Huitième jour d’audience au procès Clearstream, avec notamment l’audition du juge Renaud van Ruymbeke et celle de l’ancien patron de la DST, Pierre Bousquet de Florian.
Selon le juge Van Ruymbeke, les avocats de Nicolas Sarkozy étaient informés dès juin 2004 que les patronymes Nagy et Bocsa figuraient dans les courriers qui lui avaient été envoyés et ils ne se sont pas manifestés.
Mercredi, le procès reprend à 13 h 30: confrontation du général Rondot avec les accusés et audition des témoins de Jean-Louis Gergorin et de Denis Robert.
Mardi 21 heures 56 – AFP: Pour l’ancien patron de la DST, Pierre Bousquet de Florian, tant le ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin que celui des Finances Nicolas Sarkozy « avaient des informations qui n’avaient pas été communiquées » à la Direction de la surveillance du territoire
L’ancien patron de la DST, qui a enquêté à l’été 2004 sur la véracité des listings Clearstream, a déclaré mardi devant le tribunal correctionnel de Paris que dans cette affaire de dénonciation calomnieuse, « les ministres savaient des choses qu’on ne savait pas ».
En juillet 2004, « je me suis dit, les ministres savaient des choses qu’on ne savait pas », a témoigné Pierre de Bousquet de Florian. Tant le ministre de l’Intérieur Dominique de Villepin que celui des Finances Nicolas Sarkozy « avaient des informations qui n’avaient pas été communiquées » à la Direction de la surveillance du territoire, a dit le préfet du Pas-de-Calais.
A ses yeux, Nicolas Sarkozy aurait même « été désinformé sur cette affaire », l’homme politique ayant un temps pensé que la DST avait rédigé un rapport l’innocentant alors que selon lui, ce rapport n’a jamais existé. Face aux juges, le préfet a regretté la façon dont Nicolas Sarkozy l’a, en octobre 2004 lors d’une réunion en présence de Dominique de Villepin, « mis en cause, de façon assez vigoureuse (…) sur le rapport de loyauté et de protection qui aurait fait défaut au ministre d’Etat ». « Je me suis défendu comme j’ai pu mais c’est très difficile de se défendre contre une semblable accusation », a-t-il regretté, refusant « ce procès en loyauté ».
En juillet 2004, Dominique de Villepin avait, lors d’une brève conversation sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay, demandé au patron de la DST d’enquêter sur les listings Clearstream. « Nous avons tiré quelques sonnettes », mais « nous n’avons pas lancé d’investigations très poussées », a expliqué le responsable, reconnaissant : « Peut-être aurions-nous pu plus creuser », mais « que n’aurait-on pas dit si la DST avait lancé des opérations formelles dans cette affaire », alors que le dossier était « judiciarisé ».
A cette époque, le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke enquêtait en effet sur les listings dans le cadre de l’instruction sur les frégates de Taïwan. Quant au parquet de Paris, il avait lancé une enquête préliminaire pour vérifier l’authenticité des listings bancaires sur lesquels figuraient des noms de personnalités, dont Nicolas Sarkozy.
Mardi 21 heures – Le Figaro: Au procès Clearstream, les avocats s’énervent
Le procès Clearstream se poursuit dans une atmosphère marécageuse. Le tribunal progresse, si l’on peut dire, sur le terrain mou et nauséabond des non-dits, des règlements de compte entre prévenus, avocats, témoins. Le juge Renaud Van Ruymbeke comparaît dans ce contexte. Il relate comment, en avril 2004, il a été mis en contact avec Jean-Louis Gergorin, lors de deux rencontres secrètes au domicile privé d’un avocat, Thibault de Montbrial. À cette époque et peut-être encore maintenant, l’élégant et respecté magistrat est obnubilé par l’enquête impossible qui lui fut confiée, en 2001, sur l’affaire des frégates de Taïwan et leurs rétro-commissions astronomiques. Jour après jour, il se heurte au secret-défense que lui oppose la firme Thales, «avec l’aval des pouvoirs publics ». «J’étais dans les frégates», ressasse-t-il pour mieux justifier son peu d’intérêt pour Clearstream et ses listings frelatés.
M. Gergorin constitue pour lui une aubaine potentielle, qui lui fait miroiter l’accès direct aux comptes bancaires engraissés par l’argent sale, par le truchement d’un «informaticien de génie». Chacun aura reconnu Imad Lahoud. Aujourd’hui, le prétoire se gausse. Mais en avril 2004, le juge a le droit d’y croire. Il va bientôt recevoir des lettres anonymes, puisque M. Gergorin, «polytechnicien, énarque, vice-président d’EADS», ne veut pas apparaître en procédure : il craint pour sa vie. Le prétoire, à nouveau, se gondole. Mais en 2004, le juge a le droit d’y croire, car il y a eu «trois morts suspectes en marge du dossier». «Si Jean-Louis Gergorin sait que les listings sont faux, pourquoi se tire-t-il une balle dans le pied en me les apportant ?», renchérit M. Van Ruymbeke, qui l’a donc trouvé«de bonne foi».
