai essayé d’avancer. Je ne suis pas sûr que tous les autres ministères en aient fait autant, par crainte de mettre un seul doigt dans cette affaire (…).

Je voudrais formuler une requête inhabituelle au tribunal. Je sais qu’il est difficile de se satisfaire de l’idée que, derrière toute cette affaire, il y a un falsificateur, un escroc au renseignement (Imad Lahoud, NDLR). Il est possible que sa fonction justifie que le ministère public requière ma condamnation. Je sais que le procureur, au fond de lui, ne pense pas, comme en 2008 (il était alors sur le point de requérir un non-lieu), qu’on puisse me reprocher une quelconque responsabilité. Mais il lui faut peut-être un bouc-émissaire. Je le lui dis, le cœur léger : qu’il requière aussi avec le cœur léger ; mon honneur n’est pas en cause, mon honneur n’est pas à prendre. J’ai agi dans le sens du service de l’Etat. Cette affaire est nauséabonde, mais pas pour les raisons que l’on croit. Je ne pense pas qu’elle ait une telle dimension politique. On a voulu instruire le procès d’un responsable politique.

Je voudrais terminer par là où j’ai commencé, en 2006, interrogé comme témoin par les juges d’instruction. Oui, je comprends la douleur des parties civiles, oui je comprends qu’on puisse vouloir, avec acharnement, la vérité, y compris de la part de Nicolas Sarkozy. Il n’y a jamais eu de haine dans mon cœur. Ma propre famille a souffert. La vie est devant elle, la vie est devant moi, je ne m’attarderai pas sur cet aspect des choses ».

Lundi 22 heures 48 – Olivier Toscer (Nouvel Observateur): Le président du tribunal, Dominique Pauthe

En tous les cas, il y en a un que tout cela laisse froid: le président du tribunal, Dominique Pauthe.

Pendant tous les débats de fond, ce magistrat calme et placide s’est montré fort passif, répugnant à mettre du rythme dans les confrontations et du poil à gratter dans ses questionnements. Le président Pauthe n’est dupe de rien, pose quelques bonnes questions mais visiblement, il tient plus à l’absence d’incident qu’à la manifestation de la vérité dans ce dossier de poker menteur.

Le très consensuel président Pauthe est un adepte du « pas de vague ». Déduction en terme de verdict: la partie s’annonce mal engagée pour Villepin. Car le verdict qui ne fait pas de vagues est, en ce qui le concerne, un verdict de culpabilité, modéré certes, mais de culpabilité quand même qui permette à l’Elysée de ne pas perde la face.

Mais là, on parle plus vraiment de justice mais de procès politique, non ?

Lundi 21 heures 04 – Blog de Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde: une dernière fois, Dominique de Villepin se lève

Il n’a pas pu laisser passer l’occasion. Ce lundi soir, il est déjà tard quand le président Dominique Pauthe demande aux prévenus s’ils ont quelque chose à ajouter avant la clôture des débats.

Dominique de Villepin, aussitôt, se lève.

“De quoi m’accuse-t-on? j’avoue qu’après trois semaines d’audience, je ne le sais pas tout à fait. D’avoir participé, d’être à l’origine d’une dénonciation calomnieuse, d’être un complice passif par abstention? Toutes ces accusations sont sans fondement. Je n’ai pas participé à un processus frauduleux de dénonciation calomnieuse.

Le 9 janvier n’est pas une réunion de comploteurs. Le 25 mars, puisqu’un coup de fil a été retenu, je n’interviens pas pour demander la libération d’une “source” que je ne connais pas.

En avril, je ne donne pas une instruction à Jean-Louis Gergorin (celle de saisir un juge). Je n’ai pas rencontré Jean-Louis Gergorin au ministère des affaires étrangères et place Beauvau en relation avec l’affaire Clearstream.

On croit toujours Rondot sauf quand il m’innocente et jamais Jean-Louis Gergorin sauf quand il m’accuse.

J’ai fait ce que j’estimais être scrupuleusement mon devoir de ministre.

Toutes les accusations qui sont portées contre moi supposent que j’ai voulu nuire. Nuire à Nicolas Sarkozy: je rappelle que c’est moi qui l’ai ramené dans le jeu politique en 1997.

Toutes les accusations reposent sur un parti pris. Le ministre des affaires étrangères, le ministre de l’intérieur que j’ai été, aurait été plus impliqué que d’autres.

Le fait d’être désigné comme un rival politique me fait comparaître devant vous. Le fait de ne pas être désignée comme rival politique fait de Michèle Alliot-Marie un garde des sceaux.

J’ai une requête à vous faire:

Il est difficile de se satisfaire de ne trouver, derrière toute cette affaire, qu’un falsificateur et un escroc au renseignement. Il va falloir expliquer, justifier. Alors, je pense que le ministère public va requérir dans quelques jours ma condamnation.

Je sais que le procureur ne pense pas que j’ai une quelconque responsabilité dans cette affaire. Mais je sais aussi qu’il peut penser que la fonction qui est la sienne justifie qu’il requiert contre moi.

Dans cette affaire, il faut un bouc émissaire.

Je lui demande de requérir le coeur léger, aussi léger que le mien ce soir. Mon honneur n’est pas à prendre. J’ai agi avec le sens de l’Etat.

Cette affaire Clearstream est nauséabonde. Je ne crois pas qu’elle a la dimension politique qu’on lui a donnée ou qu’elle révèle les turpitudes de l’Etat. Je comprends la douleur des parties civiles, je le dis de toutes les parties civiles, y compris pour Nicolas Sarkozy. C’est dire à quel point il n’y a pas de haine de ma part. »

Lundi 20 heures 54 – AFP: Dominique de Villepin se dit victime d’une « inégalité ministérielle »

Dominique de Villepin s’est dit ce soir victime d’une « inégalité ministérielle », sa rivalité politique avec Nicolas Sarkozy lui ayant valu d’être poursuivi dans l’affaire Clearstream, alors que Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, a été promue.

« Le fait d’être désigné comme un rival politique de Nicolas Sarkozy me vaut d’être aujourd’hui devant vous, ne pas l’être pour Michèle Alliot-Marie lui permet d’être Garde des Sceaux », a déclaré Dominique de Villepin, qui a respectivement occupé les fonctions de ministre des Affaires étrangères, puis de l’Intérieur, durant les prémices de l’affaire Clearstream.

