Liberté, Egalité, Justice.
Ouf, ça y est, c’est parti ! Ce lundi s’ouvre enfin, devant le tribunal correctionnel de Paris, le procès Clearstream. Comme Dominique de Villepin, le blog 2villepin, blog militant et citoyen, aborde cette étape avec sérénité, combativité et appétit.
Depuis maintenant 5 ans, on a beaucoup lu, beaucoup entendu sur l’affaire Clearstream. Rarement dans notre histoire démocratique le secret de l’instruction et la présomption d’innocence n’auront été autant bafoués. Jamais les principaux médias de notre pays n’auront été aussi nombreux à servir la vérité officielle qu’une partie civile, qui a détourné l’instruction pour son bénéfice exclusif, a bien voulu fabriquer sur cette affaire.
Ne nous berçons pas d’illusions: les quatre semaines pendant lesquelles va durer le procès Clearstream seront difficiles et exigeront beaucoup de sang-froid. Les tenants de la thèse officielle ne reculeront devant rien pour accabler Dominique de Villepin. L’avant-procès a déjà été marqué par le réquisitoire du procureur Marin sur les ondes d’Europe 1, les révélations du JDD sur le PV Lahoud et les commentaires du Chef de l’Etat depuis le Brésil, sans parler des filatures effectuées il y a quelques mois à l’encontre de Dominique de Villepin et dont l’origine n’a, hélas, pas pu être établie. Gageons que tout cela ne constitue qu’un timide début et que le meilleur reste à venir. Nous sommes prévenus.
Face à ce véritable acharnement, Dominique de Villepin a su démontrer, tout au long de ses interventions médiatiques des dix derniers jours, sa sérénité, son respect pour la justice et son souci d’expliquer pendant le procès de quelle façon il a agi et de quels éléments il disposait, en tant que ministre des Affaires Etrangères puis de ministre de l’Intérieur.
Il est vrai que le procès doit permettre de répondre à de nombreuses questions restées sans réponses… Pourquoi la piste d’une machination industrielle, trouvant son origine dans des règlements de compte propres au groupe EADS, a-t-elle été si vite abandonnée? La constitution de partie civile par le Chef de l’Etat est-elle compatible avec le « principe de l’égalité des armes » et avec le principe d’ »indépendance du tribunal »? Pour qui travaillait en réalité Imad Lahoud, l’auteur des faux listings? Qui savait, à partir de juillet 2004, que ces fameux listings étaient truqués et si Dominique de Villepin n’était pas le seul à le savoir, pourquoi ne reproche-t-on qu’à lui de ne pas avoir alerté la justice? Depuis quand Nicolas Sarkozy avait-il connaissance de l’affaire et dès lors, qui a manipulé qui en laissant finalement prospérer une affaire susceptible de mettre en cause un rival politique? Qui a influé sur l’instruction, en disposant de tous les leviers du pouvoir (justice, police, médias)? Qui, enfin, est la principale victime politique de cette affaire?
Face à toutes ces questions, j’inaugure ce lundi une série de billets que j’ai choisi d’intituler « Mon procès Clearstream ».
« Mon procès Clearstream », ce sera le fil rouge de ma lecture des événements, des coups de théâtre et des rebondissements qui ne manqueront pas de jalonner ce procès hors norme. Avec un souci permanent: celui de comprendre et d’éclairer la vérité, certes modestement mais avec ténacité. Cette série de billets sera ré-actualisée autant de fois que nécessaire, chaque jour où se tiendra le procès.
Je ne pourrai accomplir cette tâche seul: je compte donc sur les contributions, articles et photos de tous ceux qui voudront, comme moi, témoigner. Lecteurs de ce blog, fidèles ou occasionnels, vous êtes une armée citoyenne, tout à la fois vigilante et éprise de vérité et de justice; en m’épaulant, vous donnerez à ce blog toute sa vocation: être un blog citoyen, par les citoyens et pour les citoyens.
Après le temps de la rumeur, puis ceux de la calomnie et de l’instruction à charge, c’est le temps de la Vérité qui doit maintenant s’ouvrir. Ce temps, il n’a que trop tarder à venir !
Oui, ensemble avec Dominique de Villepin, nous gagnerons notre procès Clearstream.
Fred
Lundi 14 heures 29 – Le Monde: Le statut pénal du Chef de l’Etat en débat
A l’ouverture du procès Clearstream devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, ce sont ses avocats qui vont livrer la première bataille. A Mes Olivier d’Antin et Luc Brossolet qui l’ont accompagné tout au long de l’instruction, il a décidé cet été d’adjoindre deux autres conseils : Me Olivier Metzner, l’un des plus fins tacticiens de procédure pénale, et Me Henri Leclerc, cinquante ans de barreau et autant de combats au service de la défense des droits de l’homme. Me Leclerc est donc le premier signataire des conclusions déposées par la défense de M. de Villepin sur l’irrecevabilité de la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy.
