Fait unique dans les annales, les huit syndicats français CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC (cadres), FSU, Solidaires (dont Sud) et Unsa (autonomes) ont défilé ensemble le jour de la Fête du travail: c’est du jamais-vu depuis la Libération.
Ces défilés ont été les plus fournis depuis ceux de 2002, marqués par la protestation anti-Le Pen, mais en retrait par rapport aux manifestations imposantes du 19 mars dernier.
Ces défilés se sont tenus dans un contexte social particulièrement tendu. La détérioration du marché du travail en France, sous l’effet de la crise économique, a été particulièrement marquée depuis le début de l’année, avec plus de 240.000 nouveaux demandeurs d’emploi qui portent le total à 2,44 millions.
Les manifestants ont été plus nombreux qu’en 2008, mais les cortèges moins fournis que lors du 19 mars dernier, qui avait réuni sur la France entre 1,2 et 3 millions de personnes.
La CFE-CGC (centrale des cadres) a été dans la rue un 1er mai, du jamais vu. La CFTC avait l’habitude de faire bande à part, tout comme FO (sauf en 2002, où les manifestations avaient été marquées par le choc de la présence du Front National au second tour de l’élection présidentielle).
Au total, selon la CGT, on a compté près de 1,2 million de manifestants au travers des 280 défilés unitaires organisés un peu partout, contre 200.000 le 1er mai 2008 et 3 millions le 19 mars dernier. La police a évalué à 456.000 le nombre de participants aux cortèges.
C’est moins qu’en 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes) mais nettement plus qu’en 2003, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites : la CGT avançait alors 426.000 manifestants, la police 165.000.
Du côté des syndicats
Le mouvement syndical reproche au gouvernement de ne pas suffisamment relancer la consommation et de maintenir certaines réformes contestées (hôpital, éducation..). Le patronat est aussi visé, soupçonné de profiter de la crise pour multiplier les plans sociaux tout en continuant d’empocher des dividendes.
Alors que ce 1er mai rassemblait dans des défilés uniques les huit principaux syndicats français (pour la première fois de leur histoire), Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, s’est félicité de l’un « des plus gros 1ers mai de ces dernières années ». « C’est bien supérieur, c’est déjà acquis, au 1er mai 2003 qui avait été un 1er mai exceptionnel compte tenu du conflit sur les retraites », a-t-il dit.
Pour son alter-ego de la CFDT, François Chérèque, « c’est certainement le 1er mai le plus important qu’on ait eu ces dernières années, mis à part 2002 où le contexte politique était différent ».
La manifestation n’avait pas commencé que déjà se posait la question de la suite avec, à ce sujet des fissures dans le front syndical sur la stratégie à suivre pour contraindre le gouvernement à faire des concessions.
Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, voudrait en effet prolonger cette nouvelle journée de manifestations par une grève public-privé de 24 heures. Or, François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, a réaffirmé son opposition à une grève « qui ne règlerait pas » les problèmes.
Les leaders syndicaux doivent se retrouver lundi pour décider « des prochaines initiatives ».
Du côté du gouvernement
Nicolas Sarkozy, qui avait annoncé en décembre un plan de relance de 26 milliards augmenté en janvier d’une enveloppe de 2,6 milliards d’euros en faveur des ménages les plus fragiles, a déjà répondu qu’il gardait le « cap dans la tempête » excluant toute idée de relance par une augmentation du pouvoir d’achat.
Le gouvernement reste ferme et mise pour contenir les tensions sur les mesures déjà annoncées, dont le plan sur l’emploi des jeunes d’un montant de 1,3 milliard d’euros dévoilé vendredi dernier. Il se montre également préoccupé par la radicalisation des conflits, une situation qui a poussé l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin à parler de « risque révolutionnaire ».
Sources: Agence France Presse, TF1, Le Parisien, Les Echos et La Tribune