« Toutes ces accusations reposent sur un parti pris, une sorte d’inégalité ministérielle: le ministre que j’ai été aurait été plus impliqué que d’autres », a dénoncé l’ancien Premier ministre, avant d’affirmer: « J’ai fait ce qui était mon devoir de ministre: j’ai informé le Premier ministre, j’ai informé le président de la République, j’ai fait en sorte que toutes les règles soient respectées ».

A l’issue des débats, lundi, M. de Villepin s’est levé pour faire une longue déclaration au tribunal. C’était sa dernière audition avant que ne débutent mardi les plaidoiries des parties civiles.

Durant le procès, la défense de M. de Villepin a à plusieurs reprises affirmé que Mme Alliot-Marie et son directeur de cabinet, Philippe Marland, avaient été régulièrement informés par le général Rondot de l’affaire Clearstream, mais qu’ils n’en avaient jamais alerté personne.

Lundi 20 heures 29 – L’Express: Yves Bertrand, le témoin phare de la journée

L’ancien directeur des Renseignements généraux était le témoin phare du jour au procès Clearstream. Il a démenti toute implication dans l’affaire.

Une « fable totale et rocambolesque »: c’est ainsi qu’Yves Bertrand a qualifié les accusations d’Imad Lahoud. L’ex-informaticien, aujourd’hui professeur de mathématiques, prétend avoir trafiqué ses fameux listings le 9 mars 2004, dans le bureau d’Yves Bertrand, en présence de Jean-Louis Gergorin, l’ancien président d’EADS. Mais l’ex-patron des RG nie avoir jamais rencontré Imad Lahoud ou Jean-Louis Gergorin. Il dit aussi avoir découvert l’existence des dits listings dans Le Point, en juillet 2004.

Yves Bertrand demande à questionner lui-même Imad Lahoud. Il l’enjoint de décrire son bureau. Dominique Pauthe, le président de la 11e chambre du Tribunal correctionnel de Paris, lui rappelle qu’il ne peut s’adresser à lui directement, que c’est lui qui pose les questions: « Le témoin, c’est vous, pas lui ». Rires dans la salle.

Le président pose lui-même la question. Imad Lahoud semble déstabilisé. Il raconte que la fameuse rencontre de mars 2004 s’est déroulée à l’Inspection générale de l’administration, où officiait Yves Bertrand après avoir quitté la tête des RG. « Je n’en ai aucun souvenir, c’était dans les étages mais je ne saurais pas décrire le cheminement », explique laborieusement Imad Lahoud.

Deuxième point de discorde, la rencontre entre le journaliste Denis Robert et Yves Bertrand, au printemps 2001. « Je ne connais pas Denis Robert », affirme Yves Bertrand. Denis Robert lui répond. « En mars-avril 2001, je suis venu dans votre bureau avec le journaliste Jean Nicolas, on a bu un whisky ». « Je me souviens de Jean Nicolas, pas de vous », réplique Yves Bertrand. Pour Denis Robert, l’ »intérêt » d’Yves Bertrand pour le système Clearstream était « évident ». Selon Yves Bertrand, à ce moment, « il n’y avait pas d’affaire de falsification ».

Yves Bertrand évoque aussi ses rencontres avec Nicolas Sarkozy. Dont l’une en février 2005: le futur chef de l’Etat l’au
rait accusé alors de « comploter contre lui avec Phillippe Massoni » – à l’époque conseiller pour les questions de sécurité de Jacques Chirac. « Je vous interdis de lui téléphoner », aurait dit Nicolas Sarkozy.

Yves Bertrand a également été tancé à la barre. Notamment à propos d’une note, datant de mai 2001, dans laquelle il écrit qu’ »Imad Lahoud, un Libanais riche, pourrait travailler contre Lionel Jospin ». Pour Yves Bertrand, « ce n’est qu’un brouillon » venant de carnets « subtilisés ». Jamais, au cours de son témoignage, il ne révèlera la source de cette note.

Invitée à la barre, la commissaire Brigitte Henri, à l’époque directrice des RG en Isère et proche collaboratrice d’Yves Bertrand, dément être la fameuse source. Ce sont pourtant ses initiales, « BH », qui apparaissent en en-tête. Elle dit travailler, à cette époque, sur le dossier de la MNEF. Yves Bertrand confirme: elle ne lui a pas livré le nom d’Imad Lahoud.

Autre différend, une note rédigée par Brigitte Henri en janvier 2004, (à l’époque, elle a quitté les RG pour le secteur privé) à propos d’Imad Lahoud. Yves Bertrand dit ne « jamais » l’avoir reçu. Selon lui, Brigitte Henri n’a jamais reçu « aucune instruction » pour traiter de l’affaire Clearstream, elle ne lui a « jamais parlé d’Imad Lahoud ». Sauf une seule fois, en 2003, où l’ex-commissaire cherchait à adopter au Liban, par l’intermédiaire d’Imad Lahoud.

Mais sa fameuse note n’évoque pas Clearstream, affaire dont elle n’aurait jamais parlé avec Imad Lahoud. « Il parlait du financement du terrorisme, de sa connaissance des réseaux Ben Laden ». Sa note à son sujet aurait pu « intéresser M. Squarcini ». A l’époque chargé de l’anti-terrorisme aux RG, ce proche du chef de l’Etat dirige désorme la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Brigitte Henry souligne aussi qu’Imad Lahoud est le gendre de François Heilbonner, ex-directeur adjoint de cabinet de Jacques Chirac. Yves Bertrand ne sait rien de sa note? Elle rappelle que le terrorisme n’était pas le « domaine de prédilection » de l’ex-patron des RG.

Brigitte Henri défend son ancien patron. « Je n’imagine pas une seule seconde M. Yves Bertrand participer à une telle machination ». C’est, selon elle, « Imad Lahoud qui a trafiqué seul les listings ». A la fin de son témoignage, le président suspend l’audience. A sa sortie, Yves Bertrand n’en dira pas plus qu’à la barre. Mardi, commencent les plaidoiries des parties civiles.

Lundi 19 heures 58 – RFI: L’ancien patron des RG n’a rien à dire sur l’affaire

Il est petit, trapu et il a des problèmes de hanches. Yves Bertrand, l’ancien directeur central des Renseignements généraux, demande donc à s’asseoir, face à la barre et au juge.

