Invité de Jean-Michel Apathie jeudi matin sur RTL, Dominique de Villepin a affirmé comprendre que le chef de l’Etat n’ait pas lui-même souhaité célébrer l’anniversaire de sa victoire à la présidentielle et asséné « qu’à la vérité, il n’y a pas grand chose à fêter ».
« Le Président a choisi une méthode qui est celle de la réforme tous azimuts et force est de constater que cette méthode ne donne pas les résultats escomptés, tout simplement parce que les uns et les autres, nous sommes incapables de dire, ou même de citer aujourd’hui, quelque réforme qui aurait donné des résultats tangibles dans la crise », a déploré l’ancien Premier Ministre.
« La méthode Coué qui s’exprime en haut lieu »
« Nous sommes donc aujourd’hui orphelins de ces deux ou trois grandes réformes qui feront ou ne feront pas le quinquennat », a ajouté Dominique de Villepin pour qui il existe « un décalage extrêmement fort entre l’inquiétude qui s’exprime partout dans notre pays et cette sérénité qui relève davantage de la bulle ou de la méthode Coué, qui s’exprime en haut lieu » au gouvernement.
François Fillon avait vertement critiqué mercredi ceux « qui parlent de notre pays comme s’il était en situation pré-révolutionnaire », visant sans le citer Dominique de Villepin.
L’intéressé a répliqué jeudi matin, dénonçant « une ignorance de l’histoire de France qui est tout à fait remarquable. Je ne demande pas que nos dirigeants soient dans un affolement qui ne sied pas à l’exercice du pouvoir. Je demande simplement qu’ils sortent un peu plus, qu’ils se mêlent un peu plus aux Français pour découvrir à quel point on s’interroge sur l’avenir de notre pays. »
Sur le plan internation: « bilan contrasté »
Deux ans après l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin s’est penché sur le bilan à la tête de la France de son ancien ministre de l’Intérieur. « Il est contrasté », a jugé l’ancien Premier ministre jeudi sur RTL , reconnaissant malgré tout l’activisme du chef de l’État sur le plan international, « un président d’initiative sur le G20, sur la Géorgie, sur l’Union pour la Méditerranée et au cours de la présidence de l’Union européenne ».
L’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac a toutefois regretté qu’il n’y ait « pas de mise à plat » de leur politique « sur certaines crises », donnant l’exemple de l’Afghanistan où, selon lui, le risque d’enlisement est important et où « tous les jours, de nouveaux drames peuvent se produire pour nos soldats ».
Sur le plan intérieur: « pas de résultats tangibles »
Sur le front intérieur, la critique de l’ancien locataire de Matignon est plus acerbe. « Le Président a choisi une méthode, celle de la réforme tous azimuts et force est de constater que cela ne donne pas les résultats escomptés. » Impossible, selon lui, de « prendre en exemple quelques réformes qui auraient donné des résultats tangibles ».
« Nous sommes toujours dans l’attente de ces deux ou trois grandes réformes qui feront le quinquennat. »
Nicolas Sarkozy est « un président pris à contrepied », a souligné Dominique de Villepin.
Il y a urgence à « réduire le chômage des jeunes »
Pour l’ancien Premier Ministre, la clé du bilan du gouvernement, c’est l’emploi, et notamment celui des jeunes. « Nous avons près de 500.000 jeunes au chômage dans notre pays, ils doivent attendre cinq ans pour entrer dans le marché du travail. » Et de rappeler l’épisode douloureux du contrat première embauche (CPE). « J’en ai tiré les erreurs et reconnu la précipitation dans laquelle cela avait été fait, mais je ne crois pas que le gouvernement puisse faire l’économie d’un nouveau contrat de travail permettant de réduire le chômage des jeunes, qui est aujourd’hui de plus de 20 %. »
Dominique de Villepin a de nouveau expliqué qu’il existait « un risque révolutionnaire » en France, où « une forte colère s’exprime » dans le domaine social.
« Il faut conjurer ce risque, il faut avancer les yeux ouverts et quand on dirige un pays, on ne peut pas écarter les risques. », affirme celui qui s’est présenté comme « un opposant résolu à la fatalité », « déterminé à dire les choses avec la conviction qui est la (s)ienne ».
Sources: Agence France Presse et Le Point