Invité de Roselyne Febvre dans l’émisison Politiques sur France 24, Dominique de Villepin s’est livré, ce mercredi, à une analyse complète sur l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche.
Voici le script de la première partie de l’émission.
Roselyne FEBVRE.- Bonjour et bienvenue dans une édition spéciale de « Politiques ».
« Yes, we can ». « Oui, nous pouvons ». C’est le slogan de Barack Obama mais, dans le fond, dans ce « yes, we can », n’y avait-il pas un « yes, I can, moi, Barack Obama », inconnu il y a quatre ans, noir, entrer à la Maison Blanche ». Il n’y a que l’Amérique pour écrire de telles histoires, un pays où on a le droit de faillir à condition que l’on se relève.
Après les années Bush, le rêve a repris forme dans une ferveur incroyable, mais derrière le sourire de Barack Obama se cache sans doute beaucoup de gravité devant l’ampleur de la tâche qui attend le nouveau président. N’est-ce pas le pire des jobs aujourd’hui, crise financière, économie en berne, récession, Iran, Irak Afghanistan, conflit israélo-palestinien, de nombreux défis ?. Comment va-t-il s’en sortir ? C’est ce que nous allons analyser avec notre invité, Dominique de Villepin.
Merci d’être avec nous.
Dominique DE VILLEPIN.- Merci de m’accueillir.
Roselyne FEBVRE.- Vous êtes ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre et vous êtes surtout un grand connaisseur des Etats-Unis.
Jamais un homme, depuis peut-être Kennedy, n’avait incarné ce rêve américain. Vous revenez des Etats-Unis. Vous, qu’avez-vous ressenti ?
Dominique DE VILLEPIN.- Je crois qu’effectivement la dimension symbolique de cette élection est très forte, pas du tout uniquement parce qu’il s’agit du premier président noir mais parce qu’il a choisi une stratégie politique dès le départ, dès 2004, quand il se fait remarquer à la Convention démocrate de Boston. Son thème, c’est celui de la réconciliation des Américains. Une Amérique post-raciale où, que l’on soit noir, hispanique ou d’origine asiatique, on est d’abord Américain.
C’est cette victoire-là qui est aujourd’hui célébrée aux Etats-Unis. Ne pas jouer les divisions, ne pas jouer les peurs. Nous sortons de huit années qui ont été des années de peur et de division aux Etats-Unis. Des années aussi où le drapeau américain était un peu en berne.
Aujourd’hui, on retrouve ce sentiment de fierté d’être Américain, ce sentiment d’être ensemble dans une grande aventure qui repart.
Roselyne FEBVRE.- Ce n’est donc pas une rupture ? C’est un changement ?
Dominique DE VILLEPIN.- C’est un changement, un espoir. C’est un changement, une rupture sur le plan du symbole, mais c’est en tout cas la volonté d’assurer, d’assumer une continuité de l’histoire américaine qui a connu, c’est vrai, huit années particulièrement difficiles.
Alors à côté de ce symbole, il y a bien sûr, et vous l’avez rappelé, un formidable défi historique. Il est vrai que la crise qui saisit les Etats-Unis et qui saisit le monde est d’une gravité exceptionnelle. C’est vrai que la situation internationale est extraordinairement complexe, et tout cela va devoir être relevé par un président qui n’a pas d’expérience préalable du pouvoir, qui est récemment venu dans la politique. Cela fait partie aussi de ces histoires…
Roselyne FEBVRE.- De cette magie.
Dominique DE VILLEPIN.- …à succès américaines, qui paraissent seules possibles aux Etats-Unis. En quatre ans, il a fait le chemin qu’il faut parfois 30 ou 40 ans pour un président français.
Roselyne FEBVRE.- Que de chemins parcouru depuis 60 ans, et je vous propose de retourner à Washington le 28 août 1963. C’était le discours de Martin Luther King et son fameux « I have a dream ».
(Diffusion de l’extrait)
Alors Barack Obama n’a jamais joué sur le credo racial, mais cette élection, dans le fond, n’est-elle pas une sorte de réparation, en tout cas les afro-américains ou même tous les Américains le vivent comme tel ?
Dominique DE VILLEPIN.- C’est vrai que 150 ans après la guerre de sécession, c’est une date, et un moment très fort pour les Américains. Chaque fois que l’on entend ce discours de Martin Luther King, on ne peut pas ne pas être saisi par l’émotion. Le rêve devient réalité. Il va falloir aussi transformer cette réalité.
Roselyne FEBVRE.- Cela doit être lourd à porter d’être un rêve.