Cet ancien grand flic qui a passé douze ans à la tête des RG, possède aussi un sens de l’humour très aiguisé : « Je ne suis absolument pour rien dans cette affaire de bric et de broc, lance-t-il, on se croirait dans un feuilleton de Louis la Brocante ! ».

- Est-il vrai, interroge le président, qu’Imad Lahoud a introduit le nom de Nicolas Sarkozy dans votre bureau, en votre présence ?

- Fable totale et rocambolesque, répond Bertrand. En mars 2004, j’étais déjà à la retraite et je n’ai jamais rencontré Lahoud .

Yves Bertrand affirme n’avoir rien à dire sur l’affaire Clearstream, si ce n’est reconnaît-il, « avoir eu en 2003 un listing de la banque entre les mains. Mais à cette date, il n’y avait rien d’intéressant, pas de noms de politiques ».

Brigitte Henry, qui fut l’adjointe d’Yves Bertrand aux RG, témoigne à son tour : « Je pense que c’est Lahoud qui a trafiqué seul les listings et qui essaie de reporter la responsabilité sur les autres ».

Puis Bertrand enfonce le clou : « Il y a beaucoup de mythomanes dans ce milieu, catégorie redoutable capable de vous envoyer dans les prétoires ».

Au dernier jour des débats, Imad Lahoud semble endosser seul la responsabilité de l’affaire Clearstream.

Lundi 19 heures 35 – Challenges: Pour Philippe Delmas, l’affaire Clearstream porte la « patte » de Gergorin

Pour l’ancien vice-président d’Airbus Philippe Delmas, l’affaire Clearstream porte incontestablement « la patte » de l’ancien vice-président d’EADS, Jean-Louis Gergorin. « Ce n’est pas pour moi l’apparition d’un nom sur un listing mais la destruction d’une carrière professionnelle, une réputation entachée depuis cinq ans », a témoigné l’ancien responsable aéronautique.

Interpellé à l’aéroport de Toulouse-Blagnac le 7 mai 2004, alors qu’il assistait aux cérémonies d’inauguration du site d’assemblage de l’Airbus A380, Philippe Delmas a été la seule personnalité citée dans les listings Clearstream à avoir été placée en garde à vue. Dès ce moment-là, « je sais que c’est une opération de M. Gergorin et je le dis tout de suite » aux gendarmes. « J’ai reconnu (sa) patte, je savais comment il travaillait et de quoi il était capable ». Les listings Clearstream « réunissaient tous les adversaires politiques de M. Gergorin ». « Penser que quelqu’un d’autre a pu rassembler ces noms, c’est une insulte au bon sens », a lâché la partie civile.

L’ancien vice-président a relaté le climat que son ancien collègue avait créé à EADS, « un climat émotionnel », « une sorte de combat moral où il y avait le bien », Lagardère, « et le mal ». « M. Gergorin était l’inquisiteur de tout cela et, au sommet de cette hiérarchie, (il y avait) un personnage satanique qui était M. Gomez », le patron de Thomson, qu’il accusait de tous les maux.

Jean-Louis Gergorin a recruté Imad Lahoud, « un coup formidable » car il maîtrisait l’informatique, a « accroché Dominique de Villepin » en lui permettant de « voir son rival politique » Nicolas Sarkozy « sérieusement compromis » et s’est servi du général Rondot, pour donner « une caution d’un poids considérable » à ses dénonciations.

« C’est une opération signée Gergorin », avec tous ses ingrédients: « la manipulation, la compromission d’autorités publiques et l’impunité malgré des mensonges », a poursuivi Philippe Delmas. « Comme dans les crimes supposés de M. Gomez, comme le chimérique assassinat de Jean-Luc Lagardère (qui aurait été assassiné par la mafia russe, ndlr), il n’y avait pas besoin que les choses soient vraies, mais seulement vraisemblables », a-t-il pointé, avec « toujours la même méthode, le soupçon, dont il reste toujours quelque chose ».

« La dénonciation calomnieuse, c’est un marqueur radioactif », a-t-il conclu.

Lundi 19 heures 04 – Reuters: La guerre interne à EADS s’invite au procès Clearstream

Philippe Delmas, ancien vice-président d’Airbus, a mis en cause l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin lundi au procès de l’affaire Clearstream, où est notamment jugé Dominique de Villepin. Philippe Delmas, qui est partie civile dans l’affaire, est la seule victime dont le nom figurait sur les faux listings de comptes bancaires de cette société luxembourgeoise à avoir subi directement les conséquences de la manipulation. Il a en effet été placé en garde à vue en mai 2004 par le juge Renaud Van Ruymbeke et a subi des perquisitions. Il impute ses problèmes professionnels ultérieurs à la calomnie. Il a été licencié du groupe EADS en 2006.

A la barre, il a estimé que Jean-Louis Gergorin avait fabriqué les faux listings dans le but de l’éliminer, lui et son ami Noël Forgeard, dans la course pour la prise de pouvoir dans le consortium d’aéronautique et de défense européen. Elle a opposé en 2004 ce tandem à celui formé par Jean-Louis Gergorin et Philippe Camus.

Selon lui, Jean-Louis Gergorin a aussi tenté par la même occasion d’éliminer Nicolas Sarkozy de la course à la présidentielle de 2007 en portant son nom sur les faux listings, de manière à ouvrir la voie à son ami Dominique de Villepin. « Il n’y a aucun
doute possible sur la responsabilité de la confection des listes (Clearstream-NDLR). Penser que quelqu’un d’autre a pu rassembler tous ces noms, ce n’est pas une erreur d’appréciation, c’est une insulte au bon sens », a-t-il dit.

Il a souligné que, parallèlement aux faux listings que Jean-Louis Gergorin – s’affirmant de bonne foi – avait remis au juge Renaud Van Ruymbeke en mai 2004, d’autres démarches avaient été entreprises. Jean-Louis Gergorin a en effet soutenu en interne à EADS que Nicolas Sarkozy faisait financer sa campagne présidentielle grâce à des « valises de billets » remises par Philippe Delmas à Brice Hortefeux. Par ailleurs, a ajouté Philippe Delmas, Jean-Louis Gergorin a diffusé dans l’appareil d’Etat des allégations selon lesquelles Nicolas Sarkozy mettait à profit un contrat de matériel de sécurité en Arabie saoudite pour détourner de l’argent. Cette rumeur a amené Jacques Chirac à interrompre en 2003 les discussions sur ce contrat.

