Jean-François Copé, le chef du groupe parlementaire UMP avait promis qu’il stigmatiserait en vidéo la pratique de l’obstruction parlementaire… Ce clip de 4 minutes de vidéos d’archives, plus ou moins anciennes, a été lancé ce lundi sur Dailymotion.
Le film dénonce la dérive du droit d’amendement constatée ces dernières années, avec 243.000 amendements sur la législature 2002-2007 contre 4.500 au début de la Ve République. On revoit l’ex-président de l’Assemblée Jean-Louis Debré posant en septembre 2006 sous la montagne d’amendements (137.449) déposés par la gauche contre le projet de loi sur la privatisation de GDF présenté par le gouvernement de Dominique de Villepin.
« Le droit d’amendement est fondamental, son détournement est humiliant pour le Parlement et néfaste pour la démocratie », martèle le clip.
Le clip met évidemment en exergue l’ »obstruction » des députés socialistes lors du récent débat sur l’audiovisuel. On voit ainsi Patrick Bloche corriger des propos sur « Casimir le petit canard » et Marcel Rogemont disserter sur la cuisson des homards…
Mais le film rappelle aussi les 1.940 amendements déposés par la droite en janvier 1984 contre le projet de loi du gouvernement Mauroy sur l’enseignement supérieur, et les 5h25 du discours de Christine Boutin contre le PACS sous le gouvernement Jospin.
La vidéo montre ainsi que la droite non plus n’est pas exempte de tout reproche. « Le message est habile dès lors qu’il montre bien que la majorité fait toujours le même reproche à l’opposition et ce, quelle que soit la majorité et l’opposition », explique Michel Lascombe, professeur de droit constitutionnel à l’IEP de Lille.
Jean-François Copé et ses proches se mettent au-dessus des clivages. « On souhaitait montrer qu’il n’était pas digne du Parlement d’avoir un comportement de blocage, avec la sincérité de dire que ça nous est arrivé de le faire », explique Jean Léonetti, premier vice-président du groupe UMP.
On peut néanmoins se demander si cette vidéo extrêmement caricaturale ne renforce pas l’image d’un Parlement comme « théâtre de guignols », selon l’expression d’un spécialiste de la communication.
« Il faut avoir le courage de montrer la vérité, même si elle est violente, explique Jean Léonetti. C’est l’obstruction qui caricature notre travail, qui le dénigre ».
Le clip ne dit en revanche rien sur les bienfaits supposés de la nouvelle procédure du « temps global » instituée par le projet de loi organique débattu à partir de mardi. L’opposition estime que cette procédure prévoyant une durée maximale pour l’examen d’un texte remet en cause son droit d’amendement.
Le PS compte sur le soutien des membres les moins sarkozystes de la majorité. Arnaud Montebourg a ainsi appelé dimanche sur Europe 1 les députés UMP à ne pas commettre une « bêtise » qui se retournera contre eux le jour où ils seront dans l’opposition.
Cet argument rencontre un certain écho dans la majorité, notamment parmi les villepinistes. « Ce serait une erreur de réduire le pouvoir d’amendement des parlementaires », jugeait Dominique de Villepin vendredi dans Le Parisien.
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Source: 20 Minutes et Nouvel Observateur
