De A comme Automobile à M comme Madoff, en passant par C comme Crise: la première partie de l’abécédaire 2008 de l’Economie.
A comme… Automobile
L’année 2008 n’aura pas été l’année de l’automobile. Plans sociaux, chômage technique, aides gouvernementales à l’étude, le secteur a pris la crise de plein fouet. Les chiffres désastreux concernent tous les constructeurs. Les ventes de voiture neuves en Europe ont diminué de près d’un quart en 2008. A la mi-octobre le groupe Renault lance un plan de départ de 4000 salariés après une diminution de 20% de ses ventes. De quoi déclencher une grève. Histoire similaire pour le groupe PSA, dont les ventes dégringolent de 16% en Europe. Aux Etats-Unis, Général Motors et Chrysler sont au bord de la faillite. Et reçoivent in extremis une aide de la Maison Blanche, de près de 14 milliards de dollars. Pas sûr que ce soit suffisant.
B comme… Bear Stearns
La célèbre banque d’affaire de Wall Street aura été la première grande victime de la crise des subprimes. En mars 2008, elle subit une violente crise de confiance. Sur fond de rumeurs de défaut de liquidités, les clients et investisseurs retirent massivement leur capitaux. La cinquième banque d’investissement américaine frôle la banqueroute. Du jamais vu depuis la crise des années 1930. Renflouée le 14 mars par la Réserve fédérale américaine (Fed), elle sera rachetée quelques jours plus tard par JP Morgan pour un prix dérisoire : 236 millions de dollars.
C comme… Crise
Même si ce n’est pas la première qu’affronte le capitalisme, la crise, c’est évidemment « le » mot de l’année.
Depuis l’été 2007, la crise des subprimes a fait une irruption remarquée dans les médias, mais c’est véritablement après la faillite de Lehman Brothers, en septembre 2008, que la crise a tout écrasé. Récession, plans sociaux, chômage… d’abord financière, désormais économique, elle pourrait bien se transformer en crise sociale en 2009.
D comme… Déflation
Au début de l’année, cet été encore, les économies occidentales craignaient un retour de l’inflation. Et puis la crise a tout balayé, ressuscitant même le spectre de la déflation, cette baisse généralisée des prix qui a des conséquences terribles sur l’économie. Le Japon en a souffert pendant les années 1990 et certains économistes craignent que les Etats-Unis y basculent… C’est pour relancer la croissance avant que la déflation ne s’installe que la Fed est si active. Mais attention, avec des taux proches de zéro, elle grille aussi ses marges de manoeuvre.
F comme… Fannie et Freddie
Le 7 septembre, l’Etat pompier fait son retour aux Etats-Unis. Le Trésor américain annonce la mise sous tutelle gouvernementale des organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae. Et se dit prêt à investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans chacun des deux organismes. Ces derniers assuraient depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain en rachetant des prêts aux banques. A eux seuls, ils détenaient ou garantissaient 5200 milliards de dollars de crédits immobiliers, soit 40% des prêts au logement des Etats-Unis. La faillite des deux poumons de l’économie américaine « aurait présenté un risque inacceptable pour l’économie du pays », déclare à l’époque le président Bush… qui laissera tomber Lehman Brothers une semaine plus tard.
H comme… Hedge fund
Fonds d’investissement puissants, secrets et honnis, parfois tenus responsables de la crise… certains hedge funds, ou fonds spéculatifs, se sont enrichis en pariant sur la chute des banques américaines. Mais pour d’autres, victimes des retraits massifs d’argent de la part de leurs clients, l’heure de la fin est proche. Pour George Soros, deux tiers d’entre eux vont disparaître dans les mois à venir. Et ce ne sera pas sans conséquences sur l’économie.
I comme… Islande
En septembre 2008, ce petit Etat insulaire fait la une des journaux. A force de surendettement, les banques, les entreprises, les ménages ont déstabilisé l’ensemble de l’économie nationale. Quelques mois plus tôt, l’Islande avait déjà été sauvé de la banqueroute grâce à un prêt octroyé par ses voisins scandinaves. Pas assez pour affronter sereinement la crise financière qui a éclaté en septembre… Le 20 novembre, le pays toujours au bord de la faillite se fait prêter 2,5 milliards par les pays nordiques. La veille, le FMI lui accordait un prêt de 2,1 milliards de dollars. La petite île nordique devient ainsi le premier pays d’Europe de l’Ouest à obtenir un prêt de l’institution multilatérale depuis la Grande-Bretagne en 1976.
K comme… Kerviel
Le 24 janvier, stupeur et tremblements à la Société Générale. Jérôme Kerviel, un petit trader a priori inoffensif, vient de lâcher une bombe qui coûtera 5 milliards d’euros à la deuxième plus grosse banque de France. En quelques mois il a engagé sans autorisation quelques 50 milliards d’euros sur des contrats à terme. Jérôme Kerviel, poursuivi par les paparazzis, devient en quelques heures l’homme le plus recherché … et le plus célèbre du pays.
Symbole d’un système qui déraille et qui effraie, d’un monde où règnerait la cupidité et l’irresponsabilité, il est vite perçu comme la victime d’un capitalisme fou. La suspicion plane sur les dirigeants de Kerviel qui n’ont pas pu ne pas se rendre compte de la supercherie. La Société Générale sera même condamnée par la Commission bancaire à 4 millions d’euros d’amende pour « carences graves du système de contrôle interne ». De son coté, le « trader fou » a été jugé « sain d’esprit » par la justice française. Il est le seul mis en examen de cette affaire, pour « faux, abus de confiance ».
L comme… Lagarde
Chrstine Lagarde n’a pas encore été frappée par la malédiction de Bercy. Elle a pourtant accumulé les gaffes en 2008…
Ses prévisions de croissance à 2% pour l’année 2008 ont suscité le scepticisme de certains économistes, même si, à la décharge de l’avocate, c’est l’Elysée qui fait la plus grande partie de la politique économique. Elle a quand même su défendre sa place et, guidant cahin caha le bateau France dans une crise financière qu’elle n’avait pas anticipé, rétablir un peu de stabilité au ministère de l’Economie. Elle commence même à devenir populaire… Fin novembre 2008, 40% des français auraient aimé que la dame de Bercy ait davantage d’influence dans la vie politique française, selon le baromètre BVA-Orange-L’Express.
M comme… Madoff
C’est le dernier scandale en date, qui boucle une année terrible pour la finance. Arrêté le 11 décembre, Bernard Madoff, ex-PDG du Nasdaq, et patron de la très respectée Madoff Investment Securities, spécialisée dans la gestion de fortune, admet être l’auteur de ce que certains ont déjà baptisé « la fraude du siècle », qui porterait sur 50 milliards de dollars.
Le montage financier relevait de la simplicité la plus absolue : payer les gains de ses investisseurs avec les apports de ses nouveaux clients. Mais en période de crise, rares sont ceux qui aiment rester loin de leur argent. Les clients qui ont voulu récupérer leurs fonds se sont rendus compte que le coffre du gérant était vide. Le bilan est lourd : la liste des banques touchées n’a cessé de s’allonger. Et les petits épargants craignent aussi pour leurs économies… Madoff encourt 20 ans de prison et une amende de 5 millions de dollars. En tous cas, il a rejoint Marthe Hanau, Alexandre Stavisky et les autres dans le gotha des escrocs du siècle….
Source: L’Express