La guerre, à en croire Philippe Delmas, avait commencé bien avant, puisqu’il impute aussi à Jean-Louis Gergorin des « informations » données à la presse allemande en 2001 accusant EADS d’avoir financé la campagne du socialiste Lionel Jospin. « J’ai eu bien sûr un préjudice financier, les rémunérations, les stocks-options, les retraites garanties. J’ai perdu ma carrière dans une industrie que j’aimais », a-t-il dit. Il a assuré être toujours soupçonné. « La dénonciation calomnieuse, c’est un marqueur radioactif, quelque chose qui ne vous quitte plus », a-t-il dit.

Lundi 18 heures 32 – AFP: Sale temps pour Imad Lahoud

« Menteur invétéré », « bonimenteur », « mythomane »: un déluge de désaveux est tombée lundi sur Imad Lahoud, le faussaire présumé des listings Clearstream.

Déjà mis en difficulté mercredi lors de la confrontation générale, Imad Lahoud a pour sa part poursuivi sa descente aux enfers.

« Je pense qu’il a seul falsifié les listings et qu’il essaie de reporter sa responsabilité sur les autres », a posément expliqué Brigitte Henri, l’ancienne collaboratrice du patron des RG, Yves Bertrand. Cette femme, aujourd’hui directrice de la conformité dans une banque, avait rencontré Imad Lahoud au printemps 2003 sur les conseils d’un ami journaliste. Elle espérait que ce consultant franco-libanais chez EADS l’aide à adopter un enfant au Liban. Il disait avoir des « contacts très étroits avec le président » libanais, a-t-elle raconté. Mais « j’ai vite compris qu’il me menait en bateau », a-t-elle dit, évoquant « un menteur invétéré ».

Quelques minutes plus tôt, Yves Bertrand n’y était pas allé par quatre chemins. Dans le monde du renseignement, il y a « trois types de personnes qui renseignent: le correspondant, l’informateur et l’indic ». Malheureusement, il y a aussi « des affabulateurs et des mythomanes, une catégorie redoutable qui est capable de nous envoyer dans un prétoire… », avait ironisé l’ancien patron des RG, tenté à plusieurs reprises de diriger les débats.

M. Bertrand, qui se dit étranger à l’affaire, a en effet été gravement mis en cause par Imad Lahoud. Alors qu’il nie avoir ajouté une centaine de noms de personnalités sur les listings Clearstream afin de faire croire qu’elles détenaient des comptes occultes, l’agrégé de mathématiques soutient avoir ajouté le seul nom de Nicolas Sarkozy. Et ce dans le bureau d’Yves Bertrand, en présence de l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin. « C’est une fable totale et rocambolesque. (…) Je n’ai jamais rencontré Lahoud ni dans mon bureau ni ailleurs et je le souligne avec force », a tonné Yves Bertrand dont les carnets ont défrayé la chronique.

Dans la matinée, c’est la belle-soeur de Dominique de Villepin, un temps voisine de la famille Lahoud, qui s’était chargée de miner un peu plus la crédibilité de M. Lahoud. « Jamais je n’ai présenté M. de Villepin à M. Lahoud, jamais aucun dîner n’a été organisé chez moi. Tout cela est pur mensonge, pure calomnie », a assuré Delphine Piloquet. « Imad Lahoud nous avait expliqué qu’en prison il avait rencontré Carlos, qu’il connaissait Oussama Ben Laden », a abondé Michel Piloquet, son époux. A l’époque, « on le prenait pour un bonimenteur, pour un escroc sympathique, mais ce n’était en aucun cas quelqu’un que nous aurions présenté à Dominique ou Marie-Laure de Villepin ».

En fin d’audience, c’est Jean-Louis Gergorin qui a traversé une mauvaise passe avec l’audition de son ex-rival Philippe Delmas, l’ancien vice-président d’Airbus dont le nom figurait sur les listings. Il est le seul à avoir été placé en garde à vue dans cette affaire. Clearstream, « ce n’est pas pour moi l’apparition d’un nom sur un listing, mais la destruction d’une carrière professionnelle, une réputation entachée depuis cinq ans », a-t-il témoigné, convaincu qu’entre « manipulation, compromission d’autorités publiques et impunité malgré des mensonges », cette affaire « porte la patte de Jean-Louis Gergorin ».

Lundi 16 heures 47 – Journal du Dimanche: Yves Bertrand nie avoir rencontré Imad Lahoud

L’ancien patron des Renseignements généraux Yves Bertrand a nié lundi au tribunal de Paris avoir comploté contre Nicolas Sarkozy dans l’affaire des faux listings de la société Clearstream. « Je ne suis ni sarkomaniaque, ni sarkophobe, au contraire », a-t-il dit lors de son audition comme témoin au procès Clearstream. « Il n’y avait aucune partialité dans notre travail. »

L’ancien patron des RG a nié avoir rencontré Imad Lahoud. « C’est une fable totale et rocambolesque. Je n’ai jamais rencontré Lahoud, ni dans mon bureau, ni ailleurs ».

Lundi 14 heures 24 – Exprimeo: Dominique de Villepin et le changement de décor

Dominique de Villepin entame sa dernière semaine de procédure dans un décor politique qui a manifestement changé.

Au moment où une grande majorité de Français souffre de la dureté des temps, le pouvoir présidentiel choque par ses attitudes et irrite par ses mesures.

Il ne suffit d’ignorer superbement le moindre grief au sujet du « bilan présidentiel » pour que ces griefs disparaissent.

Dans ce contexte, Dominique de Villepin a vécu une véritable résurrection. Tous les signes vont désormais vers une candidature présidentielle. Il lui revient de placer ses troupes en ordre de bataille.

De tous les candidats potentiels, Dominique de Villepin est celui qui paraît le plus à même de concilier les deux aspirations majeures des Français : le respect de l’autre et l’espoir pour chacun.

Sur ces bases, la frontière doite / gauche devrait devenir incertaine.

Dans les prochaines semaines, Dominique de Villepin pourrait s’ouvrir à une nouvelle étape, celle du « je ne serai pas candidat sauf si … ».

Cette étape ferait sauter le tabou de la candidature et permettrait d’identifier les circonstances exceptionnelles de nature à imposer sa candidature.

