Le secrétaire d’Etat chargé de l’Outremer, Yves Jégo, est arrivé dimanche en Guadeloupe pour tenter de mettre fin aux conflits sociaux qui paralysent l’île depuis près de deux semaines.
Un double mouvement a totalement bloqué l’activité socio-économique. Toutes les stations service sont fermées depuis le 19 janvier, leurs gérants exigeant l’arrêt de nouvelles implantations, ce qui a entraîné une pénurie de carburant. S’y ajoute depuis le 20 janvier une grève générale pour protester contre « la vie chère », à l’appel d’un « Collectif contre l’exploitation outrancière » (LKP).
Magasins, supermarchés, écoles sont fermés et l’approvisionnement est difficile dans ce département ou quasiment tout est importé. Les transports ne fonctionnent plus et les particuliers ne peuvent se déplacer, l’économie est touchée de plein fouet, dont le tourisme.
« Il ne faut pas sous-estimer les craintes et les colères exprimées avec force par de nombreux compatriotes de Guadeloupe: les Guadeloupéens souffrent de ces blocages et attendent, non seulement que l’Etat de droit soit respecté mais aussi que leurs revendications soient satisfaites », a souligné M. Jégo avant son départ.
Il devra relancer les négociations, au point mort depuis le retrait du préfet de Guadeloupe mercredi et malgré une proposition vendredi des présidents des Conseils régional et général, Victorin Lurel (PS) et Jacques Gillot (DVG).
Les deux élus ont présenté une série de mesures pour une enveloppe de 54 millions d’euros, notamment une réduction des taxes régionales sur le gazole (pour une baisse de 2 ou 3 centimes à la pompe), sur l’électricité et l’eau potable (de 1,5 à 1%), les produits laitiers (de 7 à 2%), une baisse de 9% de la taxe d’habitation et de 7% de celle sur le foncier bâti.
Ils proposaient également la baisse du tarif des cantines scolaires, l’augmentation des bourses régionales aux étudiants, ou le versement d’une prime de 150 euros « aux foyers fiscaux les plus démunis ».
Mais le « Liyannaj kont pwofitasyon » (LKP), qui regroupe quasiment tous les syndicats, des partis politiques et associations, a refusé de reprendre les discussions, soulignant que plusieurs de ces mesures nécessitaient un feu vert de l’Etat et accusant pouvoirs publics, collectivités et patronat local « de jouer le pourrissement ».
Le LKP avance 146 revendications, dont « la baisse des prix de tous les produits de première nécessité et des impôts et taxes », la baisse « immédiate » de 50 centimes du prix des carburants, une augmentation salariale de 200 euros et le gel des loyers.
M. Jégo, qui a demandé au patronat d’entamer des négociations sur les bas salaires, s’est engagé à « apporter la part du gouvernement à une sortie de crise ».
La venue du ministre a été saluée par MM. Gillot et Lurel, ce dernier estimant par ailleurs que certaines forces, qu’il n’a pas nommées, pouvaient chercher à transformer une crise sociale en « crise politique ».
« Une réaction hypertardive »
Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a reproché dimanche au gouvernement d’avoir eu « une réaction hypertardive » face au conflit social en Guadeloupe, lors du Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien-Aujourd’hui en France.
Le secrétaire d’Etat chargé de l’Outremer, Yves Jego, en Guadeloupe à compter de dimanche, « a mis dix jours pour se déplacer », puisque la grève qui paralyse l’île a débuté le 20 janvier, a souligné M. Chérèque.
« Il y a un vrai problème de vie chère, il y a un problème structurel d’organisation de l’économie qu’il faut aborder sur le fond, à la Guadeloupe mais aussi dans les autres départements d’Outremer ».
Interrogé sur les « revendications maximales » des grévistes, le leader syndical a estimé « qu’on voit bien qu’il y a des passages pour trouver des réponses raisonnables ».
Source: Agence France Presse