La sénatrice UMP Lucette Michaux-Chevry a évoqué vendredi les « légitimes revendications » des habitants des Antilles françaises, paralysées par des grèves contre la vie chère.
« Nos légitimes revendications fondées sur la cherté de vie, sur le sentiment que notre développement nous échappe, que notre patrimoine culturel perd de son authenticité, que les liens de solidarité dans nos familles (…) sont menacés, justifient la conviction d’être tenus en marge de notre destin », écrit Mme Michaux-Chevry dans un texte adressé à ses « chers compatriotes, chers frères guadeloupéens et martiniquais ».
L’ancienne ministre est ainsi sortie du quasi-silence public qu’elle observait depuis le début du mouvement social il y a 24 jours en Guadeloupe.
« Aujourd’hui, je suis venue plaider devant vous la cause des Antilles, fraternelles, fières, responsables » poursuit-elle. « La responsabilité, c’est savoir engager le combat, ce que nous avons fait », a-t-elle dit. « La responsabilité, c’est aussi de ne pas déposer les armes mais de savoir faire une trêve, non pas en abdiquant mais en travaillant de façon efficace pour transcender les tabous d’un passé révolu », ajoute-t-elle, sans se prononcer plus clairement sur la suite des mouvements en cours.
Elle rappelle toutefois son souhait d’une évolution institutionnelle pour les collectivités d’outre-mer, vers une plus grande autonomie législative et financière, comme le permet l’article 74 de la Constitution.
Pour la députée PRG Christiane Taubira, il faut mettre fin « aux pratiques frauduleuses et aux prébendes »
La députée de Guyane Christiane Taubira (PRG), déclare au Journal du Dimanche, qu’une sortie de crise deviendra « possible » aux Antilles françaises, si l’Etat s’engage à y « installer la transparence », et à mettre fin aux « pratiques frauduleuses » et aux « prébendes ».
« Si les responsables des pratiques frauduleuses sont punis, si l’Etat s’engage à installer la transparence, s’il est aussi exigeant face aux prébendes qu’il est sévère face à la moindre incivilité, alors une sortie de crise deviendra possible », ajoute-t-elle.
« Nicolas Sarkozy doit prendre acte des abus constatés sur nos territoires et s’engager à ce que toute la lumière soit faite sur l’opacité des prix », déclare la députée guyanaise. « Il faut aussi porter plainte contre les compagnies pétrolières, sinon l’Europe s’en chargera », avertit Mme Taubira.
Le conflit sur l’essence aux Antilles, estime-t-elle est « une des illustrations d’un système de rente, protégé par l’Etat qui opère au détriment des populations ».
Les DOM presque deux fois moins « riches » que la métropole
Les quatre départements français d’outremer, qui font partie des régions les plus pauvres de l’Union européenne, avaient en 2007 un PIB par habitant pratiquement deux fois inférieur à celui la métropole, selon les statistiques de l’INSEE.
Alors que le PIB par habitant de la France entière s’élevait à 29.770 euros en moyenne (données provisoires), celui des quatre DOM était en moyenne de 17.069 euros, contre 30.140 euros pour la métropole.
A titre de comparaison, le PIB par habitant de la région Ile-de-France s’élevait à 45.982 euros.
Selon les chiffres du secrétariat d’Etat à l’outremer cités dans des rapports parlementaires, la Martinique était le département le plus « riche », avec un PIB par habitant de 19.111 euros, devant la Guadeloupe (Saint-Barthélemy et Saint-Martin compris), 17.221 euros, la Réunion, 16.244 euros et la Guyane, 12.965 euros.
Parmi les quatre DOM, c’est la Guadeloupe qui bénéficie de l’ »effort de l’Etat par habitant » le plus important en 2009: 5.468 euros. La Guyane suit avec 5.239 euros, précédant La Réunion, avec 5.110 euros, et la Martinique 4.600 euros.
L’effort global de l’Etat à destination de l’outre-mer (tous départements et collectivités d’outremer) s’élevera en 2009 à 16,7 milliards d’euros, contre 15,6 milliards en 2008, selon les documents budgétaires parlementaires de 2007 et 2008.
Source: Agence France Presse