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Malgré 1.000 projets de relance, la France semble condamnée à la récession

Les 1.000 projets du plan de relance français dévoilés lundi par le gouvernement pourraient tarder à produire leurs effets et s’avérer insuffisants face à l’ampleur de la crise, condamnant la France à la récession cette année, estiment les économistes.

Interrogé lundi matin par Jean-Michel Apathie sur RTL, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a de son côté émis la crainte que les mille projets du plan de relance ne soient qu’ »un investissement saupoudré ».

Ce plan de 26,5 milliards d’euros, centré sur l’investissement, est censé avoir un impact dès 2009.

Au total, selon le ministre de la Relance, Patrick Devedjian, quelque 10 milliards d’euros seront injectés « dès cette semaine » dans les 1.000 projets retenus, qui concernent les infrastructures, les logements, les transports, ou encore l’enseignement supérieur.

Mais « impossible de savoir quels sont les investissements nouveaux et quels sont ceux dont la mise en oeuvre a simplement été avancée », note Thomas Piketty, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales.

L’économiste se méfie aussi de « procédures d’appels d’offre et de permis de construire extrêmement compliquées » qui pourraient retarder la mise en oeuvre des projets.

« Tous les projets annoncés lundi peuvent trouver un commencement d’exécution en 2009″, affirme pourtant Patrick Bernasconi, président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP).

Reste que pour Eric Heyer, économiste à l’OFCE, « les grands travaux vont mettre du temps à avoir un impact sur l’activité ».

Selon lui, les répercussions seront ainsi « marginales au premier semestre », alors que « c’est à ce moment là que le ralentissement sera le plus fort ».

La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a redit lundi que les chiffres de la croissance au quatrième trimestre 2008 seraient « très mauvais », tout comme ceux du premier trimestre 2009.

« Je serais très étonnée qu’on ait une croissance positive en 2009. Soyons raisonnables », a-t-elle même déclaré, alors que le gouvernement tablait jusqu’ici sur une croissance comprise entre 0,2% et 0,5% cette année. « On sera certainement en récession à un moment quelconque », a encore dit Mme Lagarde.

« Le plancher sur lequel on était s’est enfoncé encore un peu plus, on a une dégradation rapide de l’environnement économique », explique-t-on dans son entourage, tout en indiquant que « l’urgence, c’est débloquer de l’argent le plus vite possible ».

Le gouvernement, qui veut dépenser 75% des crédits du plan en 2009, espère « un effet d’entraînement » des investissements publics avec un effet positif sur la croissance d’environ 1 point de PIB.

« Le plan de relance a le mérite d’exister mais il n’est pas à la hauteur du ralentissement », juge Eric Heyer. « Si on soutenait aussi la consommation, les effets seraient immédiats. En privilégiant l’investissement, on aura des effets durables mais pas immédiats », souligne-t-il.

« Des mesures fiscales comme une baisse de la TVA auraient l’immense avantage d’être déboursables immédiatement », estime aussi Thomas Piketty.

« Le fait d’avoir 1.000 projets est plutôt bon signe, cela veut dire qu’on soutient tout le territoire et que cela profite aux PME, qui sont les entreprises les plus fragiles », juge pour sa part Jean-Paul Betbèze, chef économiste du Crédit Agricole.

« Mais le plan fonctionnera seulement si le système bancaire se recompose et si les délais de paiement (aux PME) sont raccourcis », ajoute-t-il.

Pour Christian Saint-Etienne, professeur d’économie à Paris-Dauphine, « c’est un plan intelligent car il agit sur l’offre, mais modeste car ses effets seront limités en 2009″.

Selon Dominique de Villepin interrogé lundi matin sur RTL, « si l’on veut véritablement moderniser la France (…) ce n’est pas par un investissement saupoudré. J’entends parler ici et là de mille projets pour l’investissement, encore faut-il que ces investissements soient productifs et qu’ils permettent après de dégager un certain nombre de bénéfices pour les Français », a-t-il dit.

Source: La Dépêche

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