On connaît la suite : ses commissions rogatoires reviennent. Toutes les vérifications sont négatives. Le magistrat lâche quelques petites phrases à double détente : la deuxième lettre anonyme qu’il a reçue en juin 2004 a été communiquée au parquet le 13 juillet, qui ouvre une enquête préliminaire. C’est dans celle-ci que figure le nom de Nicolas Sarkozy. Or, le procureur de l’époque, Yves Bot, est réputé proche de lui : l’actuel chef de l’État, partie civile, aurait-il appris bien plus tôt qu’il ne le dit sa mise en cause délictuelle ? D’autant que le juge note que la partie civile du dossier des frégates, Thales, a pour avocat Me Thierry Herzog, ici conseil de M. Sarkozy. Ce que nul n’ignore et dont personne ne se cache.
Vient le temps des questions. Me Maurice Lantourne, avocat de Florian Bourges (le prévenu un peu oublié qui a «sorti» les vrais listings de Clearstream avant qu’ils ne soient trafiqués par d’autres), manifestement, cherche des noises au témoin. M. Van Ruymbeke est à l’étroit, car il est sous la menace d’une mesure disciplinaire pour son comportement peu orthodoxe dans le dossier. Le ton, rapidement, vire à l’aigre. (…)
Puis Me Metzner, conseil de l’ancien premier ministre, se lève. Il est, depuis le début du procès, en grande forme et s’attaque avec malice à un dossier qui n’est globalement pas favorable à son client. (…) Il insiste sur ce qui, croit-il, gêne la plus célèbre des quarante parties civiles : l’ubiquité procédurale de Me Herzog, à la fois chez Thales et à l’Élysée. C’est de bonne guerre, bien que sans incidence à première vue sur la culpabilité ou l’innocence des prévenus.
Mais Me Lantourne, décidément querelleur, bondit pour un rappel à la confraternité. Me Metzner grince : «Je ne sais pas si vous êtes le mieux placé pour donner des leçons de déontologie.» Tollé. Le procès Clearstream, auquel on ne comprend pas grand-chose, va-t-il tourner à la bataille de chiffonniers ? Le président suspend. On va chercher Me Le Borgne, vice-bâtonnier désigné. À 17 h 20, il vient, solennellement, prononcer les formules d’apaisement rituelles : «Il m’a été affirmé que les propos ne visaient pas un avocat» (rires).
Mardi 19 heures 12 – L’Express: La déposition limpide du juge Van Ruymbeke
Le magistrat, un temps dépositaire du listing où figurait, notamment, le nom de Nicolas Sarkozy, s’est expliqué devant le tribunal correctionnel de Paris. Provoquant malgré lui un violent accrochage entre les avocats de la défense et des parties civiles. Après le général Rondot lundi, le juge Renaud Van Ruymbeke était, ce mardi, la vedette du jour au procès Clearstream. Devant le tribunal correctionnel de Paris, sa déposition a donné lieu à l’une des plus belles joutes verbales depuis le début des audiences.
Tout avait pourtant bien commencé, avec un exposé liminaire précis, argumenté et clair – à propos d’une affaire qui ne l’est pas. Le magistrat a répété que seul l’intéressaient les Frégates de Taïwan et qu’il n’avait jamais été saisi du dossier Clearstream. En jeu, 500 millions de dollars et les rétro-commissions correspondantes, autant d’argent payé par le contribuable français.
Renaud Van Ruymbeke a rappelé qu’il avait été bloqué à quatre reprises dans son enquête, à chaque fois qu’y avait été opposé le secret défense. Jusqu’au jour où l’avocat Thibault de Montbrial lui propose de rencontrer une personne de confiance susceptible
de lui fournir des éléments précis sur les comptes où serait déposé l’argent des rétro-commissions.
Son contact prétend ne pas pouvoir se rendre à son cabinet et refuse de témoigner sous X – comme la procédure l’exige. Il ne veut pas, se justifie-t-il, être la quatrième victime d’une affaire qui a déjà fait trois morts. Le juge van Ruymbeke accepte le rendez-vous, à condition qu’il ait lieu au cabinet de l’avocat. Il y en aura trois – ou quatre.
Face à lui, Jean-Louis Gergorin, haut fonctionnaire, énarque, maître de requêtes au Conseil d’Etat, no 2 de l’une des plus grosses entreprises françaises. Renaud Van Ruymbeke le trouve certes perturbé par la mort récente de Jean-Luc Lagardère, mais Gergorin affirme connaître un informaticien de génie, qui a découvert les fameux comptes, à Luxembourg ou à Bogotta. Celui, notamment, de l’intermédiaire chinois, du président de Thomson, Alain Gomez, ou de Philippe Delmas, à l’époque vice-président d’Airbus.
Jean-Louis Gergorin refuse toujours de témoigner sous X ou de le faire au bureau du magistrat, qui lui a pourtant expliqué que, dans ces conditions, il ne peut prendre en compte les informations qu’il lui fournit. Van Ruymbeke croit néanmoins son témoin. Il explique pourquoi: Gergorin le rencontre alors qu’il aurait pu se contenter d’envoyer un courrier anonyme. Si les comptes qu’il a communiqués sont faux, il se tire lui-même une balle dans la tête.
