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Dominique de Villepin à Marseille

Remerciements à Monique pour les photos

Dominique de Villepin était à Marseille ce jeudi.

Au programme: interview publiée le matin dans La Provence, tchat en milieu d’après-midi avec les lecteurs de La Provence puis dédicace de La cité des hommes à la Librairie Les Arcenaulx.

L’ancien Premier Ministre a également répondu aux questions de Guillaume Blardone dans C L’info sur la Chaîne Marseillaise.

Florilège: « On ne peut pas réussir à vouloir trop étreindre (…). Le remaniement ministériel est avant tout un recentrage sur la majorité (…). Ce n’est pas le début de l’acte II mais la fin de l’acte I, puisque nous avons le même Premier ministre et qu’il n’y a pas de réorientation de la politique économique (…). Il n’y a pas de fatalité à choisir un Premier ministre effacé (…). Si vous ne faîtes pas de constat lucide sur votre action, comment voulez-vous vous renouveler ? (…) La victoire aux européennes est une victoire en trompe-l’oeil, c’est d’abord une victoire de l’abstention (…). Lancer un emprunt national a une valeur symbolique et pédagogique mais c’est aussi un aveu de difficulté. »


Interview de Dominique de Villepin publié jeudi matin dans La Provence

La Provence: Comment décryptez-vous le nouveau gouvernement ?

Dominique de Villepin : C’est à la fois un réajustement sur les grands portefeuilles ministériels et un recentrage. On voit que les pistes d’ouverture telles qu’elles avaient été conçues sont remisées.

Cela signifie-t-il que l’ouverture a vécu ?

La conception d’origine, autrement dit choisir des personnalités issues d’autres formations, en particulier de la gauche, qui acceptent de faire le passage, est une conception difficile et limitée. Il est difficile d’imaginer des gens en responsabilité au Parti socialiste qui puissent facilement franchir la ligne.

Est-ce la limite de l’exercice ?

C’est la limite de cette politique d’ouverture quand elle est susceptible d’être perçue comme un débauchage. Il y a deux types d’ouverture: celle qui se fait à partir d’un projet et celle qui se fait par le ralliement de personnalités à l’équipe gouvernementale, plus ponctuelle, plus difficile à vivre et peut-être plus médiatique. C’est un exercice de forme beaucoup plus qu’un exercice de fond.

Un Mitterrand au gouvernement, cela vous étonne ?

Frédéric Mitterrand est un homme qui a un bagage, qui aime la culture. Il a une connaissance très solide des dossiers. Il lui restera à témoigner d’une autre qualité indispensable: la qualité d’administrateur. La Culture est un ministère où il faut gérer des crédits, malheureusement en réduction. Où il y a des choix difficiles à faire.

Que vous inspire le recentrage de la nouvelle équipe de François Fillon ?

Je crois que c’est un remaniement a minima qui prépare le deuxième temps de l’action du quinquennat. Ce temps deux viendra après les régionales. Aujourd’hui, il s’agit d’ajuster plus que de remanier en profondeur. Je regrette qu’il n’y ait pas de coordination entre la définition de l’équipe et la définition des priorités. Le Président a choisi de se donner trois mois pour un grand débat sur son action, il y a donc un décalage dans le temps. Or, aujourd’hui, nous connaissons les priorités pour la France: avoir une politique ambitieuse d’innovation, une grande politique de l’emploi et une politique de réduction des déficits. Ne tournons pas autour du pot ! On peut toujours essayer de se rassurer en se disant qu’il y a un bon et un mauvais déficit mais quand le déficit est élevé, il est toujours mauvais. Veillons à faire preuve d’économie et de responsabilité.

Vous sortez un nouveau livre. Êtes-vous en campagnepour la présidentielle ?

J’ai affirmé ma volonté d’aller à la rencontre des Français, mon désir d’élection. Nous verrons bien quelle échéance, comment et où le moment venu.

