Dominique de Villepin était ce lundi l’invité de « Vous avez un message » sur TF1-LCI. Il commente la vidéo montrant Barack Obama tuant une mouche à la télé, confie ses amours (sa « femme et sa famille, la poésie et la course à pied »), ses passions et même, ses ambitions politiques.
Dominique de Villepin a écouté l’intervention de Nicolas Sarkozy à Versailles dans le TGV qui l’amenait à Strasbourg: « Il y a de bonnes choses, comme la volonté de poursuivre les réformes et la défense des principes républicains, juge-t-il dans Le Parisien, mais il manque l’essentiel : fixer les grandes priorités, ce que j’appelle de mes voeux depuis deux ans. »
Remerciements à Dominique pour les photos
A la suite de sa séance de dédicace de La cité des hommes à la librairie Kléber, Dominique de Villepin a été reçu, à l’Hôtel de Ville, par le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries. L’occasion pour le maire d’exprimer son « admiration » pour l’homme d’Etat, dont le « discours à l’ONU contre la guerre en Irak » s’est révélé « visionnaire ». Et au-delà, pour « sa vision de la géopolitique » et « sa capacité à s’élever au-delà des contigences ».
Photo J. Dorckel – CUS Strasbourg
A lire dans ce billet: l’interview de Dominique de Villepin aux Dernières Nouvelle d’Alsace: l’ancien Premier Ministre plaide pour un président garant de l’intérêt général et moins engagé dans la politique quotidienne. L’homme du refus de la guerre en Irak invite à une négociation ferme mais ouverte avec Téhéran.
Interview de Dominique de Villepin aux Dernières Nouvelles d’Alsace
Les Dernières Nouvelles d’Alsace: Pourquoi un gaulliste tel que vous montre-t-il autant de réserves sur la présidentialisation de notre régime politique ?
Dominique de Villepin : Nous avons pu penser, il y a deux ans que le quinquennat impliquait une présidentialisation renforcée de la Ve République. Je crois que nous sommes allés beaucoup trop loin dans cette logique. Il faut revenir à un équilibre institutionnel plus strict qui préserve le président dans la durée. J’espère que nous allons retrouver les vertus d’un président garant de l’intérêt général, conservant suffisamment d’altitude pour jouer son rôle d’arbitre capable de « trouver la nouvelle idée » au delà des polémiques. Il ne faut jamais oublier que nous sommes un pays à faible consensus – c’est comme ça ! – et qu’on ne peut faire abstraction de ce handicap.
Dans ce pays marqué par l’héritage de 1789, il faut sans cesse rechercher l’adhésion du peuple la plus large possible. Cette conviction profonde explique toutes les réticences que j’exprime sur les discours clivants et sur des réformes à l’emporte-pièce qui divisent les Français quand il faut inlassablement chercher à les rassembler.
Dans l’histoire des démocraties, les temps de crise ont souvent renforcé l’attente d’un homme providentiel qui bouleverserait le jeu. La France serait-elle victime, aujourd’hui, de cette dérive ?
Nous étions un certain nombre à entrevoir les mirages de la rupture… et je crois sincèrement que la prochaine présidentielle se fera sur une autre logique. L’histoire, en effet, est essentielle pour nous avertir des dangers de certains rêves.
Dans ces temps de crise, et donc de doute, il est particulièrement important d’éviter les déconvenues, les désillusions, sinon les Français en viendront à se méfier de toute réforme. Un président ne peut pas se contenter de désigner de nouvelles cibles politiques tous les quatre matins et de foncer tête baissée.
Comment justifiez-vous votre réticence de principe sur l’intervention du chef de l’État devant le parlement réuni en congrès ?
Sur le fond, je suis favorable à une séparation stricte des pouvoirs. Le président de la République aurait pu s’exprimer devant les Français, il préfère le faire devant le Congrès, voilà… Ce n’est pas un exercice qu’on peut faire à la légère. Il n’aurait pas de sens si le président ne fixait pas trois ou quatre grandes priorités et pas plus. S’il ne proposait pas au pays des choix essentiels. Je ne voudrais pas qu’il y ait une banalisation de la parole présidentielle… Il faut que ce rendez-vous ouvre vraiment l’acte II du quinquennat.
Les grands discours devant les Français, c’est un temps révolu ?
Pas forcément. L’intervention à la télévision est un exercice maîtrisé, désormais, mais faire un grand discours populaire, en plein air, c’est un art difficile. On touche là à l’alchimie de la parole. C’est un contact à la fois physique et charismatique, charnel, qui vous prend aux tripes. Certains hommes sont plus capables que d’autres de porter cela. Ils sont rares. De Gaulle, bien sûr, Malraux au Panthéon, Chirac pour le Vel d’hiv, où il avait su passer le cap…
Barack Obama est il piégé par l’évolution de la situation politique en Iran ?
J’entends des critiques sur sa politique de la main tendue qui serait inadaptée. Je ne crois pas du tout qu’il ait échoué ! La marge de manoeuvre est étroite mais nous ne pourrons l’évaluer qu’en engageant le dialogue avec l’Iran. Si nous nous raidissons sur des positions fermées uniquement dictées par l’émotion immédiate, nous entraînerons une radicalisation toujours plus dangereuse du régime, et alors il n’y aura plus aucune place pour la négociation.
