Invité hier d’Europe 1, Dominique de Villepin a plaidé pour des « mesures sociales très fortes pour maintenir la cohésion sociale, en matière fiscale, en matière d’aide aux jeunes ou en matière d’aide aux plus défavorisés ».
« Des gestes forts sont indispensables » car il y a « urgence », a insisté Dominique de Villepin, qui milite pour un « relèvement temporaire » du bouclier fiscal « à 60 % le temps de la crise », la création d’ »une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu », également « temporaire ». Il a souhaité aussi qu’un « geste » sur la rémunération des patrons soit réalisé, estimant que le décret du gouvernement n’allait « pas assez loin ».
L’ancien Premier Ministre a également considéré « opportun de sanctuariser aujourd’hui très clairement le budget de l’Éducation nationale » et « dire clairement que nous n’allons pas toucher à ce budget ».
« Les Français ont le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui souffrent »
Face à cette « situation difficile, voire dangereuse », Dominique de Villepin a pointé du doigt la politique du gouvernement. « Il est important que l’Etat joue tout son rôle ».
« Il ne s’agit pas de porter un jugement sur l’action du gouvernement, il s’agit de se demander si ce que nous faisons est aujourd’hui suffisant. Je pense qu’il faut faire davantage » et agir dans « un esprit large de consensus et de rassemblement », a-t-il expliqué tout en appelant à « limiter nos ambitions et nos objectifs ».
« Concentrons-nous sur les quelques réformes essentielles et nécessaires à la société française », a-t-il dit, citant la réforme de la protection sociale, l’innovation et l’université. « Dans ces périodes de crise, le tout-réforme comporte un vice. »
Les raisons de ce climat selon lui ? « Les fermetures d’usines, l’augmentation du nombre de chômeurs qui donnent à un certain nombre de Français le sentiment de l’inégalité de traitement, l’inégalité de mobilisation. »
Les Français ont le « sentiment que l’on se mobilise beaucoup pour les banques, on se mobilise beaucoup pour aider les entreprises mais que les salariés, eux, font les frais de la crise, que ce sont toujours les mêmes qui souffrent ». Dominique de Villepin a appelé à passer « à la vitesse supérieure en ce qui concerne les mesures sociales » et de « renouer avec un dialogue beaucoup plus développé avec les partenaires sociaux ».
« Évidemment personne ne peut accepter » les « formes de violence » mais « si l’on veut apporter des réponses justes à ces situations, on est bien obligé de partir de cette inquiétude et de ce désespoir », a-t-il noté.
Pour « des mesures sociales très fortes »
L’ancien Premier Ministre a ainsi plaidé pour des « mesures sociales très fortes pour maintenir la cohésion sociale, en matière fiscale, en matière d’aide aux jeunes ou en matière d’aide aux plus défavorisés ». « Des gestes forts » sont « indispensables », a insisté Dominique de Villepin.
Il a cité un « relèvement temporaire » du bouclier fiscal « à 60% le temps de la crise », la création d’ »une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu », également « temporaire ». Il a souhaité aussi un « geste » sur la rémunération des patrons, jugeant que le décret du gouvernement n’allait « pas assez loin ».
Dominique de Villepin a également considéré « opportun » de « sanctuariser aujourd’hui très clairement le budget de l’Education nationale » et « dire clairement que nous n’allons pas toucher à ce budget ». Il s’est prononcé contre les suppressions de postes, mais pour des « redéploiements ». A ses yeux, il ne faut « pas de réforme avec une logique comptable ».
En matière d’emploi enfin, il a estimé « important que l’Etat joue tout son rôle et que les plus grandes garanties possibles soient apportées » en matière d’emploi.
Polémique Sarkozy – Royal: « ne pas porter atteinte à l’image de la France à l’étranger »
Interrogé sur les excuses présentées par Ségolène Royal à Zapatero pour des propos imputés au chef de l’Etat, Dominique de Villepin élude : « Je n’ai pas grand-chose à dire. Je n’étais pas à la table de l’Elysée. » Il s’est toutefois abstenu de critiquer directement la présidente de Poitou-Charentes – qui fut un temps surnommée « Zapatera », assurant que ces propos n’engagent « ni la France ni les Français ».
L’ancien Premier Ministre rappelle qu’ il lui « est déjà arrivé de tenir des propos sévères sur le style de la présidence. Il n’est pas toujours facile de se changer et ce style ne changera pas ». Il ajoute enfin qu’en matière diplomatique, « tout doit être fait pour ne pas nourrir des polémiques qui peuvent porter atteinte à l’image de la France à l’étranger ». Quant à Ségolène Royal, « elle dit ce qu’elle pense, elle ne changera pas ».
Dominique de Villepin a par ailleurs confirmé qu’il avait l’intention de « rencontrer François Bayrou. On a en commun de se soucier de la France. Il est nécessaire que des hommes de gauche et de droite se parlent en cette période ».
Son avenir politique: « je n’ai pas vocation à faire partie des meutes »
Est-il candidat à un poste au sein du gouvernement ? Il assure que retravailler avec Nicolas Sarkozy n’est pas d’actualité. « Je veux mettre sur la table des idées et des contributions. Je n’ai pas vocation à faire partie des meutes. On n’affaiblit jamais son camp quand on l’aide à revenir aux réalités ».
Procès Clearstream: « totale sérénité »
Alors que le procès de l’affaire Clearstream, dans laquelle Dominique de Villepin est mis en examen, se tiendra à la mi-septembre, l’ancien Premier Ministre déclare: « J’aborde cette échéance avec une totale sérénité. Sérénité vis-à-vis du président de la République, sérénité vis-à-vis des magistrats » et « sérénité vis-à-vis des journalistes ».
« C’est une affaire de fous, a-t-il estimé. La justice a mis quelque temps avant d’avancer dans ce dossier, plusieurs années. L’épilogue sera conclu au mois de septembre et j’en suis le premier ravi, je ne souhaite qu’une chose, c’est que la vérité apparaisse dans ce dossier ».
L’ancien Premier Ministre se dit tellement serein qu’il a abandonné les poursuites en diffamation contre quatre journalistes. Il avait notamment attaqué Denis Robert, auteur de plusieurs ouvrages sur l’affaire Clearstream, ainsi que Jean-Marie Pontaut et Gilles Gaetner, journalistes à L’Express et auteurs de Règlements de comptes pour l’Elysée.
Le silence d’Ingrid Betancourt: la « meilleure réponse »
Grand ami d’Ingrid Betancourt, Dominique de Villepin a estimé le silence de la Franco-Colombienne était la « meilleure réponse » aux anciens otages des Farc, en Colombie, qui dressent d’elle un portrait peu flatteur.
« Pour qu’on parle d’eux, pour que ces livres se vendent, inévitablement, c’est la relation à l’otage la plus connue qui intéresse », a observé l’ancien ministre des Affaires étrangères. « Il faut prendre ces témoignages pour ce qu’ils sont » : ils sont apportés « de façon parfois excessive quand c’est tourné pour les besoins d’une promotion », ce sont « ceux d’hommes et femmes qui ont beaucoup souffert ».
De la part d’Ingrid Betancourt, « il faut beaucoup de caractère pour ne pas répondre », a-t-il poursuivi. « Ce silence, c’est sans doute la meilleure réponse ».
Sources: Le Point, Métro, Le Figaro et Le Parisien