Dans leurs conclusions, les avocats rappellent d’abord la longue liste des prérogatives du président de la République en matière judiciaire : l’article 64 de la Constitution qui fait de lui le « garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire », l’article 65 qui lui donne le pouvoir de désignation de deux des membres du Conseil supérieur de la magistrature, l’article 13 qui lui accorde un pouvoir réglementaire lié à la nomination des magistrats et, enfin, l’article 67 qui lui assure une immunité pénale pendant l’exercice de ses fonctions.
Le président de la République « n’est donc pas un justiciable ordinaire car il est élu par le peuple et il assure le fonctionnement des pouvoirs publics », souligne la défense de M. de Villepin, en ajoutant que « l’importance considérable de ses responsabilités dans le fonctionnement même de l’autorité judiciaire impose qu’une réflexion soit conduite sur les doutes légitimes que le déroulement de la procédure et le comportement du président de la République, partie civile, peuvent soulever « .
Lundi 13 heures 32 – Tribunal correctionnel de Paris: Déclaration de Dominique de Villepin
« Je suis ici par la volonté et l’acharnement d’un seul homme, Nicolas Sarkozy », a lancé lundi l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin à la presse, peu avant l’ouverture du procès Clearstream.
« J’en sortirai libre et blanchi au nom du peuple français », a ajouté M. De Villepin, placé devant des dizaines de microphones, entouré de son épouse Marie-Laure et de leurs trois enfants Marie, Arthur et Victoire. « Certains voudraient croire qu’il n’y pas dans notre pays de procès politique. Je veux le croire aussi et pourtant nous sommes ici en 2009 et nous sommes en France », a encore ajouté l’ancien Premier ministre.
« Je veux redire que mon combat n’est pas un combat personnel. C’est le combat de toutes celles et de toutes ceux qui se battent contre l’injustice. C’est le combat de toutes celles et tous ceux qui sont victimes de l’abus de pouvoir », a poursuivi le prévenu, assurant que « la justice est un bien précieux, mais c’est aussi un bien fragile qui demande l’engagement de tous ».
« Nous sommes aujourd’hui le 21 septembre, c’est le jour anniversaire de la République française, c’est aussi le jour dédié par les Nations unies pour la paix dans le monde: je souhaite que l’exigence de justice soit au rendez-vous », a ajouté Dominique de Villepin, qui a été très applaudi par le public venu nombreux.
Et de conclure: « La justice est un bien précieux mais c’est aussi un bien fragile qui nécessite l’engagement de tous. Je sais que la vérité triomphera ».
Lundi 13 heures – Libération: Interview du député villepiniste Georges Tron
Libération: Comment Dominique de Villepin aborde-t-il le procès Clearstream?
Georges Tron: Paradoxalement, il est sans doute beaucoup plus demandeur de ce procès que les parties civiles. Il avait d’abord considéré comme une injustice le renvoi en correctionnelle mais il a, depuis, fait son aggiornamiento: il est très soucieux de pouvoir s’expliquer pour que toute la lumière soit faite. Il estime que le procès ne doit pas se confondre en un tribunal politique afin de rechercher la vérité.
Dernièrement, il a reproché à Nicolas Sarkozy son «obsession» sur Clearstream, voire son «acharnement». Ces critiques vous paraissent-elles légitimes?
Il faut répondre à la véritable question: qui a pris la responsabilité d’inclure sur ces fameux listings des noms à l’insu des personnes concernées? Personne ne soupçonne Dominique de Villepin, il n’est en aucun cas mêlé à cela et pourtant, tout tourne autour de sa personnalité.
Nous le disons très clairement: les manœuvres politiques qui consistent à vouloir accabler Dominique de Villepin sont déconnectées d’une recherche objective de la vérité.
Par ailleurs, le processus judiciaire est difficile à comprendre dans cette affaire. Avant l’été 2008, le parquet ne retient aucune charge contre Villepin. Trois mois plus tard, il en trouve quatre. Puis, le procureur de la République de Paris (Jean-CLaude Marin, ndlr), de manière inédite, indique en amont ses convictions et parle d’un procès «hors normes». La justice n’a pas à faire ce type de distinguo. Le procès doit se dérouler sereinement. Ce qui appelle une vigilance de notre part.
Les «villepinistes» sont donc prêts à contre-attaquer…
Nous ne voulons en aucun cas donner le sentiment d’une menace. Nous sommes dans un cadre judiciaire: ce sont aux avocats de défendre le point de vue de leurs clients et à Villepin de rétablir la vérité. Si jamais des coups fourrés politiques venaient se greffer à cette logique judiciaire, ses amis le dénonceront. Mais Dominique n’est pas inquiet: l’opinion saura faire la part des choses.
Au-delà du procès Clearstream, comment envisage-t-il son avenir politique?
