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Mon procès Clearstream – neuvième journée

Neuvième journée d’audience au procès Clearstream, avec Jean-Pierre Raffarin en ouverture, avant la confrontation entre le général Rondot et les prévenus.

Dominique de Villepin a, une nouvelle fois, nié toute participation à l’affaire Clearstream, et à fortiori à tout complot contre Nicolas Sarkozy: « Toute l’histoire de ma relation avec Nicolas Sarkozy montre que, non seulement, je n’ai pas voulu régler des comptes, mais que j’ai fait abstraction des coups qui m’étaient portés », a dit-il sur une question du procureur.

Mercredi 22 heures – Le Journal du Dimanche: La contre-attaque de Dominique de Villepin face au général Rondot

C’était la journée la plus attendue du procès Clearstream. D’autant plus attendue que le général Rondot a sévèrement mis en cause lundi Dominique de Villepin. L’ancien Premier ministre a donc contre-attaqué, en tentant de discréditer le maître espion. Il a rappelé un épisode crucial de l’affaire, lorsqu’Imad Lahoud, faussaire présumé des listings, a été placé en garde à vue en mars 2004 pour une autre affaire d’escroquerie et de faux. Le mathématicien est sorti de ce mauvais pas par le général Rondot qui, à l’époque, était chargé d’enquêter sur ses listings et donc de traiter avec lui.

Villepin a reproché au militaire d’avoir poursuivi son travail malgré cet épisode, qui aurait dû lui faire comprendre que le mathématicien était un imposteur. « J’apprécie les hommes qui, dans l’ombre, se mettent au service de l’Etat. Mais cette source était infiltrée dans l’appareil d’Etat et au sommet de l’Etat », a asséné l’ancien Premier ministre. Imad Lahoud était en effet parvenu à se faire recruter à la DGSE en se disant détenteur de secrets. « Ce jour-là, Imad Lahoud était en garde à vue pour faux et escroquerie. Ce 25 mars, tout aurait pu s’arrêter », a lancé le prévenu.

Mercredi 20 heures 59 – Le Figaro: Jean-Pierre Raffarin « ne sait pas où est la vérité »

L’ancien premier ministre a affiché à l’audience une désarmante ignorance de l’affaire. Jean-Pierre Raffarin n’était pas le mieux informé du dossier au sein du gouvernement dont il était le chef. Alors que le général Rondot avait enquêté, missionné par la Défense, dès l’automne 2003, alors que Dominique de Villepin avait organisé une réunion sur le même sujet aux Affaires étran­gères le 9 janvier 2004, alors que le juge Van Ruymbeke s’est retrouvé aux prises avec les fichiers pourris en avril de la même année, l’ancien premier ministre a dû attendre le 5 juillet pour apprendre, de la bouche de M. de Villepin, alors à l’Intérieur… que Le Point en savait plus que lui et s’apprêtait à le publier.

«J’ai tout de suite eu une réaction de distance, expose-t-il. C’était une information parmi mille autres, et la justice était saisie.» Interrogé par le président, il reconnaît que cela «pose le problème de la transmission d’un dossier dans l’appareil d’État . Toute la question éthique réside dans l’appréciation du ministre de la nécessité de transmettre». Ni Michèle Alliot-Marie ni Dominique de Villepin ne l’ont jugé utile.

M. Raffarin demande au garde des Sceaux d’informer son collègue de l’Économie et des Finances, Nicolas Sarkozy, de la présence potentielle du nom de son père sur les listings. «J’ai senti monter sa révolte progressivement , se souvient-il, notamment quand le ministre de la Justice lui a indiqué que des commissions rogatoires avaient été lancées.»

Le président : «Quand avez-vous su que le général Rondot était intervenu ?»
Réponse désarmante du témoin : «Pas avant 2006», l’affaire étant alors sur la place publique.
Le procureur, Jean-Claude Marin : «M. de Villepin a-t-il évoqué devant vous des instructions de Jacques Chirac ?»
Le témoin : «En aucun cas, à ma connaissance, le président de la République n’a été impliqué dans cette affaire.»

Me Luc Brossolet, l’un des conseils de M. de Villepin : «Dès octobre 2003, le ministère de la Défense apprend que des noms d’hommes politiques peuvent figurer sur des listes. Le ministre de l’époque (MAM, NDLR) vous en a-t-il fait part ?»
Le témoin : «Absolument pas.
Au moment des révélations du Point , en juillet 2004, vous passe-t-elle un coup de téléphone ?
- Absolument pas.»

Embarrassé par cette mise à nu d’un fonctionnement curieux au sommet de l’État, il se réfugie dans des généralités : «Nous étions dans une procédure exceptionnelle. Les comportements habituels ne sont pas forcément adaptés…» Ou encore : «Je ne sais toujours pas où est la vérité.» Il est bon, parfois, de revendiquer son ignorance.

Mercredi 20 heures 56 – Le Monde: « Toute l’histoire de ma relation avec Nicolas Sarkozy montre que, non seulement je n’ai pas voulu régler des comptes, mais que j’ai fait abstraction des coups qui m’étaient portés. »

« Toute l’histoire de ma relation avec Nicolas Sarkozy montre que, non seulement je n’ai pas voulu régler des comptes, mais que j’ai fait abstraction des coups qui m’étaient portés. » L’ancien premier ministre Dominique de Villepin a contre-attaqué mercredi 7 octobre, devant le tribunal de Paris. Il a notamment mis en cause le général Rondot, un témoin qui l’accuse dans le procès de l’affaire Clearstream.