Van Ruymbeke communique les renseignements au parquet et l’enquête suit son cours, au Luxembourg et à Paris. Au même moment, il reçoit des lettres anonymes, dont on apprendra par la suite qu’elle lui sont envoyées par Gergorin. Dans l’une d’elle, le listing des comptes Clearstream, sur lesquels figure un nom qu’il ne connaît pas, Nagy-Bosca. C’est un policier qui, plus tard, lui apprendra qu’il s’agit de Nicolas Sarkozy.
Le juge verse ces nouvelles pièces au dossier, auquel a accès l’avocat de Thalès, l’une des parties civiles dans l’affaire des frégates, un certain Me Herzog… qui représente aujoud’hui Nicolas Sarkozy. C’est à ce moment du récit de Renaud van Ruymbeke qu’éclate un très vif et inhabituel incident entre les avocats de Jean-Louis Gergorin, qui voient là une coïncidence troublante, ceux de Dominique de Villepin, qui ne se privent pas d’appuyer leurs collègues, et Me Herzog.
Les esprits calmés, Renaud van Ruymbeke reprend. En avril 2006, il découvre l’existence d’une enquête parallèle, menée par les services secrets, sur les listings qu’il détient. Il décide alors de prévenir sa hiérarchie de ce qui s’est passé. Pour lui, c’est la fin de l’affaire.
Le magistrat conclut sa déposition par cette citation de Francis Bacon: « Si on commence avec des certitudes, on finit avec des doutes. Si on commence avec des doutes, on finit avec des certitudes. » Est-ce de si bon augure pour un procès qui, à ce jour, est surtout fort de ses incertitudes?
Mardi 18 heures 47 – La Tribune: L’audition de Pierre Bousquet de Florian, ancien patron de la DST
Le président appelle Pierre de Bousquet de Florian, ancien patron de la DST au moment des faits, aujourd’hui préfet du Pas-de-Calais. Il prête serment.
Le président : le tribunal vous écoute.
Bousquet : je n’ai pas de déclaration. Je me tiens à la disposition du tribunal.
Le président : vous n’avez pas eu à connaître de l’affaire Clearstream ?
Bousquet : ah si ! J’ai été saisi par Villepin en juillet 2004. Je ne connaissais pas cette affaire. J’ai regardé. Il nous a fallu quelques jours pour se procurer la liste celle du 14 juin 2004, nous n’en avons pas eu d’autres. J’ai pris l’initiative d’appeler mon collègue chef des services du Luxembourg. Il m’a dit spontanément que cela était une vieille affaire. Huit jours après, il m’a indiqué très clairement que cela ne pouvait provenir que du vol de la liste, mais une liste réaménagée. Nous sommes parti sur l’idée d’une liste fausse. Peut être aurions nous creusé plus mais l’affaire était suivie par Van Ruymbeke. Nous sommes alors parti exclusivement à la recherche du corbeau. Nous n’avons pas lancé d’investigations très soutenues.
Des échos désignaient Gergorin. L’été est passé. Puis rien de nouveau ou des choses sans consistances. Nous n’avons pas judiciarisé cette affaire. Nous n’avons procédé à aucune filature. J’ai recommandé une interception de sécurité. En septembre une source du service nous a apporté un document dont elle ne pouvait établir la date qui portait à s’interroger sur le fait que Gergorin avait eu un rôle dans cette affaire. Ce document apparement de sa main faisait correspondre des noms avec des numéros que l’on trouvait dans la liste. C’était le 17 ou 18 septembre. Martini me rend compte.
Le 20 septembre, j’en réfère à Villepin ministre de l’Intérieur. Je lui dit que je m’interroge sur le rôle de Gergorin. Avant, j’avais pris un rendez vous avec Gergorin pour lui demander son avis. J’en reviens au rendez-vous avec Villepin. Je lui dis que je ne peux garantir le document. Il dit qu’il va en parler à Lagardère. Je sais que le sort de ce papier a fait débat. Il a été détruit séance tenante dans le broyeur. Je ne sais pas qui l’a détruit. La photocopie de ce document, je l’ai détruite. Ce document n’avait aucun intérêt. Toutes nos notes dans cette affaire ont été transmise au directeur de cabinet de Villepin et au directeur général de la police nationale (NDLR : proche de Sarkozy).
A la mi-octobre, j’avais reçu plusieurs appels désagréables de Sarkozy. J’ai dit à Villepin : il faut en sortir. Nous nous sommes vus. Les doléances de Sarkozy tournait autour de trois points. D’abord, la DST a fait un rapport, ce rapport m’innocente, vous le cachez. De plus, il faut confier tout cela à la justice. Enfin, il faut purger la campagne présidentielle de tous ces miasmes.
L’histoire du rapport de la DST, c’était de la pure désinformation. La partie civile (NDLR : Sarkozy) a été … désinformée, désinformée. Ce rapport n’a jamais existé. Ensuite, je n’ai pas transmis nos informations à la Justice pour deux raisons. D’abord je n’avais pas d’éléments probants me permettant de dénoncer Gergorin. Ensuite, j’aurais du exposer nos sources. Or, il y a une règle d’airain : on ne trahit pas une source …on ne trahit pas une source.
