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Barack Obama succède à George Bush: une nouvelle Amérique (2/2)

En tant que premier Président noir, Barack Obama a déjà pris place dans l’Histoire. Mais cette place-là ne lui suffit pas. Ambitieux, politique précoce qui n’aime rien tant que brûler les étapes, inconnu que la nation a fini par plébisciter, il collectionne les défis et se régale en prenant des risques.

C’est vrai qu’il hérite d’une crise dévastatrice – 2,6 millions d’emplois perdus en 2008 – et de deux guerres mal engagées, en Irak et en Afghanistan. Mais, après tout, c’est en dirigeant les peuples à travers les difficultés, en les conduisant vers des terres promises que l’on entre dans leur mémoire.

Quelques jours avant son discours inaugural de 1933, un ami de Franklin D. Roosevelt lui avait dit que s’il mettait un terme à la Grande Dépression, il resterait dans les annales comme l’un des plus grands Présidents. Ironique, FDR lui avait rétorqué que s’il échouait, il pourrait aussi être le dernier…

Comme Roosevelt, Barack Obama possède la causticité et la lucidité pour faire face à la difficulté. Comme lui aussi, il croit fermement à la volonté et à la force du discours.

Son allocution de Fairfax (Virginie), délivrée le 8 janvier face à un parterre de gouverneurs et de maires, au cours de laquelle il a posé les principes de son action économique, était un savant dosage de volontarisme et de sacrifices annoncés. D’un côté, des investissements publics, des mesures fiscales et des plans audacieux pour l’avenir ; de l’autre, des appels à la patience et à la persévérance. Le tout prononcé avec la virtuosité qu’on lui a découverte pendant sa campagne victorieuse.

Au-delà de son talent politique, Barack Obama s’installe à la Maison-Blanche avec un atout majeur : l’échec de son prédécesseur. Peu de présidences se sont achevées sur un bilan aussi catastrophique que celle de George W. Bush. Sa cote de popularité est si faible que le Président encore en exercice est devenu inaudible.

L’ombre de la victoire écrasante de Barack Obama a éclipsé la Maison-Blanche le soir du 4 novembre. Depuis lors, ce dernier a passé son temps à dire qu’il n’y avait qu’un seul président des Etats-Unis. Mais médias et public n’écoutent plus que lui.

Accéder au pouvoir après une telle Berezina politique constitue bel et bien une chance pour Barack Obama. Le Congrès, à majorité démocrate, ne pourra que lui faciliter la tâche. Et au vu du mandat clair que les Américains lui ont confié, les élus républicains hésiteront longtemps avant de l’affronter.

Pour son rendez-vous avec l’Histoire, le 44e président des Etats-Unis n’a pas été gâté par la conjoncture. Une nation encore enthousiaste ne demande pourtant qu’à croire à son action.

Source: Jean-Marc Gonin (Le Figaro Magazine)

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