Si toutefois une condamnation dans l’affaire Clearstream vous éloignait de la politique…

Je n’ai pas commis de faute, je ne vois pas comment je peux être condamné dans un État de droit. Je suis tout à fait serein. Il y a eu des instrumentalisations et des incompréhensions. Le procès qui aura lieu en septembre sera l’occasion de clarifier tout cela.

Source: Propos recueillis par Marjory Chouraqui (La Provence)

Tchat de Dominique de Villepin avec les Provençaunautes

En visite à Marseille pour dédicacer son livre « La Cité des hommes » à la librairie « Les Arcenaulx », Dominique de Villepin s’est prêté avec plaisir à l’exercice du tchat avec les Provençaunautes. L’occasion pour celui qui joue les trublions de la majorité de montrer qu’il prépare bel et bien son retour sur le devant de la scène politique.

A l’heure où il lance son propre « club politique » (Villepin.fr, les amis de Dominique de Villepin) dans le but de créer une alternative à Nicolas Sarkozy, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac reste discret sur ce qui demeure son véritable objectif : la présidentielle 2012. Mais entre langue de bois habilement maniée et petits traits d’humour bien placés, ses ambitions transparaissent. Retour sur les moments forts du tchat :

Le nouveau gouvernement

« J’ai toujours été fidèle à mon engagement gaulliste qui est de rassembler au-delà des partis, au-delà des courants », s’est contenté d’analyser Dominique de Villepin. L’ancien ministre de l’Intérieur s’est en revanche montré beaucoup plus prolixe sur la nomination de Frédéric Mitterrand à la Culture : « C’est un homme de culture et qui aime la culture. C’est donc un bon point de départ, reste pour lui à relever un défi d’importance dans ce ministère, se révéler aussi un administrateur ».

Le discours de Sarkozy à Versailles

Domique de Villepin ne s’en cache pas : « J’ai toujours été attaché à une séparation stricte des pouvoirs et à ce titre je n’étais pas favorable à la réforme constitutionnelle, a-t-il expliqué. « Il n’en reste pas moins que la réforme a été votée et qu’elle s’impose à tous. A ce titre, le discours de Nicolas Sarkozy est bien un discours historique puisque c’est le premier sous la Ve République d’un président, devant l’ensemble des parlementaires réunis. »

Et d’ajouter : « Je suis heureux qu’à cette occasion le président de la République ait affirmé avec force l’importance de notre modèle social et de notre modèle républicain » Ce qui ne l’empêche pas de regretter que ‘le président n’ait pas choisi de préciser d’emblée ces priorités compte-tenu de la gravité des défis que nous avons à affronter’.

La loi Hadopi

L’ancien conseiller de Jacques Chirac ne considère pas que la loi contre le téléchargement soit une solution viable car son « volet sanction est loin d’être satisfaisant ». Et ne la voit donc pas s’inscrire dans la durée : « Je pense que cette loi a vocation à être provisoire le temps de trouver un mécanisme innovant permettant de rémunérer les auteurs sur une base à définir. La licence globale est une de ces pistes, encore faut-il être capable de définir les modalités de sa mise en œuvre. Je crois que c’est l’enjeu des prochains mois. Il faut continuer de réfléchir de façon à trouver le bon équilibre entre la juste rémunération des auteurs et la liberté du net ».

L’emprunt et la dette

L’ancien locataire de Matignon s’est montré rassurant mais critique sur le nouvel emprunt annoncé par Nicolas Sarkozy lors de la présentation du nouveau gouvernement : « L’emprunt peut avoir dans certaines circonstances une valeur pédagogique ou symbolique en mobilisant tous les Français face au problème de la dette ». Il a néanmoins rappelé l’urgence d’une « mobilisation générale » face à la position française, « plus dangereuse que nos voisins et notamment l’Allemagne ». Et de préciser : « Notre dette se situe en pourcentage un peu au-dessus de 80% de notre PIB (…) mais dans les prochaines années nous risquons de passer le cap des 100%. Il n’est donc
pas question de laisser les choses dériver si nous ne voulons pas compromettre nos chances de relance et si nous ne voulons pas grever les chances de nos enfants ».

