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Dominique de Villepin sur Europe 1

Refuser le paiement de « toute commission pouvant donner lieu à rétrocommission » était une « décision de principe » prise par Jacques Chirac, alors président de la République, a affirmé vendredi Dominique de Villepin, l’ancien secrétaire général de l’Elysée, interrogé sur Europe 1 au sujet de la polémique sur les attentats de Karachi, en 2002.


« Une décision de principe prise par Jacques Chirac »

M. de Villepin a expliqué qu’ »il y avait eu une décision de principe », générale, « prise par Jacques Chirac », qui était « de refuser le paiement de toute commission pouvant donner lieu à rétrocommission », car cela avait des conséquences pour « l’image » de la France.

Il s’agissait d’une « volonté de moraliser la situation et de refuser des pratiques qui s’avéraient extrêmement nuisibles pour notre pays », « instruits par le dérapage de certains dossiers », a-t-il dit, citant notamment l’affaire des frégates de Taiwan.

« La question, à ma connaissance, ne s’est pas posée concernant spécifiquement une zone géographique », a-t-il précisé, faisant allusion au Pakistan.

Le président Chirac a pris sa décision « dès lors qu’il apparaissait injustifié que de telles commissions versées pour des contrats puissent revenir d’une quelconque façon sur le territoire national au profit de quelque personnalité que ce soit, politique ou autre », a-t-il dit.

L’ancien ministre de la Défense Charles Millon a reconnu avoir bloqué « le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions », à la demande de Jacques Chirac.

« Pas d’alerte spécifique » liée au versement de rétrocommissions sur la vente de sous-marins de DCN au Pakistan

Interrogé sur ce qu’il savait en 1995 alors qu’il était secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac, l’ancien chef de gouvernement a déclaré: « Je n’ai pas eu d’alerte à l’époque concernant ce contrat spécifique avec le Pakistan ».

Interrogé sur l’hypothèse des juges anti-terroristes selon lesquels l’arrêt du versement de commissions à des intermédiaires pakistanais par la France aurait pu provoquer la décision d’un attentat en représailles, M. de Villepin a répondu: « C’est une hypothèse. Rien à l’époque n’est venu alerter ou alarmer les responsables politiques » sur l’éventualité que des intérêts français soient pris pour cible à l’étranger, si la France stoppait le versement de commissions au Pakistan.

L’avocat des familles des victimes avait révélé, il y a une semaine, que les juges chargés de l’enquête étudiaient cette hypothèse de près. Les révélations du journal Libération, qui a affirmé jeudi que la Direction des constructions navales signalait l’existence de contrats commerciaux et de commissions occultes dès 2002, sont venues étayer cette piste.

Quatorze personnes, dont onze Français, ingénieurs des arsenaux d’Etat, étaient morts dans l’attaque perpétrée le 8 mai 2002, officiellement attribuée à Al-Qaida.

Dominique de Villepin n’a pas formellement exclu l’hypothèse que des « protagonistes français » aient pu, avant l’arrêt du versement de ces commissions, bénéficier du versement de rétrocommissions. Il a toutefois refusé de confirmer les rumeurs sur un éventuel financement de la campagne d’Edouard Balladur, à l’élection présidentielle de 1995.

« Seule la justice a les moyens effectifs de vérifier ce genre de rumeurs » a affirmé l’ancien premier ministre.

Sources: Europe 1 et Agence France Presse

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