Alors que la crise dans les Universités françaises dure maintenant depuis 15 semaines, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, était l’invitée, samedi matin, de France Info.
A la question de savoir « quelle erreur » la ministre avait pu commettre « dans la gestion » de la crise, Mme Pécresse a répondu : « Il y avait une barque de réformes qui était trop chargée, qui a cristallisé les inquiétudes et les interrogations ».
Elle a cité, parmi les réformes, celle sur l’autonomie des universités, celle, qui en découle, sur le statut des enseignants-chercheurs et celle de la formation des professeurs des écoles, collèges et lycées.
« Peut-être ça faisait beaucoup de réformes en même temps. Et en même temps, est-ce qu’on peut attendre aujourd’hui pour réformer l’université française? », a-t-elle questionné.
Le conflit universitaire, entré dans sa quinzième semaine, perdure dans une dizaine d’établissements, suscitant des questions sur la façon de sortir de cette crise, la validation du semestre pour les étudiants et les traces laissées par ce mouvement. Eléments de réponse.
Où en est le mouvement, comment en sortir ?
Sur le terrain, seule une minorité d’universités – une dizaine, sur 83 au total – sont encore perturbées, en grève partielle, bloquées ou totalement fermées. Certains enseignants reconduisent la grève ou poursuivent les formes alternatives de contestation (« rondes des obstinés », cours hors les murs…). D’autres appellent à la reprise des cours et à la tenue des examens. Les syndicats peinent toutefois à canaliser le mouvement.
Plus personne ne se risque à une prédiction sur une sortie de crise, tant le mouvement est inédit par sa durée. À certains endroits, l’université a fait appel aux forces de l’ordre pour débloquer l’établissement. Au ministère de l’Enseignement supérieur, on répète que « l’urgence est la reprise des cours ».
Comment s’organisent les examens de fin d’année ?
« Les difficultés sur les examens sont minoritaires. Dans la majorité des cas, ils se passent normalement », affirme Simone Bonnafous, porte-parole de la Conférence des présidents d’université (CPU). Rattrapages des cours pendant les vacances, décalage du calendrier des examens, cours en ligne… des solutions ont été trouvées au cas par cas.
Seule dans la dizaine d’universités perturbées, la tenue des examens restait incertaine ou encore non programmée. La « neutralisation du semestre » – une licence validée avec 5 semestres au lieu de 6 par exemple – est parfois envisagée.
Quels sont les pommes de discorde qui persistent ?
Le décret sur le statut des enseignants-chercheurs : il a certes été réécrit, mais les plus hostiles avertissent qu’il prévoit toujours la possibilité de moduler le service, c’est-à-dire de faire plus d’heures d’enseignement que de recherche.
La réforme de la formation des enseignants : elle a été reportée d’un an mais pas abandonnée. Ses détracteurs dénoncent la disparition de la formation (pratique) professionnelle et de l’année de stage rémunérée.
Plus généralement, c’est la philosophie « libérale », de « marchandisation de l’université » de la loi sur l’autonomie de 2007 qui est contestée par une partie de la communauté universitaire. Nicolas Sarkozy a affirmé début avril qu’il ne reviendrait « jamais » dessus.
Quel va être l’impact du mouvement pour l’université française ?
Les présidents de certaines universités traditionnellement en pointe lors des derniers mouvements disent avoir constaté des baisses d’inscriptions dans leurs établissements les précédentes années. Pour le moment, il est trop tôt pour dire que tel sera le cas pour la prochaine rentrée.
Pour Simone Bonnafous, « le mouvement va obliger, dans les universités et dans l’espace public, à plus de débats sur des questions de fond – la mission de l’université, le rôle de l’État, de la recherche… – et c’est tant mieux ».
L’intervention de Valérie Pécresse sur France Info samedi matin
« Il faut mettre les bouchées doubles. » Tel est en substance le message qu’a voulu faire passer Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, ce samedi sur France Info. Pour la dizaine d’universités qui sont, selon la ministre, toujours perturbées, elle souhaite un « accompagnement sur mesure ». « La réussite de l’université, c’est la réussite des étudiants », a t-elle martelé, soulignant que 35 universités n’avaient pas été touchées par la grève. Valérie Pécresse appelle ainsi les enseignants à rattraper les cours qu’ils n’ont pas pu dispenser, « si possible en délocalisant un certain nombre de ces cours dans d’autres batiments. »
La ministre a par ailleurs redit que pour la « dizaine » d’universités encore perturbées, l’objectif était de « tenir les examens avant la fin de l’année » universitaire. Cet objectif « est réalisable si tout le monde y met du sien. On ne peut pas brader les diplômes 2009. Il faut que ces examens correspondent à des cours réellement dispensés », a-t-elle affirmé. Elle a toutefois ajouté que dans certains cas « ça ne sera pas possible de tenir tous les examens avant juillet, (…) peut-être il faudra envisager des examens en septembre ».
Elle assure par ailleurs qu’une attention particulière sera portée aux étudiants « les plus fragiles », « ceux qui travaillent pour payer leurs études », « ceux qui vont travailler cet été », et qui sont directement concernés par un réaménagement de calendrier.
« Nous ne braderons pas les diplômes », a répété une nouvelle fois Valérie Pécresse, qui refuse l’idée d’un examen national. « Les diplômes correspondront à des épreuves dans toutes les disciplines. »
Sources: Agence France Presse et Le Point