Dans cette perspective, trois repères semblent se dégager :
- l’équilibre social du pays qui impose un partage différent des charges et une ouverture plus positive à l’avenir des plus humbles,
- l’équilibre institutionnel du pays qui impose de redéfinir le contenu des principaux pouvoirs dont l’hyper-présidence et les logiques de réels contre-pouvoirs,
- l’équilibre politique face à la montée d’extrêmes et à certaines résugences qui peuvent mettre en péril le fonctionnement apaisé de la vie démocratique à l’exemple de ces dernières semaines empêtrées dans des polémiques à répétition.

Ces circonstances exceptionnelles pourraient le contraindre à revêtir les habits du candidat Républicain face au candidat des privilèges et aux candidats des intolérances.

Une nouvelle donne est manifestement en train de naître.

Lundi 13 heures 24 – La Tribune: En attendant la reprise de l’audience…

Alors qu’une longue après-midi va débuter, la salle de tribunal bruit de rumeurs sur les peines encourues par les accusés. La condamnation de Villepin rencontre de moins en moins de partisans. Deux vieux routiers des prétoires parient même sur sa relaxe. La condamnation de Lahoud rencontre l’unanimité. Certains pensent même que Maitre Pardo aurait dû citer un expert psychiatre pour mieux assurer la défense de son client.

Les conversations courent en attendant une après-midi chargée. Bien que le programme distribué aux journalistes n’en fasse plus mention, le tribunal devrait entendre Philippe Delmas, la première victime. Au programme officiel cette fois : les auditions d’Yves Bertrand, ancien patron – pendant 12 ans ! – de la Direction centrale des renseignements généraux, puis son adjointe, Brigitte Henry, et les témoins de Jean-Louis Gergorin, un ancien patron de BAE, un ancien patron de la DGSE, un ancien ambassadeur et un polytechnicien spécialiste de cryptographie.

Lundi 12 heures 28 – AFP: Le témoignage de Michel Piloquet, beau-frère de Dominique de Villepin

Voisin de la famille Lahoud depuis 1998, Michel Piloquet, beau-frère de Dominique de Villepin, avait accepté, à la demande d’Imad Lahoud, d’embaucher en mars 2004 une stagiaire dans son entreprise. Cette stagiaire, Anne Casanova, n’était autre que la fille de François Casanova, un agent des RG proche du numéro deux d’alors, Bernard Squarcini, lui-même proche de Nicolas Sarkozy.

Michel Piloquet a raconté comment « autour du 10 mars 2004″, en début d’après-midi, il a retrouvé dans son bureau Anne Casanova en compagnie d’Imad Lahoud avec une clé USB biométrique dans son ordinateur. Toujours aussi « volubile », Imad Lahoud « retourne alors cette situation impromptue », et « me dit qu’Anne Casanova n’arrivait pas à ouvrir un fichier », relate Michel Piloquet. Imad Lahoud lui aurait dit: « je passais dans le quartier, Anne Casanova avait un souci avec un ordinateur, elle m’a appelé ».

Quelques jours plus tard, Anne Casanova met fin à son stage, une décision un peu curieuse pour Michel Piloquet, car elle « s’est arrêtée au milieu du gué, alors que son travail de stagiaire n’était pas terminé ». A l’époque, le témoin ne met pas l’incident « en corrélation avec l’affaire » Clearstream.

« La première idée qui m’est venue, c’est que par curiosité, il voulait entrer (dans l’ordinateur, ndlr) pour savoir quels sont mes contacts ». « Et puis tout récemment, je me suis demandé dans quelle mesure il n’aurait pas cherché à mettre un cheval de Troie dans mon ordinateur pour tracker les échanges ou plus simplement introduire sur mon disque dur un fichier ». « Il aurait pu s’agir d’une manipulation ».

Imad Lahoud, falsificateur présumé des listings Clearstream, a nié avoir tenté de pirater l’ordinateur de Michel Piloquet. Imad Lahoud, qui ne s’était jamais exprimé sur cette affaire révélée il y a trois semaines par Mediapart, a assuré ne s’être jamais « rendu dans les bureaux de Michel Piloquet ». « Cet incident n’a jamais eu lieu », a-t-il dit.

Lundi 12 heures 03 – Nouvel Observateur: La belle-soeur de Dominique de Villepin accable Imad Lahoud

La belle-soeur de Dominique de Villepin a soutenu lundi 12 octobre, lors du procès Clearstream, qu’elle n’avait jamais présenté l’ex-Premier ministre à Imad Lahoud au cours d’un dîner organisé chez elle. Cette déclaration vient contredire les allégations du mathématicien, falsificateur présumé des listings Clearstream.

« C’est un pur mensonge. Jamais je n’ai présenté M. de Villepin à M. Lahoud, jamais aucun dîner n’a été organisé chez moi. Tout cela est pur mensonge, pure calomnie », a dit Delphine Piloquet, soeur de Marie-Laure de Villepin, l’épouse de l’ancien Premier ministre. « Je n’ai jamais dit à mon beau-frère quoi que ce soit sur Imad Lahoud », a ajouté Delphine Piloquet, qui n’a informé sa soeur Marie-Laure que courant 2006 qu’elle connaissait les Lahoud.

« Je pense que ce dîner n’a jamais eu lieu » en 2005, a appuyé Michel Piloquet. Séparé de son épouse à l’époque, il s’est dit certain que sa femme n’aurait pas présenté Imad Lahoud à des proches. « Imad Lahoud nous avait expliqué qu’en prison il avait rencontré Carlos, qu’il connaissait Oussama Ben Laden », a-t-il raconté. A l’époque, « on le prenait pour un bonimenteur, pour un escroc sympathique, mais ce n’était en aucun cas quelqu’un que nous aurions présenté à Dominique ou Marie-Laure de Villepin ».

Delphine Piloquet a également évoqué l’une de ses dernières rencontres avec Imad Lahoud, en 2007. « La dernière fois qu’il est venu chez moi, il est venu seul de manière totalement inattendue, étrange, bizarre et assez angoissante ». C’était un après-midi, « c’était très confus, il est venu avec une grande perche (pour déceler des micros, ndlr) en me disant qu’il était suivi, qu’il avait réussi à déjouer cette filature ». C’était « une mise en scène cocasse, grotesque et un peu inquiétante », a raconté la belle-soeur de Dominique de Villepin, qui a eu alors « l’impression d’être dans un film de James Bond ». « Il m’a dit qu’il aurait rencontré deux fois Nicolas Sarkozy, puis est reparti tout aussi rapidement, toujours dans la confusion et dans une grande nervosité ». « Quelques heures après, sa femme Anne-Gabrielle m’appelle et me dit: ‘il paraît que tu as croisé Imad à la Fnac…’ »

Lundi 11 heures 34 – La Tribune: Et si Lahoud avait falsifié les listings pour cibler Jacques Chirac?

