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Le nouveau Président (4/11): Nous avons la même passion

Chaque dimanche, retrouvez sur ce blog le feuilleton de l’été: Le nouveau Président, écrit par Denis Bonzy du blog Exprimeo, qui nous fait l’amitié de cette exclusivité.

Quatrième épisode, ce dimanche 2 août: Nous avons la même passion

Ce dimanche 25 décembre, plusieurs sites Internet publient des photos où des candidats à la présidentielle sont en effet clairement identifiables, dont Dominique de Villepin, sur un tarmac en Afghanistan. Il y a même une vidéo amateur qui circule sur le web prise à l’aide d’un téléphone portable. Dominique de Villepin et le candidat de l’Alliance entrent rapidement dans un taxi.

Ce candidat a créé la surprise lors des primaires ouvertes mises en œuvre par le PS au second semestre 2010. Il a débuté sa campagne sur le thème d’être « garant de sens ». Il a tellement bien «garanti le débat» que, progressivement, celui-ci s’est organisé autour de lui. Il a remporté la primaire grâce aux électeurs flottants qui sont allés voter sans être militants encartés.

Dans la foulée de cette victoire surprise, il a redéfini l’ADN du PS et soumis à un « referendum militant » plusieurs nouveaux noms. L’un d’eux s’est détaché : l’Alliance.

Quand le socialisme renoue avec l’idéal de liberté

Dans cette étape de redéfinition de l’essentiel de l’apport du PS, les militants socialistes ont considéré que la colonne vertébrale de leur engagement était la défense des libertés. Cette approche avait permis de dépasser l’éventuel repli sur le social.

Cette approche repositionnait certains débats. Ainsi, la liberté des plus fragiles dans les banlieues avait-elle ouvert un pan très détaillé de mesures de nature à défendre l’ordre et la tranquillité publics. De même, la défense de la liberté des femmes avait permis de présenter des mesures très rigoureuses contre une forme inquiétante d’éventuel «embrigadement religieux». Bref, le PS laxiste était mort. Cette « révolution culturelle » avait été jugée incontournable pour se réconcilier avec certaines couches populaires. De même, le PS impérialiste était supposé avoir disparu. D’où le nouveau nom d’Alliance qui incarne la différence mais avec affection.

Plus surprenant sur cette vidéo, il y avait aussi la candidate du Modem. Marqué par plusieurs échecs majeurs, son leader historique savait que 2012 ne lui ouvrirait pas les espaces de 2007. Dans le meilleur des cas, les sondages indiquaient que le Modem resterait vers le seuil des 10 %. Il ne pouvait plus prétendre à la victoire. Il fallait se compter pour tenter de faire la différence au second tour grâce à un ralliement officiel obligatoire ; ce qui était désormais le point de passage obligé pour sa survie. Pour cette raison et afin de laisser les perspectives les plus ouvertes (Matignon ?), ce leader historique avait pris du recul tout en assumant la Présidence du Comité de soutien.

Par leur simplicité dans de telles circonstances comme par leur proximité manifeste, ces photos touchent l’opinion.

Quand ces candidats reviennent sur le territoire Français, l’opinion attend des explications. C’est donc une salle bondée qui a répondu à l’invitation pour le premier point presse commun organisé ce mercredi 28 décembre en fin de matinée.

« Nous avons la même passion »

Le plus âgé des membres de cette délégation débute la conférence de presse qui se déroule dans une des salles de l’Assemblée Nationale. Il indique que le « privilège de l’âge » lui vaut de lire un mot introductif qui a l’accord de chacun.

Ce mot est le suivant :

« Dans ce contexte difficile de démocraties persuadées que des enjeux primordiaux de civilisation imposent des réponses exceptionnelles, nous devons rassembler nos forces. Cet effort passe par la préparation de formes nouvelles de solidarités, de tolérance, de compréhension, de dialogue.

Dans tous ces domaines, beaucoup reste à effectuer. Par notre démarche commune dans de telles circonstances, nous avons voulu exprimer notre détermination à répondre aux vrais enjeux de liberté, de justice, d’efficacité pour l’avenir de notre pays dans sa capacité à respecter le message universel attaché à son Histoire.

Lors de rendez-vous de ce type, ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare.

En effet, ensemble, pour le France, nous avons la même passion ».