Dominique DE VILLEPIN.- C’est très lourd à porter quand on est à ce point-là, celui qui porte l’espoir. On sait tous que rien n’est pire qu’un espoir déçu. Je pense que Barack Obama, dès aujourd’hui, va maintenant mener un combat contre la montre. Il va falloir transformer l’essai. Il a deux mois et demi pour se préparer, organiser des équipes. Il a montré des talents d’organisateur dans cette campagne absolument formidables. Son expérience de terrain comme travailleur social, sa connaissance des rouages de la vie politique vont sans doute beaucoup l’aider, mais c’est vrai que rien que la définition des priorités, la définition d’un agenda, sachant que quatre ans c’est très court, et sachant aussi que les précédents ne sont pas encourageants aux Etats-Unis.
Quand on se rappelle les débuts de la présidence Kennedy avec l’affaire de la Baie des Cochons, quand on se rappelle les débuts de la présidence Clinton ou Carter, ce sont des…
Roselyne FEBVRE.- Les fameux 100 jours qu’on en a France ?
Dominique DE VILLEPIN.- Ce sont des mois d’hésitation, de lente mise en place. Là, il va falloir qu’il choisisse ses priorités, qu’il mobilise l’ensemble des Américains pour accepter des décisions difficiles. Pourra-t-il vraiment répondre à la définition d’un nouveau modèle social sans augmenter les impôts ? Il a promis qu’il n’augmenterait pas les impôts pour 95 % des Américains.
Roselyne FEBVRE.- Illusoire !
Dominique DE VILLEPIN.- Cela paraît très difficile. Il y a des choix à faire. Il devra affronter cette réalité. Dans sa capacité à choisir ses cibles, à choisir ses priorités, c’est le succès ou, au contraire, le risque de désillusion.
Roselyne FEBVRE.- Il hérite d’une Amérique de la peur, d’une Amérique secouée par une crise financière, par deux guerres totalement ingérables. C’est vrai, c’est le pire des jobs.
Dominique DE VILLEPIN.- C’est le pire et le meilleur. En effet, arriver dans un contexte difficile est aussi un atout. Quand vous êtes porté par l’attente, par une espérance…
Roselyne FEBVRE.- Comme Roosevelt, Kennedy ?
Dominique DE VILLEPIN.- Exactement. Cela vous donne des marges de manoeuvre. La force de Roosevelt en 1933, c’est d’avoir réussi à ficeler en cent jours un paquet législatif comme l’Amérique n’en n’avait jamais connu.
Barack Obama va-t-il arriver avec un congrès sérieusement remodelé, parce que derrière les élections présidentielles il y a aussi cette élection à la chambre de représentants qui marque une forte majorité démocrate, il y a une progression démocrate au sénat même s’il n’a pas la majorité absolue. Tout ceci va donner des marges de manoeuvre supplémentaires. Va-t-il définir un paquet législatif qui d’emblée apportera des réponses aux Américains sur des questions essentielles, le logement, l’éducation, la santé (les attentes sont immenses) la crise financière ? Est-ce le choix qu’il fera, ou au contraire prendra-t-il son temps ? Engagera-t-il des concertations très larges. C’est sans doute ce sur quoi il sera le plus attendu.
Roselyne FEBVRE.- Ne peut-on pas craindre, et vous parliez de Roosevelt qu’à l’époque on appelait « l’isolationniste », aujourd’hui ce que l’on appelle un protectionnisme ?
Dominique DE VILLEPIN.- Il est vrai que, dans cette campagne, Barack Obama a lancé un certain nombre de ballons laissant penser
qu’il y aura une tentation de protectionnisme aux Etats-Unis. C’est là où nous aurons à assumer des choix, à défendre des intérêts qui ne seront pas forcément convergents avec les Etats-Unis. Rien n’est plus important dans la période actuelle, dans la période qui s’ouvre, et je le dis fort de mon expérience américaine, qu’une France qui sait ce qu’elle veut, qui défend ses intérêts, qui est indépendante. Rien n’est plus important qu’une Europe qui s’organisme et qui sait elle aussi clairement ce qu’elle veut. Je me réjouis de voir que les ministres des Affaires étrangères de l’Europe se sont réunis pour définir une feuille de route, une feuille de priorité. Il faudra en tout état de cause des concertations, des concertation sans concession où nous arriverons avec une idée extrêmement claire de ce que nous souhaitons. Prenons l’exemple de l’Afghanistan, Barack Obama…
Roselyne FEBVRE.- Justement !
Dominique DE VILLEPIN.- …veut augmenter les troupes en Afghanistan. On a l’impression qu’il y aura une sorte de jeu de vases communicants avec, dans les 16 mois, un retrait d’Irak qui n’est pas écrit, difficile.
Roselyne FEBVRE.- Et qui est compliqué.
