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Crise du CPE: Bruno Julliard affirme que Nicolas Sarkozy "voulait la tête de Dominique de Villepin"

L’ancien président de l’UNEF, Bruno Julliard, a affirmé lors d’une interview au site Internet Le Post et à la radio Le Mouv’, avoir reçu un soutien de Nicolas Sarkozy lors du mouvement anti-CPE début 2006. Cela parce que le ministre de l’Intérieur de l’époque « voulait la tête de Villepin », alors premier ministre, d’après Bruno Julliard.

Bruno Julliard, ancien président de l’UNEF et l’un des principaux opposant à la réforme du CPE à expliqué sur la radio Le Mouv’ comment Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, l’a soutenu à plusieurs reprises dans sa lutte contre le CPE.

Le tout nouveau secrétaire à l’Education du Parti socialiste estime que l’Unef, qu’il dirigeait à l’époque, a bénéficié d’une « instrumentalisation volontaire » due à « une bataille à la tête de l’Etat ».

« La position officielle publique de Sarkozy était de dire qu’il soutenait le gouvernement Chirac et Villepin. Donc, il ne voulait pas du retrait du CPE. Puis il m’avait appelé à la fin d’une manif, en gros en me disant qu’il serait mon premier soutien et que lui, demandait le retrait du CPE. Le message qu’il voulait faire passer, c’était ‘’ne faiblissez pas, restez dans les manifs’’ « , explique Bruno Julliard.

Bruno Julliard estime aujourd’hui avoir bénéficié de cette « bataille à la tête de l’Etat »: « à ce moment là, nos intérêts (lui et Nicolas Sarkozy, ndlr) étaient convergents. Lui, parce qu’il veut la tête de Villepin et nous, parce qu’on veut la tête du CPE ».

En 2006, en pleine crise anti-CPE, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et président de l’UMP, soutenait officiellement Dominique de Villepin et Jacques Chirac pour la mise en place du Contrat Première Embauche mais profitait des manifestations pour affaiblir son rival de l’époque, le premier ministre Dominique de Villepin.

Celui-ci avait dû renoncer à son projet en avril 2006 après trois mois de manifestations estudiantines. Ce recul, ajouté à l’affaire Clearstream, avait éliminé un rival possible de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2007.

La réaction de Jean-Pierre Grand, interviewé par Le Post

Etiez-vous au courant de ce fameux coup de fil dont parle Bruno Julliard?

Oui, ce que dit Bruno Julliard est vrai. De notre côté (chez les villepinistes, ndlr) tout le monde le sait.

Qu’est-ce que cela vous inspire?

Du mépris. Pendant la bataille du CPE, Dominique de Villepin s’est fait pourrir et trahir par son propre camp. Personne ne lui a facilité la vie au moment où il était premier ministre…

Aujourd’hui, quand Nicolas Sarkozy nous dit (aux députés de la majorité, ndlr) de rester soudés derrière lui pour qu’il puisse mener à bien ses réformes, c’est parce qu’il se dit: ‘On peut me faire ce que j’ai fait aux autres’…

Quel est votre comportement vis-à-vis de Nicolas Sarkozy?

Nous, de notre côté, on (les villepinistes, ndlr) émet des réserves sur la politique du gouvernement et du président, on s’exprime librement mais on ne complote pas contre le pouvoir. On garde nos repères républicains.

Vous allez voir: petit à petit, le peuple français va découvrir ce complot qu’il y a eu pendant des années contre Dominique de Villepin. D’ailleurs, je vous laisse imaginer ce qui se passe dans l’affaire Clearstream…

Réaction de Georges Tron, député villepiniste de l’Essonne

Contacté par Le Post ce jeudi après-midi, le député UMP Georges Tron, proche de Dominique de Villepin assure que l’ancien premier ministre « était au courant » du rôle que Nicolas Sarkozy aurait alors joué auprès des opposants au Contrat première embauche.

« Une fois qu’il le savait, la question était de savoir s’il allait dévoiler au grand public les dissensions internes au sein de la majorité. Finalement, comme nous étions à la veille de la présidentielle, Dominique de Villepin a décidé de ne rien dévoiler pour maintenir l’unité de la majorité, y compris au détriment de ses propres intérêts », explique Georges Tron.

Le villepiniste ajoute: « Il m’aurait paru souhaitable que le même état d’esprit prévale aujourd’hui et que la majorité évite des déballages inutiles (référence à l’affaire Clearstream, ndlr). »

« La vérité, c’est qu’on tape sur Villepin aujourd’hui alors qu’il a été exemplaire dans son attitude politique à l’égard de sa propre famille pendant la période du CPE », résume-t-il.

Source: Le Post

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