Rapports avec Jacques Chirac

« Je serai ravi de le voir plus souvent. Malheureusement, des circonstances juridiques me l’interdisent mais cela ne devrait pas durer longtemps. Je l’ai croisé avec plaisir il y a quelques jours rue de Rivoli. Le temps de l’embrasser, j’ai pu mesurer qu’il était en pleine forme. »

Clearstream

L’affaire Clearstream est-elle un complot politique ? « Je ne suis pas dupe du fait qu’il puisse y avoir des pressions directes ou indirectes, des instrumentalisations qui puissent peser sur un dossier de cette nature », reconnaît Dominique de Villepin. L’ancien chef du gouvernement s’est montré serein quant au procès qui aura lieu en septembre : « Je suis convaincu que la vérité apparaîtra dans les prochains mois à l’occasion du procès que j’attends avec impatience ».

Ses ambitions

Ses mimiques cachaient moins bien que ses paroles ses objectifs à court et à long terme. Ministre au sein du gouvernement Sarkozy ? « Compte-tenu du parcours qui est le mien, et de l’expérience acquise dans différents postes, je n’ai aucune ambition ministérielle », affirme-t-il. Candidat aux régionales ? « Je souhaite me présenter à des élections. Est-ce que les circonstances s’organiseront pour que cela soit possible aux régionales ou après, nous verrons bien ». La présidentielle 2012 ? « J’ai affirmé mon désir d’aller à la rencontre des Français (…) Inch’allah comme on dit dans mon pays de naissance » (le Maroc, ndlr). Et les internautes d’insister en lui demandant s’il pourrait se présenter en candidat libre. Là encore, pirouette : « J’ai passé mon baccalauréat en candidat libre… ça m’a réussi. Mais il est vrai que j’avais 16 ans. Depuis, j’ai pris un peu de bouteille… mais j’ai toujours pris mes responsabilités ».

Son club Villepin.fr

« Mon objectif est de contribuer à la réflexion et à la proposition politique, explique Villepin. J’ai la chance de pouvoir voyager beaucoup en France et à l’étranger, et à ce titre je reçois de nombreux messages ou témoignages qui m’aident à formuler une vision alternative que je crois indispensable pour ma famille politique ». Un moyen de se positionner comme le plus sérieux concurrent à Sarkozy dans trois ans ? « Je souhaite que Nicolas Sarkozy et le gouvernement se concentrent sur un nombre plus limité de réformes partagées par l’ensemble des Français et qu’ils s’assurent qu’elles soient efficacement menées à bien. Il y a trop souvent un décalage entre les intentions et la réalité, entre les lois votées et la vie des citoyens », se contente-t-il de répondre.

Marseille et l’OM

Dominique de Villepin a une nouvelle fois manié l’humour pour répondre à un internaute qui lui demandait s’il serait intéressé par la mairie de Marseille, en abordant l’actualité de l’OM.

« Ooooh peuchère ! Pour Marseille, j’abandonnerai tout, sourit-il. Mais vous allez déjà faire l’expérience d’un président de l’OM venu d’ailleurs alors j’attendrai que la greffe prenne avant d’en proposer une autre. LCI et TF1 ce n’était pas facile mais c’était en tout cas moins enthousiasmant que le défi que Jean-Claude Dassier a à relever aujourd’hui. Je lui souhaite, ainsi qu’à vous tous, beaucoup de buts pour la saison prochaine. »

Dominique de Villepin a conclu par une parole amicale à Jean-Caude Gaudin : « Je crois que là aussi, il ne manque pas de candidats. Mais enfin un petit cabanon au bord de la mer, je suis preneur ».