Il entend montrer qu’au sein de la majorité, existe une voix alternative. Celle-ci doit être entendue car personne ne peut prétendre incarner, à lui seul, toute la majorité. Il veut formuler des propositions concrètes, livrer sa vision de l’avenir de la France. Il est dans une logique d’affirmation politique. En cela, le Club Villepin.fr et le site que nous venons de lancer se veulent un terrain d’échanges.
Prend-il date pour de prochaines échéances électorales?
Aujourd’hui, il est réellement concentré sur son procès et mettra forcément en stand by son activité politique, dans le mois qui vient tout au moins. Car une fois le procès terminé, sa voix se fera de nouveau entendre et, à n’en pas douter, sera entendue.
Lundi 12 heures – AFP: Le calendrier du procès Clearstream
Le procès de l’affaire Clearstream, qui s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, réunira jusqu’au 23 octobre cinq prévenus, 18 témoins et une quarantaine de parties civiles qui débattront devant les magistrats de la 11e chambre selon un programme bien défini.
Lundi, la journée sera consacrée à l’appel des prévenus et des témoins. Les avocats des prévenus et des parties civiles en profiteront pour soulever des irrégularités de procédure. Les conseils de Dominique de Villepin devraient notamment contester la constitution de partie civile du président Nicolas Sarkozy.
Mardi, les débats commenceront véritablement avec l’audition de l’ex-auditeur d’Arthur Andersen Florian Bourges et du journaliste Denis Robert, interrogés sur le vol des listings authentiques de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream.
Mercredi, ce sera au tour de l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin et de son employé Imad Lahoud de passer sur le grill. Le tribunal tentera de déterminer lequel des deux a falsifié les listings.
Petit intermède lundi 28 septembre avec le défilé des parties civiles. Le mardi 29, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud reviendront à la barre pour cett
e fois répondre des faits de « dénonciation calomnieuse ».
Parmi les journées les plus attendues: le mercredi 30, avec l’audition de Dominique de Villepin, qui sera confronté avec MM. Lahoud et Gergorin.
Autre temps fort: le lundi 5 octobre, avec l’interrogatoire d’un témoin-clé, le général Philippe Rondot, qui a mené une enquête sur les listings, tout en consignant le déroulé des événements dans des carnets et sur son ordinateur.
Le mardi 6 témoigneront le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke et l’ancien patron de la DST Pierre de Bousquet de Florian. Divers témoins seront également interrogés le mercredi 7 et le lundi 12.
Mardi 13, mercredi 14 et lundi 19, s’égrèneront les plaidoiries des parties civiles, avant le réquisitoire du procureur de la République Jean-Claude Marin le mardi 20.
Enfin, le procès s’achèvera par les plaidoiries de la défense les mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23. La décision sera alors mise en délibéré à plusieurs mois.
Les audiences auront lieu les lundis, mardis et mercredis après-midi, à l’exception de la dernière semaine où elles se tiendront tous les jours, du matin au soir.
Lundi 10 heures – Agoravox: Clearstream, une bombe à retardement?
Extrait:
Il reste des zones d’ombre quant à la démarche de la justice et en regard des faits :
1- Pourquoi Sarkozy ne porte-t-il plainte qu’en janvier 2006 alors que Delmas, lui aussi impliqué dans ces fameux listings a, lui porté plainte dès septembre 2004 ?
2- Pourquoi ce qui au départ était une affaire Delmas, EADS, frégates, affaire industrielle, ne devient-elle que massivement Sarkozyaque ?
3- Pourquoi ne parle-t-on que de Villepin et jamais de Michèle Alliot-Marie impliquée avant Villepin dans cette affaire qui n’a pas plus averti Sarkozy que Villepin et alors qu’Imad Lahoud a déclaré qu’il était protégé par elle et qu’il est le principal protagoniste de cette affaire ?
4- Pourquoi cette affaire concerne-t-elle essentiellement Villepin alors qu’il y a 40 parties civiles ?
5- Pourquoi déclare-t-on que Villepin voulait empêcher a prise de pouvoir à la tête de l’UMP de Sarkozy alors que celui-ci est élu président le 28 novembre 2004 et que pour empêcher cette élection il aurait fallu que cette affaire soit terminée avant cette date et alors que la presse n’en parle la première fois qu’en juillet 2004 et que le nom de Sarkozy n’apparaît que le 17 septembre 2004 ?
6- Pourquoi continue-t-on à déclarer que Gegorin est un corbeau alors que sa dénonciation n’était anonyme que de façade – ce que tout le monde sait – car je juge Van Ruymbeke qui l’avait rencontré lui avait demandé de procéder ainsi ?
7- Pourquoi le parquet a-t-il changé d’avis et demandé un complément d’enquête qui n’a servi strictement à rien ?
8- Pourquoi la justice par l’intermédiaire des juges d’instruction a-t-elle entendu à nouveau Imad Lahoud quand le dossier d’instruction était clos pour une déclaration qui enfonçait Villepin ? Serait-ce que le procès ferait peur à cette justice car pas assez convaincant ?
