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Invité du Grand Journal de Canal+, Dominique de Villepin réaffirme son soutien à la création d'un Etat palestinien

« Si les bases d’une paix durable ne sont pas rapidement posées, avec la création d’un Etat palestinien, nous reconnaîtrons le même drame d’ici quelques mois », a déclaré l’ancien Premier Ministre, invité ce soir du Grand Journal de Canal +.

« Israël n’est pas aujourd’hui plus en sécurité : il y a toujours le même nombre de roquettes susceptibles de tomber sur Israël. Et du côté palestinien, il y a toujours une situation de blocus.

Donc, tout reste à faire. Je crois que c’est tout l’intérêt des négociations qui sont menées actuellement pour avoir un cessez-le-feu durable. C’est la première étape.

Mais il faut aussi construire très rapidement une dynamique, une dynamique de paix régionale et internationale qui permette véritablement de poser les bases. (…)

Je crains d’avoir une vision un peu pessimiste de la situation au Proche-Orient et que la seule victoire possible aujourd’hui, dans un conflit, c’est-à-dire avec autant de morts, autant de morts civils, d’enfants, ce soient les plus radicaux.

Pour une raison très simple : c’est que nous sommes dans une situation qui n’est pas une situation symétrique. La situation aujourd’hui dans cette région, c’est une situation d’injustice. Il y a un Etat qui n’a pas été créé au lendemain de la création de l’Etat d’Israël, c’est l’Etat palestinien. (…)

Si la communauté internationale, et ce sera le premier défi pour Barack Obama, si la communauté internationale n’est pas capable de substituer au concept employé par l’administration Bush qui était le concept de la force, la force pour structurer la région, la force pour engager un cercle vertueux dans la région qui aurait dû aller de l’Irak jusqu’à Jérusalem, si on n’est pas capable de substituer à ce concept de force le concept de justice, eh bien, je pense que nous n’avancerons pas. (…)

C’est vrai que l’administration américaine a un levier très fort vis-à-vis d’Israël, a une capacité compte tenu de l’assistance qu’elle apporte à un certain nombre de pays arabes modérés. Elle a véritablement tous les leviers pour changer la donne dans cette région.

Néanmoins, nous sommes, nous, capables, les Européens, d’être la mauvaise conscience de ce dossier. Nous sommes, nous, capables de faire en sorte que ce dossier ne quitte pas la scène diplomatique. Parce que nous savons tous, à chaque fois qu’on fait…Et puis c’est l’oubli, et puis c’est à nouveau l’effacement.

Nous sommes nous capables, et je pense que la France a un rôle particulier à jouer. Nicolas Sarkozy a défendu une diplomatie de mouvement. Il faut aller plus loin. Il faut mettre sur la table des propositions de solutions.

Dans la recherche de la paix aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous contenter d’une approche partielle : l’approche des petits pas, celle qui a été menée par toutes les administrations successives depuis Bill Clinton.

Il faut une approche globale qui mette l’ensemble des sujets sur la table : à la fois les territoires contre la paix, le problème de sécurité, le problème du statut de Jérusalem, le problème des réfugiés.

Et puis il faut une approche régionale. Je crois que l’Amérique serait bien inspirée de traiter l’ensemble des problème en même temps : pas seulement l’Irak, pas seulement la situation de l’Iran, mais d’abord et peut-être surtout le problème du processus de paix. (…)

Vous savez, la paix, elle est forte quand elle est soutenue par les peuples, quand elle répond à des attentes. Quand l’ensemble des Etats d’une région voient ce qu’ils peuvent gagner à la paix, alors une dynamique se crée. Et je crois que c’est cette dynamique sur laquelle il faut miser ».

Dominique de Villepin, sur le plateau du Grand Journal

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