Cette source était une source ancienne. On l’a mis en garde. Plus tard, un an après, nous lui avons demandé d’aller témoigner. Je ne crois pas que la source a fait cette démarche. Lorsque les juges nous ont demandé de déclassifier, la fiche de contact, la note et son annexe avec cette source a été très partiellement déclassifiée. Une première fois sous Villepin, une deuxième fois sous Sarkozy, une troisième fois sous MAM, la commission nationale chargé de conseiller la déclassification a autorisé la transmission avec de très partielles déclassifications. A mesure que sa judiciarisation a progressé, la DST s’est retirée progressivement de l’affaire. Je répète que je n’ai fais procéder à aucune filature et aucune interception de sécurité sur les personnes présentes sur la liste, sur des journalistes, a fortiori sur des élus. Les seules écoutes demandées permettaient de fermer des portes ». Je n’ai reçu aucune instruction du ministre de l’intérieur ensuite. Les choses en sont restées là pour moi jusqu’en mai 2005 et au retour de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur.
Mardi 16 heures 48 – Challenges: Les avocats de Nicolas Sarkozy étaient informés dès juin 2004 que les patronymes Nagy et Bocsa figuraient dans les courriers envoyés au juge Van Ruymbeke et ils ne se sont pas manifestés
Mardi à l’audience, Renaud Van Ruymbeke a témoigné que Jean-Louis Gergorin lui était « apparu totalement de bonne foi » lorsqu’il l’avait approché. « Il y a deux éléments objectifs qui confortent sa bonne foi: c’est lui qui a exigé de me rencontrer, je ne peux pas penser une seconde qu’il se tire une balle dans le pied », affirme le magistrat à la barre. En lui transmettant des courriers anonymes avec « des numéros de comptes, il me donne les moyens de vérifier qu’ils sont vrais ou faux », ajoute-t-il.
Tout a commencé fin avril 2004 quand un avocat, Me Thibault de Montbrial, vient trouver le juge d’instruction. « Il me dit, voilà, je connais un haut dirigeant d’une des principales sociétés d’armement qui connaît les comptes que vous cherchez dans le dossier des frégates. Ca passe par Clearstream. Ce monsieur veut absolument vous rencontrer », sans apparaître « pour des raisons de confidentialité et surtout de sécurité », raconte le juge Van Ruymbeke.
Intrigué, le magistrat rencontre alors à deux reprises au domicile de l’avocat, Jean-Louis Gergorin. « J’ai eu l’impression qu’il était sincère et croyait en ce qu’il disait ». Problème, le responsable d’EADS refuse de témoigner sous X, craignant pour sa sécurité.
Quelques jours plus tard, le 3 mai, il reçoit un premier courrier anonyme. Suit un deuxième courrier le 14 juin qui concerne des « centaines de noms qui n’ont rien à voir avec les frégates ». « Je le verse au dossier (des frégates, ndlr), tout le monde y a accès », notamment « Thales et ses avocats », glisse-t-il à plusieurs reprises, évoquant sans le nommer Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy au procès Clearstream.
Ce courrier mentionne les noms de Jean-Pierre Chevènement, Alain Madelin et Dominique Strauss-Kahn, trois hommes politiques qui ont pris contact avec lui. « Il y avait un quatrième homme politique que je n’avais pas vu », car il s’agissait des noms « Nagy et Bocsa ». « Un enquêteur m’a dit que cela correspondait à l’identité » de Nicolas Sarkozy « ou de son père. Il ne s’est jamais manifesté ».
Mardi 16 heures 27 – La Tribune: Me Metzner interroge le juge Van Ruymbeke
C’est au tour de Me Metzner, avocat de Villepin. Il rappelle les investigations menées par Van Ruymbeke.
Van Ruymbeke confirme. « Dès réception, j’ai communiqué les éléments sur les listings au parquet ».
Me Metzner : deux magistrats se déplacent au Luxembourg pour vérifier les listings. Que vous disent-ils lorsqu’ils reviennent ?
Van Ruymbeke : ils prennent très au sérieux les listings. Ils me disent qu’il faut être prudent et se limiter aux investigations bancaires.
Me Metzner : à quel moment avez-vous eu la certitude que tous les comptes étaient faux ?
Van Ruymbeke : je n’ai eu la certitude que pour les comptes que j’ai investigués. Je ne crois que ce que je vois. Je n’ai que des certitudes judiciaires.
Me Metzner : qui a accès au dossier ?
Van Ruymbeke : le parquet et la partie civile Thales. Thales suivait le dossier.
Me Metzner : est-ce que certains hommes politiques sont venus vous voir ?
Van Ruymbeke : deux d’entre eux, le troisième m’a écrit.
Me Metzner : le quatrième est-il intervenu ? (NDLR : Sarkozy)
Van Ruymbeke : à aucun moment.
Me Metzner : l’avocat du quatrième est-il venu vous voir ?
Me Herzog se lève et proteste.
Le président : c’est sur l’identité de conseil entre Thalès et l’un des hommes politiques mis en cause (NDLR : Sarkozy)
Me Metzner : Sarkozy ne vous a pas dit qu’il était mis en cause à tort ?
Van Ruymbeke : absolument pas.