Dominique DE VILLEPIN.- Et une augmentation, un investissement supplémentaire en Afghanistan. Je ne crois pas que ce soit la solution. Je crois que pour l’électorat américain, pendant la campagne, c’était habile de la part de Barack Obama de revenir à l’Afghanistan puisqu’il y a eu dans le passé un consensus, c’est vrai, après le 11 septembre de l’ensemble des nations du monde pour soutenir un engagement en Afghanistan, mais aujourd’hui, nous voyons bien qu’il y a une impasse, un imbroglio sur le plan militaire. Je ne crois pas que la solution soit militaire.
Roselyne FEBVRE.- Il le dit, il dit qu’en Irak, il n’y a pas de solution militaire. Cependant, on a le sentiment qu’il pense qu’il y a en a une en Afghanistan. C’est ce qui est contradictoire.
Dominique DE VILLEPIN.- Il n’y en a pas en Irak et pas en Afghanistan, et dans les deux cas…
Roselyne FEBVRE.- Il le croit puisqu’il veut envoyer des troupes.
Dominique DE VILLEPIN.- Une fois de plus, il prend en compte l’électorat américain. Il ne veut pas prendre de plein fouet. Ce sont des propos de campagne. Comment va-t-il atterrir ? Comment va-t-il gérer la réalité complexe d’une Afghanistan frontalière du Pakistan, d’une situation politique très mouvante dans cette Région, d’une expérience de plus en plus douloureuse que nous faisons au fil des années et des mois ? Je crois que là il y a des choix compliqués à faire. De la même façon pour l’Irak, se retirer d’Irak implique deux choses : s’engager dans un dialogue plus nourri avec les différentes forces politiques iraniennes et faire en sorte que tous soient capables de travailler ensemble. Cela veut dire éviter un affrontement entre les communautés. Or, à partir du moment où ces communautés anticipent le départ des troupes américaines, elles peuvent être tentées de se durci et de se préparer à un affrontement. C’est vrai pour les Kurdes, pour les Shiites et les Sunnites. Il faut donc rassembler ces communautés en les plaçant devant leurs responsabilités. Il faut faire…
Roselyne FEBVRE.- …un accord fédéral, un accord politique ?
Dominique DE VILLEPIN.- Un accord politique donnant une place à chacun. Il faut faire la même chose sur le plan régional. Il faut faire en sorte que l’Iran, la Syrie, mesurant le risque d’un Irak chaotique, le risque y compris pour eux, se mettent à jouer un jeu positif.
Roselyne FEBVRE.- Il ne faut pas partir tout de suite si tout n’est pas réglé. C’est ce que vous êtes en train de dire ?
Dominique DE VILLEPIN.- Si, il est important de fixer un calendrier et de tenir le calendrier qu’a fixé Barack Obama. Cela ne veut pas dire qu’il faut entre-temps ne rien faire. Il faut travailler à une solution politique audacieuse, intérieure, et mobiliser l’ensemble des pays de la région, cela fait des années que l’on parle d’une conférence régionale…
Roselyne FEBVRE.- Bien sûr, et c’est James Baker d’ailleurs, le rapport « James Baker ».
Dominique DE VILLEPIN.- Oui, et la France l’avait proposé avant. Il est important de mettre tous cela ensemble. Prenons en compte le fait que tout est lié, tout est interdépendant. Cela veut dire au même moment qu’il faut engager un dialogue nourri avec l’Iran et que les Etats-Unis acceptent pour la première froid de s’engager vraiment avec les Européens dans le dialogue avec l’Iran. Cela veut dire aussi qu’il faut que, sur le plan symbolique, dès les premiers mois, les premières semaines, l’administration envoie un signal au Proche-Orient. Bill Clinton s’y était pris trop tard et n’avait pas pu boucler la négociation dans les derniers mois de sa présidence. Dès le début, même si le contexte…
Roselyne FEBVRE.- Il faut reprendre la main.
Dominique DE VILLEPIN.- …palestinien et israélien est difficile, il faut montrer qu’il y a un chemin de paix possible au Proche-Orient. C’est en effet affirmer la volonté de justice des Etats-Unis. Nous, partenaires des Etats-Unis, nous Européens, nous Français, nous devons bien sûr jouer notre rôle. Vous voyez bien qu’il faut malheureusement, parce que difficile, tout faire en même temps.
Comment laisser la situation du Congo dans le chaos actuel, comment laisser la situation du Darfour dans les souffrances actuelles ?
Tout cela doit être fait en même temps alors même que les et Etats-Unis attendent des décisions en matière de logement, plusieurs millions d’Américains se retrouvent hors de chez eux, sans maison, le problème de la santé, la couverture médicale universelle qui a créé beaucoup d’attentes aussi aux Etats-Unis. Il y a beaucoup d’attentes, d’espoir, et c’est une chance pour Barack Obama mais
Roselyne FEBVRE.- Et un risque de désenchantement.
Dominique DE VILLEPIN.- Il faut savoir qui y a ce risque de désillusion si les bonnes décisions ne sont pas prises au bon moment.
