« L’hyperactivité n’est pas suffisante. Ce qui m’intéresse, c’est l’hyper-efficacité. Il faut donc un président capable de hiérarchiser les problèmes et de se consacrer à l’essentiel », a déclaré l’ancien Premier ministre sur LCI.
« Il ne suffit pas de passer d’un sujet à l’autre, d’une image à l’autre. (…) Faire des images, c’est une chose, mais je crois qu’on a besoin de temps en temps de se recaler à la réalité. Donc je souhaite que le président reprenne contact avec la réalité nationale, avec les questions des Français », a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy est « un président touche-à-tout, un président qui ne répond pas aux questions des Français, pas plus d’ailleurs que des journalistes », poursuit Dominique de Villepin.
Dominique de Villepin ne retient plus ses coups contre Nicolas Sarkozy.
Sur la méthode Sarkozy, la charge est ferme.
Sur les réformes elles-mêmes, l’ancien patron du quai d’Orsay établit un diagnostic sévère. Il s’est plus particulièrement attaqué au plan de relance de l’économie présenté en décembre par Nicolas Sarkozy, estimant qu’il aurait mieux valu « un plan de modernisation s’accompagnant d’une aide aux plus fragiles ».
Interrogé sur la stratégie du gouvernement, il précise qu’elle « doit être adaptée à notre situation budgétaire, à notre système économique et à nos fragilités sociales ».
« Nous sommes un pays à faible consensus social », reconnaît-il. « Nous supportons le fardeau d’initiatives idéologiques, l’une de gauche et l’autre de droite : les 35 heures, qui coûtent au budget plus de 20 milliards d’euros par an, et les 15 milliards du paquet fiscal ».
« Ne faisons pas comme si accroître les déficits étaient indolore », prévient-il. Et de rappeler le déficit budgétaire de 100 milliard en 2009, et la dette publique de 1100 milliards.
Plus grave encore, Dominique de Villepin juge qu’ainsi, Nicolas Sarkozy prend le risque de diviser le pays. « Ce que je crains, c’est la confusion et la division qui épuisent nos forces », a-t-il dit au Parisien.
« Il faut privilégier la réforme qui permettra d’opérer une modernisation de fond, plutôt qu’une réforme idéologique, qui divise mais ne sert pas le pays ».
Il est « tentant de vouloir rester seul maître du jeu en divisant pour mieux régner, mais c’est dangereux », a-t-il ajouté.
Autre sujet qui hérisse Dominique de Villepin: les libertés publiques qu’il estime mises en péril en France ce qui mettrait à mal le pacte républicain. « Les Français souffrent dans leur vie quotidienne, sur le plan économique et social, il ne faut pas qu’ils souffrent sur le plan des libertés ».
« C’est une erreur de vouloir faire nommer le président de France Télévisions par l’Elysée, une erreur de vouloir supprimer le juge d’instruction sans la contrepartie d’une indépendance du parquet. Et ce serait une erreur de réduire le pouvoir d’amendement des textes de lois par les parlementaires », énumère-t-il.
Pour lui, face à ces « régression des libertés publiques, il y a des risques de réactions extrêmement vives » de la part des Français.
Sur le dossier du juge d’instruction, Villepin a répété qu’à « l’aune de sa propre expérience », il fallait un « parquet indépendant ».
« Que l’on supprime le juge d’instruction et qu’on crée le juge de l’instruction, très bien, mais tirons-en les conséquences: il faut un parquet indépendant », a-t-il jugé, mettant en garde contre « une régression des libertés publiques », et voyant « un danger à vouloir museler l’opinion dans cette période ».
L’interview de Dominique de Villepin sur LCI est visible en cliquant ici.
Sources: Agence France Presse, Le Point et Le Journal du Dimanche