Me Metzner : MAM et Marland (NDLR, son directeur de cabinet à l’époque) sont-ils intervenus auprès de vous-même après la publication du Point ?
Van Ruymbeke : non.
Mardi 15 heures 38 – AFP: Jean-Louis Gergorin semblait « de bonne foi » au juge van Ruymbeke
Le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke a témoigné mardi au procès Clearstream que Jean-Louis Gergorin lui était « apparu totalement de bonne foi » lorsqu’il l’avait approché et lui avait remis anonymement les faux listings bancaires au printemps 2004.
« M. Gergorin m’est apparu totalement de bonne foi. Il y a deux éléments objectifs qui confortent sa bonne foi: c’est lui qui a exigé de me rencontrer (avant de transmettre les listings, ndlr), je ne peux pas penser une seconde qu’il se tire une balle dans le pied », affirme le magistrat à la barre. En lui transmettant des courriers anonymes avec « des numéros de comptes, il me donne les moyens de vérifier qu’ils sont vrais ou faux », ajoute-t-il.
Tout commence fin avril 2004 quand un avocat, Me Thibault de Montbrial, vient trouver le juge d’instruction alors empêtré dans une enquête sur des commissions et rétrocommissions versées en marge de la vente de frégates à Taïwan. « Il me dit, voilà, je connais un haut dirigeant d’une des principales sociétés d’armement qui connaît les comptes que vous cherchez dans le dossier des frégates. Ca passe par Clearstream. Ce monsieur veut absolument vous rencontrer », sans apparaître « pour des raisons de confidentialité et surtout de sécurité », raconte le juge van Ruymbeke.
Intrigué, le magistrat rencontre alors à deux reprises au domicile de l’avocat, Jean-Louis Gergorin, vice-président exécutif d’EADS, un homme « très brillant, convaincu, convaincu et convaincant, manifestement de ce qu’il dit ». M. Gergorin, aujourd’hui jugé pour dénonciation calomnieuse, lui décrit un système de comptes occultes utilisés par des oligarques russes, pour les commissions dans l’affaire des frégates. « J’ai eu l’impression qu’il était sincère et croyait en ce qu’il disait », juge M. van Rumbeke.
Problème, le responsable d’EADS refuse de témoigner sous X, craignant pour sa sécurité. « J’étais bloqué. C’est vrai qu’à un moment donné, M. Gergorin me dit +comment est-ce qu’on fait ?+ Je lui réponds +Ca ne me concerne pas, vous voyez avec votre avocat+. Je prends à part Montbrial: +vous faites ce que vous voulez, ce n’est pas mon problème+
Quelques jours plus tard, le 3 mai, il reçoit un premier courrier anonyme. L’affaire de dénonciation calomnieuse est lancée.
Mardi 14 heures 14 – Le Monde: Le seul prévenu qui intéresse le procureur Marin, c’est Dominique de Villepin
Le procureur de la République, Jean-Claude Marin, ne s’encombre pas de précautions. Ses interventions à l’audience témoignent chaque jour que le seul prévenu qui l’intéresse est Dominique de Villepin.
Lorsque la genèse de cette affaire a été examinée, avec Florian Bourges et Denis Robert, il a séché les débats, laissant à son jeune collègue, Romain Victor, le soin de mener les interrogatoires. Jean-Claude Marin s’était, en revanche, réservé l’interrogatoire de l’ancien premier ministre, le 30 septembre. Un éclair de haine, dans le regard de Dominique de Villepin, a traversé le prétoire où sa position de prévenu le plaçait en contrebas, lorsque du haut de son pupitre, le procureur de la République s’est adressé à lui sur un ton offensif, parfois inutilement railleur.
L’ancien premier ministre devait se rappeler le temps, pas si lointain, où Jean-Claude Marin lui rendait compte des « affaires sensibles » du parquet de Paris. Mais depuis, Nicolas Sarkozy est devenu président de la République et Dominique de Villepin comparaît pour complicité de dénonciation calomnieuse, ce qui change singulièrement les hiérarchies.
Lundi 5 octobre, alors qu’il interrogeait le général Rondot sur une intervention de M. de Villepin, en mars 2004, en faveur de la libération d’Imad Lahoud, qui venait d’être placé en garde à vue, la langue de M. Marin a fourché. « Juste après la garde à vue de Dominique de Villepin… euh, d’Imad Lahoud… » Rires et sourires dans la salle. – « Plaît-il ? », s’agace M. Marin. – « Joli lapsus ! », ironise Me Metzner. – « Lapsus, oui. On va voir qui n’en fait pas dans cette affaire ! », reprend d’un ton sec le procureur.
Mardi 13 heures 08 – Jean-Marie Pontaut dans L’Express: Rondot, un militaire perdu chez les politiques
Lors de son audition devant le tribunal correctionnel de Paris, le général Philippe Rondot a contredit sur plusieurs points la version de Dominique de Villepin. Mais s’il a reconnu avoir été « instrumentalisé », l’officier n’a pas livré la clé de l’affaire. (…)
Le général Rondot affirme avoir une grave « crise de conscience » quand Villepin, toujours au nom du « P.R », lui demande de ne pas en parler au ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie – son ministre de tutelle – en raison du risques de fuites du côté de son compagnon, Patrick Ollier. Mais le militaire en lui finit par l’emporter et il évoque tout de même l’affaire avec le directeur de cabinet de MAM, Philippe Marland. Ce qui lui vaudra les foudres de son ministre pour ne pas en avoir parlé plutôt. Au point qu’il a failli démissionner. « Mais on m’a demandé de rester », ajoute-t- il modestement.