Le président lit une lettre d’un témoin, cité par Gergorin. Le témoin a été en prison avec Lahoud en juin 2002. Celui-ci lui dit qu’il cible Chirac: pour cela il s’était procuré des listes de clients Clearstream. Il raconte également qu’il a rencontré Lahoud avec une certaine Brigitte qui souhaitait adopter un enfant au Liban. Le témoin ne souhaite pas se présenter à l’audience. La lettre a été remise par Maitre Vaconsin son avocat qui est aussi l’avocat de Maître Guilloux, partie civile.

Le président à Lahoud : que pensez vous de cette déclaration ?
Lahoud : c’est entièrement faux. Je n’ai jamais présenté Brigitte Henri (NDLR : adjointe de Yves Bertrand, ancien patron des RG). Je lui ai présenté mon frère Marwan Lahoud (NDLR patron de MBDA à l’époque). Le témoin a été évincé d’un marché en Inde. C’est entièrement faux, faux et faux.

Le président : il a dit que vous avez travaillé pour la police ?
Lahoud : tout est faux.

Lundi 10 heures 30 – AFP: François Gonthier mentionne une intervention de Dominique de Villepin

Dominique de Villepin serait intervenu en 2004 auprès du Lycée français de Beyrouth, à la demande d’Imad Lahoud, le falsificateur présumé des listings Clearstream, a affirmé lundi l’entrepreneur François Gonthier, dont le nom figurait sur les faux listings.

Lors d’un déjeuner au Liban en 2005, « il m’a été rapporté, devant toute la famille, que c’était grâce à Imad et à l’intervention de Dominique de Villepin que la petite Zoé était entrée au lycée français » à la rentrée 2004, a témoigné M. Gonthier, parent par alliance d’Imad Lahoud.

La petite Zoé étant la nièce d’Imad Lahoud, une telle intervention corroborerait une proximité entre l’ancien Premier ministre et l’agrégé de mathématiques, proximité que M. de Villepin a toujours niée.

L’avocat de Dominique de Villepin, Me Olivier Metzner, est alors intervenu pour rappeler qu’à l’époque, « Dominique de Villepin n’était pas au quai d’Orsay, alors que la femme d’Imad Lahoud, elle, y était ». Il n’aurait donc pu intervenir auprès du Lycée français.

« Je ne suis pas un adepte de l’interventionnisme personnalisé », a acquiescé l’ancien diplomate, avant de se rasseoir.

L’avocat de Nicolas Sarkozy Me Thierry Herzog a mis en avant cette apparente proximité avec la proche famille de Dominique de Villepin pour tenter d’accréditer l’idée qu’un complot avait uni les deux hommes contre Nicolas Sarkozy. De son côté, Me Metzner, l’avocat de l’ancien Premier ministre, a souligné qu’Imad Lahoud fréquentait dès 2004 des proches de Nicolas Sarkozy, comme François Pérol qui a été son collaborateur dans plusieurs ministères. Il s’agit, pour la défense, de montrer que Nicolas Sarkozy a pu savoir très tôt qu’une machination se préparait contre lui, et qu’il aurait alors décidé de retourner l’affaire contre son rival de l’époque dans la course à l’Elysée.

Interrogé pendant l’audience ce matin, Imad Lahoud a démenti que Dominique de Villepin soit intervenu en aucune façon pour faire entrer sa nièce au lycée français de Beyrouth.

Lundi 08 heures 03 – Challenges: Dernière journée avant les plaidoiries

La dernière journée d’audience du procès Clearstream avant les plaidoiries, lundi 12 octobre, devrait notamment être marquée par le témoignage de Philippe Delmas, l’ancien vice-président d’Airbus, dont le nom était cité dans les listings falsifiés. Il avait été la seule personne à être placée en garde à vue dans cette affaire, après avoir été interpellé lors de l’inauguration de l’usine A380 de Blagnac. L’un des co-prévenus, son ancien ami Jean-Louis Gergorin, est soupçonné d’avoir voulu lui nuire dans le cadre de la guerre qui opposait, pour la tête d’EADS, Noël Forgeard et Philippe Camus. Après la mort de Jean-Luc Lagardère en mars 2003, les deux hommes, respectivement secondés par Philippe Delmas et Jean-Louis Gergorin, s’étaient déchirés, Noël Forgeard finissant par l’emporter.

Parmi les derniers témoins figure également l’ancien patron des Renseignements généraux, Yves Bertrand, qui affirme être étranger à l’affaire, alors que Imad Lahoud a expliqué avoir ajouté le nom de Nicolas Sarkozy dans les listings depuis son bureau, début 2004.

Après ces témoignages viendront donc le temps des plaidoiries, avec celle de l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, lundi 19 octobre, puis le réquisitoire, mardi 20. A l’issue des plaidoiries de la défense, le jugement devrait ensuite être mis en délibéré à début 2010

Lundi 04 heures – France Soir: Le tribunal va entendre Yves Bertrand, l’ancien patron des RG

La quatrième semaine du procès Clearstream devrait être plus paisible que les précédentes, au moins pour Dominique de Villepin. Après s’être penché sur les fiches bristol du général Rondot, le tribunal examine aujourd’hui (lundi) les carnets d’Yves Bertrand, l’ex-directeur des Renseignements généraux.

Jusqu’à ce lundi, le président Pauthe avait organisé son procès en demi-journées d’audience, trois par semaine, ouverture des débats à 13 h 30 et clôture en soirée. A partir d’aujourd’hui, les prévenus sont convoqués à 9 heures pour entendre les derniers témoins et, dès mardi, les plaidoiries des parties civiles. Parmi les treize personnes appelées à déposer ce jour, Yves Bertrand et la commissaire Brigitte Henri, qui fut une dévouée collaboratrice.

L’ancien directeur central des RG est très attendu, notamment par l’avocat Allain Guilloux, victime de la machination, qui le soupçonne d’avoir « soufflé » des noms au(x) falsificateur(s) des listings de la chambre de compensation Clearstream. Accusation dont Yves Bertrand se défend avec vigueur. Comme il a nié avoir assisté, dans son bureau, à l’ajout du nom de Nicolas Sarkozy, sous la forme « Stéphane Bocsa » et « Paul de Nagy », par Imad Lahoud.

