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Exclusivité Internet: "40 ans après la Lune, quel défi pour l'humanité?", par Dominique de Villepin

Après Jean-Pierre Grand hier, c’est aujourd’hui Dominique de Villepin qui livre, en exclusivité pour 2villepin et les autres blogs villepinistes, son point de vue sur le thème: »40 ans après la Lune, quel défi pour l’humanité? ». Demain, mercredi: François Goulard.

Le temps des grandes aventures collectives est-il fini ? Je ne le crois pas, car c’est l’antienne qui revient au lendemain de toutes les grandes conquêtes. Le dépassement des limites autant que l’esprit d’invention s’ancrent au plus profond de la destinée humaine. Nous ne pouvons faire autrement : nos racines plongent dans notre avenir.

Mais je crois cependant que nous avons changé d’époque. Le sens de la conquête s’est modifié. Il ne s’agit plus de partir à l’assaut de nouveaux territoires. Cinq siècles de grandes découvertes, de mondialisation hémiplégique exclusivement occidentale et d’épuisement d’un monde infini sont en train de s’achever. Nous entrons dans le temps de la maturité. L’enjeu c’est désormais moins la conquête que la responsabilité et la maîtrise de nos forces.

Responsabilité envers nous-mêmes tout d’abord car il reste un continent presque inconnu, c’est celui de l’humanité, de sa capacité à dépasser ses passions et ses haines pour trouver en elle-même les ressorts de l’édification d’une authentique cité des hommes. Il nous faut apprendre à préserver ou à établir les grands équilibres, à assumer la responsabilité attachée à la maturité. C’est une chose que l’humanité ait conquis le monde, c’en est une autre de le gouverner, en s’appuyant sur une légitimité réelle fondée sur des principes enfin universels.

Responsabilité envers notre monde également. De nouvelles relations à notre environnement doivent être inventées, tout le monde s’en rend désormais compte, de nouvelles limites technologiques peuvent être dépassées pour dompter les énergies de la fusion nucléaire par exemple.

Responsabilité les uns envers les autres, car rien n’est plus urgent aujourd’hui que d’établir un nouvel esprit de partage et de faire progresser la justice, au sein de nos sociétés développées comme entre pays du nord et du sud. L’accès aux biens primordiaux et l’égalité des chances sont les principales conditions de l’avenir de notre destinée commune.

Est-ce si différent d’un départ pour la lune ? C’est aussi une aventure collective, c’est aussi un puissant appel aux capacités d’imagination, de connaissance, d’organisation collective. Cette fois, pourtant, l’aventure ne concerne pas seulement trois ou quatre champions nationaux, mais l’ensemble des pays du monde, sans séparer de façon définitive acteurs et spectateurs de l’exploit.

Quelle pourrait-être la réalisation collective symbolique d’une telle énergie née de la diversité, de la coopération, d’un nouvel et authentique universalisme ? Pourquoi ne pas accomplir un pas emblématique à l’échelle mondiale pour déclarer l’eau bien public mondial et en réguler les usages. Offrant ainsi l’accès à tous du bien le plus essentiel et mettant en œuvre concrètement les règles d’un partage durable.

Dominique de Villepin

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