« A ce moment-là, constate amèrement Rondot, les ministres auraient dû en parler entre eux et rien ne serait arrivé. » Ce qui n’empêche pas le général de continuer à informer Philippe Marland de l’affaire et, à deux reprises, il en rendra même compte directement à Michèle Alliot-Marie. Le ministère de la Défense connaissait donc l’existence de l’enquête parallèle du général et savait que le nom de Nicolas Sarkozy apparaissait sur les listings. (…)
Le général n’enfonce pas tout à fait son ancien ami Villepin. Il certifie qu’il ne l’a jamais rencontré entre le 9 janvier et le 19 juillet 2004. Ce qu’a toujours prétendu l’ancien Premier ministre. Pendant tout ce temps, Rondot enquête sur l’affaire. Les doutes, selon lui, devenaient de plus en plus grands quant à sa crédibilité. Il n’obtient de certitudes qu’en juillet 2004 quand les services suisses lui apprennent que les comptes attribués à des personnalités sont bidons. Jusque là, Dominique de Villepin paraissait croire en l’affaire, « ou du moins, explique le général, je ne lui ai apporté aucune preuve établissant le contraire ». (…)
« Mon premier souci, conclut le militaire, consistait à protéger mes camarades du renseignement mis en cause dans ces listings car eux ne pouvaient ni répondre ni se défendre. J’ai été, c’est vrai, instrumentalisé, on s’est servi de moi. Je notais, j’écoutais, j’observais et je rendais compte, les affaires politiques ne m’intéressaient pas. »
Un témoignage qui conclut assez bien ces sept premiers jours du procès où les principaux personnages ont été entendus, à l’exception du juge Van Ruymbeke, qui doit déposer ce mardi. Ils permettent de faire un premier bilan de cette audience tant attendue. Elle a pour l’heure un peu déçue car on s’attendait à des déclarations fracassantes et à des révélations exceptionnelles. On devait prouver l’implication de Dominique de Villepin, la duplicité d’Imad Lahoud, établir que Jean-Louis Gergorin oeuvrait directement pour l’ancien Premier ministre ou, au contraire, que Nicolas Sarkozy, prévenu très tôt, aurait retourné l’affaire pour se victimiser. Rien de cela n’est pour l’instant établi et on revient sans doute à la réalité de cette histoire de Pieds-Nickelés. Une histoire, certes instrumentalisée par les politiques, mais qui demeure à l’origine une escroquerie. (…)
« Ces petits mensonges entre amis » -le ministre de la Défense est également au courant- risquent de peser lourd dans la balance judiciaire. Mais sont-ils pour autant condamnables aux termes de la loi? D’autant que l’acharnement de Nicolas Sarkozy à faire « tomber » Dominique de Villepin finit par se retourner contre lui. La vengeance, même légiti
me, n’est pas un élément que la justice doit prendre en compte. Va-t-elle néanmoins condamner l’ancien Premier ministre et pour quels motifs? C’est la dernière inconnue de ce procès, surtout passionnant par ce qu’il révèle des coulisses du pouvoir.
Mardi 12 heures 30 – Challenges: Le juge Van Ruymbeke attendu à la barre
La huitième journée du procès Clearstream, mardi 6 octobre, doit notamment être marquée par l’audition devant la 11e chambre du tribunal correctionnel du juge Renaud Van Ruymbeke, qui se trouvait au départ de l’affaire.
Connu pour ses investigations sur le financement des partis politiques français (affaires Urba et Longuet), le juge avait été chargé en 2001, avec sa collègue Dominique de Talancé, d’une enquête sur de présumées rétro-commissions versées à des industriels et des politiques dans le cadre de la vente par Thomson-CSF de frégates à Taïwan. Un dossier sur lequel les deux magistrats se sont heurtés régulièrement au secret-défense, et qui s’est soldé par un non-lieu général.
Au printemps 2004, le juge Van Ruymbeke a reçu, dans le cadre de son instruction, des lettres anonymes accompagnées de CD-ROM, accusant des personnalités d’avoir perçu des rétro-commissions via des comptes en banque auprès de la chambre de compensation financière luxembourgeoise Clearstream. Il va notamment procéder à l’interpellation de Philippe Delmas, un dirigeant d’Airbus, avant de se rendre compte que les listings sont faux.
La suite de l’affaire a été marquée par une polémique sur son rôle, puisqu’il lui a été reproché d’avoir « négocié » avec Jean-Louis Gergorin, qu’il aurait rencontré hors-procédure, l’envoi anonyme des listings. L’Inspection générale des services judiciaires (IGSJ) l’a épinglé pour manquement au devoir de loyauté, et le Conseil supérieur de la magistrature attend la fin de l’affaire pour statuer sur d’éventuelles suites disciplinaires. Lui a dénoncé une volonté politique de remettre au pas la justice financière.
