La mutation du préfet de la Manche Jean-Charbonniaud, sept mois après sa prise de fonction, est une « sanction injuste », conséquence de l’importante manifestation organisée lors de la venue de président de la République le 12 janvier, selon des élus UMP et PS.
« Je trouve parfaitement lamentable qu’on puisse utiliser un représentant de l’Etat comme si on utilisait un kleenex. C’est scandaleux. C’est une pratique d’un autre temps contreproductive d’un point de vue politique », a déclaré le président UMP du conseil général de la Manche, Jean-François Legrand.
Ancien chef de cabinet de Dominique de Villepin, Jean Charbonniaud a été nommé mercredi en Conseil des ministres préfet hors cadre pour siéger comme membre du Conseil supérieur de l’administration territoriale de l’Etat.
Mercredi: mutation du préfet de la Manche, ancien chef de cabient de Dominique de Villepin
Le président du Conseil général de la Manche et sénateur UMP Jean-François Le Grand parait remonté: « Lors de la visite du Président, le préfet a cherché à assurer la sécurité et il l’a fait. Cette décision est disproportionnée. Je trouve que c’est aussi faire fi avec beaucoup de légèreté de la représentation de l’État dans les départements ».
« Ce préfet est un très bon préfet qui n’a aucune responsabilité dans cette affaire », a ajouté Jean-François Legrand.
C’est également l’avis du député UMP de la Manche Philippe Gosselin. « Cette santion est très regrettable, injuste, c’est un mauvais signal politique. Cela donne l’impression que la manifestation du 12 s’est mal passée alors qu’il n’y a pas eu d’incident majeur », a déclaré l’élu.
« Cette mutation n’est pas une surprise mais je la regrette. Très clairement, le président a été très énervé le jour de la visite, non pas tant qu’il y ait des manifestants mais par les sifflets pendant son discours. (…) Il y a eu plus de monde qu’il n’en attendait à la manifestation je crois, 3.000 manifestants à Saint-Lô, ça ne s’est pas vu depuis 20 ou 30 ans ».
Philippe Gosselin dit craindre la mauvaise image que va donner une telle mutation « perçue comme une sanction. Comme le fait du Prince ».
« Il est vrai aussi que les syndicats ont peut-être mis aussi un peu d’huile sur le feu en refusant de rencontrer le président », a déclaré M. Gosselin.
Âgé de 57 ans, Jean Charbonniaud a été chef de cabinet de Dominique de Villepin de 2005 à 2006, puis est passé par le cabinet de Michèle Alliot-Marie, au ministère de l’Intérieur. D’ici deux à trois semaines, il deviendra préfet hors cadre, siégeant comme « membre du Conseil supérieur de l’administration territoriale de l’État ».
« C’est une sanction bien évidemment. Le préfet a été sanctionné parce que les manifestations à Saint-Lô ont été importantes. Le président de la République y a pris ombrage », a déclaré de son côté le député-maire de Caen, Philippe Duron (PS).
« On est en plein caprice d’Etat » et « c’est un détournement du pouvoir républicain absolument inacceptable » a réagi pour sa part le 1er vice-président de la Région Basse-Normandie, Jean Karl Deschamps (PS) qui était parmi les manifestants le 12 janvier.
Le député UMP villepiniste de l’Hérault Jean-Pierre Grand s’est joint jeudi à ses collègues normands pour estimer que le départ de M. Charbonniaud n’était « pas un bon signe pour la haute fonction publique de l’Etat qui, dans la période de crise que connaît la nation, doit travailler avec le pouvoir politique dans la confiance et la sérénité ».
Jeudi: mutation du directeur de la police de la Manche
Le directeur de la police de la Manche a, quant à lui, annoncé jeudi sa mutation: « mon directeur central m’a appelé hier soir pour me dire qu’il fallait que je sois remplacé, que je choisisse une autre affectation », a expliqué le directeur départemental de la sécurité publique de la Manche, Philippe Bourgade.
« Qu’est-ce qui s’est passé de grave ? Pas grand chose, si ce n’est que le président a entendu les manifestants le siffler. Il aurait fallu plus d’effectifs pour les maintenir plus loin » du président, alors que les manifestants considéraient déjà les effectifs des forces de l’ordre comme de la « provocation », a déclaré M. Bourgade.
« Je n’ai pas à rougir de ce qui s’est passé », a conclu le policier âgé de 59 ans arrivé en septembre 2007 à Saint-Lô.
Dans un classement établi par Le Figaro et publié en juin 2008 Saint-Lô était arrivé en tête du palmarès de l’efficacité de la police en France (hors Paris), avec 27,4 faits élucidés par policier, soit plus du double de la moyenne nationale.
Sources: Agence France Presse et Ouest France