9- Pourquoi Marin fait-il des déclarations avant procès ?
10- Pourquoi considère-t-on que Nicolas Sarkozy est atteint dans cette affaire quand tous les autres prévenus sont nommés de façon explicite et que c’est le seul qui ne le soit pas et que seuls les patronymes de son père sont cités ? Pourquoi n’y-a-t-il pas une une enquête qui permette de s’assurer que c’est bien de lui qu’il s’agit ?
11- Pourquoi ne nous donne-t-on pas d’explication logique à cette différence unique ?
12- Sarkozy était-il au courant bien avant ses affirmations quand des témoignages de Bertrand, Pasqua disent le contraire ?
13- Sarkozy a-t-il rencontré par deux fois Imad Lahoud ?
14- Que faisaient Anne Casanova et Imad Lahoud devant l’ordinateur de Piloquet ?
15- Villepin est-il si stupide qu’il donnerait des faux listings à la justice auprès d’un juge réputé et sérieux par l’intermédiaire de Gergorin les sachant d’évidence faux et ne pouvant ignorer que la justice les trouverait faux et donc que cela ne pourrait en aucun cas nuire à Sarkozy, et que la justice étant lente (la preuve) cela ne pouvait empêcher l’élection du Kasier à la tête de l’IMP mais assez rapide pour qu’avant 2007 on sache qu’ils sont faux et donc que leur transmission à la justice ne pourrait pas nuire à la carrière de Sarkozy mais au contraire le victimiser – ce qui fait bien dans le story telling du candidat à la magistrature suprême – et lui nuire à lui Villpein comme un manipulateur en plus stupide ?
Et si tout n’était qu’une bombe à retardement pour un autre instigateur qui veut jouer à la victime et qui a manipulé tout le monde?
Lundi 10 heures – AP: Jean-François Copé s’exprime
Le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale Jean-François Copé a souligné, lundi sur Canal+, que Clearstream était une « triste histoire », mais « avec l’ouverture de ce procès, on va clore une histoire qui dure depuis longtemps et qui correspond à beaucoup de souffrances ».
Interrogé sur les conséquences pour la carrière de Dominique de Villepin, le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) a observé que « l’Histoire a montré que beaucoup de responsables et de personnalités qui avaient le souhait de servir leur pays le faisaient, même après des épreuves comme celles-là, et continuer de le faire ».
« Je ne sais pas comment dans une famille politique, on est mieux quand on a moins de personnalités que quand on en a plus », a conclu Jean-François Copé.
Lundi 10 heures – AFP: Pour Pierre Moscovici, le procès Clearstream, c’est le « paroxysme de la haine » en politique
Le député PS Pierre Moscovici a estimé lundi qu’avec le procès Clearstream, on atteint « le paroxysme de la haine » en politique, jugeant « quand même extrêmement gênant » qu’un président de la République soit « partie civile face à un ancien Premier ministre ».
« Un président de la République qui est partie civile face à un ancien Premier ministre, tout ça a un côté assez surréaliste et révèle une chose : la violence formidable de la relation au sein de la droite, notamment entre ces deux hommes-là », a déclaré M. Moscovici sur France Info, quelques heures avant l’ouverture du procès Clearstream. Dominique de Villepin se retrouve sur le banc des prévenus face à Nicolas Sarkozy partie civile.
« On est vraiment au paroxysme de la haine » avec « ces invocations au meurtre qui viennent des plus hauts responsables de l’Etat », a ajouté le député du Doubs citant des propos comme « on va le pendre à un croc de boucher » dans la bouche de Nicolas Sarkozy ».
« Cela me choque et j’avoue que ça me dérange aussi », a-t-il affirmé.
Dimanche 21 heures – Mediapart: Pour Edwy Plenel, Clearstream est une histoire simple que Sarkozy embrouille
(…) Clearstream, c’est cela : une histoire simple que l’on a embrouillé afin de semer la confusion dans l’objectif de servir les intérêts d’une seule des 228 victimes de la falsification des listings de la chambre de compensation luxembourgeoise. Il s’agit évidemment de Nicolas Sarkozy, devenu président de la République non sans l’aide de ce feuilleton dont il s’attacha à préempter le scénario, privatisant à son seul profit quatre ans d’instruction judiciaire. Victime des faux listings, je suis l’une de ces parties civiles oubliées qui, au procès, dénonceront ce déni de justice.
Dans l’immédiat, pour dissiper ce brouillard diffusé pour nous embrouiller, je recommande vivement l’excellente synthèse que vient de publier le journaliste d’investigation Frédéric Charpier, Une histoire de fous (Seuil). Deux faits y sautent aux yeux qui nous éloignent de la légende officielle d’une vendetta villepiniste dont le sarkozysme serait la victime. Charpier nous rappelle que Cleastream, c’est d’abord l’histoire d’un escroc bonimenteur, Imad Lahoud. Le 7 octobre 2002, il sort de la prison de la Santé après y avoir séjourné trois mois et demi, en détention provisoire dans l’affaire du Fonds Volter, fonds spéculatif qu’il a créé avec son beau-père, François Heilbronner. Ce fonds venait de perdre 42 millions de dollars qui, selon divers plaignants, n’auraient pas été perdus pour tout le monde.
