Il continue à faire entendre sa petite musique à l’intérieur de la majorité. Dominique de Villepin s’exprime (il publie La cité des hommes chez Plon le 11 juin) sans se priver de lancer des banderilles vers son camp.
Celui qui se dit « disponible » pour les futures échéances électorales critique la campagne européenne de son parti et l’activisme législatif de l’exécutif.
Pourquoi la campagne des européennes est à la peine ?
Dominique de Villepin : L’Europe est à la fois perçue comme lointaine et comme trop souvent interventionniste. L’enjeu est important, notamment en matière de régulation -la crise nous a montré le besoin de règles- d’innovation et de culture, comme en matière de défense. Il existe un modèle économique et social européen à défendre dont chacun doit prendre conscience.
L’UMP doit-elle craindre un vote sanction ?
Il y a toujours la tentation d’une réaction d’impatience lors d’une élection intermédiaire. Il faut se déterminer en fonction d’un projet de changement, de second souffle pour l’Europe. Les Français ont besoin d’être convaincus. La partie n’est pas gagnée.
Les candidats ont-ils une part de responsabilité ?
Aujourd’hui, les messages sont brouillés. La présidence française de l’Union constitue un atout pour la majorité et le thème de la protection est un bon choix. Il faut le traduire par des propositions fortes.
L’affaire Kouchner démontre-t-elle les limites de l’ouverture ?
Je respecte les choix de Bernard Kouchner. La bonne ouverture ne doit pas réduire le champ politique mais l’élargir, sinon elle se limite à du débauchage. Je souhaite que la campagne fasse avancer des projets concrets: politique industrielle, sécurité énergétique, règlement des crises. Il faut la rendre concrète et plus intéressante!
Les réformes de l’exécutif vous satisfont-elles ?
Dans une période de grandes difficultés, il ne faut pas céder à la tentation de tout bousculer, ce qui est le meilleur moyen de ne rien changer. La réforme doit être davantage concentrée sur l’innovation, la garantie de la protection sociale, l’emploi. Sinon elle se dilue et peut tourner au cercle vicieux. La réforme « tous azimuts » n’est pas adaptée aux circonstances.
Quel bilan dressez-vous de ce début de quinquennat ?
C’est un bilan contrasté. Des décisions importantes ont été prises en matière de politique étrangère. J’ai la conviction que sur le plan intérieur les efforts gagneraient à se concentrer sur l’essentiel.
Poil à gratter de la majorité, serez-vous candidat à la présidentielle en 2012 ?
Si j’exprime ma différence, c’est pour apporter mon expérience, des propositions et une vision dans le seul souci de l’intérêt général.
Source: La Provence (Propos recueillis par Marjory Chouraqui)