Source: Anthony Jammot (La Provence)

Séance de dédicace à la Librairie Les Arcenaulx

Emission C L’info sur la Chaîne Marseillaise

Article de La Tribune du Sud: « Visite d’un sans-famille »

Un petit tour et puis s’en va. Presque incognito. L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a fait un passage éclair hier après-midi à Marseille son dernier bouquin « La Cité des hommes » sous les bras. Sourire à pleines dents et cheveux au vent, il a passé quelques heures dans la cité phocéenne entre la Belle-de-Mai et le cours d’Estienne d’Orves. En guise l’accompagnement, son garde du corps et une collaboratrice des éditions Plon. Mais aucun élu marseillais. Pas de Jean-Claude Gaudin, de Renaud Muselier (son ancien secrétaire d’État) ou de Guy Teissier. Comme un léger parfum de boycott.

Depuis les élections européennes, Dominique de Villepin multiplie, en effet, les piques à l’encontre du gouvernement et du locataire de l’Elysée. À Marseille, comme ailleurs, on l’attendait sur ce terrain, il a répondu présent.

La visite villepinesque démarre dans les studios de LCM pour une demi-heure d’émission politique animée par Guillaume Blardone. Florilèges : « On ne peut pas réussir à vouloir trop étreindre (…). Le remaniement ministériel est avant tout un recentrage sur la majorité (…). Ce n’est pas le début de l’acte II mais la fin de l’acte I, puisque nous avons le même Premier ministre et qu’il n’y a pas de réorientation de la politique économique (…). Il n’y a pas de fatalité à choisir un Premier ministre effacé (…). Si vous ne faîtes pas de constat lucide sur votre action, comment voulez-vous vous renouveler ? (…) La victoire aux européennes est une victoire en trompe-l’oeil, c’est d’abord une victoire de l’abstention (…). Lancer un emprunt national a une valeur symbolique et pédagogique mais c’est aussi un aveu de difficulté. » Il est intarissable.

On le retrouve quelques heures plus tard, cours d’Estienne-d’Orves, dans la très chic librairie Les Arcenaulx. Au milieu des livres anciens et des lithographies de la salle Proust, il dédicace son livre à une cinquantaine d’aficionados.

Un vieil homme, la veste blanche : « Je le trouve très élégant, très cultivé et très intelligent. » Une femme, robe noire et téléphone portable à la main : « Je ne savais pas qu’il venait à Marseille. Je vais prendre une photo : ça me fera un souvenir. Je n’ai pas acheté son livre : vous croyez qu’ils contrôlent les entrées ? » Une autre femme, sac à dos et regard perdu, lui demande une dédicace et lui glisse un mot au creux de l’oreille : « Ma question était une question très triste… Je veux lui offrir une tasse mais je ne sais pas si elle passe aux micro-ondes. Ah, tiens, j’ai laissé le prix. C’est pas grave. Tenez, M. de Villepin, c’est pour vous »…

Au milieu de tous ces cheveux blancs, quelques jeunes de l’UMP ont fait le déplacement (on les reconnaît à leur polo rose et à leur cheveux bien mis). Mais toujours pas d’élus locaux à l’horizon.

Alors, sympa, l’accueil à Marseille ? « De tous mes passages ici, j’en garde un souvenir très chaleureux y compris dans des moments importants et difficiles. » Pas de quoi s’en offusquer alors ? « Ils ont tous ont un calendrier très chargé. Il y aura d’autres occasions. Et ce sera un plaisir de revoir tous mes amis : Jean-Claude Gaudin et les autres. » Rien à voir donc avec un boycott ? « J’ai suffisamment d’expérience en matière politique pour savoir que les boycotts ne servent à rien. Au niveau national et international, c’est toujours un aveu de faiblesse. Mais je ne peux pas imaginer de telles co
nsignes me concernant. » Personne, assurément.

Source: Mickaël Penverne (La Tribune du Sud)

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