C’est du jamais vu. Le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 4,3% sur un mois, et de 15,4% sur un an. Et encore, ce chiffre record ne tient pas compte du chômage partiel, qui touche des dizaines de milliers de personnes.
Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie 1, baromètre de référence, a explosé en janvier, progressant de 90.200 en janvier par rapport à décembre (soit 1 chômeur supplémentaire toutes les 30 secondes), pour s’établir à 2,204 millions, a annoncé mercredi le ministère de l’Emploi.
Cette augmentation constitue un record, qui bat largement le précédent atteint en novembre dernier (+64.000). Un record qui risque hélas de se reproduire : le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, a déclaré mercredi sur France 3 s’attendre « sur plusieurs mois » à des chiffres d’inscription au chômage comme ceux du mois dernier.
La catégorie 1 ne retient que les personnes à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée.
La hausse a touché davantage les hommes (+5,5%) que les femmes (+2,9%), et plus fortement les jeunes (+5,1%) que les 50 ans ou plus (+3,9%) ou les 25-49 ans (+4,1%).
Selon les chiffres de mercredi, le nombre d’offres d’emploi déposées à Pôle emploi a chuté de 15,4% par rapport à décembre et de 29,3% comparé à janvier 2008.
Le nombre de demandeurs d’emplois de catégories 1, 2 et 3 hors activité réduite, recouvrant les personnes disposées à accepter y compris un temps partiel, un CDD ou un intérim, a augmenté de 4,1% à 2,298 millions. Ce chiffre s’approche de la définition retenue par l’Insee pour calculer le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), seule base de comparaison internationale et publié seulement une fois par trimestre depuis 2007.
Les dizaines de milliers de personnes placées au chômage partiel n’apparaissent pas dans les statistiques officielles du chômage.
Interview d’Eric Heyer, économiste à l’OFCE
Le chômage a de nouveau explosé en janvier. Cela vous surprend ?
Le rythme d’augmentation est très rapide : 90 2000 demandeurs d’emplois supplémentaires, en catégorie 1 (NDLR: à la recherche d’un emploi à temps plein et à durée indéterminée, ayant éventuellement exercé une activité occasionnelle ou réduite d’au plus 78 heures dans le mois), c’est un chiffre qui n’a jamais été enregistré depuis que l’ANPE a adopté cette comptabilité. C’est à dire depuis 1991. Sur les six derniers mois, c’est à dire depuis août, le pays a enregistré près de 300 000 chômeurs de plus. C’est presque autant que sur l’ensemble de l’année 1993, dernière récession en date. Et ce, malgré une démographie favorable qui voit de nombreux enfants du baby boom partir en retraite.
Est ce que ça va continuer ?
D’habitude, un ralentissement de conjoncture se traduit en trois phases sur le marché de l’emploi. D’abord, les chefs d’entreprise réduisent le volume horaire et suppriment les heures supplémentaires. Cette étape a été sautée dans la crise actuelle, à cause de la loi TEPA qui encourage le recours à ces heures sup’. La deuxième phase consiste à ne plus recourir au travail précaire, les CDD et l’intérim. Et la troisième, c’est celle des licenciements économiques. Ces derniers représentaient 4% des nouveaux chômeurs en décembre. En janvier, ce chiffre se situe à peine au-dessus donc on n’est pas encore dans cette troisième phase. Le risque, maintenant, c’est une hausse des faillites, qui engendrerait une explosion des licenciements.
Source: L’Express