Renault Van Ruymbeke a notamment fait partie des signataires en 1996 de « l’appel de Genève » de magistrats européens contre les réseaux de blanchiment d’argent sale, appel initié par le journaliste Denis Robert, un des prévenus de l’affaire Clearstream.
La journée de mardi pourrait également permettre de poursuivre l’audition du général Philippe Rondot, entamée lundi.
Mardi 12 heures 02 – Nouvel Observateur: Pourquoi Michèle Alliot-Marie n’est-elle pas entendue au procès Clearstream?
C’est la question que pose Me Jean-Pierre Mignard, l’avocat d’Edwy Plenel et de Gilbert Flam, tous deux parties civiles, après que le général Rondot a évoqué la gestion politique du dossier par l’ancienne ministre de la Défense.
Me Jean-Pierre Mignard, l’avocat du journaliste Edwy Plenel, président du site internet Mediapart et ex-directeur de la rédaction du Monde, et du juge Gilbert Flam, tous deux parties civiles dans le procès Clearstream, s’est insurgé, lundi 5 octobre, lors de l’audition du général Philippe Rondot, contre la non-convocation de Michèle Alliot-Marie comme témoin au procès. Un aspect de la septième audience auquel Mediapart consacre un article détaillé mardi 6 octobre.
L’actuelle ministre de la Justice était à l’époque ministre de la Défense, pour laquelle travaillait le général Rondot en tant que conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (Cros). Or, lundi, ce dernier a indiqué qu’il avait tenu informé le directeur de cabinet de la ministre de la Défense, Philippe Marland, du dossier, dès la réunion de janvier 2004 au ministère des Affaires étrangères, où, selon lui, le nom de Nicolas Sarkozy a été cité. Et cela en dépit du fait que Dominique de Villepin lui ai demandé, à l’en croire, « de ne pas (s’)en ouvrir au ministère de la Défense ».
« Dès mai 2004, vous avez averti M. Marland que Jean-Louis Gergorin est allé voir le juge Van Ruymbeke ? » « Oui », a murmuré M. Rondot. « Vous l’avez dit aussi à Michèle Alliot-Marie ? » « Oui. Mais je n’ai reçu aucune consigne particulière de Michèle Alliot-Marie ou de Philippe Marland pour transmettre des informations à la DST, au juge Van Ruymbeke ou au juge d’Huy. » C’est ainsi que Mediapart rapporte l’un des petits échanges au cours duquel le nom de Michèle Alliot-Marie a été évoqué.
Puis, fin juillet, le général Rondot dit avoir rendu compte de ce qui était devenu une »certitude » (le fait que les listings étaient faux) à Philippe Marland, Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin, la DST, la DGSE. Alors pourquoi Philippe Marland, « voire sa ministre » ne sont-ils pas « devant ce tribunal »?, a demandé Me Mignard. Le président du tribunal lui a rétorqué que Philippe Marland avait été entendu par les juges d’instruction de l’affaire.
L’avocat d’Edwy Plenel et du juge Gilbert Flam n’a pas seulement évoqué le sujet lors de l’audience de lundi. Il s’achemine aussi vers une procédure devant la juridiction administrative, rapportait Le Monde dans son édition du mardi 6 octobre. Dans une lettre adressée vendredi dernier au premier ministre François Fillon, Me Mignard relève qu’aucune des autorités, qui a été amenée à connaître différentes étapes de l’affaire Clearstream, n’a satisfait à l’obligation de dénonciation contenue dans l’article 40 du code de procédure pénale. Cet article indique que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République »…
Mardi 11 heures – Dailymotion Challenges: Pour Me Metzner, le général Rondot a innocenté Dominique de Villepin
Me Metzner, avocat de Dominique de Villepin, assure qu’ »il n’y a aucun élément concret dans ce dossier qui permette d’accabler » son client. Même après le témoignage du général Rondot.
Vous pouvez voir la déclaration de Me Metzner en cliquant ici.
Mardi 10 heures 46 – Le Point: Le général Rondot souffle le chaud et le froid contre Dominique de Villepin
Extrait:
« La journée de Dominique de Villepin hier eût été très dérangeante si son défenseur, maître Olivier Metzner, n’avait pas obtenu de la bouche du général Rondot un propos pour le moins réconfortant. En toute fin d’audience, autour de 21 h 15, l’avocat interroge le général : « Dominique de Villepin avait-il forcément connaissance du caractère frauduleux des fichiers Clearstream ? » « Non », répond l’ancien militaire. Et voilà la défense de Dominique de Villepin qui remporte un premier succès : l’ancien Premier ministre n’est-il pas poursuivi devant le tribunal pour « complicité de dénonciation calomnieuse, faux et usage, recel d’abus de confiance et de vol » et pour avoir incité Jean-Louis Gergorin à livrer à un juge des listings qu’il savait faux? »
Mardi 9 heures 36 – Nouvel Observateur: Dominique de Villepin sauve sa peau tant bien que mal face au général Rondot
La déposition, lundi 5 octobre, du général Philippe Rondot dans le procès Clearstream, a certes été embarrassante pour Dominique de Villepin, car en contradiction flagrante sur des points essentiels avec la sienne, mais ce ne fut pas le lundi noir que les observateurs attendaient.