« Je veux bien qu’on m’accuse de beaucoup de choses, mais de rivalités, de coups tordus, non. L’histoire le prouve », a-t-il clamé devant le tribunal. Il a expliqué qu’il s’était contenté de demander, le 9 janvier 2004, une enquête au général Philippe Rondot sur de faux listings de comptes bancaires de la société Clearstream et qu’il n’avait jamais été question de Nicolas Sarkozy. Evoquant sa rencontre avec le général Rondot, il a ajouté : « Je n’ai pas demandé au général Rondot de venir ce jour-là avec ses fiches bristol et son petit crayon à une réunion de comploteurs. Ce n’est pas ma conception de la République. » Cette déclaration du principal prévenu du procès est survenue après sept heures d’audience, marquées par une confrontation parfois rude avec le général Rondot, qui maintient ses accusations contre lui.

M. Rondot avait affirmé, lundi, qu’il avait bien été question de Nicolas Sarkozy lors de cette réunion du 9 janvier 2004. Il a maintenu mercredi que Dominique de Villepin l’avait appelé au téléphone le 25 mars 2004 pour lui demander de faire libérer l’informaticien Imad Lahoud. Ce dernier, auteur présumé des faux listings, avait été placé en garde à vue pour une autre affaire d’escroquerie et de faux. L’épisode est donc crucial puisque Dominique de Villepin est soupçonné d’avoir cherché à protéger le principal responsable de la manipulation. Dominique de Villepin a répliqué en reprochant à Philippe Rondot, chargé d’enquêter sur les listings en 2004, d’avoir poursuivi son travail après le placement en garde à vue d’Imad Lahoud. A ses yeux, le général aurait dû se rendre compte à ce moment-là que cet homme qui avait produit les listings était un imposteur. « J’apprécie les hommes qui, dans l’ombre, se mettent au service de l’Etat. Mais cette source était infiltrée dans l’appareil d’Etat et au sommet de l’Etat », a dit Dominique de Villepin, regardant le témoin debout à côté de lui.

Imad Lahoud était en effet parvenu à se faire recruter à la DGSE – services secrets – en se disant détenteur de secrets. « Ce jour-là, Imad Lahoud était en garde à vue pour faux et escroquerie. Ce 25 mars, tout aurait pu s’arrêter », a ajouté Dominique de Villepin. De son côté, Jean-Louis Gergorin, le vice-président d’EADS, a assuré aussi avoir appelé Dominique de Villepin le 25 mars 2004 pour demander lui aussi une intervention en faveur de Lahoud. Dominique de Villepin a encore nié avoir reçu cet appel. « Il y a manifestement un malentendu entre vous », a conclu le président du tribunal, alors que l’audience approchait de sa fin.

Mercredi 20 heures 01 – Le Figaro: Dominique de Villepin nie « avoir comploté »

Même si la confrontation générale organisée ce mercredi, au procès Clearstream, se révèle globalement peu productive, chacun campant sur ses positions, elle a pour effet de faire montrer la pression. Il est environ 19h30 quand Dominique de Villepin s’empare du micro. Il est alors question de la fameuse réunion du 9 janvier 2004, au cours de laquelle, au Quai d’Orsay, il aurait missionné le général Rondot, en présence de Jean-Louis Gergorin, pour enquêter sur les listings qui s’avèreront truqués. Selon l’accusation, le nom de Nicolas Sarkozy aurait été prononcé, ce qui signerait une volonté de lui nuire dès cette date, alors que son patronyme n’apparaît officiellement qu’au printemps suivant.

L’ancien premier ministre est débout, tourné vers le vice-procureur Romain Victor qui le surplombe, à sa droite, et l’interroge. La colère qu’il contenait jusqu’à présent éclate, froide et sèche. Tandis que les débats s’enlisent d’un point de vue judiciaire, il entend leur donner une lecture purement politique, prenant violemment à partie l’actuel président de la République et certains de ses proches.

«Je n’ai pas demandé au général Rondot de venir avec ses fiches et ses petits crayons pour en faire le scribe d’un ministre qui complote, déclare-t-il, tendu à l’extrême. Si j’avais voulu régler des comptes avec Nicolas Sarkozy, ce que je n’ai jamais fait, ignorant même les coups qui m’étaient portés, pourquoi ne pas s’intéresser à Claude Guéant ou Brice Hortefeux, qui alimentent les soupçons sur de grands contrats financiers ? Cela n’a pas été le cas, cela ne figure donc pas dans les fiches du général Rondot. Le 9 janvier 2004, nous n’avons jamais évoqué Nicolas Sarkozy en lien avec des comptes bancaires cachés. On ne demande pas au général Rondot ou, plus tard, à un service comme la DST de faire une enquête si on veut comploter ! Une dénonciation calomnieuse a ceci de particulier, en matière politique, qu’elle signe la mort de celui qui en est à l’origine. Il faudrait n’avoir aucun sens de sa propre survie, aucun sens de son honneur pour agir de la sorte. Il y a ici quelque chose de scandaleux, et le général Rondot peut en témoigner : nous n’avons pas comploté».

Mercredi 19 heures 49 – AFP: Confrontés, les prévenus bataillent parole contre parole

Dominique de Villepin, Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin se sont renvoyés la balle mercredi soir à l’occasion de leur confrontation devant le tribunal correctionnel de Paris, tous campant fermement sur leurs positions et s’accusant mutuellement d’être impliqués dans l’affaire Clearstream.

