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Questions autour de la crise financière (2/2)

Comment la crise financière commence à se propager à l’économie réelle et le spectre de la crise de 1929: la suite des questions-réponses autour de la crise financière.

Comment la crise se propage-t-elle à l’ »économie réelle »?

Comme dans un jeu de quilles, où les premières qui tombent entraînent les suivantes, la crise va bousculer l’économie. Les banques sont les premières à avoir été frappées par la crise, or elles sont le pilier du financement de l’économie : le crédit fait la croissance. Elles prêtent de l’argent aux particuliers (crédits à la consommation, automobile, logement…) et aux entreprises. Les banques courant, elles mêmes, après l’argent, elles vont couper les vannes du crédit.

Cela a déjà commencé pour l’immobilier (-10,5% de nouveaux prêts à taux fixe sur un an, à fin août, d’après la Banque de France).

Cela atteint désormais les entreprises. Jean-François Roubaud, président de la CGPME, le syndicat des petites et moyennes entreprises, vient de tirer la sonnette d’alarme : ses adhérents ont de plus en plus de mal à se financer. « Les conséquences ? Une cascade de réactions en chaîne », indique Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE (Observatoire français des Conjonctures économiques).

Les entreprises ne sont pas seulement confrontées à des problèmes de trésorerie, mais risquent aussi de se retrouver en situation de faillite, avec, à la clé, des fournisseurs non payés et des salariés licenciés.» D’autant que les clients se font plutôt porter pâles.

Moins de prêts, cela signifie aussi pour les particuliers moins d’argent pour consommer. « Les premiers secteurs touchés sont ceux qui dépendent le plus du crédit, analyse Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès. Comme la construction, l’immobilier, et dans une moindre mesure, l’automobile ».

Les prévisions font effectivement froid dans le dos : Alain Dinin, patron du constructeur immobilier Nexity, estime ainsi qu’il y aura cette année 90 000 mises en chantier de moins et 180 000 salariés menacés de chômage.

Ajoutez à cela l’effondrement de la Bourse qui provoque une baisse du patrimoine des particuliers, les incitant à moins consommer, et voilà la récession qui s’installe.

Le FMI table ainsi sur une croissance quasi nulle de 0,5% pour les pays développés en 2009. Avec un chômage qui repartira à la hausse. Ce qui entraînera une baisse de la consommation et de nouvelles difficultés pour les entreprises. La boucle est bouclée…

Cette crise est-elle aussi grave que celle de 1929 ?

Ce krach est entré dans les manuels d’histoire, comme la Grande Dépression. Son nom seul suffit à évoquer le « jeudi noir » du 24 octobre 1929 à Wall Street, les hordes de miséreux qui faisaient la queue pour un bol de soupe, les spéculateurs ruinés qui se jetaient du haut des buildings.

Près d’un siècle plus tard, la rumeur, jamais vérifiée, court encore: on raconte que les réceptionnistes des hôtels de New York demandaient aux clients s’ils souhaitaient une chambre pour dormir ou pour sauter…

Lorsque la banque Lehman Brothers a fait faillite, le 15 septembre, la référence était déjà sur toutes les lèvres. « Nous sommes dans la pire crise financière depuis 1929″ (Barack Obama). « C’est un choc financier équivalent » (François Fillon). Si on continue de faire « la comparaison avec les années 1930, on va finir par l’obtenir » (Valéry Giscard d’Estaing).

C’est que les analogies donnent le vertige. Et d’abord, la panique qui semble avoir saisi tout le monde. « En 1929, les gens avaient l’impression que le sol se dérobait sous leurs pieds, que la secousse pouvait se déplacer n’importe où, n’importe quand, explique Bernard Gazier, professeur d’économie à la Sorbonne et auteur d’un « Que sais-je ? » sur la crise de 1929. On observe aujourd’hui la même volatilité, la même imprévisibilité, la même perte de confiance. C’est un feuilleton qui apporte chaque jour son lot de larmes, de sang et de faillites ».

La crise de 1929 avait aussi poussé sur le champ fertile d’une finance toute-puissante. Il était possible de spéculer en Bourse, en achetant des actions avec 10% seulement de cash et le reste à crédit, une folie qui n’a rien à envier aux subprimes. Quant au crédit à la consommation, il était aussi généreux. Un exemple: huit phonographes sur dix – la grande modernité, à l’époque – étaient achetés par emprunt.

On peut espérer que le parallèle s’arrêtera là. Car, dans la foulée du krach boursier, l’effondrement avait fait plonger l’économie mondiale, les Etats-Unis en tête, avec une chute de la production industrielle de 46% en trois ans.

« En 1929, la spéculation monétaire, les dévaluations et les réflexes protectionnistes avaient renforcé la contraction », indique Bernard Gazier. Cette fois, l’heure est à la coopération, au sein du G8 pour éviter le même enchaînement où le réflexe du chacun pour soi avait amplifié la récession et conduit à un repli de 25% du commerce mondial.

Source: Thierry Philippon, Claude Soula et Nathalie Funès (Le Nouvel Observateur)

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