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Après les manifestations de la semaine dernière, la réforme du lycée est "reportée"

Coup de théâtre dans l’éducation et, au-delà, dans la conduite de l’action gouvernementale. Lundi 15 décembre, le ministère de l’éducation a officiellement annoncé le report d’un an de la réforme du lycée, qui s’appliquera ainsi à partir de la rentrée 2010 jusqu’à la rentrée 2012.

Dans la matinée déjà, Xavier Darcos avait affirmé « qu’il préférait reporter la réforme du lycée, afin de ne pas courir le risque de voir cette réforme constituer l’étincelle qui mette le feu aux poudres ».

La nouvelle était tombée sur le site Internet du Point, venant d’une journaliste ayant suivi le ministre de l’éducation dans son déplacement de deux jours en Israël et en Palestine. Dimanche pourtant, le ministre en était encore à confirmer, dans un entretien au Journal du dimanche, que sa réforme de la classe de seconde entrerait en vigueur à la prochaine rentrée.

Selon le site de l’hebdomadaire, le ministre a complété l’annonce du report en indiquant que les discussions vont reprendre prochainement avec les syndicats sur cette réforme, qui devrait concerner cette fois l’ensemble des classes de lycées, et non la seule seconde. Il s’agirait donc, si l’on en croit cette précision donnée par le ministre, de reculer pour mieux sauter.

Qui a pris la décision ?

Qui a décidé qu’il fallait calmer le jeu au point de reporter une réforme menée par un ministre se voulant inflexible ? M. Darcos a démenti catégoriquement l’idée que ce report lui aurait été imposé par l’Elysée. « L’opposition devra trouver autre chose », a-t-il prévenu, lundi matin, depuis Ramallah.

Selon Le Figaro de lundi, l’Elysée aurait jugé nécessaire « d’approfondir le travail d’explication sur le lycée » afin notamment de calmer les élèves du secondaire. Ces dernières semaines, toutes les organisations syndicales d’enseignants, y compris celles qui, comme le SGEN–CFDT et l’UNSA-Education étaient favorables aux principes de la réforme du lycée, avaient déploré la « précipitation » du ministre sur ce thème et plaidé pour un report. Elles n’avaient pas été entendues.

Craintes d’une mobilisation lycéenne

Les inquiétudes n’étaient pas dissimulées au sein du gouvernement et à l’Elysée sur l’accumulation de signes de tension, notamment le fait que les manifestations lycéennes, bien que concentrées encore dans les régions de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Sud-Est, commençaient dans une ambiance de violences systématiques. Violences qui n’étaient pas le fait des organisations lycéennes, mais que celles-ci se montraient dans l’incapacité de maîtriser.

L’éruption lycéenne, incontrôlable, venant s’ajouter au fort mécontentement des enseignants, nourri par la poursuite des suppressions de postes, le tout sur fond d’angoisse sociale liée à la crise financière et à ses conséquences, l’addition des contestations devenait de plus en plus lourde. Par dessus tout cela, le signal venu de Grèce et de sa « génération 600 euros » violemment aux prises avec le pouvoir, est venu accentuer les inquiétudes.

« L’hésitation nationale » de Xavier Darcos

Dans tous les cas, il est incontestable qu’il s’agit d’un recul. A chaque fois qu’il s’est exprimé durant les semaines précédentes, le ministre a martelé le même message de fermeté. « Je ne suis pas le ministre de l’hésitation nationale, déclarait-il le 11 décembre sur Europe 1, j’ai un devoir pour les générations futures, il s’agit de réformer un pays qui en a besoin. » Quant aux mouvements de protestation, il se déclarait « suffisamment ancien » dans l’éducation nationale pour avoir connu « des situations semblables ».

Il qualifiait ces mouvements d’ »habituels », après avoir maintes fois employé auparavant l’adjectif « rituel ». Dans son interview au JDD du 14 décembre, il n’avait pas varié sur ce point et continuait, tout en admettant une « inquiétude » sur les violences qui accompagnent les manifestations lycéennes, à minimiser l’ampleur de ce mouvement : « Les blocages représentent moins de 10 % des lycées », affirmait-il.

Source: Luc Cédelle (Le Monde)

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