Print Shortlink

La Loi Pécresse sur l'autonomie des Universités est entrée en application

Vingt universités, toutes volontaires, sont devenues le 1er janvier totalement autonomes dans le cadre de la loi Libertés et responsabilités des universités. Ces pionnières, qui représentent 315.000 étudiants et 19.000 enseignants-chercheurs, géreront à l’avenir l’intégralité (et non plus le quart) de leur budget, mais aussi leur masse salariale et leurs ressources humaines.

« Révolution culturelle » pour la ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, « privatisation » dangereuse pour d’autres, la réforme doit s’achever dans les 85 universités en 2012.

Elu par les enseignants chercheurs du Conseil d’administration pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois, le Président de l’Université devient le manager de son personnel: titularisation, détachement, délégation, avancement… Plus besoin d’en référer à l’Etat. Avec (et c’est nouveau) la possibilité d’embaucher des contractuels en CDD ou CDI pour des fonctions d’enseignement, de recherche, techniques ou administratives. Y compris des enseignants étrangers, à un salaire attractif pour eux. Autre nouveauté : ils pourront moduler les heures de chaque enseignant-chercheur, entre enseignement, recherche et tâches administratives.

Deuxième grand changement, le budget des Universités pourra être alimenté par des fonds privés. La plupart des universités ont déjà recruté des spécialistes de la levée de fonds et certaines ont mis sur pied des fondations pour faire venir l’argent du privé. C’est sur ce point que se cristallisent une partie des critiques: syndicats d’enseignants et organisations étudiantes y voient un risque de « privatisation » des universités et la possibilité pour elles de n’investir que dans les filières qu’elles jugeront rentables. Autrement dit, à leurs yeux, les sciences humaines et sociales vont devenir la dernière roue du carrosse.

Le ministère de l’enseignement supérieur a versé à chaque établissement une dotation de 250.000 euros: 200.000 pour financer des formations en gestion des ressources humaines, un domaine qui a toujours été un parent pauvre dans les Universités, et 50.000 pour des primes aux personnels investis dans le passage à l’autonomie.

La loi autorise aussi l’État à transférer aux établissements qui en font la demande la pleine propriété de leurs bâtiments, mis à disposition par l’Etat. Aucune université ne s’est montrée prête à sauter le pas, à l’exception de Paris 6 (Pierre-et-Marie-Curie) et de Corte.

Les services de la paie ont dû être réorganisés, car les Universités ne géraient jusqu’à présent que les personnels non fonctionnaires. Désormais, même si ce sont les services financiers de l’Etat qui continueront à éditer les fiches de paie et à payer, les Universités deviennent responsables de la transmission de toutes les informations sur leurs personnels.

Si le volet administratif des ressources humaines est à peu près organisé, reste maintenant à faire entrer dans les universités la culture de la performance et de l’évaluation individuelle. « La gestion des ressources humaines dans l’éducation nationale, c’était jusqu’à présent le degré zéro », considère Jean-Charles Pomerol, président de l’université Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie.

La difficulté majeure sera de trouver les bons profils et de les attirer à l’université. « J’ai recruté une responsable des ressources humaines qui vient de la fonction publique territoriale », témoigne M. Pomerol. « Mais, jusqu’à présent, les fonctionnaires qui étaient de très bons gestionnaires étaient plutôt attirés par des ministères à fortes primes, donc pas vraiment par l’enseignement supérieur. Grâce à l’autonomie, nous allons disposer d’outils incitatifs, augmentations et primes, qui nous permettront, j’espère, d’être plus compétitifs », conclut M. Pomerol.

Enfin, dernier grand changement: le Conseil d’Administration des Universités est resserré. Vingt ou 30 membres contre 60 auparavant. Dans le détail, le conseil d’administration (CA) comprendra 7 ou 8 « personnalités extérieures à l’établissement » (nommées par le président de l’Université avec approbation du CA) dont au moins un chef d’entreprise et des représentants de collectivités territoriales, entre 8 et 14 représentants des enseignants-chercheurs, entre 3 et 5 représentants des étudiants (contre entre 12 et 15 auparavant, ce qui en fait un autre point de la contestation) et 2 ou 3 représentants du personnel administratif et technique (6 avant).

Sources: Catherine Rollot (Le Monde) et Cordélia Bonal (Libération)

Ecrire un Commentaire