L’ex-numéro un des RG, « sorti à coups de pied au cul », selon son expression, de l’Inspection générale de l’administration et mis à la retraite, sera donc interrogé sur cette prétendue visite Place Beauvau. Egalement sur ses liens avec Dominique de Villepin et sur ses déclarations concernant la connaissance que le ministre Nicolas Sarkozy avait du dossier au printemps 2004. Yves Bertrand affirme que ce dernier « a su plus tôt qu’il ne le dit » être une cible des comploteurs.

Yves Bertrand est formel : il n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec le dossier Clearstream, contrairement à ce que subodorent plusieurs parties civiles, dont le président Sarkozy qui s’en est toujours méfié. Le chef de l’Etat a d’ailleurs porté plainte, le 16 octobre 2008, contre Yves Bertrand. Il le poursuit pour atteinte à la vie privée, faux et usage de faux, dénonciation calomnieuse, les agendas de l’ex-policier étant truffés de ragots à son endroit. Au tribunal, il va devoir expliquer pourquoi le nom de Lahoud figure sur ses fameux carnets, saisis par la justice à l’instar des notes du général Rondot.

« Je ne connais pas Imad Lahoud, martèle-t-il, je ne l’ai jamais rencontré, pas plus que Jean-Louis Gergorin. » Il est cependant acquis que l’informaticien, falsificateur présumé des listings, a été en contact étroit avec François Casanova, policier des RG décédé, et surtout avec la très fidèle collaboratrice d’Yves Bertrand, l’ex-commissaire Brigitte Henri. Elle a reconnu avoir « toujours rendu compte » à son patron de ses entretiens avec Lahoud, ce que dément l’ancien homme fort des RG. Bataille en perspective à l’audience.

Dimanche 17 heures 44 – France 2: Yves Bertrand à la barre comme témoin lundi

L’ancien patron des Renseignements généraux, Yves Bertrand, est convoqué comme témoin lundi au procès Clearstream. Imad Lahoud, auteur présumé des faux listings de l’affaire Clearstream, dit y avoir ajouté début 2004 les noms patronymiques de Nicolas Sarkozy depuis le bureau d’Yves Bertrand. Ce dernier nie connaître Imad Lahoud.

L’audition de plusieurs parties civiles, notamment de Philippe Delmas, ancien vice-président d’Airbus (groupe EADS), seul à avoir été placé en garde à vue dans cette affaire, est également prévue lundi.

Dès mardi débuteront les plaidoiries des parties civiles. Le réquisitoire du procureur Jean-Claude Marin aura lieu le mardi 20. A l’issue des plaidoiries de la défense, le jugement devrait ensuite être mis en délibéré à début 2010.

Dimanche 15 heures 54 – Journal du Dimanche: Me Herzog, le chasseur du président

(…) Tout les oppose dans cette salle d’audience transformée en arène. D’un côté, la proie,
de l’autre, le chasseur. D’un côté, l’avocat, chargé de planter des banderilles à chaque séance. De l’autre, l’ancien Premier ministre, qui se jette dans l’affrontement, les dents serrées, et décoche des coups de griffe dès qu’il se sent acculé. Une ambiance de corrida. Une bête blessée au centre du jeu. Et une mise à mort annoncée. « Entre eux deux, les choses sont allées loin, il y aura un mort », pronostique un des spectateurs de ce procès dantesque.

« Si tu veux y arriver, tu dois entrer dans la salle en étant celui qui connaît le mieux le dossier », avait prévenu son ami, Me Hervé Temime. Thierry Herzog, 54 ans samedi, a retenu la leçon. A part deux concerts de Johnny, son idole absolue, il a annulé le reste de ses vacances à La Baule puis à Nice avec sa femme, Cécile. L’été sera studieux. « Je dois bien ça à Nicolas. Il m’a fait confiance. Je ne dois pas le décevoir », expliquait Herzog au début du procès, un brin tendu. Avec « Nicolas », ils se sont connus au barreau, ont prêté serment le même jour, se jurant du même coup une amitié pour toujours. (…)

Thierry Herzog est vraiment devenu « son » avocat dans le dossier Clearstream. Il est du coup un des premiers à avoir mesuré l’ampleur de la révolte chez Sarkozy. « Quand il m’a demandé de se constituer partie civile, aucun politique n’avait alors osé », confie-t-il. Herzog, en janvier 2006, comprend dans la même seconde, qu’élu président ou pas, son client ira jusqu’au bout. Et qu’il a une cible.

Entre Herzog et « DDV », pas de round d’observation. « Je suis là par la volonté et l’acharnement d’un homme qui s’appelle Nicolas Sarkozy », déclare Villepin devant les caméras. Puis ses avocats demandent le départ de la « partie civile Sarkozy ». Herzog a dû monter en ligne à froid. « S’ils me sortent, je défendrai Hortefeux avec Gueshe Le Fur, je défendrai Charon, mais ils ne me feront pas taire », prévenait-il. « Ils » ne l’ont pas sorti. Et l’avocat du Président a fumé une Gitanes de plaisir en haut des marches du Palais.

Sa partie pouvait commencer. Et quel début! Premier interrogatoire d’Imad Lahoud. Première banderille. « Monsieur Lahoud, connaissez-vous monsieur de Villepin? », questionne Herzog. Silence. Puis « oui… » Depuis son siège du premier rang, « DDV » s’est lentement retourné vers l’avocat et lui a décoché un regard à faire peur. Le premier d’une longue série. La suite est une succession d’anicroches. Avec Me Metzner d’abord, un des quatre avocats de Villepin. « Arrêtez de nous prendre pour des cons, vous pouvez poser quarante fois la même question, vous aurez quarante fois la même réponse », s’emporte Metzner.

