« Les Français souffrent. A cela, il faut donc apporter des réponses ! (…) Il faut tirer des leçons » du résultat des dernières élections européennes, « et les leçons, c’est aujourd’hui l’inquiétude des Français et la nécessité d’agir », a souligné Dominique de Villepin, invité d’Anne-Sophie Lapix dans Dimanche +.
Discours du Président Sarkozy devant le Congrès réuni à Versailles, remaniement gouvernemental, bilan de Rachida Dati à la Chancellerie, situation en Iran, réorientation de l’enquête sur les attentats de Karachi en 2002, modification de l’âge de départ en retraite, rôle au sein de la Majorité, UMP: retrouvez, dans ce billet, les déclarations de l’ancien Premier Ministre.
Enfin, retrouvez les « Confidences » de Dominique de Villepin en cliquant ici. Stature présidentielle, Jacques Chirac, désir d’élection, port de la burqa: l’ancien Premier Ministre répond aux questions des internautes.
Sur le discours du Président Sarkozy lundi à Versailles
Dominique de Villepin attend « une définition claire des priorités » du discours de Nicolas Sarkozy lundi à Versailles.
Celui qui entend incarner une « alternative » à Nicolas Sarkozy au sein de la majorité a réclamé des « choix clairs » face à la crise économique et aux souffrances des Français. « Nous avons besoin d’une politique ambitieuse, de l’éducation, de l’innovation, de réduire les déficits publics, de donner la priorité à l’emploi », a-t-il dit.
Le discours présidentiel marque une « deuxième chance », « la possibilité de rebondir à travers la définition claire de priorités », a estimé M. de Villepin. « Est-ce que nous ne nous sommes pas trop dispersés dans l’action que nous avons menée, est-ce que nous n’avons pas négligé un certain nombre de sujets importants pour les Français? », a-t-il demandé.
Invité à assister au discours de Versailles en tant qu’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin a précisé qu’il n’assisterait pas à la réunion du Congrès en raison d’un déplacement à Strasbourg où il dédicacera La cité des hommes à la Librairie Kléber en fin d’après-midi. Mais il aurait été « bien sûr » heureux d’écouter Nicolas Sarkozy…
L’ancien Président de la République, Jacques Chirac, ainsi que le Président du Conseil Constitutionnel, Jean-Louis Debré, ont également décliné l’invitation.
Sur le remaniement gouvernemental
L’ampleur du remaniement qui suivra le Congrès de Versailles dépendra de « l’ambition du président », a déclaré Dominique de Villepin. Si Nicolas Sarkozy est « satisfait de la politique actuelle », il n’a « pas de raison » d’effectuer un remaniement en profondeur, a dit l’ancien Premier ministre: « nous verrons à l’importance du remaniement ministériel, eh bien, le cap qu’il souhaite prendre et la volonté qu’il a, éventuellement, d’impulser de nouvelles réformes ».
« Ce que je souhaite, moi, c’est qu’on soit plus concentré sur des réformes de grande ampleur, plutôt que dispersé sur une multitude de petites réformes dont on ne voit pas toujours le résultat », a poursuivi l’ancien Premier Ministre.
Sur le bilan de Rachida Dati à la Chancellerie
Dominique de Villepin a par ailleurs jugé sévèrement le bilan de Rachida Dati à la Chancellerie: « Je crois qu’il y a eu beaucoup d’occasions perdues, beaucoup d’attentes du côté du monde judiciaire, beaucoup de dossiers qui sont restés pendants, beaucoup de réformes engagées et pas toujours abouties. Il y a la carte judiciaire qui a été réformée. L’ambition était bonne. Je crois que les considérations strictement budgétaires ont beaucoup pesé dans l’ambition de la réforme. Il est certain qu’il reste beaucoup à faire. »
Sur la situation en Iran
Dominique de Villepin a souhaité dimanche que la communauté internationale soit « beaucoup plus audacieuse » face à la situation en Iran, en avançant des « propositions fortes ».
« Nous devons montrer (…) que nous sommes prêts à avancer dans une coopération beaucoup plus ambitieuse », a déclaré sur Canal+ l’ancien ministre des Affaires étrangères. « C’est certainement ce qui embarrassera le plus le régime en place, ce qui est le plus susceptible de faire évoluer le régime ».