Une semaine après son audition, Dominique de Villepin est confronté à ses deux principaux contradicteurs : son co-prévenu Jean-Louis Gergorin et le général Philippe Rondot, témoin au procès, qui avait enquêté dès 2003 sur les listings Clearstream pour le compte du ministère de la Défense.

Alors que Dominique de Villepin nie vigoureusement toute complicité, le général Rondot lui a apporté lundi, lors de son témoignage, de nombreuses contradictions. Le militaire avait notamment affirmé que le ministre était intervenu le 25 mars 2004 auprès de lui pour faire libérer Imad Lahoud, alors placé en garde à vue pour une affaire d’escroquerie.

« Je n’ai pas tenu ces propos », a répété M. de Villepin. « Je n’ai pas demandé la libération d’Imad Lahoud que je ne connaissais pas ». Dans ses notes, Philippe Rondot « a résumé mes propos en une formule lapidaire, mais ce n’est pas la formule que j’ai moi-même employée », il y a eu une « incompréhension », une « mauvaise interprétation ». Toujours aussi droit dans ses bottes, le général Rondot maintient ses premières déclarations : « je n’ai pas de raison d’inventer », « je ne suis pas un serpent avec un joueur de flûte ».

La partie de ping pong a ensuite continué entre MM. Villepin et l’ancien vice président d’EADS, Jean-Louis Gergorin.

- Gergorin : le 25 mars 2004, « j’ai joint indirectement M. de Villepin »
- Villepin : « il ne m’a jamais joint ni directement ni indirectement au téléphone ».

Se référant à la réunion du 9 janvier 2004, au cours de laquelle Jean-Louis Gergorin lui avait exposé, en présence du général Rondot, le système Clearstream, M. de Villepin a déclaré: « le général le dit bien (dans ses notes, ndlr), ce n’était pas une réunion de comploteurs, je ne lui ai pas demandé de venir avec ses fiches bristol et son petit crayon pour être le scribe d’un ministre qui complote ». « Nous n’avons pas évoqué, à aucun moment Nicolas Sarkozy à cette réunion comme titulaire d’un compte Clearstream », a-t-il martelé.

Plus tôt, dans une ambiance pour le moins dissipée, le président Dominique Pauthe avait commencé par confronter les faussaires présumés, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, au général Rondot. Dans cette bataille d’arguties, c’est le mathématicien Imad Lahoud qui semblait mercredi soir avoir vu sa crédibilité la plus sérieusement écornée. Il a répété avoir agi « à la merci » de Gergorin, qui « voulait à tout prix que le général Rondot pousse ses enquêtes sur ces histoires de listings Clearstream ». « Je confirme avoir donné » des documents au général Rondot « sur demande de Jean-Louis Gergorin », a-t-il dit. Mais « je n’ai pas rajouté les noms, je n’ai pas falsifié les fichiers ». « Tout venait d’Imad Lahoud ! C’est une aberration ce qu’il dit », lui a répondu l’ancien responsable d’EADS. « Je n’ai pas rédigé » la première lettre de dénonciation anonyme au juge Renaud van Ruymbeke, « comme le prétend Jean-Louis Gergorin », a ajouté l’ancien trader. Mais alors comment se fait-il que quelques jours plus tard, il remette ces documents au général Rondot, lui demande le président Dominique Pauthe. C’est le journaliste Denis Robert, ami de Renaud van Ruymbeke, qui lui aurait remis. Une version tout bonnement démentie par le journaliste.

Etrange attitude également d’Imad Lahoud à l’égard de son ancien officier traitant, le général Rondot : tantôt il l’accuse de mentir devant le tribunal, tantôt il lui présente ses plus plates excuses, pour l’avoir « trompé » en 2004 alors que le militaire l’avait toujours « très bien traité et respecté ».

Mercredi 19 heures 16 – La Tribune: Compte-rendu d’audience (4/4)

Le substitut à Villepin : que pensez vous de la réécriture de Rondot ?
Villepin : c’est une vraie question. Lorsque des notes sont écrites puis réécrites. Demande n’est pas une injonction ni une instruction. Par ailleurs, je n’ai rien demandé à Rondot puisque je réagis à une information qu’il me donne. Par ailleurs, il note en relation avec le ministère de la défense : « tous aux abris », en flèche : Lahoud et Gergorin. Rondot obéit aux instructions du ministère de la défense, pas à celles de l’Intérieur. Les bristols où Rondot note quelques mots n’existent pas. Nous avons des notes réécrites à partir de ces bristols. Le 9 janvier, j’aurais abusé de mes prérogatives en abusant des instructions présidentielles. Comment passe-t-on à des instructions générales que j’ai données à des instructions spécifiques sur Clearstream ?