Villepin, glacial: « Vous étiez moins agressif, Maître Herzog, quand vous veniez me voir à l’Elysée… » « J’étais avocat, cher confrère, le secret professionnel m’empêche de vous répondre… je le regrette », réplique Herzog, froidement. « Non, vous n’étiez pas avocat », insiste Villepin, sourire mitraillette. Une autre fois, Metzner provoquera une suspension d’audience pour un échange avec Herzog. « Avec Metzner, ils se détestent depuis des années… « , décode un autre avocat. (…)

Cette fois-ci, c’est un des prévenus qui tremble. A chaque audience –il y en a eu neuf à ce jour– Herzog sort des documents dénichés dans les recoins du dossier. « Quelle est la cote? » interroge à chaque fois un des avocats de Villepin, nerveux. « Herzog va parfois trop vite, il est difficile à suivre, il a parfois trop le nez dans le guidon, mais il ne va pas les lâcher », analyse Pierre Martinez, un ancien commissaire victime, lui aussi, du corbeau.

La partie n’est pas finie. Le sera-t-elle jamais? « L’objectif de Thierry est de poser toutes ses banderilles d’ici à sa plaidoirie », explique un autre avocat. Vieille technique des arènes. Faire courir l’adversaire. Le surprendre. Le fatiguer. La plaidoirie est prévue pour le 19 octobre. Et vu son air tranquille au soir de la confrontation Rondot-Villepin, vu son air goguenard après avoir posé ses vingt-cinq questions à Gergorin, qui a égréné vingt-cinq « je confirme », on devine qu’Herzog a déjà tissé sa toile. Et qu’à la façon d’un tableau de Dali, dont on ne comprend pas immédiatement le sens, la fresque apparaîtra d’un coup. Comme un des cauchemars du peintre.

« Attendez, vous verrez », répète l’avocat, qui va jouer la plaidoirie de toute une vie. Combien de temps lui faudra-t-il pour son dernier acte? Poincaré, pour un banal divorce, avait répondu au président du tribunal qui lui posait la question, « mais toute la journée »… Le 19 octobre, Herzog devrait prendre son temps. Et faire durer le plaisir.

Vendredi 20 heures – AFP: Me Metzner dénonce une ingérence de l’appareil d’Etat

L’un des avocats de Dominique de Villepin, Olivier Metzner, a dénoncé vendredi une « ingérence de l’appareil d’Etat » dans le procès Clearstream, après les déclarations de Claude Guéant et de Patrick Ouart, deux conseillers de Nicolas Sarkozy.

« Contrairement à ce qu’il affirme, Nicolas Sarkozy n’est pas une partie civile comme les autres », a réaffirmé à l’AFP Me Metzner. « Il y a une ingérence de l’appareil d’Etat dans ce procès par le président, son plus proche conseiller (Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, ndlr) et le conseiller justice de l’Elysée (Patrick Ouart, ndlr) ».

Dans un ouvrage à paraître (« Justice, le ministère infernal », du journaliste Matthieu Delahousse), Patrick Ouart affirme qu’il « conseille Nicolas Sarkozy » dans le cadre de l’affaire Clearstream, dans laquelle le président est partie civile. « Ses intérêts sont défendus par un duo formé de Thierry Herzog (l’avocat de M. Sarkozy, ndlr) et moi-même. Mais je ne suis pas dans un conflit d’intérêts », soutient M. Ouart.

Pour Me Metzner, « le conseiller justice de l’Elysée se pose en co-défenseur de Nicolas Sarkozy, c’est gravissime comme propos ». « Il est payé par qui? Par les Français. Il se commet d’office aux frais de l’Etat », a-t-il dénoncé.

Me Metzner dit également s’interroger sur la « proximité » entre Imad Lahoud, falsificateur présumé des listings Clearstream, et « le cercle rapproché » de Nicolas Sarkozy, notamment François Pérol, avec qui il a déjeuné ou dîné à une quinzaine de reprises entre février 2004 et juillet 2005. François Pérol a été directeur adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy à Bercy, puis secrétaire général adjoint de l’Elysée.

Soupçonné de la faillite frauduleuse du fonds d’investissement Volter en 2000, Imad Lahoud encourait des poursuites par le Conseil de Discipline de la Gestion financière (CDGF) pour ne pas avoir déclaré de compte dépositaire pour ce fonds d’investissement, a-t-il expliqué, reprenant des informations du site Médiapart. Le compte dépositaire est censé permettre la localisation des fonds. En son absence, les 42 millions de dollars du fonds Volter se sont évaporés. Il revenait notamment au représentant du Trésor au CDGF (à l’époque François Pérol) de saisir le Conseil de discipline de cette absence de déclaration de compte dépositaire, ce qui n’a pas été fait. Ouverte depuis huit ans, l’enquête judiciaire est toujours en cours d’instruction par le juge Jean-Marie d’Huy.

« Un haut commis de l’Etat va dîner 15 fois avec un gars soupçonné d’avoir piqué 42 millions de dollars », s’est étonné Me Metzner, s’interrogeant sur un « lien » entre les affaires du fonds Volter et Clearstream.

Jeudi 18 heures 02 – Reuters: Dominique de Villepin exhume une « affaire »

L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a évoqué une affaire qu’il juge gênante pour Nicolas Sarkozy dans le procès de l’affaire Clearstream où il est prévenu face au chef de l’Etat, partie civile. Lors de l’audience de mercredi, l’ancien Premier ministre a nié avoir comploté contre son rival et expliqué en substance que s’il avait voulu s
usciter une enquête pour le compromettre, il aurait pu s’appuyer sur une affaire de contrat en Arabie saoudite.

« En janvier 2004, le président de la République (Jacques Chirac-NDLR) venait de prendre une décision grave. Celle d’interdire au ministre de l’Intérieur (Nicolas Sarkozy) et aux membres de son entourage, notamment messieurs Guéant et Hortefeux, de se rendre en Arabie Saoudite », a-t-il dit à l’audience.

Dominique de Villepin – à l’époque ministre des Affaires étrangères – a expliqué que Jacques Chirac avait pris cette décision à cause de « rumeurs et de suspicions ».

Il s’agit d’une allusion au dossier du contrat appelé « Miksa » et qui avait en effet donné lieu à un différend au plus haut niveau de l’Etat fin 2003. Ce projet visant à équiper les milliers de kilomètres de frontières saoudiennes de matériels de surveillance, d’un montant estimé à plusieurs milliards d’euros, devait être conclu fin 2003 par Nicolas Sarkozy lors d’un voyage sur place.

Un ordre de l’Elysée avait contraint Nicolas Sarkozy à annuler le voyage et à transférer la gestion du projet à la présidence. L’Elysée avait alors reproché à Nicolas Sarkozy et son entourage des montages financiers jugés opaques en marge de ce contrat.

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