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Elections USA (2/3): John McCain, un homme tenace et déterminé

John McCain, c’est le héros de guerre, le survivant des geôles nord-vietnamiennes, la détermination à l’état pur. Du haut de ses 72 ans, il n’a rien perdu de sa combativité même si rien ne lui aura été épargné pendant cette campagne électorale, huit ans après une première tentative avortée.

Physiquement marqué par ses cinq années et demi de captivité au Vietnam et un cancer de la peau, McCain s’est montré déterminé tout au long de la campagne, même lorsque son rival démocrate, Barack Obama, prenait le large dans les sondages. Et c’est avec la même confiance qu’il aborde l’élection de ce mardi, malgré son retard.

La fête à l’Académie

McCain naît le 29 août 1936 sur la base aéronavale de Coco Solo à Panama, à l’époque où le canal était administré par les Etats-Unis. Fils et petit fils d’Amiral, il entre à la prestigieuse Académie navale d’Annapolis. Piètre étudiant, fêtard invétéré et véritable tête brûlée, il finit presque dernier de sa promotion.

Les années de guerre

Devenu aviateur dans la Navy, il est envoyé au Vietnam. Il frôle une première fois la mort lors d’un tir accidentel à bord d’un navire de guerre. Mais c’est en 1967 que sa vie bascule. Son avion est abattu alors qu’il est en mission au-dessus d’Hanoï. Il parvient à s’éjecter en vol, mais atterri dans un lac, se cassant au passage les deux bras et les deux jambes. Il est lynché par la foule qui le sort de l’eau, avant d’être emmené à la prison d’Hanoi où il sera retenu en captivité pendant 5 ans et demi. Régulièrement torturé, il passera plus de deux ans en confinement. Lorsqu’on lui propose une première opportunité de libération, il la refuse par solidarité pour ses camarades emprisonnés avant lui.

Le retour au pays

Libéré en 1973, il est décoré par le président Nixon à son retour au pays. Comme c’est le cas pour de nombreux autres soldats rentrés au pays, son mariage bat de l’aile. Il rencontre Cindy Hensley en 1979 lors d’un gala à Washington alors qu’il est l’officier de liaison entre la Navy et le Congrès. Héritière du fondateur de Hensley & Co, le principal distributeur du groupe brassicole Anheuser Busch, elle est de 18 ans sa cadette. C’est le coup de foudre. Quelques mois plus tard, McCain finit par divorcer de sa femme avec qui il a eu trois enfants et il épouse Cindy en 1980. Le couple qui vit en Arizona, a une fille, Meghan, et deux fils, John Jr. En 1991, ils ont adopté une petite fille, Bridget, rencontrée par Cindy lors d’une visite dans un orphelinat au Bangladesh.

Le début de l’aventure politique

Après avoir passé une vingtaine d’années dans la marine, McCain décide de se lancer en politique au début des années 80. Elu à la Chambre des représentants en 1982, il remporte en 1986 le siège laissé vacant par le républicain Barry Goldwater. McCain ne quittera plus les couloirs du Sénat et s’y fera quelques ennemis, au sein même de sa propre famille politique. C’est que l’homme est un franc-tireur et qu’il n’hésite pas à défendre ses convictions jusqu’au bout quitte à se mettre son parti à dos en s’alliant à des démocrates.

Les amis démocrates

Conservateur sur les questions sociales, il a par contre franchi les barrières partisanes par ses positions plus libérales sur l’immigration, le changement climatique ou le financement des campagnes électorales. Il a collaboré à plusieurs occasions avec le sénateur démocrate Ted Kennedy ou Joe Lieberman, l’ancien colistier malheureux d’Al Gore en 2000, passé indépendant entre-temps et dont il est dit qu’il pourrait entrer dans la prochaine administration en cas de victoire de McCain le 4 novembre.

La premier course à la Maison blanche

Le bouillonnant sénateur s’est présenté une première fois à l’élection présidentielle en 2000. Après avoir remporté les premières primaires de l’hiver 2000, il est victime d’une violente campagne de dénigrement en Caroline du Sud. Ce sera le début de la fin de ses ambitions présidentielles et c’est finalement George W. Bush qui remporte l’investiture du parti républicain. McCain retourne alors sur les bancs du Sénat où il défend haut et fort les positions de son ancien rival sur l’Irak.

La crise irakienne

Il vote en faveur de l’intervention militaire américaine en Irak et soutient la candidature de Bush à sa réélection en 2004 alors que John Kerry, le candidat démocrate à la présidentielle lui avait proposé d’être son colistier. McCain se fait ensuite le porte-drapeau des détracteurs de la gestion de l’administration Bush en Irak. Estimant que Washington ne s’est pas donné les moyens de la victoire en Irak, il offre un soutien franc et massif à Bush lorsque celui-ci décide l’envoi de renforts sur le terrain alors que l’opinion publique y était globalement hostile.

La campagne 2008

McCain se remet en selle pour une nouvelle campagne présidentielle en 2007. Alors que Rudolph Giuliani, l’ancien maire de New York, fait office de grand favori, McCain s’accroche. En juillet 2007, sa campagne frôle la faillite. McCain opère de sérieuses coupes budgétaires et vire une partie de son staff. Il fait appel à Steve Schmidt, le conseiller en communication du vice-président Dick Cheney pour redresser la barre, et ça marche.

Après avoir un premier temps hésité à mettre en avant son expérience de prisonnier de guerre, McCain suit l’avis de ses conseillers et mise un maximum sur la fibre patriotique des américains en y faisant référence dès que possible.

« Mon pays m’a sauvé et je ne peux l’oublier. Je me battrai pour lui jusqu’à mon dernier souffle », a-t-il ainsi lancé lors de son discours d’investiture à la convention républicaine cet été.

Les tuiles et les mauvais choix

Mais les tuiles et les mauvais choix tactiques se sont multipliés depuis. Son choix inattendu de Sarah Palin, la gouverneure d’Alaska, pour colistière lui a été reproché jusqu’au sein même du parti républicain. Il a également payé comptant son manque affiché d’expérience dans les matières économiques.

Jugé plus à même de gérer les questions internationales et de sécurité qu’Obama, il a par contre souffert de l’éclatement de la crise financière à Wall Street et de la priorité désormais accordée par l’électorat américain à l’économie. Sa décision, ensuite, de suspendre sa campagne pour se concentrer sur la réponse à apporter à la crise financière lui a également été reproché, une décision démontrant une nouvelle fois son caractère erratique selon ses détracteurs.

Quoiqu’il en soit, McCain aura contribué, lui aussi, au caractère historique de cette élection présidentielle par la ténacité dont il a su faire preuve, même si le ton agressif adopté par sa campagne en fin de parcours a fait dire à certains de ses partisans que la course à la présidentielle aura fini par changer cet homme entier et allergique aux barrières partisanes.

Source: Catherine Mommaerts (L’Echo Belgique)

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