Le ministre du Travail Xavier Bertrand, qui a pris la direction par intérim de l’UMP, est aussi travailleur qu’ambitieux, traçant une carrière sans accroc qui lui vaut inimitiés et envies.
Surnommé « le chouchou » du président par ses détracteurs au gouvernement comme à l’UMP, cet ancien courtier en assurances, 43 ans, pourfendeur de la cigarette et des 35 heures dans les gouvernements Villepin et Fillon, a gravi méthodiquement les marches politiques depuis son entrée au RPR à 16 ans.
Du « chouchou », le ministre du Travail a de fait tous les « attributs »: un « air de premier de la classe » et « des manières onctueuses », écrivent les journalistes Christophe Jakubyszyn et Muriel Pleynet dans un portrait non autorisé qui, dit-on, a meurtri le ministre.
Derrière ses rondeurs et son apparente bonhomie, cette figure montante de la génération Sarkozy, boulimique de travail, cache de l’avis général une forte ambition.
Devenu successivement assistant parlementaire, adjoint au maire de Saint-Quentin (Aisne) puis député en 2002, il doit en grande partie son ascension au gouvernement à sa connaissance des dossiers, et sa promotion au parti à ses qualités d’élu de terrain et d’ »animateur ».
Xavier Bertrand se distingue en 2003 à l’UMP en sillonnant la France pour expliquer la future réforme des retraites. Il y gagne une réputation de pédagogue infatigable.
En 2004, après l’échec des régionales, quand Jacques Chirac demande à son ex-premier ministre quelles têtes nouvelles il pourrait faire entrer au gouvernement, Juppé lui recommande Bertrand. Le jeune député de l’Aisne devient secrétaire d’État à l’Assurance-maladie sous la tutelle du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, cinq ans après avoir été élu pour la première fois à l’Assemblée.
Le verbe facile et le propos toujours maîtrisé et courtois, M. Bertrand a inlassablement fait la promotion de la réforme de l’assurance maladie de 2004. Devenu ministre de la Santé en 2005, il a mis en oeuvre l’interdiction de fumer dans les lieux publics – réputée difficile et pourtant respectée. Il avait alors affiché sa volonté de « changer la vie de 25 millions de Français ».
Si la lenteur de la réaction du gouvernement fut critiquée lors de la première vague de l’épidémie du chikungunya à la Réunion en 2005, M. Bertrand a également à son actif la gestion de crises sanitaires telles que la grippe aviaire.
Xavier Bertrand est considéré comme un pur produit de la filière chiraco-juppéiste jusqu’à ce qu’il déclare publiquement son soutien à la candidature de Nicolas Sarkozy. Il le fait dans Le Figaro le 2 décembre 2006, date de sinistre mémoire pour Dominique de Villepin, alors premier ministre. Dans Le Chouchou, le fabuleux destin de Xavier Bertrand (Éditions Anne Carrière), les auteurs confient même que Dominique de Villepin leur aurait confié avoir pensé ce jour-là : « C’est un traître sans couilles ! »
Xavier Bertrand quitte le ministère de la Santé au printemps 2007 pour accompagner le candidat Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, dont il a été un des deux porte-parole, avec Rachida Dati.
Ministre du Travail depuis mai 2007, il est, avec le conseiller social du président Raymond Soubie, le principal artisan de la politique sociale de Nicolas Sarkozy, consistant à multiplier les contacts avec les syndicats, sans pour autant rien leur céder sur l’essentiel.
N’hésitant pas à entamer un dialogue direct avec la CGT, Xavier Bertrand réussit ainsi à imposer la réforme des régimes spéciaux de retraite à l’automne 2007, malgré la grève à la SNCF.
Il pousse aussi les syndicats (sauf cette fois la CGT) à signer un accord amenant plus de flexibilité sur le marché du travail, car les signataires craignent qu’en l’absence d’accord le gouvernement ne tranche encore plus en faveur du patronat.
Ses relations avec les syndicats ont atteint un sommet de complexité avec la loi sur le dialogue social votée cet été. Le texte de loi transcrit bien un accord signé entre le patronat, la CGT et la CFDT réformant les règles de représentativité syndicale, mais y ajoute une remise en cause des 35 heures, à la grande fureur des deux syndicats.
Parallèlement, Xavier Bertrand, qui se définit à la fois « social » et « libéral », n’a pas hésité pas à rompre quelques lances avec la patronne du Medef, Laurence Parisot, par exemple sur l’échec des négociations sur la pénibilité au travail ou l’organisation des élections prud’homales.
Aujourd’hui, non seulement le ministre du Travail fait partie du G7, ce septuor gouvernemental qui fait office de vrai conseil politique de la majorité autour de Nicolas Sarkozy, mais il en est le membre le plus apprécié de l’opinion, selon des sondages récurrents. De quoi consoler le « chouchou » de son impopularité persistante auprès de ses petits camarades de l’UMP. Une seule qualité lui est unanimement reconnue : son inépuisable ardeur au travail.
Sources: L’Internaute et Le Figaro