Lahoud a donc besoin de se refaire à la fois financièrement – il devra payer une lourde caution pour rester en liberté – et socialement – après avoir atteint la respectabilité, il passe pour un délinquant. Ce point de départ ne doit jamais être oublié pour comprendre la suite. En effet, l’instruction du dossier Volter est mystérieusement toujours en cours et, encore plus bizarrement, confiée à l’un des deux juges qui a instruit l’affaire Clearstream, Jean-Marie d’Huy. Il y a là, à tout le moins, une sorte de conflit d’intérêt pour un magistrat supposé instruire avec équité. Car les légendes inventées par Lahoud n’ont qu’un objectif : trouver des protecteurs, devenir important, retarder l’instruction du dossier Volter.
Libre, Lahoud va vendre une première histoire inventée, au plus haut niveau de l’Etat : il serait capable d’amener les services français jusqu’à Ben Laden – nous sommes un an après le 11 septembre 2001. Ici intervient, le deuxième ressort de l’engrenage qui va rendre crédules divers acteurs dont on aurait pu attendre une plus grande lucidité. Il s’agit de notre général écrivain, Philippe Rondot, sorte d’électron libre du renseignement, placé à la charnière de tous les services et à la main droite du ministre de la défense. D’emblée, avec un empressement qui frise l’imprudence, Rondot donne du crédit à Lahoud. Il l’introduit au cœur du secret d’Etat, amorce son recrutement par la DGSE, continue de lui faire confiance après que l’officier traitant désigné a dégonflé la baudruche, va jusqu’à voyager au Liban en sa compagnie et continue jusqu’en 2005 à suivre ses activités. Clearstream, ici, est secondaire. Pour Rondot, il s’agit de terminer sa carrière sur un coup d’éclat personnel : la capture de Ben Laden qui serait alors son second exploit, après celle de Carlos.
C’est le deuxième point à retenir : l’homme dont les carnets vont accabler Villepin veut faire oublier aujourd’hui qu’il fut celui qui accorda le plus de crédit aux inventions du faussaire Lahoud. Conforté par ce soutien, ce dernier va inventer sa deuxième histoire, après le filon Ben Laden : inscrire dans les vrais fichiers sortis de Clearstream toutes les obsessions, certitudes ou soupçons, des personnages qu’il rencontre, celles de la DGSE, celles des services de police qu’il fréquente aussi, DST et RG, celles de l’écrivain Denis Robert, celles de Jean-Louis Gergorin, orphelin depuis la mort de Jean-Luc Lagardère. Ils vont tous tomber dans le panneau jusqu’à ce que les vérifications du juge Renaud Van Ruymbeke sifflent la fin de la pitrerie, après que lui-même se soit hélas montré trop crédule. Entre temps, à l’été 2004, tout l’appareil d’Etat concerné, Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie comme Dominique de Villepin, savent que des faux listings circulent qui calomnient nombre de citoyens.
Aucun pourtant ne les dénonce à la justice. En ce sens, si Villepin est coupable, ils le sont tous, ministres, généraux et hauts fonctionnaires informés. Tous, Sarkozy compris.
Dimanche 20 heures – AFP: Arnaud Montebourg estime que Dominique de Villepin est « victime des abus du pouvoir »
Le député PS Arnaud Montebourg a estimé dimanche que l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin était « victime des abus du pouvoir » dans l’affaire Clearstream, et a jugé « scandaleux que le président de la République fasse pression sur la justice »
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« Je considère pour ma part que M. de Villepin est une victime des abus du pouvoir », a déclaré à BFM-TV M. Montebourg à la veille de l’ouverture du procès Clearstream. Dans cette affaire de dénonciations calomnieuses, M. de Villepin est sur le banc des prévenus face au chef de l’Etat, partie civile.
« Le président de la République, s’il avait un honneur, (…) le respect des principes républicains, devrait immédiatement, avant l’ouverture du procès, retirer sa constitution de partie civile », a ajouté M. Montebourg.
« Il est inadmissible et scandaleux qu’un président de la République fasse pression sur la Justice, dont il est censé être le garant, à l’intérieur de l’enceinte d’un tribunal, quand il va demander à travers ses avocats d’éliminer son principal adversaire politique. La justice est totalement instrumentalisée dans cette affaire », a-t-il poursuivi.
