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Hervé Mariton dans Valeurs Actuelles: Une certaine idée de la société

Pourquoi suis-je engagé en politique ? Parce que je me sens responsable du monde dans lequel je vis, du monde que j’ai reçu, de celui que je transmettrai. Certains disent « comptable ». Je dirais que responsable va au-delà; je veux donc être un « acteur ». Parce que trop souvent l’héritage est insulté, comme le regrettait déjà Alain Finkielkraut dans l’Ingratitude, parce que trop souvent nous avouons notre impuissance face au destin des générations futures (il est important de savoir ce que nous transmettons à nos enfants, certes, mais je crois qu’il est aussi important de travailler à ce que nos enfants auront à coeur de transmettre aux leurs), parce que des choix de société essentiels se font souvent sous la seule emprise de la mode et de l’émotion, j’ai souhaité, pour le groupe UMP de l’Assemblée nationale, avec mes collègues, travailler sur ces sujets, les choix à faire, la méthode à tenir, proposant une première synthèse intitulée « Reprendre la main sur les questions de société… »

La droite doit être moderne sans être moderniste, concrète sans être matérialiste, pragmatique sans être sans foi ni loi. Être de droite c’est vouloir partager et faire vivre des valeurs telles que la liberté, la responsabilité, la dignité de la personne, le rôle de la famille dans l’éducation et la transmission. Oui à une certaine stabilité dans une époque de « zapping », oui à une certaine identité dans une époque de confusion des repères, oui à la personne dans une époque d’individus marchandisés, oui à l’espérance en des temps de déprime.

Nous devons écouter la société française, travailler les sujets qui font débat en affirmant nos convictions, nous libérer de la dialectique de la conservation et du changement et rechercher surtout ce qui est juste. À travers les débats qui mobilisent l’opinion, nous avons l’occasion de construire un projet de société appuyé sur des valeurs positives. Nous pouvons proposer des lois qui protègent les libertés individuelles et qui promeuvent la dignité des personnes. Nous pouvons proposer un cadre favorable à l’épanouissement de chacun et au bien de la société.

Faisons des questions de société un élément fondamental de notre offre politique. Notre responsabilité politique n’est pas seulement de légiférer mais elle est aussi d’éclairer les citoyens et de faire vivre le débat. Le temps du débat n’est pas du temps perdu, c’est le temps de l’écoute, du dialogue, qui permet de prendre en compte les réalités du terrain. Nous manifestons une grande confiance dans le corps social et dans la capacité des Français à poser des choix exigeants, pour peu que leur conscience soit honnêtement éclairée. Il n’y a pas lieu d’être sur la défensive. C’est un projet engageant sur lequel l’UMP a de nombreux atouts à faire valoir. Les convictions que nous portons répondent de plus en plus aux attentes des Français et à leur recherche de sens!

Les questions de société doivent permettre au groupe UMP d’assumer sans complexe une voie de droite, faite de convictions, d’ouverture et de générosité. C’est aussi l’occasion d’assumer une voie française, marquée par l’Histoire et par une ambition politique singulière. Une voie qui n’est ni antiscientifique ni antimoderne. Une voie qui n’est pas coupée du reste du monde mais qui sache assumer sa différence. Une voie profondément humaniste. C’est-à-dire au service de la personne humaine. « L’homme, la seule querelle qui vaille », disait de Gaulle.

Nous devons ainsi promouvoir une politique de la « famille durable ». L’instabilité des familles est aujourd’hui facteur de précarité, d’isolement et de fragilité. Le politique ne peut pas se contenter de le constater; il doit consolider ce qui fonctionne dans la politique familiale actuelle (notamment le quotient familial et le caractère horizontal de cette politique) et proposer de nouvelles initiatives de solidarité intergénérationnelle. Il nous faut préparer également une loi d’éthique du numérique, installer un comité d’éthique, renforcer les moyens de sécurité numérique pour mieux protéger à la fois les personnes et la société. Enfin, dans le débat sur la bioéthique,nous devons affirmer nos valeurs, nos principes, les choix qu’ils guident, qui, s’ils doivent pouvoir toujours répondre à l’état de la technique, n’auront plus vocation à être « révisés » tous les dix ans.

Ma conviction est que la sortie de crise ne sera ni uniquement ni principalement économique et financière. Elle sera dans les valeurs, dans une vision et un projet de société renouvelés. Faire de la politique, c’est faire oeuvre d’optimisme, ici proposer quelques voies pour davantage de bonheur et de fraternité.

Source: Tribune de Hervé Mariton dans Valeurs Actuelles

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