Sommet social, plan tempête, prêts à l’automobile, aides à la presse, primes en outre-mer : les mesures annoncées par le gouvernement depuis le début d’année ont brutalement alourdi les dépenses de l’Etat prévues au titre de 2009.
Fin janvier, Eric Woerth, ministre du Budget et des Comptes publics, avait annoncé une prévision de déficit budgétaire de 86,8 milliards d’euros pour cette année. Mais il a prévenu depuis que ce chiffre serait relevé et que le déficit public (Etat, collectivités locales et Sécurité sociale) dépasserait les 4,4 % du PIB envisagés.
L’actualisation devrait avoir lieu très prochainement : la réduction d’impôt sur le revenu impose de présenter un nouveau collectif budgétaire, le quatrième depuis cet automne, devant le Parlement. Gilles Carrez, rapporteur de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, estime que le déficit de l’Etat approchera les 100 milliards d’euros, alors qu’il était de 36 milliards en 2006 et de 38 milliards en 2007.
Révision du taux de croissance
Les comptes de l’Etat seront aussi réactualisés en fonction des nouvelles prévisions de croissance, qui seront présentés les 9 et 10 mars à Bruxelles. Ils avaient été établis sur la base d’une croissance comprise entre 0,2 % et 0,5 % en 2009. Une révision de 1 point, qui constituerait un minimum, mènerait à un creusement des déficits publics compris entre 9 et 10 milliards d’euros, dont une majorité assumée par l’Etat.
« Compte tenu de la volatilité de la TVA et de l’impôt sur les sociétés, les recettes de l’Etat se réduiraient de l’ordre de 5 milliards d’euros. Les dépenses, elles, s’accroissent de près de 8 milliards d’euros », estime Gilles Carrez (UMP), rapporteur du Budget à l’Assemblée nationale.
Au total, le déficit de l’Etat ne serait donc « plus très loin d’atteindre les 100 milliards d’euros », prévient-il. Une hypothèse que Bercy ne confirme pas. « Le calcul des nouvelles prévisions budgétaires est loin d’être achevé », rétorque l’entourage d’Eric Woerth.
Côté dépenses, les prêts consentis à Renault et PSA représentent une enveloppe supplémentaire de 6,5 milliards d’euros. A l’inverse des financements apportés aux banques, il s’agit essentiellement de prêts directs du Trésor qui vont dégrader les comptes de l’Etat en 2009. Ils n’alourdiront pas, en revanche, le déficit public rapporté au PIB, l’instrument comptable du Pacte de stabilité européen.
Quelles marges de manoeuvre lorsque les besoins seront plus importants?
Les mesures sociales annoncées la semaine dernière constituent le deuxième gros chèque. Elles représentent 2,6 milliards, auxquels il faut toutefois soustraire 1,4 milliard au titre des intérêts versés par les banques et 450 millions qui pourraient être financés par les caisses d’allocations familiales (prime de 150 euros pour les bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire). La facture pour l’Etat serait donc proche de 850 millions d’euros, dont une partie (Fonds d’investissement social) ne serait déboursée qu’en 2010.
Il convient encore d’ajouter les aides à la presse (200 millions sur trois ans), le coût des 600 millions de prêts garantis par l’Etat après la tempête et les aides à l’outre-mer (au moins 200 millions dès cette année).
« La conjoncture ne va pas s’améliorer. La vraie question est de savoir quelles marges de manoeuvre il nous restera lorsque les besoins seront encore plus importants », estime Philippe Marini (UMP), rapporteur du Budget au Sénat.
Du côté de la Sécurité sociale, Eric Woerth a d’ores et déjà annoncé un déficit d’au moins 15 milliards d’euros en 2009, au lieu des 12,6 milliards anticipés. L’Unedic se dirigeant vers un budget proche de l’équilibre (après un excédent de près de 5 milliards en 2008), de même que les régimes de retraites complémentaires, les comptes sociaux vont eux aussi aggraver le déficit public, qui devrait dès lors avoisiner, voire dépasser, les 5 % du PIB.
Source: Lucie Robequain (Les Echos)