Je ne reprend que les notes de Rondot : il note que j’ai rendu compte au président de la République. C’est vrai. Le président de la République m’a indiqué la plus grande vigilance sur les engagements internationaux et la moralisation de la vie économique. A ce moment, nous étions en discussion du contrat Miksa (NDLR : gigantesque contrat de sécurité des frontières de l’Arabie saoudite). Nous avons demandé au ministre de l’intérieur de ne pas aller dans ce pays. Je n’ai pas à partager ces informations. J’écoute, j’écoute, j’écoute et je pose quelques questions. C’était une réunion d’information. Ce n’était pas une réunion de comploteur. Je n’ai pas appelé Rondot avec son carnet et son petit crayon pour être le scribe d’une réunion de comploteurs. Si, et je dis si, cette réunion avait été une réunion de comploteurs lorsque Gergorin évoque les réseaux tangentiels, un ministre qui complote en parle, parle d’Hortefeux qui va souvent dans ces pays arabes là, on parle des intermédiaires financiers, ça, ce n’est pas dans la fiche de Rondot. Nous n’avons jamais évoqué Sarkozy en lien avec Clearstream. Une dénonciation calomnieuse en matière politique a ceci de particulier qu’elle signe la mort du ministre. Ce n’est pas avoir le sens de sa propre survie et de l’honneur. Voilà pourquoi toutes vos questions, Monsieur le procureur, sont sans fondement, j’y répondrai volontiers mais il y a quelques chose de scandaleux dans cette audience.

Une déclaration faite d’une voix forte, emportée, signe une volonté de Villepin de répondre politiquement aux déclarations de Rondot et aux questions du procureur.

Après ce coup de sang de Villepin, coup de sang visiblement bien calculé, le président suspend la séance.

Mercredi 18 heures 32 – La Tribune: Compte-rendu d’audience (3/4)

Le président à Villepin : vous avez revu Rondot le 19 juillet. Entre temps, pas de contact ?
Villepin : oui.
Rondot : je le confirme.

Le président : pendant ce temps, il y aurait eu des rencontres entre Gergorin et Villepin ?
Rondot : oui, mais je n’en connais pas la teneur ; Gergorin m’en rapporte ce que Villepin lui en a dit sur l’affaire.
Le président : Gergorin vous parle ensuite de mission présidentielle ?
Rondot : non. Gergorin n’a jamais fait état d’instruction présidentielle. Lorsqu’il transmet au juge Van Ruymbeke. Il ne fait pas état d’instruction.

Le président à Gergorin : quelles sont les rencontres avec Villepin ?
Gergorin : nous étions dans la continuité de la réunion du 9 janvier. Mon statut n’était pas clair, mais il était clair que Villepin souhaitait être informé de la suite de l’affaire. On était dans ce contexte. Il y a eu changement de contexte en avril 2004 lorsque Villepin a dit qu’il fait saisir un juge sur instruction du président de la République.

Le président : pourquoi n’avez-vous pas mentionné ces instructions à Rondot ?
Gergorin : c’était la garantie du secret. A partir du 9 janvier, les opérations de Lahoud et les vérifications de Rondot rentrent dans ce cadre des instructions présidentielles. En avril, c’est différent : il s’agit de saisir un juge.
Rondot : je confirme. Je suis soulagé lorsque l’affaire passe entre les mains d’un juge.

Le président : avez vous cherché à prévenir le ministre de l’intérieur de cette réorientation du dossier ?
Rondot : je ne suis pas chargé de la communication interministérielle.
Le président : qu’est ce qui va provoquer le 19 juillet, date de rencontre avec Villepin ?
Rondot : je lui résume la chronologie de mes démarches, les résultats. Il y a des doutes, mais très peu. Je lui fait part de mon sentiment. Villepin ne parle pas de la démarche effectuée auprès du juge. Donc je ne lui en parle pas.
Le président : qu’est ce qui a pu provoquer cette réunion ?
Rondot : peut-être une visite de MAM chez Villepin.

Mercredi 18 heures 24 – Nouvel Observateur: Patrick Ouart, le conseiller justice de l’Elysée, assume servir les intérêts de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Clearstream

L’Elysée est-il intervenu directement dans la procédure judiciaire autour de l’affaire Clearstream ? La question n’est pas nouvelle. Mais elle revient avec plus de force alors que le conseiller justice de Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart, assume pleinement : « dans ce dossier, je conseille Nicolas Sarkozy ». Dans « Justice, le ministère infernal », un livre d’entretien avec le journaliste Mathieu Delahousse, à paraître le 14 octobre aux éditions Flammarion et dont des extraits ont été publiés mercredi 7 octobre, Patrick Ouart explique comment, depuis l’Elysée, il surveille Rachida Dati, embourbée dans une guerre de tranchée avec les magistrats. Une surveillance si rapprochée que Patrick Ouart est alors surnommé « le vrai ministre » de la Justice.

Patrick Ouart ne s’embarrasse pas de langue de bois sur le dossier Clearstream : « Le président veut en avoir la maîtrise », reconnaît-il. « Dans ce dossier, je conseille Nicolas Sarkozy. Ses intérêts sont défendus par un duo formé de Thierry Herzog et moi-même », précise-t-il encore. « Ce pourrait être une privatisation de ma fonction. Mais ce n’est pas le cas. (…) Je ne suis pas dans un conflit d’intérêts », estime Patrick Ouart.

Qu’importe si le principe de séparation des pouvoirs en prend un coup. Et qu’importe si le même homme sert le président de la République, garant de l’indépendance de la justice, et Nicolas Sarkozy, partie civile dans le procès. De quoi démentir ceux qui, à l’UMP, affirment que le président est une partie civile comme les autres.

Mercredi 18 heures 22 – Nouvel Observateur: Les prévenus sont sur le ring face au général Rondot

C’est aux alentours de 16h30 que la 9e audience du procès Clearstream est entrée, mercredi 7 octobre, dans sa phase la plus attendue : la confrontation du général Philippe Rondot avec les prévenus, le mathématicien Imad Lahoud, l’ex président d’EADS Jean-Louis Gergorin et Dominique de Villepin.

