Print Shortlink

Dominique de Villepin au Talk Orange-Le Figaro (1/2): "La justice sociale, ça se prouve !"

Dominique de Villepin était, ce mardi, l’invité d’Anne Fulda lors du Talk Orange – Le Figaro.

Propos de Ségolène Royal à Dakar, résultats du G20, perspectives d’un Nouveau Monde, justice sociale, rémunérations dans l’entreprise: les principaux extraits de la première partie de l’intervention de l’ancien Premier Ministre.

Sur le « pardon au nom de la France » de Ségolène Royal à Dakar, suite au discours de Nicolas Sarkozy sur l’homme africain

« C’est un sujet ancien déjà et je crois que les Africains savent parfaitement de quoi il retourne, en ce qui concerne ce discours.

Ce discours comportait à l’époque des propos intéressants sur la colonisation, mais ce discours comportait également des propos malheureux qui pouvaient être qualifiés de blessants vis-à-vis de l’homme africain.

Je crois que depuis, tout le monde l’a bien compris donc je ne suis pas sûr qu’il était très opportun de revenir sur ce sujet ».

Sur les résultats du G20

« Il y a eu une mobilisation forte. Il y même eu un sursaut de la communauté internationale, et de cela, je me félicite. (…) L’essentiel, c’est qu’un certain nombre de bonnes décisions ont été prises. Mais vous le savez, dans le domaine financier comme dans l’art militaire, tout l’art est d’exécution. Donc ce qui compte, c’est de passer maintenant très vite aux travaux pratiques qu’il s’agisse de la régulation, la question des fonds spéculatifs, des paradis fiscaux, des agences de notation, des normes comptables.

Veillons à ce que, très rapidement, de nouveaux dispostifs puissent être mis en oeuvre, que des sanctions dans certains cas puissent être adoptées. Nous voyons qu’il y a encore loin de la théorie à la pratique.

Et puis veillons aussi à ce que les causes qui ont produit les effets dramatiques que nous connaissons (le surendettement, l’hyper-spéculation, …), eh bien ne se renouvellent pas, parce que je crains que la tendance dans l’univers bancaire et financier ne soit à refaire très vite comme avant, sachant que nous ne sommes pas sortis de la crise (loin de là), nous ne somme pas au bout de la crise bancaire.

Donc il faut, je crois, prendre des mesures courageuses permettant d’assainir le bilan des banques. Ce n’est pas une chose simple et ça demande beaucoup de détermination au quotidien. Et ça demande une très forte mobilisation. »

Un Nouveau Monde?

« Ce monde, il est bien en train d’apparaître, avec sur la scène internationale, le rôle accru de la Chine, on l’a vu, avec les Etats-Unis dans ce G20. Il est certain qu’il y a une nouvelle configuration mondiale, il y a une nouvelle hiérarchie de la puissance qui se joue à travers la crise et l’important, c’est que la France sorte renforcée, gagnante. »

L’exigence de justice sociale

« D’où la nécessité de renforcer le consensus français et c’est pour ça que j’ai mis autant l’accent, au cours de ces derniers mois, sur l’exigence de justice sociale.

Parce que si nous voulons nous moderniser, si nous voulons passer le cap de la crise en position de force, eh bien, nous avons besoin d’être rassemblés. Et la justice sociale, ça se prouve ! »

Sur les rémunérations

« Un geste fort, c’est de la transparence, c’est de la clarté. Et je pense que dès lors que le code éthique du MEDEF n’apparaissait pas suffisant, dès lors que le décret pris par le gouvernement n’apparaissait pas suffisant non plus, la loi, eh bien il lui revient de fixer le cadre. Et le cadre, c’est quoi? C’est la transparence, c’est poser des critères très simples.

Quand on voit que les stocks options sont assis sur le cours de Bourse: le cours de Bourse, ça ne traduit pas nécessairement la réussite d’une banque ou la réussite d’une entreprise. Donc il faut asseoir sur des critères: des critères d’emploi, de création de création de richesse objectifs. Et il faut que toutes les rémunérations complémentaires qui peuvent être décidées pour les patrons puissent être aussi ouvertes aux salariés. Je crois que de ce point de vue, la justice, ça se mérite, ça se gagne et il faut une norme qui soit valable pour tous. (…)

Il faut une répartition juste des efforts. Il faut que les Français qui sont les plus affectés par la crise, eh bien, se sentent davantage soutenus. Le critère de l’emploi me paraît être un très bon critère, donc renforçons les choses de ce point de vue-là pour ceux qui souffrent le plus à travers la crise, mais il faut une juste répartition des efforts et pas ce sentiment qu’il y en a qui profitent de la crise, alors que d’autres souffrent davantage. »

Source: Dominique de Villepin, invité du Talk Orange – Le Figaro (7 avril 2009)

Ecrire un Commentaire