La défense de l’ancien Premier ministre l’a bien compris : le général n’a pas apporté la preuve absolue que Dominique de Villepin avait connaissance en avril 2004, lorsque, selon selon Gergorin, il ordonne la transmission à la justice des listings bancaires, que ceux-ci avaient été falsifiés.
Elle a donc essentiellement insisté, une fois que le militaire à la retraite eut fini sa déposition, sur la chronologie fidè
le du général et moins sur les contradictions avec la version de son client. « En janvier Dominique de Villepin vous demande de démanteler le système », a demandé l’avocat de Dominique de Villepin, Me Olivier Metzner, au général. « Je confirme. C’est-à-dire de voir ce qu’il en est », a répondu le militaire. « Quand M. de Villepin a-t-il eu des doutes sur les listings », a insisté l’avocat. « Je l’en ai informé en juillet ».
Dans sa déposition, le général Philippe Rondot a notamment affirmé lundi que Dominique de Villepin avait appris dès janvier 2004 que le nom de Nicolas Sarkozy apparaissait sur les listings falsifiés, a affirmé le militaire à la retraite. En outre, a-t-il assuré, l’ancien Premier ministre s’est recommandé d’instructions présidentielles. Enfin, pour le général, il n’y a pas de doute : Dominique de Villepin a demandé de faire libérer le mathématicien Imad Lahoud, soupçonné d’être le falsificateur des fichiers, lorsqu’il a été interpellé. Trois affirmations que dément formellement l’ex-Premier ministre de Jacques Chirac, qui nie avoir su que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur ces listings…
Or, justement, les dates sont cruciales dans la prévention de « complicité de dénonciation calomnieuse » qui pèse sur l’ancien Premier ministre car il s’agit de déterminer s’il savait, lorsqu’il aurait ordonné la transmission de ces fichiers à la justice en avril 2004, qu’il s’agissait de faux.
Mardi 6 octobre, c’est au tour du juge Renaud van Ruymbeke, destinataire des fichiers falsifiés, de venir témoigner. L’audience doit reprendre à 13h30.
Mardi 8 heures 49 – 20 Minutes: Le juge Renaud van Ruymbeke entendu à son tour
Après le général, le juge. Au lendemain de l’audition musclée de Philippe Rondot, qui a livré un témoignage accablant pour Dominique de Villepin, c’est au tour de Renaud van Ruymbeke d’être entendu dans le cadre du procès Clearstream.
En charge de l’affaire des frégates de Taiwan, le juge d’instruction avait reçu, en 2004, des lettres accusant plusieurs hommes politiques et hauts responsables français d’avoir un compte chez Clearstream, servant à faire transiter l’argent de l’affaire des Frégates.
Après enquête, Renaud van Ruymbeke avait estimé qu’il s’agissait d’une manipulation. L’affaire lui a malgré tout valu une comparution devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Mardi 8 heures 45 – Mediapart: Le général Rondot charge Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie
Huit heures durant, le général Philippe Rondot a campé sur des positions qui mettent à mal Dominique de Villepin, lundi 5 octobre, au palais de justice de Paris. Entendu comme témoin dans l’affaire Clearstream, l’officier de renseignement a contredit les explications données à la justice par l’ancien premier ministre.
Mais des failles sont apparues dans le système de défense de l’ancien militaire de la DGSE, pourtant rompu aux méthodes d’interrogatoires les plus fouillées. Car son témoignage met aussi en lumière le double jeu d’un ministère de la défense, alors dirigé par Michèle Alliot-Marie, qui a été en permanence tenu informé des développements de l’affaire.
Mardi 7 heures 11 – Europe 1: Dominique de Villepin prépare son retour politique
La charge du général Rondot au tribunal lundi a été un non événement pour les fidèles de Dominique de Villepin, qui sont déjà dans l’après-procès. Blanchi ou pas, l’ancien premier ministre fera son retour sur la scène politique au lendemain du procès qui s’achève le 23 octobre.
« Il est déjà dans une logique de suite », explique le député UMP de l’Essonne George Tron. « Il utilisera tous les moyens pour se faire entendre », affirme ce villepiniste.
Dominique de Villepin effectuera au moins deux déplacements par mois. Il n’entend pas rester enfermé dans son cabinet d’avocat de l’avenue Foch à Paris où il réunit régulièrement ses troupes.
En attendant Dominique de Villepin joue à fond la carte internet avec comme objectif d’intervenir une ou deux fois par semaine sur son site officiel clubvillepin.fr. Il a utilisé ce site pour réagir aux propos de Nicolas Sarkozy qui avait employé le terme « coupable » pour les prévenus du procès Clearstream. Dans la dernière vidéo publiée, il discute avec ses jeunes supporters dans un café branché de la capitale ; des jeunes qui ont adhéré à son autre site, le réseau social VillepinCom.
Le défi de Dominique de Villepin ? Créer une alternative à droite en se posant comme victime du système Sarkozy. Fin octobre il organisera son premier meeting avec les adhérents de VillepinCom.