Tandis que les deux premiers étaient interrogés, l’ancien Premier ministre, lui, est resté assis et silencieux avant de prendre enfin la parole au bout d’une heure et demi de ce régime : « J’aurais donné l’instruction de faire libérer Lahoud et personne ne l’aurait exécuté ? », a-t-il lancé. La véritable confrontation Villepin-Rondot est cependant attendue pour plus tard dans la soirée.

Imad Lahoud, lui, s’est fait copieusement houspiller par le président Dominique Pauthe et les avocats, comme le rapporte notre journaliste présent au tribunal correctionnel de Paris. « Votre version est incohérente dans son ensemble », a lancé le président. « Il y a des choses que vous dîtes que l’on ne comprend pas », a même fait remarquer l’avocat d’Imad Lahoud à son client.

Mercredi 18 heures 20 – La Tribune: Compte-rendu d’audience (2/4)

Maitre Metzner : (selon vos carnets), vous recevez une demande du ministre. L’exécutez vous ?
Rondot : je ne l’exécute pas.

Maître Metzner : vous dites : je reconnais avoir menti sur PV.
Rondot : A quel propos ?
Maitre Metzner : ce n’est pas à moi à répondre. vous dites avoir menti.
Rondot : je refuse de répondre à cette question car je n’ai pas les éléments.
Maitre Metzner : c’est vrai que vous refusez toujours de répondre quand vous n’avez pas de notes ….

Brouhaha.

Maitre Metzner : un ministre vous appelle, selon vos notes, vous ne le rappelez pas pour rendre compte.
Rondot : il ne me demande pas de rendre compte. Il me demande de libérer Lahoud, ce que je ne fais pas.
Maitre Metzner : vous refusez de rappeler un ministre.
Rondot : ce n’est pas mon ministre.

Maitre Brossolet, autre avocat de Villepin : avez-vous la capacité de faire libérer une source ?
Rondot : je n’ai aucune capacité.
Maître Brossolet : pourquoi Villepin vous aurait demandé de libérer Lahoud ?
Rondot : je ne suis pas dans la tête de Villepin.

Mercredi 17 heures 35 – La Tribune: Compte-rendu d’audience (1/4)

Le président : la chronologie après votre garde à vue du 25 mars 2004 ?
Lahoud : Gergorin m’explique que je dois ma libération à Villepin. Villepin a appelé Rondot pour lui dire : tu ne le lâches pas.

Rondot : je m’en tiens à ce qui a été noté dans mon agenda. Non, ce ne sont pas les propos de Villepin. Villepin a évoqué les attentats de Madrid. On ne s’y est pas attardé. J’ai compris que la démarche était de faire libérer la source. Aucun nom n’a été prononcé.

Le président : Villepin ?
Villepin : je n’ai pas tenu ces propos. J’allais à un sommet européen consacré aux attenats de Madrid. Rondot évoque une indélicatesse commise par Gergorin. Il me dit que sa source est en danger. Rondot dit qu’il a résumé dans une formule lapidaire. Il y a pu y avoir une mauvaise interprétation. Rondot rend compte à Marland de cette affaire. MAM ne réagit pas. J’ai indiqué que tout aurait du s’arrêter le 25 mars. Une source est inculpée pour faux. Il ne s’est rien passé. Je m’interpelle. Je l’interroge. Cette source n’était pas infiltrée dans un milieu hostile où on soutient jusqu’au bout. Cette source est infiltrée au sommet de l’Etat. Elle est convaincue de faux. J’ai la conviction qu’il y aurait du y avoir interrogation et décision. Le ministère de la Defense ne réagit pas. Je n’ai pas demandé la libération de Lahoud que je ne connaissais pas.

Le président : Gergorin?
Gergorin : cette source était une source unique sur une affaire majeure et crédible. Cette source, il lui arrive quelque chose. Je préviens qu’elle est en danger. Je suis en Angleterre. J’appelle Rondot puis Villepin. Il y a une instruction présidentielle. Et je ne fais plus rien.

Le président : comment joignez vous Villepin ?
Villepin : Gergorin n’a jamais eu le moyen de me joindre. Il ne m’a jamais joint.
Gergorin : je maintiens.

Le micro de Villepin ne fonctionne pas. Une voix : il faut demander à Lahoud pour le réparer.
Villepin rigole.
Villepin : la consigne était de ne pas me passer Gergorin.
Rondot : la note que j’ai fait est un document officiel.
Villepin : il y a une note de Rondot à Marland, une note faite quatre jours après les faits. Rondot a résumé en une note lapidaire. Il y a eu mauvaise interprétation.

Le président : Gergorin, vous avez informé Villepin que la source était en garde à vue.
Gergorin : c’était la source d’une affaire majeure et d’une enquête menée sur instruction du président de la République.
Villepin : je n’ai confié aucune mission le 9 janvier. Lahoud était la source du ministère de la Défense.

Mercredi 16 heures 20 – France 24: Confrontation très attendue entre Dominique de Villepin et le général Rondot

C’est le jour du face à face au procès Clearstream. Après s’être exprimés séparément devant le juge – à qui ils ont exposé leur point de vue, très différents, sur l’affaire -, le général Philippe Rondot et l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin sont tous deux attendus à la barre, ce mercredi, pour confronter leur version des faits. Le premier déposera en tant que témoin, tandis que le second sera entendu en qualité de prévenu.