« Il faut être beaucoup plus audacieux que nous le sommes, beaucoup mieux coordonner nos politiques et rallier la Russie, la Chine autour de la table pour faire des propositions ensemble à l’Iran », a expliqué Dominique de Villepin. Sans entrer dans le détail, il a souhaité des « propositions fortes » en matière économique.
Selon lui, « Barack Obama a pris les premières bonnes décisions, nous devons l’appuyer ». L’ancien Premier ministre a estimé qu’ »attiser le brasier serait irresponsable ».
Sur la réorientation de l’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002
Dominique de Villepin a affirmé ne pas connaître l’éventuelle existence de commissions versées par la France sur le contrat de vente de sous-marins au Pakistan, dont l’interruption à partir de 1995 pourrait être à l’origine de l’attentat de Karachi.
« Je ne connais pas du tout les spécificités de ce dossier. Ceux qui étaient dans les fonctions de l’époque aux ministères de l’Economie, des Finances, de la Défense, des Affaires étrangères, pouvaient avoir des informations dont je n’ai pas disposé moi-même », a déclaré l’ancien bras droit de Jacques Chirac.
La justice française privilégie désormais la thèse d’un acte de vengeance de militaires pakistanais dans l’enquête sur l’attentat qui a coûté la vie à 11 membres de la Direction des constructions navales (DCN) et blessé 12 autres en mai 2002, à Karachi au Pakistan. L’ancien Premier ministre Edouard Balladur serait soupçonné d’avoir bénéficié du versement de rétro-commissions pour financer sa campagne présidentielle de 1995, selon des sources judiciaires.
Des documents saisis l’été dernier lors d’une perquisition à la DCN, et exploités depuis par les juges d’instruction antiterroristes, laisseraient penser que Jacques Chirac aurait mis fin au versement des commissions françaises dès son arrivée à l’Elysée en 1995 afin de tarir la source de revenus de son rival malheureux.
Sans parler directement du dossier pakistanais, Dominique de Villepin, secrétaire général de l’Elysée de 1995 à 2002, a rappelé « la volonté de Jacques Chirac de moraliser la vie publique internationale, en particulier sur les grands contrats ».
Sur la modification de l’âge de départ en retraite
Interrogé sur la modification de l’âge de départ en retraite, Dominique de Villepin a souligné: « La vraie question qu’il faut se poser tout de suite, c’est: « est-ce que nous faisons tout pour que ceux qui souhaitent travailler puissent travailler? » Regardons le temps qu’il faut aux jeunes pour entrer sur le marché du travail. (…) Allonger la durée du travail si ceux qui veulent travailler ne peuvent pas travailler, ça n’a pas de sens. Je crois qu’il faut un peu de raison. Faisons en sorte que les jeunes puissent entrer plus rapidement sur le marché du travail, que les femmes qui veulent effectivement travailler voient ce travail facilité. Faisons en sorte que les seniors qui sont souvent mis à la retraite bien avant l’âge légal de la retraite puissent travailler. Après, on pourra, si besoin est, considérer l’allongement de la durée du travail. »
Sur son rôle au sein de la Majorité
« Les Français souffrent. A cela, il faut donc apporter des réponses ! (…) Il faut tirer des leçons » du résultat des dernières élections européennes, « et les leçons, c’est aujourd’hui l’inquiétude des Français et la nécessité d’agir », a déclaré Dominique de Villepin.
« Mon souci, c’est d’offrir à la majorité des propositions alternatives », a ajouté l’ancien Premier Ministre: « je crois qu’il y a une distinction entre l’alternance (l’alternance, c’est un combat politique) et l’alternative (c’est en permanence le souci de faire mieux). Mon souci, c’est que le Président de la République réussisse, c’est que le gouvernement réussisse, fasse mieux en tirant les leçons à chaque étape. »
Sur l’UMP
L’UMP reste « ma famille politique »: « on peut être chez soi même quand il y a des tensions et parfois quelques inélégances », a déclaré l’ancien Premier Ministre.
Enfin, Dominique de Villepin a répondu au porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, qui avait déclaré en début de semaine que Dominique de Villepin ne cotisait plus à l’UMP depuis mai 2007: « Ils ont peut-être perdu mon adresse, mais enfin je les invite à renvoyer éventuellement une demande de cotisation. Ils ne savent peut-être pas que j’ai changé d’adresse. »
Sources: Journal du Dimanche, Associated Press et Nouvel Observateur