Dimanche 14 heures – Europe 1: Le ministre du Travail, Xavier Darcos, fait du zèle
Tenter, comme le font les avocats de Dominique de Villepin, d’obtenir que Nicolas Sarkozy ne soit plus partie civile au procès Clearstream, est un « écran de fumée », a accusé le ministre du Travail, Xavier Darcos, dimanche sur Europe 1.
« Je ne vois pas pourquoi le fait que le président de la République fasse partie des victimes puisse interrompre le procès », a martelé Xavier Darcos, lors du Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien. « Vous n’allez pas interrompre le procès qui concerne des dizaines de personnes sous prétexte (que le chef de l’Etat) fait partie des victimes ».
« Chercher à y échapper par des arguties ou des procédures, ça ne trompe personne », a encore jugé Xavier Darcos. « J’entends beaucoup Dominique de Villepin qui se répand sur les plateaux en se présentant comme la victime mais les victimes, que je sache, pour l’instant ce sont ceux qui ont vu leurs noms affichés dans des listes ».
Monsieur Darcos: qui a parlé d’ »interrompre le procès »? Vous semblez bien mal informé… Et au fait, vous qui parlez d’ »écran de fumée », pouvez-vous nous dire comment vous compter endiguer la spirale infernale du chômage en France?
Samedi – Mediapart: Michel Piloquet, beau-frère de Dominique de Villepin, apporte des éléments nouveaux sur Imad Lahoud
A trois jours du procès Clearstream, Mediapart a recueilli un témoignage inédit susceptible d’offrir un éclairage nouveau sur l’affaire : celui du beau-frère de Dominique de Villepin, Michel Piloquet. Ce chef d’entreprise révèle qu’il a entretenu, entre 1998 et 2004, des relations amicales avec Imad Lahoud (l’homme soupçonné d’avoir falsifié les fameux listings).
M. Piloquet affirme avoir surpris dans son bureau, en mars 2004, soit à la période où le nom de Nicolas Sarkozy a été ajouté dans les listings truqués, Imad Lahoud en train de « pirater » son ordinateur, en compagnie d’une stagiaire. Celle-ci est la fille de François Casanova, un policier des RG (aujourd’hui décédé) qui était en rapports étroits avec Imad Lahoud entre 2002 et 2004. François Casanova était un homme de confiance du n°2 des RG, Bernard Squarcini, lui-même proche de Nicolas Sarkozy. Michel Piloquet confie d’ailleurs à Mediapart qu’il est prêt à « témoigner » devant le tribunal correctionnel.
Qu’apporte ce nouvel élément ? Incontestablement, ce témoignage est susceptible d’intéresser la justice. Le procès qui s’ouvre lundi 21 septembre aura pour mission de juger les accusations d’implication supposée dans une conspiration ayant consisté à truquer des fichiers bancaires, notamment afin de mettre en cause Nicolas Sarkozy. Or, l’anecdote de la découverte d’Imad Lahoud et d’une stagiaire dans le bureau de Michel Piloquet se situe précisément au moment où l’enquête policière a situé l’introduction de patronymes mettant en cause Nicolas Sarkozy dans le fichier Clearstream. Michel Piloquet précise d’ailleurs qu’une clé USB était connectée à son ordinateur lorsqu’il a découvert Imad Lahoud et la fille de François Casanova dans son bureau.
Michel Piloquet n’a aucune certitude quant à ce que les deux personnes tentaient de faire dans son bureau. Toujours est-il que les explications données à l’époque ne l’ont pas convaincu. Le stage de la jeune fille s’arrêtera le lendemain et les explications données par cette dernière à Mediapart restent très vagues. La thèse selon laquelle Imad Lahoud aurait été téléguidé par Nicolas Sarkozy pourrait donc être relancée via cette histoire.
Reste à savoir si Michel Piloquet sera cité à la barre pour évoquer cette histoire et en faveur de quelle partie elle pourrait plaider.
Samedi – JDD: Me Olivier Metzner: « Plus il y aura d’obstacles, plus nous résisterons »
Lundi après-midi, face au tribunal, c’est Henri Leclerc, le plus expérimenté des quatre défenseurs de Dominique de Villepin, qui se lèvera pour plaider des conclusions in limine litis dont le JDD a pu prendre connaissance. A savoir un mémoire de 14 pages, adressé vendredi au président de la 11e chambre correctionnelle et à tous les avocats du dossier, dans lequel la défense de l’ancien Premier ministre demande à la justice un acte fort: déclarer que le président de la République Nicolas Sarkozy ne peut être recevable au procès en tant que partie civile.
Les avocats de Dominique de Villepin invoquent, tout d’abord, une atteinte aux principes d’équité et d’impartialité du procès, textes européens à l’appui. La position institutionnelle du Président, qui doit être le garant de l’indépendance de la justice, tout en ayant autorité sur le gouvernement (et donc sur le parquet), et en bénéficiant pour sa part d’une immunité pénale, est détaillée. Ensuite, le courroux présidentiel que déclenche l’affaire Clearstream, relayé régulièrement dans les médias, tout comme sa volonté de voir condamner Dominique de Villepin, sont également exposés par les avocats de ce dernier. Le parquet français n’étant pas une autorité judiciaire, selon la Cour européenne des droits de l’homme, au motif qu’il lui manque l’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif, la boucle est – selon eux – bouclée.