Nous devons faire avec la situation iranienne telle qu’elle est. Au delà de la brutalité de son régime politique, l’Iran est un grand pays qui éprouve un besoin immense de reconnaissance. Il faut que nous lui adressions un message ferme et clair pour que ses dirigeants comprennent qu’en contrepartie du renoncement au jusqu’au-boutisme nucléaire ils peuvent trouver un avantage à l’ouverture : une place – historiquement légitime – sur la scène internationale du monde entièrement nouveau qui émergera après une sortie de crise stupéfiante. Un monde dans lequel le jeu des puissances mondiales sera totalement modifié.
Source: Propos recueillis par Olivier Picard (Les Dernières Nouvelles d’Alsace)
Article du Parisien: Le « désir d’élection » de Dominique de Villepin
A la librairie Kleber, on se bouscule pour avoir une dédicace et se faire photographier avec lui. Dominique de Villepin, venu à Strasbourg promouvoir son dernier livre, « La Cité des hommes », édité chez Plon, se prête à l’exercice avec gourmandise : « Je suis plus à ma place ici, en allant à la rencontre des gens, que dans les tribunes du Congrès. »
L’ancien Premier ministre n’a donc pas assisté au discours de Nicolas Sarkozy devant les parlementaires à Versailles. Mais dans le TGV, il a pu en entendre de larges extraits. « Il y a de bonnes choses, comme la volonté de poursuivre les réformes et la défense des principes républicains, juge-t-il, mais il manque l’essentiel : fixer les grandes priorités, ce que j’appelle de mes voeux depuis deux ans. »
A Versailles, Sarkozy a repris les mots de « vieux pays » utilisés par Villepin dans son discours à l’ONU en 2003. « Personne n’a le monopole des jolies phrases », sourit Villepin. Dans son livre, qui porte sur les défis du monde à construire après la crise, lui ne cite pas le nom de Sarkozy. Mais il est sévère sur les deux premières années du quinquennat : « On en sort avec un sentiment de tournis. Il faut rassurer les Français en fixant des objectifs simples, lisibles et mesurables. » Il reproche d’ailleurs les modalités de la venue du président devant le Congrès : « Donner leur feuille de route aux parlementaires relève du Premier ministre et ce mélange des genres crée de la confusion. »
En ce début d’été, Villepin multiplie déplacements et interventions dans les médias. Alors que le chef de l’Etat lance le second acte de son quinquennat, il regrette l’absence d’un bilan d’étape : « Nicolas Sarkozy avait dit qu’il jugerait ses ministres à leurs résultats et qu’il sanctionnerait les couacs gouvernementaux. Ces promesses n’ont pas été tenues. »
En septembre, Villepin sait qu’il devra faire face à son renvoi en correctionnelle dans l’affaire Clearstream. Il répète qu’il est serein : « Je souhaite que toute la vérité soit faite ». Il se projette au-delà et rêve désormais de se confronter au suffrage universel. « Ce n’est pas une obsession, mais la politique fait partie de ma vie et j’ai un désir d’élection », avoue-t-il, ajoutant : « Tout dépendra des circonstances. Si ce n’est pas les régionales, il y a d’autres élections… »
Pense-t-il à la présidentielle ? « Il faudra sereinement apprécier le nouveau temps politique ouvert en 2007 et voir si la rupture aura été réalisée, dit-il. La France ne peut pas vivre dans une sorte de tourbillon permanent où le zapping fait office d’action. » Il s’affirme « fidèle » à sa famille politique, précisant tout de même : « Ma liberté est totale. » A 19 heures, le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, vient chercher Villepin et l’emmène à l’hôtel de ville pour un vin d’honneur. « J’aime les gens qui ont des choses à dire », commen
te l’élu socialiste.
Source: Didier Micoine (Le Parisien)
Le maire de Strasbourg, Roland Ries, « admire » Dominique de Villepin
Le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries, qui recevait lundi soir à l’Hôtel de Ville de Strasbourg l’ancien Premier ministre UMP, Dominique de Villepin, venu en Alsace présenter son livre « La cité des hommes » (Plon), a utilisé pas moins de quatre fois le verbe « admirer » en quelques minutes. Dominique de Villepin a de son côté souligné qu’il y avait entre les deux hommes « de nombreuses passerelles et de nombreux points communs ». « Il faut mettre nos énergies et nos efforts ensemble », a encore déclaré à l’hôtel de Ville l’ancien hôte de Matignon.
Les deux personnalités n’avaient pas assisté l’après-midi au Congrès de Versailles et n’ont pas écouté le discours du président de la République, Nicolas Sarkozy. Ils ne voulaient pas remettre un rendez-vous fixé de longue date à Strasbourg…
Dans chacun des camps politiques, le PS et l’UMP, les uns et les autres apprécieront à leur manière le degré de sincérité de cette volonté de convergence et les éventuelles arrières-pensées politiques du maire de Strasbourg ou de l’ancien Premier ministre en quête d’un nouveau destin national.
Avant de se rendre à l’Hôtel de Ville, Dominique de Villepin a fait étape à la librairie Kléber, pour deux séances de dédicace très courues et au cinéma l’Odyssée pour un échange sur son livre devant plusieurs centaines de personnes.
Source: Dernières Nouvelles d’Alsace