Roselyne FEBVRE.- Sur l’Iran, l’Iran a une bonne chance de se doter de l’armes nucléaires pendant le mandat de Barack Obama. Il veut des discussions. Qu’est-ce que c’est ? Des discussions molles ou faut-il qu’elles soient assorties de sanctions ?
Dominique DE VILLEPIN.- Il faut clairement savoir ce que l’on veut.
J’ai été le premier négociateur français avec les Anglais et les Allemands à me rendre en Iran pour engager le dialogue et faire des propositions à l’Iran. A l’époque, nous avions franchi une première étape, il faut aller plus loin. Les Américains sont restés largement en retrait de cette négociation tout au long des dernières années, et ils doivent accepter de jouer le rôle, ne l’oublions pas. Après la crise des otages de 1979, il y a eu une attente en Iran. Il y a une attente du peuple iranien, une attente des autorités iraniennes. Il faut donc que l’Amérique mette son poids dans la négociation, mette sa part de propositions, et je serai moi-même d’ici une dizaine de jours en Iran. Je crois que c’est l’un des grands enjeux pour non seulement l’administration américaine mais pour nous tous. Nous ne pouvons pas prendre le risque de prolifération.
Roselyne FEBVRE.- Il suffit de discuter, vous croyez ?
Dominique DE VILLEPIN.- Je crois qu’il faut non seulement discuter mais montrer à l’Iran tout ce qu’il y a à gagner aujourd’hui en termes de perspectives économiques, de perspectives sociales, de redressement du pays, sachant les
frustrations existant en Iran. Montrer que l’Iran a plus à gagner par le dialogue que par la confrontation.
Roselyne FEBVRE.- Il ne faut donc pas montrer les dents.
Dominique DE VILLEPIN.- Si ! Il faut être d’une très grande fermeté, d’une très grande conviction, mais il faut aussi être capable de proposer pour faire basculer le choix iranien dans le bon sens.
Roselyne FEBVRE.- La rhétorique « axe du mal », la rhétorique Bush, c’est terminé. Est-elle enterrée avec Bush ? Cette espèce de brutalité en politique étrangère ?
Dominique DE VILLEPIN.- Vous savez, la peur est toujours mauvaise conseillère. Nous avons vécu, après le 11 septembre, des années où la peur a été le principal acteur de la vie internationale. La peur ne permet pas de régler les problèmes. Il faut accepter de dialoguer, avec conviction, fermeté. L’usage de la force doit toujours être un dernier recours.
Cet usage est possible quand c’est absolument nécessaire. Encore faut-il le faire dans un cadre collectif. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est la capacité des Etats-Unis à agir collectivement, dans le respect de leurs partenaires. A nous d’être suffisamment proposant aux Etats-Unis, à l’Europe, à l’ensemble des pays de la planète de se doter d’une gouvernance mondiale dont nous voyons aujourd’hui qu’elle est essentielle pour résoudre les grands problèmes d’environnement, et Barack Obama est engagé sur ces questions d’environnement. Il veut signer le protocole de Kyoto. Nous avons besoin de cette gouvernance mondiale. Cela veut dire revenir à ce qui a été au départ, dans les premiers mois de la présidence Bush, l’un des objectifs de Bush, une nation humble. Oui, si les Etats-Unis savent jouer collectivement, s’ils savent jouer avec humilité, s’ils savent défendre leurs intérêts mais en prenant en compte cet intérêt du monde qui n’est pas toujours convergeant avec l’intérêt des Etats-Unis, je pense que nous vivrons des années meilleures.
Roselyne FEBVRE.- Le New York Times considère que George Bush a été le pire des présidents des Etats-Unis. Partagez-vous cette analyse ?
Dominique DE VILLEPIN.- Ce n’est pas à moi Français de porter un jugement.
Roselyne FEBVRE.- Vous avez été ministres des Affaires étrangères.
Dominique DE VILLEPIN.- Ces années ont été des années douloureuses. Elle ont été des années d’incompréhension. Elle ont surtout été beaucoup de temps perdu. Il faut rattraper ce temps. Le monde a besoin de solidarité, de tolérance, de diversité. Si les Etats-Unis, qui sont capables de faire jouer cette diversité chez eux, sont capables de s’ouvrir à la diversité des cultures, à la diversité des position, si en matière économique, financières, en matière internationale, ils sont capables de la même ouverture dont ils font preuve à l’intérieur de leur pays, eh bien, je pense qu’il y aura quelque chose d’important qui bougera dans la vie internationale.
Roselyne FEBVRE.- Merci beaucoup. On se retrouve dans quelques instants pour une deuxième partie de cette émission avec vous, Dominique de Villepin.
Tout de suite les informations sur France 24.
On peut dire que nous croulons sous ces nouvelles aujourd’hui. A tout de suite.
Source: France 24