Les questions sont nombreuses. Les réponses sont toutes sur le même thème : « un nouveau monde est en construction. Il demande de la lucidité, le goût du concret et la mise en place de nouvelles relations ». Les expressions sont humbles sans la moindre surenchère. La conférence de presse prend fin dans un climat irréel si différent des oppositions habituelles.

Le choc

Le jeudi 29 décembre, Dominique de Villepin reprend sa campagne électorale. Il est en déplacement à Lille.

En fin de matinée, il rencontre la presse locale et déclare « les gens responsables savent quand le moment est venu d’adopter de nouvelles attitudes. Les personnes courageuses sont celles qui ont la capacité d’en tirer les conséquences concrètes. Nous devons être responsables et courageux. Le temps est venu de travailler ensemble dans le respect de nos différences. Si les Français me font confiance, je veillerai à ce que le Gouvernement soit l’équipe de France avec un capitaine à Matignon qui complète et qui entraîne toutes les énergies. Je rêve de ce matin où chaque Français se sentant ainsi mieux reconnu pourrait se dire « chacun de nous compte. Chaque épreuve peut être une fenêtre sur de nouvelles attitudes qui ouvrent sur un demain meilleur ». Voilà le moteur de mon engagement ».

En fin d’après-midi, un sondage est publié. Les socles classiques bougent. Trois changements majeurs naissent. La «nouvelle génération» des moins de 35 ans se mobilise pour voter soit pour Dominique de Villepin soit pour le candidat de l’Alliance. Un changement identique frappe l’électorat féminin. Mais surtout, les seniors se répartissent plus équitablement et par conséquent, le Président sortant, soutenu par le Mouvement Populaire, vit une érosion significative qui le pousse à réagir. Ce d’autant plus que les questions pleuvent : pourquoi des candidats n’ont-ils pas été conviés à participer à une délégation officielle ? Pourquoi le Président n’a-t-il pas mené personnellement cette délégation ? Finalement où mène cette logique d’une France qui a si souvent donné le sentiment que le pays était « malade de son opposition » ?

Ce jeudi 29 décembre en fin d’après-midi, Dominique de Villepin et son équipe de campagne ont la profonde perception qu’un tournant de campagne est intervenu. Les «lignes ont bougé» selon l’expression désormais à la mode. Il est temps de prendre une initiative forte qui montre aux Français qu’une nouvelle campagne est née.

Un débat public contradictoire par Région : la présidentielle à la porte de chacun

Comme dans toute organisation sérieuse, plusieurs « mesures chocs » sont en réserve.

A l’issue du déjeuner, Dominique de Villepin s’isole un instant. Il doit arbitrer la proposition concrète qui permettra de garder l’initiative.

Pour bien montrer aux Français que cette campagne est « la leur » et qu’elle doit être vécue dans la proximité, une mesure forte concerne l’organisation d’une vingtaine de débats publics contradictoires décentralisés et ouverts à tous.

L’ancien Premier Ministre est persuadé qu’il faut montrer aux Français qu’une nouvelle confiance leur est reconnue. Ils vont ainsi s’approprier la campagne présidentielle. Cette proposition porte un effet collatéral non négligeable. Par le nombre même des débats publics, ils devront s’échelonner dans la durée et cet effet incontournable impose au Président sortant d’entrer plus tôt dans la campagne ou de faire le choix de « la chaise vide » qui pourrait passer pour une forme de mépris.

Dominique de Villepin écoute les avis. Il tranche. Il est temps de lancer cette proposition.

Quelques minutes plus tard, sa direction de campagne publie donc un bref communiqué : « Dominique de Villepin tiendra à Paris une réunion publique le mardi 3 janvier 2012. Il présentera 11 propositions concrètes pour que le scrutin de mai soit un exemple de démocra
tie moderne. Parmi ces propositions figure la tenue d’un débat public contradictoire décentralisé par Région Française mettant en présence tous les candidats. Cette élection est celle des Français. Ils doivent la vivre au plus près de leur quotidien, dans la diversité des territoires comme des sujets traités. Ces débats décentralisés seront une étape collective majeure vers la démocratie nouvelle que notre pays mérite ».

Auteur: Denis Bonzy du blog Exprimeo

En exclusivité sur le blog 2villepin, dimanche 9 août, cinquième épisode: J’appelle à la barre Monsieur Dominique de Villepin

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