Print Shortlink

Dominique de Villepin et Alain Juppé se posent en rivaux de Nicolas Sarkozy

Les deux anciens Premiers ministres multiplient les apparitions dans les médias pour faire entendre leur différence avec la politique du gouvernement.

Un destin élyséen leur était promis. La fortune leur a été contraire. Mais ont-ils vraiment renoncé ? Les deux anciens Premiers ministres Alain Juppé et Dominique de Villepin se succèdent en ce moment sur les plateaux de télévision, au point d’apparaître comme deux des principaux opposants à Nicolas Sarkozy.

Dans le but de lui succéder ? Ni l’un ni l’autre ne l’admet ouvertement, mais chacun y pense. « Dois-je encore y penser ? Je ne sais pas. La vie, là encore, le dira », écrit, sybillin, Alain Juppé dans son livre, Je ne mangerai plus de cerises en hiver… paru en mars (éditions Plon).

En attendant, les deux anciens hôtes de Matignon se sont spécialisés dans les tacles à l’encontre de l’actuel Président. Sur l’Otan comme sur les statistiques ethniques, leur liberté de ton retrouvée a permis aux deux anciens Premiers ministres d’émettre des réserves plus fortes que personne dans la majorité.

Différences de stratégie

Les stratégies des deux « sages » de l’UMP diffèrent pourtant assez nettement. Dominique de Villepin joue résolument la carte de l’indépendance en s’attaquant de front à la politique du gouvernement, y compris sur les thèmes les plus importants aux yeux du chef de l’Etat : le bouclier fiscal, la gestion de la crise, l’ »hyperprésidence ».

Celui qui a été le principal rival de Nicolas Sarkozy pour l’élection de 2007, et qui est toujours en contentieux avec lui dans l’affaire Clearstream, ne ménage pas ses critiques sur la méthode de son ancien ministre : « On n’attend pas d’un président qu’il soit survitaminé, on attend qu’il soit sage », a par exemple déclaré Dominique de Villepin sur France Inter dimanche.

Il a aussi regretté la formule de Nicolas Sarkozy qui avait affirmé devant les élus de l’UMP que même s’il se faisait « taper dessus », il avait « la banane ».

« La question, c’est que le président de la République, l’institution qu’il représente, soit capable de faire preuve non pas de banane, mais de vision, d’anticipation, de sagesse », a fait valoir l’ancien Premier ministre.

La stratégie d’Alain Juppé est moins frontale. Si la sortie de son livre a signé son retour dans la vie politique nationale, le maire de Bordeaux espère secrètement un retour triomphal au gouvernement, deux ans après son retrait forcé pour cause de défaite législative.

« Si on me propose de contribuer à faire des choses pour mon pays, je le ferai », a-t-il lancé sur Canal +. La bouteille à la mer est lancée. Un tel retour rendrait au gouvernement un cadre respecté et reconnu, mais il nourrirait ainsi en son sein un rival pour le Président.

Source: Antonin Durand (France Soir)

Ecrire un Commentaire