Les avocats de Dominique de Villepin évoquent également les réactions de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant au procès-verbal d’Imad Lahoud révélé par le JDD du 5 septembre. Ils notent que le procureur de la République de Paris n’a transmis ce PV aux parties que le 8 septembre, alors qu’il était en sa possession depuis le 10 décembre 2008. Ils voient là une violation des principes de l’égalité des armes, de la loyauté, et de la saisine des juges d’instruction. Au final, ils demandent au tribunal de déclarer irrecevable la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy, mais aussi d’annuler les procès-verbaux d’interrogatoire d’Imad Lahoud du 9 décembre 2008 révélés par le JDD. Dominique de Villepin veut s’expliquer publiquement, et ne demande ni le report ni l’annulation du procès. Reste à savoir si le président du tribunal, Dominique Pauthe, va statuer immédiatement sur ses demandes, ou s’il les joindra au fond, c’est-à-dire avec le jugement.
JDD: Me Metzner, expliquez-nous vos conclusions.
Me Metzner: D’abord, je suis à nouveau surpris que dans cet avant-procès beaucoup d’éléments sortent, et même nos propres conclusions! Je trouve cela curieux… On a déjà eu une déclaration publique de précondamnation de la part d’un procureur, des procès-verbaux provenant d’une autre procédure que l’on nous cachait et que l’on découvre par la presse, et bientôt on va apprendre nos propres conclusions par la presse!
JDD: Pour la défense de Dominique de Villepin, le procès Clearstream va-t-il s’ouvrir dans de bonnes conditions?
Me Metnzer: J’ai toujours confiance en les juges
devant lesquels je plaide, et je suis convaincu qu’ils seront impartiaux. Le problème, c’est que certaines personnes n’ont pas forcément ce sentiment-là. Dès lors que le président de la République est partie à ce procès, ça interpelle forcément sur l’apparence d’équité du procès.
JDD: Le président de la République ne devrait pas être représenté au procès?
Me Metzner: Il y a, me semble-t-il, une confusion de rôle. Jusqu’ici, tous les présidents de la République s’étaient abstenus, par décence, d’intervenir dans les affaires judiciaires, compte tenu de leurs fonctions, tant au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) que dans la nomination de magistrats. Ils s’abstenaient de présenter leurs propres prétentions devant les juridictions. Pour la première fois, un président le fait. Je m’en étonne.
JDD: Vous estimez que la justice s’est montrée déloyale en gardant secret le dernier PV d’Imad Lahoud.
Me Metzner: Déloyale est un mot faible ! Je trouve scandaleux qu’alors qu’une instruction est terminée, un de juges qui l’a menée continue à enquêter sur les faits dont il était saisi. Je suis scandalisé que ces documents aient été portés à la connaissance du parquet, mais jamais à la connaissance de Dominique de Villepin. Je trouve, dès lors, que l’avant-procès démarre mal. Mais je fais confiance au tribunal pour que le procès, lui, se déroule dans des conditions habituelles.
JDD: Dominique de Villepin semble d’humeur combative. Et vous?
Me Metzner: Notre client et ses avocats sont extrêmement combatifs. Plus il y aura d’obstacles, plus nous résisterons.
Vendredi – AFP: Laurent Fabius se désiste de sa constitution de partie civile
L’ancien Premier ministre (PS) Laurent Fabius, dont le nom est apparu dans l’affaire Clearstream, a décidé d’abandonner sa constitution de partie civile dans ce dossier de faux listings trafiqués à quatre jours du début du procès, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Dans une lettre jeudi au président de la 11e chambre correctionnelle Dominique Pauthe, qui présidera l’audience, son avocat Jean-Michel Darrois annonce que « Laurent Fabius a décidé par la présente de se désister de sa plainte avec constitution de partie civile déposée le 9 mai 2006″.
L’ancien Premier ministre avait déposé plainte à la suite de la parution d’un article de presse faisant état d’une note prise par le général Rondot à l’occasion d’une réunion du 9 janvier 2004 dans laquelle le nom de M. Fabius était mentionné, rappelle l’avocat dans sa lettre.
Mais depuis, l’enquête a montré que « si le nom de Laurent Fabius a semble-t-il été évoqué lors de cette réunion du 9 janvier 2004″, il « ne figurait pas dans les listings Clearstream objets des poursuites », explique Me Darrois.
Trente-neuf parties civiles, dont le président Nicolas Sarkozy, seront représentées au procès.
