La fin de la récession en France, annoncée jeudi par l’Insee (+0,3% entre le premier et le second trimestre 2009), a agréablement surpris le gouvernement et les économistes.
Elle doit beaucoup à la prime à la casse de 2.500 € instaurée par la chancelière allemande: après douze mois de chute, le rebond printanier du PIB français s’explique largement par une progression des exportations de Renault et PSA vers l’Allemagne.
Le PIB français a crû de 0,3% entre le premier et le second trimestre 2009, portant la contraction annuelle à -2,6%. Cela met fin à quatre trimestres de recul. La contraction du 1er trimestre a par ailleurs été révisée par l’Insee de -1,2 à -1,3%.
« Le rebond du PIB est notamment imputable à l’amélioration du solde du commerce extérieur. En effet, les exportations croissent après la chute des derniers trimestres (+1% après -7,1% au trimestre précédent), tandis que les importations reculent à un rythme moins soutenu qu’au premier trimestre (-2,3% après -5,8%) », explique l’Insee.
Après douze mois de chute, le rebond printanier du PIB français s’explique largement par une progression des exportations de Renault et PSA vers l’Allemagne. Mais aussi vers l’Espagne et l’Italie, qui ont mis en place une prime similaire.
Les constructeurs français ont, bien sûr, profité de la prime franco-française (1000 euros) qui a soutenu la consommation, enclenchant un cycle de reprise. La branche automobile a relancé la production et retenu les intérimaires. Cet enchaînement a freiné les destructions de postes à l’échelle du pays. La France a perdu 74 100 emplois salariés au deuxième trimestre, moitié moins qu’au premier. Sur un an, le pays enregistre toutefois 401 400 suppressions d’emplois (pour un total de 15,6 millions).
Les primes à la casse peuvent-elles suffire à renouer avec une croissance durable ? Malgré ces signaux, ni le gouvernement ni les économistes ne cèdent à l’euphorie. Au rythme actuel, il faudrait près de deux ans et demi avant que le pays ne retrouve son niveau de richesses de la mi-2008. Les prévisions de croissance – ou plutôt de chute – demeurent inchangées à – 3 % pour 2009. Les crédits à la consommation reculent
Dans un scénario rose, les mesures de soutien continueraient de faire effet et les grands chantiers promis par le gouvernement sortiraient de terre. Pour l’heure, le plan de relance se distingue à peine dans les chiffres de l’Insee. Les investissements des administrations publiques, en chute, se sont stabilisés au deuxième trimestre tandis que ceux des entreprises privées baissent toujours. François Fillon tentera d’accélérer le processus à la rentrée. Le Premier ministre doit réunir « dans les prochaines semaines » les membres du gouvernement concernés par le plan dont « la pleine mise en œuvre est essentielle pour soutenir l’activité et l’emploi dans une période qui reste tendue ».
Christine Lagarde, ministre de l’Economie, ne cache pas son inquiétude sur le front de l’emploi. Les effets dopants de la prime à la casse sont cantonnés à la branche automobile et à ses fournisseurs en biens intermédiaires (acier, plastiques…). Les suppressions de postes se poursuivent dans d’autres branches et une vague de jeunes diplômés va arriver sur le marché du travail à la rentrée.
Dans un scénario sombre, la hausse du chômage inciterait les Français à réduire leurs dépenses. Déjà, les crédits distribués aux ménages pour réaliser des achats importants ont baissé (51 milliards d’euros sur douze mois en juin contre 55 milliards en décembre 2008), les crédits revolving s’effondrent. « Les banques ont restreint l’offre de prêts l’an dernier. Cette fois-ci, c’est la demande qui risque de faire défaut », analyse un statisticien de l’Insee. Or, la consommation représente la moitié du PIB. Si elle cale, une rechute est assurée.
Source: Journal du Dimanche