Lundi, le général Rondot avait affirmé que Dominique de Villepin savait dès janvier 2004 que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur les listings falsifiés de la banque de compensation luxembourgeoise. Ce que dément l’ancien Premier ministre…

Le 9 janvier 2004, raconte le général Rondot, « le nom de Nicolas Sarkozy est cité, par les uns ou par les autres. Effectivement, Jean-Louis Gergorin évoque un compte couplé (appartenant à) un certain Bocsa, le liant à Nicolas Sarkozy. Je le note sans comprendre ». Le militaire se souvient avoir écrit par la suite : « Belle construction intellectuelle qui accroche Dominique de Villepin. » L’ancien Premier ministre réfute cette version des faits.

Autre point de divergence entre les deux hommes : le militaire affirme que, dans cette affaire de réseaux occultes de blanchiment, M. de Villepin œuvrait sur les instructions du président de la République d’alors, Jacques Chirac. « J’étais d’autant plus troublé, rapporte le général Rondot, qu’il m’a demandé de ne pas en avertir Michèle Alliot-Marie », alors ministre de la Défense, de qui Rondot dépendait, « sous prétexte que son mari (avait) des liens avec les milieux d’affaires ».

Depuis le début de l’enquête, Dominique de Villepin affirme, lui, n’avoir appris que plus tard que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur les faux listings, de même qu’il nie s’être recommandé d’instructions présidentielles. L’ancien Premier ministre a critiqué « les incohérences » des carnets du général Rondot. Selon lui, ces notes « ne retranscrivent pas la réalité historique ». La confrontation des deux hommes sera donc, sûrement, très instructive…

Mercredi 16 heures – AFP: Jean-Pierre Raffarin défend Dominique de Villepin

L’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a défendu mercredi Dominique de Villepin, poursuivi pour sa gestion inhabituelle de l’affaire Clearstream, en estimant qu’une affaire si « sensible » justifiait « une procédure exceptionnelle », devant le tribunal correctionnel de Paris.

« J’ai été informé de cette affaire au mois de juillet 2004, quelques jours avant la publication du journal Le Point », a raconté le sénateur UMP de la Vienne. C’est son ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin, qui l’alerte de la publication imminente d’un article mettant en cause des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, qui détiendraient des comptes occultes, a-t-il dit. Jean-Pierre Raffarin avertit alors lui-même son ministre de l’Economie du fait que son nom est cité sur les listings Clearstream.

Il a de plus déclaré n’avoir pas trouvé anormal que Dominique de Villepin garde le dossier des listings quand il est passé du poste de ministre des affaires étrangères à celui de l’intérieur, en 2004. « Je ne vois pas là une situation aberrante », a-t-il dit. Jean-Pierre Raffarin ne s’est par ailleurs pas offusqué de ne pas avoir été mis au courant par Dominique de Villepin avant juillet 2004: « Transmettre un dossier, c’est parfois lui donner une ampleur dont on ne sait pas s’il le mérite », a justifié M. Raffarin, ne trouvant « pas aberrant » qu’on ne « sollicite pas sa hiérarchie sur des rumeurs », si on ne juge pas les informations « suffisamment sûres ». « On commence par valider l’information ». Selon lui, « en aucun cas, le président de la République n’a été invoqué dans cette affaire par quiconque ». « Nous sommes là dans une situation exceptionnelle, d’une extrême sensibilité, et les comportements habituels ne sont pas systématiquement adaptés à cette situation », a plaidé le sénateur, dont le proche conseiller Dominique Ambiel figurait sur les listings. Ce qu’il n’a appris qu’en 2006.

Jean-Pierre Raffarin a par ailleurs mis en cause les silences de l’ancienne ministre de la Défense. Michèle Alliot-Marie, a-t-il témoigné, ne l’a en effet « absolument pas » averti qu’elle avait, dès l’automne 2003, confié une mission sur les listings Clearstream à un conseiller spécial du ministère, le général Rondot. Un point supplémentaire pour Dominique de Villepin, seul membre du gouvernement poursuivi dans cette affaire pour n’avoir pas dénoncé assez vite l’affaire à la justice, alors que d’autres auraient également pu tenter de stopper la calomnie.

Par la suite, des témoins convoqués par les défenseurs du journaliste Denis Robert se succèdent à la barre. Serge July (son ancien directeur de la rédaction à l’époque de Libération), Pascal Laurent (réalisateur) et Laurent Beccaria (éditeur de Denis Robert). Le professionnalisme et l’hônneteté de Denis Robert ne fait aucun doute pour les trois témoins. Mais l’attention du public est ailleurs : tout le monde attend le duel Rondot-Villepin. Deux hommes, deux styles, deux vérités ?

Mercredi 15 heures 25 – AP: Jean-Pierre Raffarin ne savait rien jusqu’aux révélations du Point

Jean-Pierre Raffarin a affirmé mercredi au procès Clearstream « n’avoir été informé de cette affaire qu’en juillet 2004, quelques jours avant la parution des listings dans ‘Le Point’ », bien qu’il ait été Premier ministre à cette époque.

« C’est au printemps 2006 que j’ai appris d’autres informations », a-t-il déclaré à la barre, où il était cité comme témoin. L’actuel sénateur de la Vienne a dit « attendre la justice pour savoir ce qui était vrai ou pas » dans cette affaire.

Pour lui, si l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin et l’ancienne ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie ne lui ont pas transmis les informations sur Clearstream avant juillet 2004, alors qu’il dirigeait le gouvernement, « c’est parce qu’on ne transmet que des informations sûres. » Quant au général Philippe Rondot, « je n’en ai entendu parlé qu’en 2006, au moment où il y a eu des échos dans la presse », a déclaré M. Raffarin.

