Ce matin, Dominique de Villepin était l’invité de Jean-Jacque Bourdin sur RMC – BFM Télé, en direct du Bar Américain situé rue de la République à Lyon: situation en Iran, âge légal de départ à la retraite, situation des déficits publics, emploi des jeunes, des seniors et des femmes, fiscalité, réformes du gouvernement… L’ancien Premier Ministre a répondu à toutes les questions du moment.
Sur la situation en Iran
Au lendemain des violences à Téhéran, l’ancien premier ministre français Dominique de Villepin a donné ce matin son avis sur la situation en Iran : « Il y a eu des fraudes. De quelle ampleur ? C’est aujourd’hui difficile à dire. Mais ce qui est important, c’est la réaction qui va être la notre. Nous devons éviter à tout prix la radicalisation de l’Iran. C’est effectivement le risque d’un Président, Ahmadinejad, qui aurait peur, qui se sentirait menacé et qui durcirait considérablement le régime. La réponse ne doit pas être une réponse de fermeture. Il s’agit de donner un espoir au peuple. C’est ce qui embarrassera le plus les régimes les plus radicaux de cette région. »
Sur la réforme de l’âge légal de départ à la retraite
« On ne peut pas aujourd’hui ne pas se poser la question. Nous apprenons le chiffre des déficits publics: 6%, c’est-à-dire 3 fois plus que quand j’étais aux affaires, quand j’étais Premier Ministre. (…) L’Allemagne a d’ores et déjà pris la décision de reculer cet âge de la retraite. (…) Faut-il tout de suite augmenter l’âge de la retraite, alors que les plus jeunes ont tant de difficultés à rentrer sur le marché du travail (nous avons l’un des taux de chômage des jeunes, en France, les plus élevés d’Europe) et alors même que les seniors sont poussés très tôt vers la retraite? La priorité aujourd’hui, c’est de prendre toutes les mesures: et nous avons besoin d’une politique de l’emploi plus audacieuse, plus imaginative pour faire en sorte que les jeunes puissent travailler et que les seniors puissent rester jusqu’à l’âge de la retraite légal, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. (…) Il y a véritablement des dispositifs à mettre en place, plus incitatifs. (…) Quand on veut, on peut. Mais il faut s’adapter aux besoins et les besoins, ce sont aujourd’hui les jeunes, les seniors et les femmes qui continuent de rencontrer beaucoup de difficultés pour travailler. (…) Je pense que ça vaudrait le coup de mettre les partenaires sociaux autour de la table et de leur dire: « écoutez, on ne sortira pas de la salle avant d’avoir apporté une réponse aux jeunes, aux seniors et aux femmes qui sont souvent en souffrance sur le marché du travail ». »
Sur les déficits publics
« Une conséquence, c’est que nous aurons du mal à faire partie des Etats qui sortiront le plus rapidement de la crise et le plus fortement de la crise. C’est-à-dire que nous risquons, tel l’albatros, d’être un peu empêtrés, tirés vers le bas par ces déficits publics, c’est-à-dire moins compétitifs et moins réactifs, donc c’est un vrai problème pour la France. »
Sur les hausses d’impôts
« Augmenter les impôts à un moment où la consommation bat de l’aile, où il y a un risque déflationniste dans notre pays, eh bien, c’est empêcher encore un peu plus la reprise économique, le moment venu. »
Sur les 20 Milliards de déficit de la Sécurité sociale
« J’attire l’attention du gouvernement depuis de longs mois sur cette situation. Nous avons un système de protection sociale qui s’effiloche au fil des mois et qui donne le sentiment aux Français de précarité, d’une précarité qui s’accroît, d’une situation d’insécurité qui s’accroît. Je crois que la vraie réponse, c’est de remettre sur la table l’ensemble des prestations pour pouvoir garantir aux Français … Cela veut dire que l’Etat puisse dire clairement aux Français ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut plus faire. Je crois qu’il y a des arbitrages à faire. Ces arbitrages, il faut avoir le courage de les faire. (…) Ayons le courage de remettre cela sur la table, une fois de plus, avec l’ensemble des partenaires sociaux pour prendre les décisions qui s’imposent. Vous savez, quand vous êtes au pied du mur, vous ne pouvez pas aller beaucoup plus loin. Mais par contre, vous pouvez aller beaucoup plus bas. Aujourd’hui, le réalisme et le courage, c’est de ne pas prendre des demi-mesures et des mesurettes. Je me bats pour que le gouvernement ne se satisfasse pas de réformes tous azimuts qui au bout du compte sont des réformes à 20%, à 25% ou à 30% et qui sont souvent contre-productives. Prenons des vraies mesures. Faisons des vraies réformes, mais des réformes de fond qui permettent aux Français d’éclairer l’avenir. »
Sur la petite phrase de Patrick Devedjian, selon qui « Dominique de Villepin a d’autres rendez-vous » avant les élections
« Je salue l’élégance. C’est quelque chose d’assez formidable dans la vie politique. On est assez souvent tiré vers le bas, mais on n’est pas obligé de répondre. Donc je ne réponds pas à ce genre de commentaires. »
Merci à mon ami Yamin pour les photos