Vendredi – AFP: Pour Dominique de Villepin, la constitution de partie civile de Sarkozy est irrecevable
L’ex-Premier ministre Dominique de Villepin va demander l’irrecevabilité de la constitution de partie civile de Nicolas Sarkozy en raison de son statut juridique de président de la République à l’ouverture lundi du procès Clearstream, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.
Dans leurs conclusions envoyées vendredi aux différentes parties, les avocats de M. de Villepin, Mes Olivier Metzner, Henri Leclerc, Olivier d’Antin et Luc Brossollet, estiment que doit être déclaré irrecevable par le tribunal la constitution de partie civile du chef de l’Etat.
Ils demandent que le tribunal joigne au fond cette demande, c’est-à-dire que le procès se tienne et que le tribunal fasse droit – ou non – à leur demande dans son jugement.
La partie civile de Nicolas Sarkozy constitue selon eux une rupture du principe du procès équitable, le président jouissant par sa fonction d’une immunité pendant son mandat.
Cette position va plus loin que le tribunal de Nanterre qui, dans un autre dossier, a décidé en juillet d’accepter la constitution de partie civile du président mais refusé de se prononcer sur des dommages et intérêts demandés par Nicolas Sarkozy jusqu’à la fin de son mandat.
M. de Villepin demande également dans ses conclusions la nullité des procès-verbaux des auditions réalisées dans un autre dossier d’Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin, deux autres prévenus de l’affaire Clearstream.
Lors de cette audition en décembre 2008, le mathématicien Imad Lahoud a notamment affirmé que « la cabale contre Nicolas Sarkozy était montée sous la connaissance de Dominique de Villepin ».
Les avocats n’avaient pas connaissance de ces auditions jusqu’à leur révélation dans la presse au début du mois.
Mercredi – La Tribune: Philippe Delmas ou la vérité de la première victime
Philippe Delmas, alors dirigeant d’Airbus, est celui qui a déclenché l’enquête au long cours des juges sur les listings trafiqués en portant plainte, le premier, pour dénonciation calomnieuse. Dans une note que latribune.fr s’est procurée, il expose sa vérité : celle du volet industriel de la manipulation. Philippe Delmas, l’ancien haut dirigeant d’Airbus, qui a initié, par sa plainte toute l’enquête Clearstream, dit sa vérité. Dans une note de 10 pages que latribune.fr s’est procurée, et qui peut être consultée en cliquant ici, il analyse le volet industriel de l’affaire, la lutte au couteau entre les industriels de l’armement, et aussi entre les différents dirigeants de ces entreprises, une lutte quasiment passionnelle, une lutte dans un univers de secrets et de manipulations. Cette note jette une lumière crue sur la ténébreuse affaire Clearstream.
Philippe Delmas est l’un de ceux qui l’ont vécue le plus près depuis ses origines. Arrêté, le 7 mai 2004, par la gendarmerie juste à la fin de l’inauguration à grand spectacle de l’atelier d’assemblage de l’Airbus A380, mis en garde-à-vue par le juge Van Ruymbeke, relâché, il est, plus tard, licencié par son employeur.
Et pourquoi ? Dans les listings falsifiés, transmis au juge Van Ruymbeke, il apparaît en tête, juste derrière Alain Gomez, l’ancien patron de Thomson, du réseau de blanchiment organisé via des comptes ouverts auprès de la chambre de compensation Clearstream pour « traiter » les commissions issues du trafic d’armes, et notamment celles tirées de la vente par Thomson de frégates à Taïwan.
Philippe Delmas, convaincu de sa bonne foi et de la falsification des listings, va porter plainte le 1° Juillet 2004 pour dénonciation calomnieuse contre X, via les fichiers falsifiés transmis au juge Van Ruymbeke. L’enquête sur cette plainte sera confiée le 3 septembre 2004 au juge d’instruction Jean-Marie D’Huy. C’est la plainte de Delmas qui initie l’enquête judiciaire qui aboutira cinq ans plus tard au procès Clearstream qui va s’ouvrir le 21 septembre 2009.
Philippe Delmas a ensuite disparu dans la rude bataille médiatique où Nicolas Sarkozy est apparu comme la première victime. Mais, dans la note que nous publions, il remonte aux sources de la manipulation et accuse directement Jean-Louis Gergorin de l’avoir initié. Jean-Louis Gergorin a reconnu avoir envoyé les listings. Mais il affirme avoir été manipulé.
Dans cette note, Delmas fait un portrait au vitriol de Gergorin, son collègue et ami – au moins jusqu’à cette affaire. Il décrit Gergorin comme un spécialiste du secret, de la manipulation. Un homme prêt à tout. Dans un texte quasiment passionnel, il « charge » lourdement Gergorin. Et il remonte à ce qui est, selon lui, l’origine de la manipulation, le combat, entre Ph
ilippe Camus (défendu par Jean-Louis Gergorin) et Noël Forgeard (dont Philippe Delmas était proche), pour la direction d’EADS, le groupe européen d’aéronautique, d’espace et d’armement, maison-mère d’Airbus.