Mercredi 14 heures 29 – Le Monde: hier mardi, l’ex-patron de la DST a pointé l’ »erreur » de Nicolas Sarkozy dans la chronologie de l’affaire

Le préfet ne manque pas d’un certain courage. Ils ne sont pas si nombreux à oser expliquer, en plein tribunal, que Nicolas Sarkozy est tellement occupé qu’il « s’est trompé » en déposant devant les juges de l’affaire Clearstream. Pierre de Bousquet de Florian, c’est vrai, a déjà été puni. L’ancien directeur de la DST, la direction de la surveillance du territoire, a été muté en janvier préfet du Pas-de-Calais, mais il lui reste toujours la perspective déplaisante de finir sur un croc de boucher.

Le patron de la DST qui était soucieux, à raison, de ne pas être soupçonné de monter une enquête parallèle, n’a jamais pris, à tort, l’affaire Clearstream très au sérieux. Il a expliqué, mardi 6 octobre, que Dominique de Villepin, alors ministre de l’intérieur, lui en avait seulement touché un mot début juillet 2004 sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay en lui disant, « regarde ce qu’il y a derrière » – les deux hommes se tutoient.

Le directeur de la DST n’en avait jamais entendu parler, son ministre n’a pas jugé utile de lui signaler qu’il avait déjà chargé un ancien de la DST, le général Philippe Rondot, d’enquêter sur Clearstream dès le 9 janvier. C’est que Dominique de Villepin « n’est pas forcément un
adepte du management participatif », plaisante le préfet.

« Il nous a fallu quelques jours pour récupérer la liste et l’examiner, a indiqué Pierre de Bousquet, je ne voyais pas tellement le sens de tout ça, si ce n’est qu’il y avait des noms d’industriels de l’armement, des Russes, des politiques et un de nos collaborateurs. » Dont ceux de Nagy et Bocsa, discrète allusion au patronyme complet de Nicolas Sarkozy : deux heures plus tard, Pierre de Bousquet prévient Claude Guéant, le directeur de cabinet de Sarkozy, alors ministre des finances. « Il m’a remercié, il n’a pas fait de commentaires. »

Le patron de la DST téléphone à son homologue au Luxembourg, qui se renseigne et lui explique qu’il s’agit à coup sûr « d’une vieille affaire », un listing volé à Clearstream. « Sans doute aurions-nous dû creuser davantage, admet le préfet, mais je savais que le dossier était déjà judiciarisé, aux mains du juge Renaud Van Ruymbeke. C’est comme cela que nous sommes partis exclusivement sur la recherche de celui qu’on appelle le corbeau. » C’est plus facile. Il y a, sur le listing, tous les ennemis « réels ou supposés » de Jean-Louis Gergorin. « La liste était tellement « gergorinesque » qu’elle l’était peut-être trop, sourit le préfet. On s’est dit, c’est pas possible, aussi azimuté que soit Gergorin, ça paraît incroyable. »

C’est alors qu’une source apporte le 20 septembre à la DST un document de la main de Gergorin faisant correspondre des numéros à des noms qui apparaissaient sur le listing. « Cela me paraît suffisamment convaincant, explique le préfet, je vais voir Dominique de Villepin, je lui montre le papier en lui disant que je ne pouvais en certifier la véracité. Mais si ce papier était juste, soit Gergorin était un délinquant, soit il était fou et ça pose un problème pour le numéro trois d’EADS. Je lui ai dit qu’il faudrait en parler à Arnaud Lagardère. » Le ministre prend rendez-vous devant lui pour un petit déjeuner, mais M. Lagardère a dit aux juges que M. de Villepin lui avait seulement signalé que M. Gergorin « s’agitait ».

L’affaire commence à sentir le roussi à la mi-octobre 2004. Après des appels « un peu pressants » de Nicolas Sarkozy, Bousquet de Florian est convoqué par les deux ministres, M. de Villepin et son rival de toujours. « Les doléances de Nicolas Sarkozy, je les avais eues par téléphone, raconte-t-il. Il y avait trois points : la DST a fait un rapport, ce rapport m’innocente, vous me le cachez. Il faut confier l’affaire à la justice. Et il faut purger la campagne présidentielle de tous ces miasmes. »

Ce rapport de la DST sur Clearstream n’a jamais existé, soutient le préfet. « J’ai de nouveau été mis en cause de façon vigoureuse sur ma loyauté, se torture le préfet. Il est très difficile de se défendre contre quelque chose qui n’existe pas. » Thierry Herzog, l’avocat du président de la République, n’en croit pas un mot. « Nicolas Sarkozy a indiqué dans sa déposition que M. de Bousquet de Florian l’avait informé quelques jours avant la parution du Point « , qui sort l’affaire le 8 juillet 2004. « Avec tout le respect que je lui dois, articule prudemment le préfet, je pense qu’il commet une erreur, je l’ai informé peu après la parution de l’article, après que j’ai eu la liste. »

Me Herzog insiste. « J’ai dit tout le respect que j’ai pour le président de la République, s’accroche Pierre de Bousquet, il a été mon ministre, je l’ai servi pendant trois ans loyalement. Mais Nicolas Sarkozy est très occupé. Dans sa déposition, assurément de bonne foi, il dit autre chose qui n’a pas existé : un rendez-vous que j’aurais eu avec Claude Guéant et lui au ministère des finances. Guéant m’a dit : « Viens déjeuner ». Je ne l’ai pas fait. Ce n’était pas dans ma position de discuter au pied levé avec quelqu’un que j’ai beaucoup aimé servir. » Un avocat de M. de Villepin lui demande si M. Sarkozy n’a pas été informé de l’affaire bien plus tôt qu’il ne veut bien l’admettre. « C’est une question que je me suis posée, répond le préfet, et je ne suis pas le seul. C’est une question que je me suis aussi posée pour Dominique de Villepin. »

Mercredi 10 heures 38 – Nouvel Observateur: La « compassion » d’Alain Juppé

L’ancien Premier ministre Alain Juppé a exprimé mercredi de la « compassion » pour Dominique de Villepin, un des cinq prévenus du procès Clearstream, et trouve « ce déballage mauvais pour tout le monde ».

Le maire UMP de Bordeaux éprouve « bien sûr » de la compassion pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. « J’ai avec Dominique de Villepin des relations d’amitié anciennes et qui sont intactes », a-t-il affirmé sur France Info.

« Je n’ai pas très envie de m’exprimer là-dessus parce que je m’y suis brûlé les ailes, et je n’ai pas envie de porter de jugement sur le déroulement d’un procès ou sur le fonctionnement de la machine judiciaire », a ajouté l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Lui-même frappé d’inéligibilité en 2004 dans l’affaire des emplois fictifs du RPR, M. Juppé avait « ressenti cela comme totalement inhumain ».

Interrogé sur le terme de « coupable » employé par Nicolas Sarkozy au sujet des mis en cause dans l’affaire Clearstream, Alain Juppé a rappelé que « la présomption d’innocence est un fondement de tout état de droit de toute démocratie ». « Je n’ai pas envie de mettre des bons points et des mauvais points », a-t-il cependant ajouté. « Je pense que globalement ce déballage est mauvais pour tout le monde », a conclu l’ancien Premier ministre.

Mercredi 8 heures 46 – La Dépêche: Aujourd’hui, la confrontation entre le général Rondot et Dominique de Villepin

Cette confrontation a toutes les chances d’être la clef de voûte du procès. Lundi, le témoignage du maître espion a fait apparaître de redoutables divergences avec la présentation des faits et du rôle qu’il s’attribue par l’ancien Premier ministre. Mais pas une seconde il n’a été établi que celui-ci s’était livré à la « dénonciation calomnieuse » pour laquelle il est poursuivi.

Sous la houlette du président Pauthe et du procureur, Jean-Claude Marin, le prévenu et le témoin devront confronter leurs affirmations. Dominique de Villepin va devoir s’expliquer sur plusieurs notes consignées dans les précieux carnets du général qui relatent la chronologie de l’affaire Clearstream, sur deux en particulier qu’il a jusqu’ici niés. D’abord, le 25 mars 2004 quand Imad Lahoud, qui a reconnu avoir falsifié les listings est placé en garde à vue dans une affaire d’escroquerie, Villepin alors ministre des Affaires étrangères, aurait donné l’ordre à Philippe Rondot de « se débrouiller pour le faire libérer ».

Deuxième écueil de taille, la note du 19 juillet 2004 qui fait dire à Dominique de Villepin, « si nous apparaissons, le PR (Président de la République, Jacques Chirac) et moi, nous sautons ». Lors de son interrogatoire Dominique de Villepin a prétendu qu’il s’agit d’un anachronisme, la formule serait de Nicolas Sarkozy, en octobre 2004. Écumant de rage, celui-ci aurait menacé son rival et Chirac au cas où ceux-ci dissimuleraient un rapport de la DST. Par le biais de son avocat, Me Herzog, Nicolas Sarkozy a démenti cette interprétation en décembre 2006.

Mercredi 7 heures 41 – Ouest France: Le juge et les frégates

Renaud Van Ruymbeke était sur la sellette, hier. Jean-Louis Gergorin l’a-t-il manipulé ?

Renaud Van Ruymbeke, 57 ans, est contacté en avril 2004 par Jean-Louis Gergorin, le vice-président d’EADS, son avocat. L’homme a des révélations à lui faire. Dans l’affaire des frégates, dont il est saisi, le juge se heurte au secret défense. « Le dossier est dans une impasse totale. » Gergorin lui apporte peut-être l’éclaircie. Deux rencontres s’organisent. Le prévenu, aujourd’hui décrit comme un obsédé du complot, apparaît au contraire au juge, « conv
aincant, convaincu, de totale bonne foi ». Sinon, s’il manipule de faux listings, pourquoi prendrait-il le risque d’alerter un juge ? « Je ne peux pas penser qu’il se tire une balle dans le pied.»

Premier courrier anonyme. Le juge y pioche ce qui lui semble concerner la seule affaire des frégates. « J’ai instruit en toute transparence. » Dès le mois de mai 2004, l’envoi anonyme est intégré à la procédure. il est donc à la disposition des avocats de la société Thalès (ex-Thomson). Parmi eux, un certain Thierry Herzog, avocat par ailleurs de Nicolas Sarkozy.

Alors l’audience s’emballe. Empoignade verbale entre Herzog et les avocats de Dominique de Villepin. Ils déploient désormais leur argument choc : Nicolas Sarkozy a été informé bien plus tôt qu’il ne l’a dit de l’affaire Clearstream. Aujourd’hui, nouvelle confrontation entre les parties autour du général Rondot. Nouvelle joute garantie.

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